vendredi 13 novembre 2009

La comète




Une comète allait un jour ou l'autre s'écraser sur la Terre. C'était évident: il n'y avait qu'à regarder les traces laissées par les comètes précédentes sur les cartes géographiques. Prenons seulement le Québec, tiens: c'est plein de cratères! Le Lac St-Jean? Un ancien cratère maintenant rempli d'eau. Idem pour l'étrange demi-cercle dans la Baie d'Hudson. Alors, vous voyez bien qu'une comète s'écrasera un jour ou l'autre, n'est-ce pas? S'il y en a eues c'est qu'il y en aura encore. Et que se passera-t-il cette fois? L'extinction de l'humanité, tiens.

Ces propos formaient le coeur du discours de Matthew Salem, lobbyiste pour la firme d'ingénierie Vulcan, Vulcan qui était aussi le principal contributeur du Parti de la Famille, ignoble parti de la droite puritaine qui se crissait autant de la famille que des comètes. Money talks était leur devise. Et, oui, on fera du cash avec la comète.

Une comète allait bientôt s'écraser sur la Terre et il fallait que le Parti de la Famille investisse de beaux milliards dans un projet insensé: bâtir dans l'espace une immense toile de satellites en mesure d'envoyer des tas de missiles sur la comète avant qu'elle ne vienne tous nous annihiler.

Quelle comète? Ça paraît que vous vivez en ville. Regardez le ciel, rien qu'un peu, et il y'en a plus que vous ne pourrez jamais en compter. Donc, n'importe quelle comète.

Évidemment, des experts en communication de chez Vulcan se chargeaient d'envoyer des tas de communiqués de presse pour vendre l'idée d'une catastrophe imminente si l'on ne créait pas cette toile de satellites bourrés de missiles pour contrer la comète maudite.
Comme c'était des experts, les média du monde entier se relayèrent bientôt l'information. En Chine. Au Burkina Faso. Au Québec.

Et le Parti de la Famille n'allait pas demeurer en reste. Il y avait de l'argent à faire avec ça. Des tas de contrats pour tout le monde, du livreur de pizza jusqu'à l'ingénieur nouvellement diplômé.

À tous les jours, les chaînes de nouvelles en continu en remettaient. La comète allait tout détruire, tout, tout et tout.

Matthew Salem s'en frottait les mains, comme un vulgaire brigand fier de son larcin.

Et le Premier ministre et tous les autres bouffons s'en frottaient les mains aussi.
Même les poètes et les musiciens y trouvaient leur compte. Les voilà qui joignaient leurs voix et leurs coeurs pour combattre la comète.

-Non, non, non nous n'en voulons plus de la comète!
Ça tournait tous les jours à la radio, cette chanson insignifiante. Et les librairies débordaient de récits lyriques et délirants sur l'art de survivre à la comète.

Pendant ce temps, moi, et bien je riais tout seul dans mon coin.
Et je me disais en moi-même que les gens étaient plus bêtes que je ne l'aurais cru.

1 commentaire:

  1. "On s'en colisse" des comètes !!! Pour faire un lien logique avec ton message d'hier. ;o)

    Je veux pas faire mon smatte, mais c'éti possible que tu nous parles de la H1N1 toué là là ???

    ;o)

    Comète, comète, la seule que je connais c'est "le" Comet que j'utilise pour faire disparaître la crasse dans mon bain, ou les quelques spot de marde dans ma bolle ! Héhé !

    Joke. ;o)

    Hey je te dis salut là, pis passe une criss de belle journée, y fait beau dewors !!!

    :o)

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