samedi 3 janvier 2009

DANSONS


Feu mon oncle Rémi giguait comme un pro. Je me souviens de ses prouesses et pirouettes, ses pas de côté, son pied faitte su' l'camp et tout le reste qui tient presque d'une autre dimension, où les pas défient les rythmes du temps et provoquent bientôt le même effet qu'un sommeil subit, à voir autre chose que ce que l'on voit, à ressentir ce souffle où les lois de la gravité s'annullent.

Quelques années plus tard, je l'ai ressenti pleinement ce feu de feu mon oncle Rémi. Je me suis mis à giguer de plus en plus souvent. Et les femmes aimaient ça. Et j'en remettais.

Mon frère Ti-Noir possède aussi ce talent naturel. Il était le dieu de la danse dans les années '80, avec son kit John Travolta mâtiné de Bruce Lee. Toutes les pistes de danse de la Mauricie l'ont vu se démener comme un bon gigueur de l'ancien temps.

J'étais le dieu de la danse dans les années '90, avec mon kit post-beatnik d'armoire à glace mâtiné d'aborigène. J'avais moi aussi contracté la danse de Saint-Guy. Et toutes les pistes de danse ont bien dû se renfoncer d'un pied dans le sol sous l'enthousiasme de mes pas de danse endiablés.

J'ai pratiqué toutes les danses, sauf les danses à dix. Je ne me suis jamais prostitué pour pratiquer mon art de la danse avec fierté, spontanéité et élégance. Je n'ai jamais été un artiste à temps partiel. Au contraire, j'ai toujours fait du temps plein, pour l'amour de l'Art. Et l'art de vivre n'en est certes pas le moindre puisqu'il couronne le tout. Autrement ça ne vaut pas le coup.

Ce qui fait que j'ai été aimé de tous et de toutes, presque partout où je suis passé, peut-être parce que je suis une personne affable qu'on ne peut pas vraiment haïr, hormis quelques-uns, comme ça, qui n'entendent pas à rire ou bien se plaisent à m'insulter. Comme je ne saurais les guérir, je les laisse aux bons soins de l'improvidence. Je m'éloigne du champ de tir. Je ne mange pas de leur caca.

Moi, youp! Je danse, je ris, je tape dans mes mains aussitôt que j'arrive quelque part. Zoup! Je danse et ris et danse encore. Je virevolte. Souple comme un chat, actif et bien dans ma graisse débordante de muscles vigoureux. Yahou! On est sur terre pour s'amuser et avoir du plaisir, non? Et je n'ai pas honte de dire ça même aux souffreteux, parce que c'est comme ça. Même les souffreteux ne sont pas obligés d'être cons.

J'ai fait quatre ans dans les soins de santé. J'ai vu la misère, la maladie, la mort. J'en ai reconduit des cadavres dans des sacs de plastique à la morgue.

Et vous savez quoi? Les morts ne dansent pas.

J'ai dansé des tangos tout croches et tout de travers.

J'ai dansé le yéyé, la polka, le disco, le ska et le slam.

J'ai appris la flûte, l'harmonica, la guimbarde, la guitare, l'accordéon, le clavier, le tamtam et le gazou pour être relié en permanence avec la fête et le cirque.

Et j'ai ri! Oh! que j'ai ri. Et j'ai dansé. Oh! que j'ai dansé.

Bref, j'ai toujours été heureux. Et je le suis encore. Et je n'ai pas envie de remettre ce programme en question.

Ce qui fait que j'ai accompli une grande oeuvre dans ma vie.

Tout ça grâce à la danse, bien sûr, mais aussi à cette manie que j'ai de satisfaire mes sens plutôt que mon orgueil.

Quand ça va mal, je danse, je chante, je ris.

Et comme je danse, chante et ris tout le temps, ben christ, ça va bien, même quand ça va mal.

Oh! Je devrais peut-être m'en vouloir de ne pas être un artiste torturé qui ne danse, ni ne chante, ni ne ris. Je devrais être stressé, nerveux, hargneux, teigneux, morveux, baveux et ne suis qu'un imbécile heureux qui ne veut pas devenir un imbécile malheureux...

Je reviens de loin mais le premier qui prétend que je suis un artiste maudit ne saurait mériter que le soupçon de mon mépris, habilement dissimulé dans le silence éloquent d'une parfaite maîtrise de soi et de ses émotions, appris à l'école de Kidjé Manitou.

Il n'y a rien à redire.

Levez-vous de vos chaises paresseux!

Dépliez-vous les jambes!

Tout simplement, dansons.

5 commentaires:

  1. Ah ! La vache !! que c'est bon de lire un texte pareil !
    Je m'y retrouve complètement , j'adore rire et danser !!
    Rire et danser encore , et encore !!
    J'aime toutes les danses , je les ai toujours aimé ... sans doute même ont-elles contribuées et contribuent encore à me sentir vivre !
    Jamais travailler dans les services de santé , juste failli , mais m'y suis retrouvée en tant que malade , dans ces genres de service n'est ce pas , où on ne danse pas vraiment ! Et pourtant ! La danse a quelquechose de magique !

    Merci , merci ...
    Touchée,
    Helena

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  2. Drôlement inspirant ces derniers billet, Gaétan.

    Moi qui me suis levée un brin morose, à cause d'un autre party alors que j'ai envie de faire comme mon gros chat jaune, j'ai tout à coup envie de rire et danser.

    Merci !

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  3. Ouin, ça danse à matin!

    Un coup mal prise, j'aime bien le sept carré (la smatte qui fait tout de travers, ben c'est moé).

    Sinon, y'a le twist qui matche avec mes lunettes.

    Oubedon l'apocalypse, quand le voésin vient se plaindre que lui, y'aime pas ça Rammstein à 9 heures du matin.

    Le top, c'est la guigue. Ah ça, on s'en lasse jama!

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  4. J'aime bien la danse des sabres.

    Et la danse du soleil, avec un tison ardent entre les dents.

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