lundi 28 juillet 2008
ESSAI TRÈS SÉRIEUX SUR L'AVENIR DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
Je ne suis pas très en forme depuis hier, ce qui me permet d'écrire des textes délirants.
J'ai attrapé un virus ou quelque truc du genre qui vous scie l'estomac et vous fait déféquer sur 360 degrés à toutes les quinze minutes.
Au moment même où j'écris, je me demande si je ne ferais pas mieux d'aller me rasseoir sur la bolle, communément appelée le bol de toilettes chez ceux qui disent un beigne au lieu d'une beigne, pour une raison que j'ignore.
Comme je veux m'entretenir de littérature, donc de mots, il faudrait commencer par là, justement.
Pourquoi un beigne plutôt qu'une beigne?
-Une beigne! dira le fin lettré. Mais voyons, c'est un coup de poing!
-Une beigne c'est une beigne tabarnak! dira le Québécois en mangeant sa beigne, c'est-à-dire son beignet, ce qui fait un peu tapette, beignet, bien que j'aie des amis gays pour me permettre d'employer cette expression qui décrit un comportement individuel bien plus qu'un instrument pour tuer des mouches.
On ne peut pas dire une beigne, voyez-vous.
On ne peut pas dire calice, tabarnak, moé, toé, cibouère d'hostie de st-chrême de plein d'marde de christ de pompier sale du calvaire de prêtre déconcrissé de viârge! Cette phrase n'existe pas et n'existera jamais. Ce n'est pas du bon français. C'est bien trop vivant pour ça.
On doit dire un beigne. Moi. Toi. Et patati. Et patata. On doit avoir l'air du poisson mort et parler la bouche en trou de cul de poule. Un Québécois qui dit toi a l'air de Shrek déguisé en prince du siècle des Lumières. Je dis ça pour rire, bien sûr, puisque je dis autant moi que moé. Je suis rusé, voyez-vous. J'ai compris assez vite qu'on me prendrait pour un nul, dans certains milieux branchés, si je disais moé. Donc, je m'adapte à tous les niveaux de langage et préfère, de loin, le plus humble, le plus vrai: moé pis toé.
Enfant, quand on m'empêchait de dire moé j'avais l'impression qu'on m'empêchait aussi de dire va chier mange d'la marde en algonquin, dont la traduction m'est tout à fait inconnue. C'est d'autant plus ridicule que le roi Louis XIV lui-même disait le roé c'est moé parce qu'il provenait du même patelin bouseux que la majeure partie des Québécois, même de ceux qui s'efforcent de dire moi pour oublier non seulement leurs racines canadiennes-françaises, mais aussi leurs racines normandes, du pays des Ch'tis, tiens.
Dans le cadre de cet essai sur la littérature, je m'en voudrais de ne pas mentionner que Louis XIV passait la majeure partie de son temps assis sur son cabinet d'aisance, à chier abondamment. Il recevait ses courtisans pendant qu'il chiait.
Où veux-je en venir? C'est évident. La langue française est celle de Rabelais, et certainement pas celle de ceux qui écrivent le français comme s'ils traduisaient de l'allemand ou de l'anglais.
Ce n'est pourtant pas si difficile, le français. Tu commences par te dire en toi-même allez tous vous faire enculer et le jour suivant tu écris comme un vrai maître, bien mieux que toutes ces barbotes qui se font passer pour des académiciens de la langue. À part Georges Brassens et André Maurois, les académiciens de la langue française m'ont toujours semblé emmerdants. J'ai compris pourquoi: j'ai été contaminé par l'anglais. L'anglais a fait de moi un écrivain français tout autant qu'un homme libre.
Il n'existe pas d'académiciens de la langue anglaise. Ils les ont tous butés. Le dernier qui ait osé émettre son avis n'a pas été entendu et a même eu la vie sauve. En fait, il ne parlait pas anglais. C'était un Français qui jouait à l'académicien de la langue anglaise après un séjour de trois heures à Londres. Maudits Français! Ils n'existeraient pas que je les inventerais pour les serrer sur mon coeur de bouseux d'outre-Atlantique.
Mes auteurs favoris sont évidemment des auteurs français.
Rabelais, parce qu'il n'a pas peur d'utiliser le mot chier.
Molière et Voltaire, parce que ce sont deux comiques qui voulaient être reconnus pour leurs tragédies médiocres.
Sade, parce qu'en dépit de sa pornographie scatophile il a poussé aux extrêmes limites de la décence non seulement la langue française, mais toutes les langues du monde. Lire Sade, même en traduction, ça sent tout ce qu'il y a de plus laid en l'homme. Je n'aime pas Sade, l'homme, mais l'auteur est vrai, même s'il est sulfureux, immoral et vanté par des personnes que je déteste.
Victor Hugo n'a pas vraiment utilisé le mot chier mais je le lis quand même, comme quoi je ne suis pas fanatique et je peux même lire des grands auteurs classiques. Je vous conseillerais L'homme qui rit, tant qu'à lire Victor Hugo. Cela se lit comme un film, je vous jure. Un type qui s'est fait faire un rire éternel par des gredins, à grands coups de couteau, pour être présenté comme créature de foire un peu partout à travers l'Angleterre: l'homme qui rit... C'est le Joker dans Batman, presque...
Je voudrais bien encore vous citer mille et un auteurs, juste pour pouvoir dire moé pis toé sans me sentir diminué intellectuellement. À la limite, je pourrais m'expliquer en anglais à celui ou celle qui souhaiterait, par témérité, me refuser le droit de dire moé pis toé.
I can speak your monkey language easily buddy and you know what? I don't wanna do it. I just want to speak as I breathe. Thank you for all and goodbye.
Moi et toi... Comme si le roi Louis XIV ne chiait pas sur moé pis toé! C'est tout à fait révoltant! Et on se demande pourquoi après ce fût la prise de la Bastille et le décolletage du seizième Louis, qui disait moi et toi, lui.
Je sacre et écris en langue vernaculaire abondamment sur mon blogue. Quand je vais consulter les statistiques de mon blogue sur Alexa, eh bien je me rends compte que 55% de mes lecteurs proviennent de France.
De France tabarnak!
J'ai mon voyage.
C'est donc dire que les sacres, les jurons et les moé pis toé rebutent moins les Français que les Québécois, qui se sentent coupables de dire moé pis toé. Ils peuvent presque penser que je suis un genre de Pagnol local, qui parle de Guy Goyette comme il parlerait de Marius. Pagnol dont le prénom était Esse. D'où l'espagnol, surnom que je lui donnerais si ce n'était de la crainte de risquer un procès avec ses descendants, peuchère!
L'avenir de la littérature française, si vous voyez où je veux en venir, se fait en écrivant. N'importe quoi. Avec le génie du type qui ne se casse pas la tête pour faire le plus mauvais effet qui soit et nuire à ses chances de réussite parmi les riches opportunistes qui n'aiment pas qu'un pauvre soit opportuniste à sa manière, c'est-à-dire avec ce qui ne s'achète pas, de l'esprit, de l'humour ou du talent, dans l'ordre que vous voudrez.
Vous comprendrez que je ne parle pas de moi, qui ne suis ni pauvre ni opportuniste. Pour l'esprit, l'humour et le talent j'en ai un peu, mais qui ça peut bien intéresser, hein? J'ai envoyé des tas de lettres en France pour leur mendier cent euros pour un de mes textes et aucun de ces maudits Français ne m'a encore répondu, comme si un écrivain ce n'était rien, même s'il te dit de manger d'la marde.
C'est fou ce que les gens sont susceptibles de nos jours. Ce qui me permet, par ailleurs, d'écrire sur l'avenir de la littérature française d'ici à ce qu'ils m'envoient un chèque pour je cesse de les harceler continuellement, au moins une fois par vingt ans.
L'avenir de la littérature française maintenant?
On ne va tout de même pas s'emmerder longtemps avec ça.
Ce n'est qu'un titre.
Il y aura toujours de l'avenir.
Il y aura toujours du français.
Il y aura toujours des patates.
Donc, je me réclame du droit d'écrire et de dire moé pis toé, sans complexes, quand ça me chante.
Je ne sombre pas dans le léandrebergeronnisme.
Je n'ai aucune envie de militer pour toé, pour nous, etc.
J'écris juste moé pis toé, comme ça vient, comme ça se dit, comme ça se chante. Comme ça s'écrit aussi.
Je mange une beigne, pas un beigne.
Je boés d'la bière, pas de la cervoise.
En fait, je ne bois pas de bière. J'ai suffisamment donné à la cause.
Je bois de l'eau ou bien du Seven-Up diète.
Je ne suis même pas un vrai écrivain maudit sur le bord de l'overdose.
Et je me permets d'avoir mes opinions sur l'avenir de la littérature française comme si j'avais bu une caisse de vingt-quatre.
C'est fou ce que c'est chouette la liberté d'écrire.
La liberté de balancer sur le ouèbe tout ce qui te passe par la tête en tendant bien haut le majeur face à tout ce qui pourrait représenter une contrainte de publication.
Mes textes sont maintenant publiés instantanément.
J'emmerde tous les éditeurs, tous les rédacteurs en chef, tous les journalistes, tous les écrivains, tous les automobilistes, etc.
Je n'attends plus après personne.
Pour que la littérature française ait de l'avenir, justement.
Ceux qui me reprocheraient de croire en moi sont plus cons qu'ils ne le pensent.
À part de ça, tout va bien.
Je n'ai même plus envie de chier.
Serais-je guéri de mon virus intestinal?
Je vais aller consulter mon réfrigérateur tout en lisant une page ou deux de Lenny Bruce.
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