Je rigole souvent à l'évocation de cette anecdote que j'ai trouvée sous la plume de Alain Stanké, ce monsieur toujours souriant et tout aussi fin observateur de la nature humaine.
Pour y aller rapidement, il s'agit d'un spécialiste du stress que Stanké a interviewé à quelque moment de sa vie trépidante. L'éminent savant de Montréal est même pressenti pour le Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le stress. Ce gars-là, c'est certain, vous ferait dormir n'importe quelle tranche de bacon qui crépite dans un poêlon de fonte chauffé à blanc. Il vous réduirait en chants gutturaux n'importe quelle crise de bassinette.
Quelques années après avoir mené son entrevue avec ce brave docteur, Stanké apprend qu'il est mort. Je ne me rappelle plus quelles sont les circonstances qui l'amènent à rencontrer la veuve du spécialiste du stress. Je rigole encore de me rappeler ce qu'elle lui révèle...
Le grand spécialiste du stress, pressenti pour le Nobel de médecine, était un bouffeur de valium compulsif. Il ne passait pas une journée sans s'empiffrer d'auto-prescriptions de valériane chimique. Une fois qu'il était gelé tight, il devenait le Wayne Gretzsky de la lutte au stress...
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Je ne suis pas meilleur qu'un autre et n'ai pas de leçons à donner sur le stress. J'observe mes semblables, à l'instar de ce bon vieux Socrate, et je m'inquiète de constater que ceux qui ne savent rien prétendent tout connaître. J'affirme béatement mon ignorance en toute chose sans me culpabiliser de livrer mon opinion sur tout et rien. J'ai cette démangeaison de l'esprit qui me pousse à m'exprimer sur les sujets les plus divers, hiver comme été. Pourquoi développer sur le stress? Eh bien, je dirais parce que c'est con. C'est con le stress. Et c'est inévitable, comme la connerie.
Il y a des milliers d'années, un pauvre homme pouvait sortir de sa hutte sans avoir à entendre des tas de mécaniques roulées jour et nuit. Il lâchait son pet dans la nature en toute quiétude et partait ensuite dans sa pirogue pour aller cueillir du poisson pas trop bavard.
Le stress n'existait pas. On ne se cassait pas le bicycle parce que le bicycle n'existait pas encore. On faisait l'amour, j'imagine, pour meubler le temps et remplir la hutte. Puis on laissait les enfants jouer dehors avec les tigres et les ours polaires, je ne sais trop.
Il y avait du danger, bien sûr, mais le stress n'avait pas encore fait son apparition. Les spécialistes ne trouvaient pas encore leur place dans la communauté. Tout un chacun devait participer à sa façon au bien-être de la communauté. Le gars qui ne voulait pas éplucher les patates, pour se concentrer sur des travaux sérieux comme la lutte au stress, était tenu pour un égoïste, un paresseux ou bien une crotte de nez. On lui donnait tout de même à manger parce que les gens étaient polis et affables au temps où il n'y avait pas encore de stress.
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Il y a de nos jours des tas de livres pour guérir le stress. En plus des cours, il se vend une panoplie de pilules et poudres de perlimpinpin pour être pimpant comme un pinson qui aurait une patate dans le bec.
Tous y vont de leur leçon sur le stress, les dix trucs pour ceci, les trois façons de faire cela, comme si le problème n'était pas dans la solution. On ne lutte pas contre le stress avec de l'arithmétique. Ce qui compte, en semblable matière, ça ne se compte pas.
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Mon meilleur professeur pour lutter contre le stress est souvent un arbre, un nuage ou bien un soleil, le jour, quand on ne voit pas les autres étoiles.
Je n'y trouve aucun discours.
Je m'abandonne à leur sagesse, toute nimbée d'infini.
Et malgré tout, je stresse comme tout le monde.
Parce qu'il est impossible de ne pas stresser dans ce monde-ci, tel qu'il est conçu.
Un monde de bruits, de cris stridents, de crissements de pneus, de musique débile crachée par des hauts-parleurs de char, de... de... de...
Voilà pourquoi les arbres sont essentiels. Et les nuages aussi. Voire le soleil.
Je ne saurais m'en passer pour combattre le stress.
Je passe mes journées à les contempler pour oublier tout le reste et vivre ma vie comme n'importe quel autre con.
Un con qui, par exemple, ne sait pas que le virage à gauche autorisé sur feu rouge à une intersection c'est sans doute un piéton de moins de temps en temps. Comment voulez-vous qu'il traverse la rue s'ils sont autorisés à foncer sur lui de tous bords tous côtés?
Il est possible que vous cherchiez le lien à établir avec ce billet sur le stress.
Qu'est-ce que le virage à gauche autorisé sur feu rouge vient y faire, hein?
Tout et rien. C'est stressant, non?
Voilà.
Non. C'est rassurant.
RépondreEffacerTant mieux! :)
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