lundi 17 octobre 2011

Jack London ou comment un surhomme nietzschéen devient socialiste

Jack London a été l'écrivain le plus lu et sans doute le plus riche de son temps.

Sa jeunesse a quelque chose de rimbaldienne. C'est un aventurier, ce Jack London. Il croit férocement en lui-même et se croit presque le surhomme de Nietzsche. Il est jeune, débordant de volonté, de force et de détermination. On le voit errer sur les mers du Sud, puis au Klondike, dans la toundra glacée.

Rien ne lui semble impossible. Marin un jour, chercheur d'or le lendemain, il va et il vient avec l'assurance de faire fortune, de goûter au grand rêve américain.

Jack London a bientôt deux puis trois emplois. Il suit des cours à l'université de jour, des cours qu'il paie avec son salaire de travailleur de buanderie. Il veut devenir écrivain et se farcit la tête de toutes sortes de lectures pour compléter lui-même sa formation intellectuelle: Darwin, Nietzsche, Spengler... Il possède plusieurs cartes de bibliothèque municipale sous plusieurs noms pour lui permettre d'emprunter un maximum de livres.

Puis c'est la crise. Il perd son emploi et ne trouve rien.

Lui qui est grand, fort, le surhomme nietzschéen, le voilà balayé comme des millions d'autres individus, comme s'il n'était rien, sinon de la limaille de révolution industrielle jetée dans la rue puis sur les routes.

Jack London devient mendiant. Il se joint aux «vagabonds du rail» et s'approche peu à peu du socialisme.

Il comprend que le capitalisme peut réduire les espoirs du plus fort à néant. Il assimile l'idée que le talon de fer des princes de la finance écrase le peuple, dont il fait lui-même partie.

Jack London qui croyait tout réussir par sa seule volonté revient vers la communauté en partageant le sort des victimes du système. Il s'indigne avec eux, monte sur les trains et rejoint l'armée de chômeurs du syndicaliste et socialiste américain Eugène Debs qui marche sur Washington.

Il est emprisonné, comme tant d'autres, pour vagabondage.

Puis commence sa carrière d'écrivain et son adhésion au socialisme.

Bon, je ne dirai pas qu'il a tout vu juste, London. La politique est le domaine des erreurs d'appréciation par excellence.

Cependant, je retiens ceci: l'homme le plus fort du monde, celui qui se croit sûr de réussir son rêve, de posséder son entreprise et de s'asseoir sur de l'or, celui-là peut se faire briser en un tournemain, comme un fétu de paille. Le système n'a rien à foutre de la pitié et des rêves de tout un chacun. Il est conçu pour favoriser 1% de la population au détriment de 99% des humains de cette planète.

Même les forts peuvent être balayés. Et se retrouver parmi les pauvres, les mendiants et les clochards.

Ça change le point de vue.

Ça démontre toute la formidable perte d'énergie de l'idéologie de l'argent.

On produit trop de chaises et elles ne se vendent plus? On les envoie au dépotoir.

On ne vend plus de chaises? On fout tout le monde à la rue.

On ne fait plus assez d'argent? On dépossède tout le monde.

Qu'on ne s'étonne pas ensuite de voir même des plus forts se joindre aux plus faibles.

Puisque ce système, somme toute, est illogique et insensé.

1 commentaire:

  1. Je partage ta conclusion.
    En s'y mettant tous, chacun à faire son p'tit bout, on devrait pouvoir changer des choses, tout de même !

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