lundi 23 mars 2009

«REPÉRAGES», EXPOSITION À LA MAISON DE LA CULTURE DE TROIS-RIVIÈRES

Je suis allé visiter l'exposition Repérages.

Vous pouvez tous y aller si vous n'êtes pas trop chiches pour vous payer un billet d'avion.

Vous ne le croirez pas, chers lecteurs, mais vous provenez en majorité du continent européen si je me fie à mes statistiques. Ce qui ne manque jamais de me surprendre, d'autant plus que je sacre comme le tabarnak dans mes billets. Sans compter que je m'abandonne avec luxure au charme tout naturel de la langue vernaculaire dans laquelle j'ai grandie, soit le joual dans sa version plus ou moins magoua.

E'j'ai pas honte d'mes racines hostie pis si vous m'comprenez pas, ben calice, riez de moé, e'j'm'en sacre, e'j'su's c'que j'sus, sacrement, pis c'est toutte. Iro. Hugh. Woga. Ciboire.

Bon. Je suis donc allé me promener du côté de l'exposition Repérages, c'est à la salle Raymond Lasnier de la Maison de la culture de Trois-Rivières.

J'étais avec ma blonde, bien sûr, une sévère mais combien juste critique en matière d'art. Elle y va avec la peinture comme elle y va avec la cuisine. Elle juge au goût. Et ça ne trompe pas, le goût. C'est ce qui donne l'envie de manger un repas raffiné, avec le potage, le plat principal, le dessert, les vins et toutes les petites douceurs, quoi. Je sais bien qu'il y en a pour se contenter d'un rien et d'y trouver quelque chose. Mais ce n'est pas le cas de ma blonde. Ni le mien, somme toute, si l'on se fie à mon tour de taille, preuve incontestable de bon goût et de plaisir indiscutable à en apprécier tous ses raffinements.

Ça me fait tout de suite penser à la nouvelle de Marcel Aymé, La bonne peinture, un conte fabuleux qui mériterait de se retrouver à l'écran pour l'éducation des masses et le délassement des marteaux. C'est l'histoire d'un type qui se met à faire de la peinture qui enlève la faim. Tu regardes le pain et les fruits qu'il a peints et au bout d'une demie heure, tu n'as plus faim. Ce qui fait que tous les peintres sont étonnés par ce satané peintre qui fait de l'art nourrissant: est-ce vraiment un artiste ou bien un imposteur? C'est d'un comique tout aussi subtil que Le passe-muraille, une autre nouvelle de Marcel Aymé que j'adore, un petit travailleur de bureau tout ordinaire qui se réveille un jour avec la faculté de passer au-travers des murs en criant «Garou! Garou!» Je ne vous en dis pas plus. D'ailleurs je ne vous parlais pas de ça. Mais de l'exposition Repérages...

Je n'étais pas trop éloigné de mon sujet.

Vous allez tout de suite comprendre pourquoi.

J'ai cherché avec ma blonde de l'art nourrissant, hier, en visitant cette exposition.

Et quatre noms me sont restés en tête.

Régent Ladouceur exposait deux oeuvres peintes sur grands panneaux de bois d'environ 40 X 60 pouces, si je ne m'abuse. Je reconnaissais son univers pictural unique, un mélange de Georges De La Tour, Caravage et Chirico. Une ligne jaune dans un de ses tableaux particulièrement sombre fait toute la différence. Allez voir la ligne jaune, tiens. Vous n'avez pas le choix parce que Ladouceur n'est pas encore présent sur le ouèbe. Je vais m'en occuper tiens.

Jean Beaulieu, le concepteur des vitraux installés au parc portuaire de Trois-Rivières, présente deux oeuvres sublimes faites de marquetterie. On sent l'influence des peintres symbolistes et un sens inégalé de la symétrie. Les cheveux de ses femmes, wow, juste voir leurs cheveux et vous capoter pour la pureté qui s'en dégage, je vous jure. À 13 000$, je trouvais que c'était donné. J'ai brassé le petit change dans mes poches et je me suis dit que ça ne sera pas pour tout de suite. Voici le site de Jean Beaulieu. Il est présenté par Alexis Klimov, feu mon ami et directeur de thèse à la maîtrise.

Enfin, j'ai deux autres coups de coeur: Guillaume Massicotte et Marcel Dargis.

Dargis est un peintre naïf, natif du Cap-de-la-Madeleine. Ses toiles nous ont fait sourire et nous ont nourris comme des rois. Des tas de personnages, de la vie, de la fraternité, de la joie pure. C'est pas compliqué, je me sentais presque son fils spirituel. Je me disais que moi aussi, un jour, mes toiles vaudront 1200$ cash d'la shot. Je vous les fais à moitié prix pour le moment, en toute humilité, mais ça ne sera pas toujours comme ça.

Bon, l'an prochain je vais soumettre quelque chose pour l'exposition Repérages, tiens.

D'ici là, allez faire un tour. C'est jusqu'au 12 avril. Ça devrait vous enchanter. J'en suis sorti ravi, plein de printemps et d'espoir, comme si Trois-Rivières était parfois une belle ville.

1 commentaire:

  1. « E'j'ai pas honte d'mes racines hostie pis si vous m'comprenez pas, ben calice, riez de moé, e'j'm'en sacre, e'j'su's c'que j'sus, sacrement, pis c'est toutte. Iro. Hugh. Woga. Ciboire. »

    Ça c'est parlé!

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