mardi 10 mars 2009
ON NE FAIT PAS D'OMELETTE SANS CASSER DES OEUFS
Panaït Istrati, surnommé le Gorki des Balkans, est un écrivain roumain de la première moitié du vingtième siècle. Istrati coexista auprès de la misère et épousa les idéologies qui prétendaient l'atténuer, dont le communisme.
«Compagnon de route», comme on dit à l'époque des intellectuels qui sans adhérer au Parti communiste n'en soutenaient pas moins son programme, Panaït Istrati visite deux fois l'URSS, en 1927 puis en 1929. Il en revient ébranler et publie Vers l'autre flamme, un récit dans lequel il dénonce la dictature qui s'est implantée au pays des lendemains qui déchantent.
Les communistes lui rétorquent qu'il est un sale traître, que la fin justifie les moyens, que l'on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Et Panaït Istrati leur répond qu'il voit bien les oeufs cassés, mais qu'il ne voit pas leur omelette.
Pas d'omelette. Juste des oeufs cassés.
La Maudite Machine est entièrement destinée à casser des oeufs, des têtes, des volontés.
Et ceux qui trippent sur la Machine sont aussi ridicules que l'officier dans La colonie pénitentiaire de Franz Kafka. Ça, c'est mon interprétation personnelle.
***
Dans la préface qu'il a écrite lors de la première publication de ses oeuvres complètes, Istrati se définit comme un «homme qui n'adhère à rien». Nous sommes dans les années '30, où tout un chacun croit trop facilement en quelque chose. Istrati fait en quelque sorte figure de précurseur. Il sent bien que quelque chose ne cloche pas. Non pas parce qu'il intellectualise ce qu'il voit. Mais parce que son coeur se refuse à admettre que l'on maltraite les humains, que l'on tire sur les fleurs pour les faire pousser, au risque de les arracher, de faire de la terre un désert de sang cuit.
***
«Le socialisme sans la liberté c'est la caserne», écrivait Bakounine pour répondre aux théories alambiquées de Karl Marx sur ce qu'il est convenu d'appeler la dictature du prolétariat, une idée toute simple selon laquelle le peuple est trop con pour se gouverner lui-même et que ça lui prendrait une clique de gens éclairés, de soleils des nations et autres grands timoniers, pour lui montrer la voie à suivre. Méchante conception de la démocratie...
Remarquez que je me fous un peu de Bakounine, un anarchiste un peu trop près du nihiliste Netchaïev à certains égards, mais je retiens tout de même la formule.
Le socialisme sans la liberté, c'est la prison, y'a pas de doute.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
"un homme qui n'adhère à rien", ça, c'est la vrai liberté.
RépondreEffacercette formule là, elle a un vrai sens. une conscience. elle fait abstraction des "croyances".
une fois, j'étais chez plamondon, et encore une fois, il était bourré. et il disait à renée : "il faut bien croire à quelque chose", avec un regard triste de cocker (il sentait que ça ne passait plus entre eux). mais renée ne s'était pas démonté. elle avait juste dit : "non".
morale de l'histoire :
croire, c'est la baise. c'est se satisfaire d'un renoncement du cerveau, et aller l'enfermer dans un video-poker systématique.
envoie le bonjour à jeremiah johnson.
(anne archet avait touché le truc en disant "il n'y a pas d'individu", de son coté. et ce n'est pas nier la vie, faire de l'homme un objet, au contraire, c'est le relier à l'éther, au coeur des étoiles, de là ou il vient. cosmique, man! cosmique! voilà aussi pourquoi j'aime bien Planète. pour la lueur de compréhension ancestrale qu'on ressent et qui nous uni dans un trip, au fil d'une conversation éthylique, et qui nous fait prendre conscience... de l'être. de l'infini RéEL, dans lequel on se move.)
Le socialisme qu'on prend sempiternellement en exemple, celui de Staline ou celui de Mao, n'a rien de socialiste, ni dans son origine, ni dans son application. Nous faisons l'objet d'une vaste opération de répression des rêves, de castration de l'idéalisme. Le sens final est toujours : « le statu quo est la seule possibilité ». C'est faux. Archi-hyper-méga-faux.
RépondreEffacerLe statu quo, É., ça suppose que c'est pareil comme avant?
RépondreEffacerPas sûr.
Des fois c'est même pire qu'avant...
Au point de faire passer Nicolas II et Batista pour des enfants de choeur en comparaison de leurs successeurs, nettement plus doués pour exercer la répression à grande échelle.
Bon… Vous vouliez m'embarquer, asti. Me vlà.
RépondreEffacerJe te suggère de te renseigner un peu sur Cuba, on en reparlera. Fulgencio, si tu savais… Tu sauras. Mais en ce moment, tu sais pas.
Quant aux tsars de Russie, ils ont été remplacés par un gouvernement social-démocrate très populaire et modéré en 1917. Neuf mois plus tard, Wall Street est intervenu pour leur arracher la tête et fomenter le coup d'état que l'Histoire officielle ose encore appeler la révolution d'octobre. Le système en place par la suite était systématiquement identique à celui préconisé par Adolf Hitler dans les années vingt. C'est pas pour rien, ce sont les mêmes gros porcs qui ont monté les deux systèmes. Les capitalistes du pétrole et des chars. Dire du stalinisme qu'il s'agit d'un programme de gauche, c'est détruire tout débat, c'est annihiler toute réflexion et c'est très exactement le but recherché par ceux qui ont envie de continuer longtemps à traiter la race humaine comme leur bétail et la planète Terre comme leur site d'enfouissement.
Ce n'est pas de leur société dont je rêve. Ce n'est pas d'être un vassal de l'empire, que je considère mon destin.
Pour ce qui est de la souveraineté du Québec, je tiens à rappeler qu'à moins de se complaire dans les sophismes grossiers (dignes des intellectuels de la tivi), toute personne opposée à cette idée est nécessairement un partisan du statu quo, donc de l'empire Canadien de Bay Street, petit caniche de Wall Street et de la City.
Je n'ai pas plus d'amour ou de mépris pour une bande de politiciens que pour une autre. Je ne crois à aucune des répliques de leur navrant et coûteux spectacle. Il n'est pas question ici de choisir sa gagne. Il est question de maturité en tant qu'espèce. Il est question de prendre la responsabilité qui nous incombe de faire de ce monde un endroit vivable. Tu le fais, toi, en écrivant et en peignant. En générant du merveilleux chaos. C'est comme si tu plantais des arbres.
Mais au plan social, ce n'est pas le moment de cesser de rêver un monde meilleur. Mais plutôt de le faire avec tout notre être, pas juste des cœurs hystériques qui répètent machinalement « yes we can » à une baudruche savante payée par les fils et petits-fils des génocidaires esclavagistes d'hier.
Escuzez-là.
pour que les hommes deviennent tous frères, faudrait d'abord qu'ils soient d'accord.
RépondreEffacerLa politique n'a jamais sauvé et ne sauvera jamais le monde.
RépondreEffacerQuelque soit le parti!
La preuve ...
-------------------------------------
PS. On embarque personne, tu t'embarque toi-même ... assume!
Il faut bien que je te réponde un brin, É.
RépondreEffacerJ'ai été un militant trotskiste très actif dans les années '80 en plus d'avoir lu tout ce qui s'est écrit à propos de la révolution russe. Je pense connaître un peu mon sujet. Évidemment, je n'ai pas fouillé dans toutes les théories du complot qui circulent sur l'Internet.
Je pense que Wall Street a le dos large mais que là, franchement, tu exagères.
Par ailleurs, j'aimerais comprendre pourquoi sous les Castro le simple fait de réclamer la liberté d'expression peut te valoir vingt ans de prison alors que le tyran Fidel a été libéré en moins de deux ans, sous Batista, pour avoir attaqué une caserne où il y eut plus de 80 morts... Il ne voulait pas commettre les mêmes erreurs avec l'opposition?
Franchement, rien ne justifie l'oppression. Et qu'on ne vienne pas me dire que Pol Pot était le grand ami de Nixon.
L'aveuglement des intellectuels continue, même de nos jours.
C'est triste tout ça. Mais c'est la vie.
Ça me donne envie de relire Panaït Istrati et Émile Cioran.
Ancien Trotskiste ? Il était où, justement, ton beau Léon, en 1917 ? Quelle section de quelle ville ? Avec quels types a-t-il voyagé vers la Russie ? Tu vas tomber sur le cul, mon beau.
RépondreEffacerJe n'ai rien inventé, tu sais. Lis la bibliographie du Mauvais Siècle et on se reparle. Lis Sutton et Brackman, tiens. Si t'as peur d'Internet, achète les dans ta bonne librairie libre canadienne (il se peut que tu apprennes qu'ils n'existent pas, mais je peux t'envoyer des photos des véritables livres, que j'ai entre les mains).
Quant à Cuba, je ne sais à quel événement précis tu te réfère. J'ai rencontré là-bas de très nombreuses personnes qui discutaient ouvertement des pour et des contre du régime. C'est une activité tonitruante et quotidienne dans le Paseo Marti à la Havane, où parfois près d'une centaine de mecs se hurlent dessus à pleins poumons sous le regard endormi de quelques policiers tranquilles.
Les peines lourdes sont habituellement réservées à des types dont les liens directs avec Cason, l'envoyé de Washington ont étés établis, des types qui ont posé des gestes pour renverser le gouvernement. Je ne connais aucun pays digne de ce nom qui tolère qu'une puissance étrangère vienne fomenter un coup d'état chez eux.
L'État m'énerve. L'état cubain aussi. J'ai pas trop envie de passer des heures à me battre contre des rumeurs de tivi pour défendre un « état ». J'ai trouvé là-bas, jusqu'à 2007 (ma dernière visite), un des pays les plus sereins de la Terre. Bourré de défauts, très pauvre, très fatigué, mais tout de même beaucoup plus heureux que le mien.
Sauf qu'y faut un peu connaître ses sources. Si c'est l'AFP qui te nourrit, va voir qui les finance, quelle est leur réputation, etc. J'aime bien construire mes références à partir de petites coqueluches de la droite bardées de récompenses ou respectées par mes ennemis de classe. C'est pourquoi j'ai lu Yergin et Quigley. Sutton est un ultraconservateur issu du Hoover Institute. Pas exactement un gauchiste excité d'Internet.
Lis Webster Tarpley, Antony Sutton, Carrol Quigley, Roman Brackman ou Philip Agee, ça va lézarder tes certitudes. Garanti.
J'arrête ici.
ΗΕ ΠΟΗИМАЙΕМ ФРАΗЏУСКИ.
RépondreEffacerTu ne parles pas français-fransouski monsieur Pouf? Alors là tu m'étonnes.
RépondreEffacerJe passe plus de temps à écouter les victimes que les bourreaux, É.
RépondreEffacerHeille Gaétan,
RépondreEffacerÇa doit pas être facile gérer un blog. Il faut se défendre contre les séparatisses, les communisses pis des cyclisses!
Je te vois comme un King Kong juché sur le Empire State (OK l'édifice Capitanal d'abord)assailli par des critiques persistents et bourdonnants.
Lâche pas mon homme!
King Kong? Oui. Et même que ma blonde tient dans le creux de ma main.
RépondreEffacerJ'ai des amis séparatisses, communisses et même cyclisses. Sauf que c'est pas une raison pour mettre ma switch à off et de tout prendre pour du cash.
J'en connais bien qui trippaient sur Rick Astley à une certaine période de leur vie et je ne leur en veux pas même s'ils continuent encore de suivre sa carrière de très près.
Même chose pour ceux qui bouffent chez PFK. Faut s'être rendu malade pour comprendre que c'est d'la marde.