Il y eut un temps où l'on vous distribuait une petite collation quand vous attendiez à l'urgence. C'était une vieille coutume, vieille comme les lois de l'hospitalité, qui consistait à bien accueillir son monde.
Cette coutume est disparue au cours des années '70, à la fin du disco.
Jusque là, il y avait quelqu'un qui passait d'un malade à l'autre pour voir si tout allait bien en dépit du temps d'attente.
-Un petit biscuit avec ça? Un bon verre d'eau glacée? J'ai une revue ici pour vous...
C'était soi une religieuse, une préposée ou bien un salarié. N'importe quoi sauf une face de boeuf. On pouvait encore te congédier à cette époque pour avoir fait la face de boeuf aux malades.
Que s'est-il donc passé pour que l'on cesse de donner des collations à l'urgence?
Il y eut les années de plomb. Les années '80, avec la révolution conservatrice et la dictature du fonctionnariat.
En ces années troubles et tourmentées, l'argent prit le pas sur tous ces petits gestes qui avaient marqué les rapports humains depuis des temps immémoriaux.
On commença par supprimer des postes, dont celui qui consistait à distribuer des collations aux malades à l'urgence.
Puis on remplaça les collations par des distributrices automatiques bourrées de chocolats, Popsi et autres galettes d'avoine défraîchies.
L'urgence ressemble désormais à un vol au-dessus d'un nid de coucous.
On y crie. On y hurle.
Et il n'y a plus de collations ni personne pour s'enquérir de votre état.
L'agent de sécurité est souvent absent et quand il est là c'est pour se cacher derrière une vitre en plexiglass.
La préposée à l'accueil est bête comme ses deux pieds et l'infirmière a une face de boeuf d'avoir à ausculter tous ces pauvrichons qui attendent de se faire trier comme du vil bétail.
Même chez le vétérinaire, on penserait à donner un petit quelque chose au chien malade.
Que s'est-il passé avec notre système de santé pour qu'on en soit rendu à un tel état de décrépitude déshumanisante?
Pourquoi les urgences sont-elles tant devenues inhospitalières?
C'est parce qu'il n'y a plus de collations.
Et plus de bonnes gens pour prendre soin de vous quand vous ne vous sentez pas bien.
Le pire, c'est que tout ce bordel se paie avec l'argent de nos taxes et de nos impôts.
On devrait avoir une voiture de luxe avec les paiements que nous faisons.
Le jeu politique, confondu avec celui de la pègre, nous fait chèrement payer nos désillusions de citoyens stupides déplumés et incapables de porter une pancarte.
Nous payons pour une vieille Lada qui rouleraient dans le champ sur les chapeaux de roues.
Et n'essayez plus d'avoir un jus ou bien un petit biscuit.
Séchez, mes sacraments...
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