Hier, c'était la grand messe de Guy A. Lepage. L'homme n'est pas sans talent. Mais il n'est pas tout à fait délivré de sa grille d'analyse bourgaultienne, laquelle me semble lamentablement fondée sur de mauvaises prémisses. Bourgault était un nationaliste déguisé en socialiste du dimanche qui, pour se distinguer de l'Union Nationale, créa le mot «nationaleux». Comme s'il y avait les bons et les mauvais nationalistes: les «nationaleux». Moi, je ne vois que de l'ennui mortel dans le nationalisme, quel qu'il soit. Nationaleux ou nationalistes, ils m'emmerdent tous profondément et me font bayer aux corneilles.
Quelle surprise que d'entendre les propos de René-Daniel Dubois à Tout le monde en parle. L'écrivain et dramaturge, auteur de Being at Home with Claude, me semblait le plus patriote de toute la bande parce qu'il osait exprimer haut et fort des vérités que personne ne veut entendre au Québec. Les élites en place craindraient de perdre pied dans ce grand recyclage d'idées qui s'opéreraient pour accéder au pouvoir. Ils frappent alors d'ostracisme le bougre qui leur tient tête, ce qui est tout à fait normal, n'est-ce pas? En tout cas, vous semblez trouver ça normal puisque des tas d'intellectuels au Québec sont condamnés à l'exil intérieur. (Parlant d'exil, je vais faire une digression. Il n'y a pas un problème d'immigration au Québec. Ce serait plutôt un problème d'émigration. Tout le monde calisse son camp, depuis deux siècles, pour ne plus vivre sous l'emprise du clergé d'icitte. )
Le patriotisme consiste à ne pas craindre d'être seul contre toute la foule pour lui dire ce qu'elle ne veut pas entendre. Cette formidable force individuelle de celui qui ne craint pas la foule représente l'un des plus beaux fleurons de la démocratie, comme le type qui affrontait une colonne de chars d'assaut sur la place Tien An Men, en 1989. Ânonnés des slogans ne sera jamais une preuve de patriotisme, au sens le plus noble du terme, mais une preuve profonde de lâcheté, d'aveuglement et d'abdication de sa souveraineté individuelle, de laquelle dépend la vraie force d'un État, un État capable de produire des esprits libres et indépendants, et non de vulgaires moutons qui bêlent des niaiseries.
Hier à Tout le monde en parle, René-Daniel Dubois était pour moi le patriote de l'année. Son discours était limpide, lucide et aussi brillant qu'un discours de Vaclav Havel à la veille de la révolution de velours.
Nous vivons dans une société qui dévalorise la culture, où tout un chacun sort son révolver chaque fois qu'un Ovide Plouffe veut chanter Paillasse ou parler de Dostoïevski.
Guy A. Lepage présenta René-Daniel Dubois comme un homme à l' «ego démesuré». Quel ego démesuré? Juste parce qu'il ne parle pas en respectant le discours bourgaultien, l'un des fondements de notre immobilité en tant que société. On pourrait dire aussi que René-Daniel Dubois est frustré. On devait dire ça aussi de Vaclav Havel pour le discréditer, parmi les membres de la fausse élite intellectuelle du régime communiste tchécoslovaque. «Havel? Un ego démesuré. Un frustré qui n'adhère pas aux règles du Parti. Bref, un indésirable. Ne le fréquentez pas si vous voulez prosprérer dans cette république populaire, pour le peuple et par le peuple, parce que nous, l'avant-garde éclairée, sommes le peuple...»
Un beau jour, en Tchécoslovaquie, tout un chacun a ouvert les yeux en même temps. La police, l'armée, rien n'y fit pour arrêter ce profond changement des mentalités qui renversa la dictature.
Je prétends depuis longtemps que le Québec vivra un jour quelque chose de semblable au point de vue des idées.
Un beau jour, au Québec, tout un chacun ouvrira les yeux en même temps et verra bien que le discours a été monopolisé par une idéologie sclérosée qui s'est aplatie un peu partout sur la planète là où elle est passée, tout simplement parce qu'il n'est pas dans la nature humaine que de bêler comme un mouton.
Nous aurons notre révolution de velours.
Elle ne viendra pas de l'ADQ, des Bérets blancs ou d'un quelconque parti nationaliste.
Elle viendra d'elle-même, comme un immense besoin de respirer.
Hier, en écoutant parler René-Daniel Dubois à Tout le monde en parle, j'ai vaguement senti que nous nous rapprochions de ce jour.
Quelle surprise que d'entendre les propos de René-Daniel Dubois à Tout le monde en parle. L'écrivain et dramaturge, auteur de Being at Home with Claude, me semblait le plus patriote de toute la bande parce qu'il osait exprimer haut et fort des vérités que personne ne veut entendre au Québec. Les élites en place craindraient de perdre pied dans ce grand recyclage d'idées qui s'opéreraient pour accéder au pouvoir. Ils frappent alors d'ostracisme le bougre qui leur tient tête, ce qui est tout à fait normal, n'est-ce pas? En tout cas, vous semblez trouver ça normal puisque des tas d'intellectuels au Québec sont condamnés à l'exil intérieur. (Parlant d'exil, je vais faire une digression. Il n'y a pas un problème d'immigration au Québec. Ce serait plutôt un problème d'émigration. Tout le monde calisse son camp, depuis deux siècles, pour ne plus vivre sous l'emprise du clergé d'icitte. )
Le patriotisme consiste à ne pas craindre d'être seul contre toute la foule pour lui dire ce qu'elle ne veut pas entendre. Cette formidable force individuelle de celui qui ne craint pas la foule représente l'un des plus beaux fleurons de la démocratie, comme le type qui affrontait une colonne de chars d'assaut sur la place Tien An Men, en 1989. Ânonnés des slogans ne sera jamais une preuve de patriotisme, au sens le plus noble du terme, mais une preuve profonde de lâcheté, d'aveuglement et d'abdication de sa souveraineté individuelle, de laquelle dépend la vraie force d'un État, un État capable de produire des esprits libres et indépendants, et non de vulgaires moutons qui bêlent des niaiseries.
Hier à Tout le monde en parle, René-Daniel Dubois était pour moi le patriote de l'année. Son discours était limpide, lucide et aussi brillant qu'un discours de Vaclav Havel à la veille de la révolution de velours.
Nous vivons dans une société qui dévalorise la culture, où tout un chacun sort son révolver chaque fois qu'un Ovide Plouffe veut chanter Paillasse ou parler de Dostoïevski.
Guy A. Lepage présenta René-Daniel Dubois comme un homme à l' «ego démesuré». Quel ego démesuré? Juste parce qu'il ne parle pas en respectant le discours bourgaultien, l'un des fondements de notre immobilité en tant que société. On pourrait dire aussi que René-Daniel Dubois est frustré. On devait dire ça aussi de Vaclav Havel pour le discréditer, parmi les membres de la fausse élite intellectuelle du régime communiste tchécoslovaque. «Havel? Un ego démesuré. Un frustré qui n'adhère pas aux règles du Parti. Bref, un indésirable. Ne le fréquentez pas si vous voulez prosprérer dans cette république populaire, pour le peuple et par le peuple, parce que nous, l'avant-garde éclairée, sommes le peuple...»
Un beau jour, en Tchécoslovaquie, tout un chacun a ouvert les yeux en même temps. La police, l'armée, rien n'y fit pour arrêter ce profond changement des mentalités qui renversa la dictature.
Je prétends depuis longtemps que le Québec vivra un jour quelque chose de semblable au point de vue des idées.
Un beau jour, au Québec, tout un chacun ouvrira les yeux en même temps et verra bien que le discours a été monopolisé par une idéologie sclérosée qui s'est aplatie un peu partout sur la planète là où elle est passée, tout simplement parce qu'il n'est pas dans la nature humaine que de bêler comme un mouton.
Nous aurons notre révolution de velours.
Elle ne viendra pas de l'ADQ, des Bérets blancs ou d'un quelconque parti nationaliste.
Elle viendra d'elle-même, comme un immense besoin de respirer.
Hier, en écoutant parler René-Daniel Dubois à Tout le monde en parle, j'ai vaguement senti que nous nous rapprochions de ce jour.
Très beau message d'espoir, et il me touche beaucoup.
RépondreEffacerJ'ai pondu aujourd'hui un billet sur mon blogue sur le même sujet, mais peut-être un peu plus critique par rapport à la pensée de cet homme. Si ça vous intéresse de le lire, vous n'avez qu'à cliquer ici.
Bonne soirée et à une prochaine fois peut-être!