Les héros d'antan pourraient bien devenir les zéros d'aujourd'hui.
Prenons Dollard des Ormeaux, un bandit aux mains tâchés du sang des indigènes, il fût jadis un héros.
Je sais que c'est dur à croire, mais les nationalistes québécois, surtout les intellectuels remarquez bien, croyaient dur comme fer qu'il était un pur héros du peuple canadien-français qui lutte pour revoir sa chère Normandie et y lire des sermons de Bossuet.
L'abbé Lionel Groulx, un historien efféminé qui roulait ses R, devait pourtant connaître le fin fond de l'histoire puisqu'il avait accès aux documents. Il ne pouvait pas prêcher par ignorance. Pour lui, Dollard des Ormeaux était un demi-dieu à la mémoire duquel les Canadiens-Français devaient «tendre les mains comme des palmes», pour signifier son appartenance comme on le faisait parmi les hordes fascistes du continent européen. Il était membre de l'Ordre de Jacques-Cartier, une société secrète comme la SS vouée à la promotion par tous les moyens de leur idéologie raciste et dépravée.
Pour nous, maintenant, Dollard des Ormeaux est une lointaine réminescence d'une fête nationale, la Fête de Dollard, qui se fêtait le même jour que le Victoria Day, plus communément appelé la Fête de la Reine... Maintenant, on dit plutôt que c'est la Fête des Patriotes. Tout le monde sait, évidemment, que Dollard des Ormeaux n'était qu'un vulgaire conquistadore français venu en Nouvelle-France pour voler les indigènes. Difficile d'en faire un héros de nos jours... Quelle malchance! Aux yeux de l'histoire, Dollard des Ormeaux et l'abbé Groulx passeront désormais pour des cons, jusqu'à la fin des temps.
LA MÉMOIRE REVIENT TOUJOURS
Il n'y a presque plus de Juifs en Pologne, en Hongrie ou en Lithuanie. Ils sont presque tous morts dans des conditions épouvantables, exterminés par Hitler mais aussi par monsieur et madame tout le monde qui gueulait que les Juifs prenaient trop de place. C'est vrai qu'ils vivaient presque tous dans des dépotoirs, comme les Tziganes, et que monsieur et madame tout le monde n'aime pas ceux qui vivent dans les dépotoirs ou les ghettos, comme s'il était dans la nature humaine que de casser du sucre sur le dos des innocents.
Bien sûr, la stupidité est dans la nature humaine. Et cette stupidité coûta la vie à des êtres humains. Des messieurs et mesdames tout le monde ont dénoncé la présence de Juifs aux autorités. Des messieurs et mesdames tout le monde ont collaboré à l'extermination des Juifs.
Il n'y a presque plus de Juifs, dans les pays précités, pourtant la musique des Juifs et des Tziganes résonnent encore, tard dans la nuit, à Varsovie, Vilnius ou ailleurs.
Des jeunes entreprennent de faire revivre la culture yiddish, même s'il n'y a plus de Juifs. Le passé rattrape les messieurs et mesdames tout le monde qui se font maintenant ridiculiser par la jeunesse pour avoir obéi aux ordres stupides d'intellectuels racistes complètement déconnectés des exigences du coeur et de la raison. La jeunesse nargue la vieillesse nazie. Et c'est tant mieux.
L'URGENCE DE FAIRE REVIVRE LA CULTURE INDIGÈNE AU QUÉBEC
Ici, au Québec, il s'est produit un génocide dont personne ne parle. Des indigènes ont été réduits en esclavage, tués à force de travail et exterminés presque jusqu'au dernier pour assouvir la soif d'or et de diamants bruts de la monarchie française. Pourtant, la jeunesse, peu à peu, se réapproprie la vraie histoire. Les versions indigènes circulent de plus en plus vites. Les émules de Groulx se taisent ou publient dans des revues de collectionneurs de poils de cul. Bref, le passé rattrape les ultranationalistes et leur rappelle que leurs héros d'antan deviennent tous un par un des zéros.
VLB, JACQUES LANCTÔT ET PAILLASSON: VOUS SOUVENEZ-VOUS D'EUX?
Quand je lis les lettres d'opinions de Victor-Lévy Beaulieu ou les chroniques de Jacques Lantôt, le castriste qui lutte contre les droits de la personne à Cuba comme d'autres luttent pour la peine de mort, eh bien je me marre comme si j'écoutais de vieux épisodes de La Ribouldingue.
Je vois bien que les héros d'antan ont fait leur temps. Il ne reste que des gestes et des souffles de plus en plus lents, des radotages, des condamnations poussiéreuses, des mots empesés et malhabiles, bref de la mélasse idéologique des années '70, quand il était permis aux jeunes d'être nuls et stupides.
Ainsi, Mao n'est plus un héros.
Pol Pot non plus et Fidel Castro itou. Nos vieillards totalitaires sont perçus par la jeunesse comme étant des vieux ploucs dépassés qui auraient bien aimé faire un génocide ou deux, juste pour voir.
Par contre, Paillasson a toujours la cote. Comme quoi l'art est une valeur plus sûre.
QUI EST UN HÉROS?
Le héros, pour un jeune intellectuel d'aujourd'hui, c'est un type anonyme qui arrête une colonne de chars d'assaut en 1989, sur la place Tien An Men. Là-dessus, je rejoins l'opinion de Richard Martineau émise dans une de ses chroniques récemment.
Le héros c'est le type qui n'est pas qu'un simple pion du système, que ce soit le système capitaliste ou le système communiste.
Le héros, c'est l'individu qui affronte la masse et revendique fièrement son droit fondamental à la liberté, à la justice et au bonheur.
Ce n'est certes pas le vil lèche-bottes ultranationaliste ou castriste...
Là-dessus, une petite musique juste pour les cons.
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