Face à la problématique de la santé publique, ce ne sont pas des statistiques qui me viennent naturellement à l'esprit. Ce sont plutôt des scènes de la télésérie Kingdom de Lars von Trier. Il s'en passe des événements plus ou moins occultes dans les hôpitaux, croyez-moi. La télésérie Kingdom est bouleversante dans la mesure où l'occulte intervient dans un milieu sensément rationaliste, un hôpital.
J'ai travaillé pendant à peu près quatre ans en tant que préposé aux bénéficiaires. J'ai travaillé sur tous les départements, de l'urgence jusqu'à la psychiatrie, aux soins intensifs, aux soins coronariens, partout.
J'ai travaillé auprès de personnes atteintes du sida, de l'alzheimer, de la sclérose en plaques, etc. Bref, j'ai une bonne vue d'ensemble du système, même si ça remonte au début des années '90.
À première vue, je retiens que nous sommes tous humains, dont ceux qui nous soignent.
Ils ne sont pas ces demis-dieux de notre imagerie d'Épinal mais il faut bien s'en remettre au sorcier le plus près de chez-soi quand ça va mal.
Le sorcier de jadis vous traitait avec des herbes, celui d'aujourd'hui vous traite avec des alcoloïdes tirés des herbes et présentés sous formes de pilules aux formes aérodynamiques, parce que c'est plus vendeur.
De la valériane ou des valiums, ça ne fait pas une grande différence en termes de sorcellerie puisque le valium est un extrait chimique de la valériane, une plante qui a cette faculté de vous envoyer dans les vappes. Presque toutes les pilules dérivent d'une plante. Et vous allez croire que les sorciers de jadis n'y connaissaient rien?
Je ne suis pas le type à vous emmerder avec l'herbothérapie. Je dis ça pour relativiser un peu, pour ne pas se laisse abuser par le statut de demi-dieu accordé aux médecins. Tout n'est encore qu'observation et expérimentation dans bien des cas.
On pratique la médecine tout en se pratiquant et c'est en tirant parti de ses erreurs qu'on évolue... Cela suppose qu'il y a un cobaye là-dedans: justement vous êtes là...
Je ne suis pas contre la médecine moderne. J'ironise. Cependant, il est vrai que les médecins se pratiquent pour pratiquer la médecine...
Peut-être que j'ai travaillé trop longtemps dans les hôpitaux et les centres d'accueil pour personnes âgées. Quatre ans dans ces milieux ça vaut bien deux ans au Vietnam, en termes d'impact psychologique. Ce ne sont pas des milieux où il est facile de travailler. Tu es vraiment au front quand tu fais face à des malades et des agonisants. Cela te met vraiment face à toi-même: traite les autres comme tu aimerais être traité.
Peut-être que c'est dans ce métier que la Foi trouve tout son sens, pas la Foi d'une quelconque religion, mais la Foi en certaines valeurs humaines fondamentales, quelque chose qui pourrait s'appeler la grandeur d'âme.
Cela dit, je lève mon chapeau à ceux et celles qui, bien qu'ils travaillent dans le domaine des soins de santé, ne se défoulent pas sur les patients et demeurent humains. Il y en a qui sont vraiment humains dans cette structure inhumaine où il faut parfois laver, habiller et faire manger trente personnes en moins d'une heure, tout fin seul, avec des cas lourds.
Les travailleuses des CPE sont presque payées le double pour s'occuper d'une dizaine de marmots. Celui qui passe la moppe dans les hôpitaux est même payé plus cher que celui qui soulève, lave ou fait manger les malades, à cause du comité paritaire sur l'entretien ménager. Elle est belle l'équité salariale...
PRIVÉ OU PUBLIC?
Je suis en faveur des soins de santé gratuits. Je dis ça comme si je disais que j'aime la tarte aux pommes, bien sûr, mais c'est sincère.
Et l'argent? Je ne suis pas économiste, mais je me dis qu'on ne doit pas être si cassés que ça.
Dans le fond, c'est à nous de savoir où sont vraiment nos priorités quand vient le temps de faire le budget. Est-ce que l'on doit mettre plus d'argent sur les médicaments, ce mois-ci, et moins sur la bière et les sorties au cinéma? Je vous le demande...
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