jeudi 1 octobre 2009
Les artistes ratés et les discours politiques
J'ai déjà été séparatiste. Je ne le suis plus à cause de plusieurs célèbres artistes ratés de mon coin de pays qui, incapables de produire une oeuvre qui vaille la peine de s'y attarder, produisent par dépit un discours politique qui jette sur leurs produits artistiques un voile de fausse férocité et d'encore plus fausse spontanéité révolutionnaire. Cela donne un petit côté vaporeux à leur caca. On finit par dire très juste, si, si, quand on devrait simplement dire ouache ça pue.
Plus un artiste est animé par un discours politique, plus son oeuvre en pâtit. Cela va de soi. L'oeuvre n'existe plus sans la pénible justification qui l'entoure. L'artiste voulait évoquer son pays qui souffre, sa langue qui pend, ses couilles qui puent: on s'en torche! L'artiste a produit un navet déguisé en discours politique, c'est la triste mais combien vraie réalité. Trop souvent.
D'où l'importance de produire de l'art pour l'art, avec toute l'authenticité que cela suppose, par-delà les normes et les conventions, et au besoin en suivant les normes et les conventions. Soyez moins cons, moins ratés: soyez pleinement artistes!
Rien n'est coulé dans le béton. Surtout pas les chicanes de clôtures.
Donc, l'art pour l'art. Fuck le réalisme socialiste et le réalisme souverainiste. Rien à foutre des discours remâchés par de vieux ringards qui tiennent plus à ce que la vie ressemble à ce que contient leur bréviaire qu'elle ne soit, tout simplement, un émerveillement permanent, un dépassement de soi-même, point.
La beauté sauvera le monde.
C'est pas moi qui l'ai dit.
C'est un certain Dostoïevski.
Il a écrit des livres, oui.
Des livres qui parlent de tout et de rien.
***
Hitler et Pol Pot étaient des artistes ratés. L'un était un peintre qui ne savait représenter que des architectures carrées, sans personnages, sans visages. L'autre a déposé une thèse de maîtrise sur Verlaine et n'aura pas été plus poète qu'il ne le faut. Tous les deux ont terminé ça en holocauste.
Je ne dis pas que tous les artistes ratés finiront comme ça. La plupart mèneront des vies nettement plus honorables. Cependant, je crois que le danger guette l'artiste qui sert de pute aux idéologies et autres slogans collectifs.
Penser et créer sont des actes solitaires. L'art est mieux servie par les esprits libres.
Les libres penseurs qu'on nous propose, trop souvent, ne sont que des farceurs, des cabotins agenouillés devant leur idole qui sont restés figés sur le salut au drapeau et la version française de Daniel Boone.
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