jeudi 17 septembre 2009
Money is a Crime
J'ai un milliard de dollars qui dort dans la boîte anti-spam de mon courriel.
Je ne sais pas ce que j'attends. C'est si simple. Ils ne me demandent que mon nom, mon occupation, ma date de naissance, mon numéro de carte de crédit ainsi que mon numéro de compte bancaire. Je pourrais leur fournir ces renseignements en moins de temps qu'il ne le faut pour dire zut. Cependant, je m'abandonne à la procrastination et remets toujours à plus tard mes réponses à ces courriels généreux qui me tombent dessus jour après jour.
Voici quelques exemples des gains qui sommeillent dans mon courriel.
Un million de livres sterling gagnées par tirage au sort. Le Royaume-Uni me laisse entendre qu'on ne laisse pas dans la pauvreté un sujet de Sa Majesté.
Dix millions de dollars US m'attendent au Sierra Leone. Babi Bobou, qui travaille pour une quelconque banque de ce pays d'Afrique, m'informe qu'il a besoin d'aide pour sortir ces dix millions et, comme par hasard, il est tombé sur moi. Et je suis la seule personne au monde qui puisse l'aider à sortir ces dix millions de dollars US et je ne fais rien, sinon perdre mon temps à écrire des conneries. Pendant ce temps, Babi Bobou se morfond, au loin là-bas, attendant ma réponse avec une impatience de plus en plus accrue.
Les promotions Google m'offrent aussi plusieurs millions de dollars chaque semaine depuis au moins un an et moi, le niaiseux, je travaille encore. Ils ont pigé mon courriel, au hasard, parmi des milliards d'autres. Et je ne profite pas de cette chance unique. Je laisse aller.
Et je ne vous ai pas encore parlé de Mr Ali Wadaji et de Mrs Ruth Wawalala qui m'écrivent eux aussi d'Afrique, comme Babi Bobou, parce qu'ils ne peuvent pas encaisser les millions de dollars que je pourrais faire sortir du pays si j'arrêtais de me décrotter le nez.
Franchement, je suis pitoyable. Je m'en veux de les faire tous poireauter, comme si j'avais les moyens de ne pas vivre richement.
Les quelques réponses que j'ai envoyées n'étaient pas pour m'aider. Je leur ai tous répondu à la blague, un jour ou l'autre, que j'avais transféré leur adresse de courriel à l'escouade des crimes économiques de la Gendarmerie royale du Canada. Je m'attendais à ce qu'ils me répondent quelque chose comme «Déconne pas mec! T'as des millions de dollars qui sommeillent. L'argent, ce n'est pas fait pour rire!»
Mais non. On aurait dit que cela ne leur crissait rien.
Cela dit, je n'ai toujours pas encaissé tout ce bel argent. Et je me prépare à partir au travail par-dessus le marché! Je ne réussirai donc jamais rien.
L'argent fait le bonheur pourtant...
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