samedi 14 février 2009
LE JOUR DE LA FUCKING SAINT-VALENTIN
C'était le 14 février. Le jour de la fucking Saint-Valentin.
Ils étaient trois. Trois gars issus de la même mère. Trois frères.
Le plus vieux avait trente-cinq, le second trente-quatre et le benjamin trente-trois. Tous les trois se suivaient d'un an. Et il n'y en avait pas eu d'autres. La famille avait été empêchée suite à ce trio, en dépit des protestations du curé de la paroisse.
C'était rare qu'ils sortaient ensemble, ces trois frères. Chacun faisait sa vie, dans son monde, avec ses amis.
Mais en ce 14 février, jour de la fucking Saint-Valentin, les trois frères étaient bel et bien ensemble, au bar Le Baraquin, parmi toutes ces femmes vêtues de rouge et ces couples d'occasion.
Les trois gars avaient tous une belle tête et étaient bien solide sur leurs jambes. Ils jouaient tous les trois au hockey et avaient tous tâté un peu du midget trois A.
Le plus jeune, Louis, le plus rapide sur ses patins, venait tout juste de perdre sa blonde et comme il était seul ce soir-là il cruisait tout ce qui bougeait. Et surtout les femmes qui semblaient déjà sous la garde de quelque mâle qu'il ignorait tout à fait.
-C'est pas à ton chum que je veux parler, c'est à toé. J'te trouve pas mal cute. Mais j'voudrais pas que tu t'enfles la tête avec ça! qu'il leur disait, méthodiquement, jusqu'à ce qu'il y en ait une qui accroche.
Si le fiancé d'Unetelle se fâchait, Louis se contentait de le regarder froidement dans les yeux, selon sa fameuse technique moi-j'ai-un-regard-fou-et-je-reste-calme-donc-je-suis-un-christ-de-fou-et-ne-viens-pas-voir-ce-qu'il-y-a-de-l'autre-côté-du-miroir-mon-tabarnak-tu-vas-chier-des-taques!
Raymond, le second, était ce soir-là avec une fille fuckée qui portait des bottes d'armée. Raymond était un peu punk et il sortait avec une fille un peu punk aussi. Le lieu ne se prêtait pas à la punkitude. Le disc-jockey du Baraquin faisait tourner Phil Collins bien plus que Sex Pistols ou The Clash. Néanmoins, nos tourtereaux slamaient tout de même sur la piste de danse, comme des cons qui se demandent ce qu'ils foutaient là. Ce qui fait qu'ils s'engueulaient et que leur relation tournait au vinaigre, d'une consommation à l'autre.
Quant à Lucien, le plus vieux, alors là c'était le boutte du boutte. Il avait acheté une bague de fiançailles à une caissière de supermarché qu'il avait rencontré deux semaines auparavant et lui faisait sa grande déclaration d'amour tandis que ses deux autres frères faisaient leur niaiseux dans le bar.
À la fin de la soirée, sans trop que l'on sache comment c'était arrivé, les trois se sont ramassés tout fin seuls.
La fille aux bottes d'armée a quitté Raymond. Lucien s'est fait larguer par sa caissière qui ne voulait rien savoir de sa bague et du mariage. Quant à Louis, il s'est battu avec un gars jaloux à la sortie du bar, un gars jaloux qui s'est guéri de la jalousie en voyant apparaître Raymond et Lucien, qui venaient évidemment se porter à la rescousse du petit dernier, comme d'habitude.
Quand le calme revint, les trois frères en profitèrent pour se faire un brin de jasette.
-Les trois frères tout seuls le jour de la Saint-Valentin tabarnak! déclara Louis, en riant à gorge déployée.
-On va-tu aux danseuses? demanda Lucien.
-Hostie qu'on a l'air cave! répliqua Raymond, dégoûté.
C'était le 14 février. Le jour de la fucking Saint-Valentin.
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Le Cabarin, lieu culte des sorties nocturnes à Trois-Rivières... Juste en face un restaurant chinois, un peu plus haut le bureau des Postes bâti (apparemment) sur le monticule de l'ancien fort Laviolette du nom du fondateur de la ville.
RépondreEffacerJe vais pondre un petit texte sur TR ce week-end, je crois.
J'y ai été la semaine dernière... ;)
Yo!
RépondreEffacerhttp://www.youtube.com/watch?v=xk2itL4wDB4
Et bien , il s'en passe aux 3R !
RépondreEffacer:-)
"Raymond, le second, était ce soir-là avec une fille fuckée qui portait des bottes d'armée."
RépondreEffacercrime que j'aime ton écriture, juste cette description de fille envoyé de même, j'ai déjà l'impression que ces mon type de fille. tu pointes l'archétype, mon im-agitation s'active!
"ouais, ben d00d, hier, j'étais avec, tsé la fille fuckée aux bottes d'armée là?"
à bien y penser, ouais, quelqu'un m'a déjà dit ça, effectivement!
Je suis content que tu aies fait cette observation Braincras. Ça prouve que c'est un archétype.
RépondreEffacer***
Inukshuk, toute ressemblance avec des lieux de perdition connus est fictive. Il n'y a que les personnages qui soient vrais.
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Oui, Helena, il s'en passe aux Trois-Rivières...
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Oy! Poisson pêcheur.