dimanche 1 février 2009
DEUX POÈMES DE VIVIERS - UN AN DÉJÀ...
Michel-Luc Viviers nous a quittés le 28 janvier 2008 suite à un accident en motoneige. Cela fait déjà un an et son souvenir est toujours aussi vivace. Viviers, comme tout le monde le nommait respectueusement, avait tout de l'ogre et comme on se comprend entre ogres je vais le laisser nous dire quelques mots.
Viviers récitait souvent ses poèmes dans les bars et autres événements spéciaux. Ancien doorman, agent de sécurité et joueur de ligne offensive pour les Diablos, le club de football du Cégep de Trois-Rivières, on peut dire qu'il avait un physique imposant, ce qui lui conférait un charisme inné, une faconde inimitable, cyrano de bergeracesque, gargantuesque, une présence sur scène énorme.
Viviers avait appris quelques-uns de ses poèmes par coeur pour leur donner encore plus de punch lors de ses récitations, parfois accompagné à la guitare par Steve Hill ou Alex Poirier (du groupe Les Malléchés). Ça fessait dans 'a mitte, comme on dit par chez-nous.
Je le revois devant la gang au Pub 127. Le bar est plein à craquer. Puis la boucane et le boucan s'arrêtent un moment, en suspens le temps que Viviers nous livre ses tripes.
-La prochaine que j'va's vous lire a pour titre Fort comme pas un, qu'il nous dit pour marquer le début de sa récitation toujours prenante, captivante.
FORT COMME PAS UN
Johnny Cash jouait
Dans l'Oldsmobile
J'étais excité
D'être à côté de lui
Comme à tous les jours
Descendre au village
Le bureau de poste
L'épicerie
Une routine bien établie
Mais quand j'étais là
Ses yeux brillaient
De fierté, d'immortalité
J'embarquais
S'a balance à cochon
- 10 ans, 190 livres, 5 pieds et 3
Pis j'te l'dis Jean, fort comme pas un
Les commissions finies
On r'tournait à maison
Johnny Cash jouait
Mon grand-père
Sifflotait
Avec sourire
Comme heureux d'être là
Seul avec moé
La fierté d'un homme
Tient à bien peu de choses
Une balance à cochon
Un petit-fils fort comme
Un bûcheron
Une famille à aimer.
(Réf.: Michel-Luc Viviers, Urbain Pesant, Éditions Expresso, Trois-Rivières, 1998, p. 16)
Le monde applaudit, siffle.
-All right Viviers, que je crie.
On demande à Jeff de nous remplir un autre pichet. Et Viviers reprend.
-L'autre que j'va's vous lire je l'ai écrit à la mort de mon frère.Le titre c'est Assouvi...
Assouvi
Comme papillon
Sur l'eau turquoise
Au bout d'son voyage
À travers les ondes
Flottant tranquille et
Imperturbable
Comme si pu rien
Au monde comptait
Au moins y a volé
Jusqu'au ciel
Au moins y a fait
Ce qu'il voulait.
(Réf.: Michel-Luc Viviers, Urbain Pesant, Éditions Expresso, Trois-Rivières, 1998, p. 9)
***
Pour Viviers, une des chansons qu'il aimait parmi toutes.
***
Le recueil Urbain Pesant est aussi disponible à la Bibliothèque nationale du Québec: ISBN 2-9804523-1-9, Novembre 1998.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
chuis d'accord avec l'impression d'immortalité qu'on retire du regard de johnny cash. la force de la foi, et quelque chose qui brule, et qui voit loin. quelque chose de transcendé. pas comme moi, mais bon, c'est pas une raison. chuis pas aveugle au point de renier ça. juste merdique.
RépondreEffacerhave a nice day.
Ça me rappelle la fin d'un poème que Viviers aimait bien réciter à l'université :
RépondreEffacerVive la mastrubation!
Et la sémence perdue
Qui nous libère d'une gang
De lèche-culs.
Viva Viviers!
J'aimerais me procurer le recueil de Michel-Luc Viviers, c'Est introuvable via le web. Je sollicite votre aide. Merci!
RépondreEffacerVous trouverez les poésies de Michel-Luc Viviers à la bibliothèque Gatien-Lapointe de Trois-Rivières. Je pense que son recueil Urbain Pesant a aussi été enregistré à la bibliothèque nationale du Québec, sise sur la rue St-Denis à Montréal si je ne m'abuse.
RépondreEffacer