jeudi 12 juin 2008

À PROPOS DE KONDIARONK DIT LE RAT

Je me suis claqué quelques lectures en vieux français au cours des dernières semaines, dont les Relations des Jésuites, les écrits de Nicolas Perrot et Pierre Boucher, puis ceux du baron de Lahontan. Je plonge à la source de l’histoire en extirpant des livres quelques renseignements de base sur mes origines autochtones, d’autant plus que de larges pans de cette histoire manquent à ma culture.


Lahontan s’étonne, entre autres, de la prodigieuse mémoire des « Sauvages ». Il en connaît une bonne dizaine qui peuvent rapporter fidèlement tout ce que les Robes Noires ont pu leur dire à propos de la Bible. Les Sauvages ont une mémoire orale et une écoute infaillibles.


Et il s’étonne aussi de la justesse de leurs raisonnements. Les Autochtones doutent de tout ce qu’on leur raconte et tiennent des propos qui sonnent étonnamment modernes à notre époque.

Lahontan rapporte une conversation avec le chef huron-wendate Kondiaronk (Le Rat, sic!). Kondiaronk doute de tout avec sagesse et répond du tac au tac au baron de Lahontan, d’égal à égal.


« Quand je lui mettois devant les yeux , les Révélations de Moïse & des autres Prophétes, ce consentement presque universel de toutes les Nations à reconnoïtre Jésus-Christ, le martyre des Disciples & des premiers fidéles, la succession perpétuelle de nos sacrez Oracles, la ruïne entière de la République des Juifs, la destruction de Jérusalem prédite par Nôtre Sauveur; il me demandoit si mon Pere ou mon Ayeul avoient vû tous ces événemens, & si j’étois assez credule pour m’imaginer que nos Ecritures fussent véritables, voyant que les Relations de leurs Païs, écrites depuis quatre jours, étoient pleines de Fables (…). »


Baron de Lahontan, Dialogues curieux entre l’auteur et un Sauvage de bon sens qui a voyagé & Mémoires de l’Amérique Septentrionale, The John Hopkins Press, Baltimore, 1931, pp.112-113


Les Jésuites n’étaient même pas capables de rapporter fidèlement des événements s’étant produits il y a quatre jours et ils demandaient aux «Sauvages» de croire à des récits remontant à plus de quinze siècles!


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