jeudi 26 juin 2008

LE TRÈFLE À QUATRE FEUILLES

Je ne suis pas superstitieux, encore que je n'en sois pas si sûr. Chaque fois que je vois des trèfles, je cherche toujours un trèfle à quatre feuilles. Est-ce pour invoquer la chance ou bien pour simplement m'étonner d'une malformation génétique? Je ne sais trop.

Il n'en demeure pas moins que je cherche le trèfle à quatre feuilles, toujours, comme un triple idiot. C'est ma manie. Une autre de plus et on me prescrira des pilules.

Aussi bien ne pas trop en parler souvent. Que cela reste entre nous: je passe au moins une heure par jour à chercher un trèfle à quatre feuilles, ce qui représente le temps que je prends à marcher au quotidien.

Évidemment, je cesse mes recherches de novembre à mars. Je ne suis pas si timbré. Et je cherche généralement le trèfle à quatre feuilles parmi les trèfles à trois feuilles, ce qui délimite mieux mes zones de recherche.

Je ne cherche pas le trèfle à quatre feuilles dans les dictionnaires, bien que ce soit souvent entre leurs pages qu'on le fait sécher pour rallonger sa chance.

Dans le fond, c'est là que je devrais chercher. J'en ai sûrement quelques uns dans mes dictionnaires, que j'ouvre de moins en moins souvent, par lassitude, comme s'il venait un temps où je ne prenais plus ce goût pathologique que j'avais dans ma puberté de lire systématiquement des pages entières du dictionnaire pour calmer mes hormones.

Ce que j'en ai lu des mots, des expressions, des citations latines et des ISBN!

N'importe quoi qui me tombait sous la main, je lisais ça comme on lit à l'endos d'une boîte de céréales, stupidement, en bavant sur sa moulée. Je voulais comprendre les ingrédients de la vie. Tout en bavant sur ma moulée, bien sûr, pour joindre l'utile à l'agréable.

Pour ce qui est du trèfle à quatre feuilles, eh bien j'en ai trouvé pas un, mais quatre, le jour de la St-Jean, alors que je faisais une promenade avec ma blonde. Nous nous en allions voir notre ancien logement de la rue Ste-Cécile qui a passé au feu lundi dernier. Je me comptais chanceux d'avoir déménagé l'an dernier. Et plus chanceux encore de trouver pas un, mais quatre trèfles à quatre feuilles.

J'en ai donné un à l'un de mes anciens voisins dont la maison a été endommagé par l'eau et la fumée.

-Cela va vous porter chance, que je lui ai dit, stupidement.

Stupidement, parce que je ne suis pas superstitieux, voyez-vous.

Mes trois autres trèfles à quatre feuilles sèchent entre les pages de mon Larousse, au cas où...

Aucun commentaire:

Publier un commentaire