lundi 7 août 2017

Mon art

Y'a-t-il quelque chose de plus vaniteux pour un artiste que de tenir des propos sur l'art? Il faut pourtant passer par là de temps à autres, ne serait-ce que pour apporter une réflexion sur le chemin parcouru au cours de sa pratique d'artiste.

J'ai terminé samedi cette toile intitulée Mariage à la cathédrale de Trois-Rivières. Cette toile s'ajoute à une prochaine série qui se concentrera essentiellement sur des lieux connus et méconnus de Trois-Rivières.

Ma toile intitulée Vieux Trois-Rivières a trouvé preneur. 

Plusieurs artistes trifluviens ont peint la rue des Ursulines à Trois-Rivières, cette rue mythique avec ses vieilles maisons qui ont résisté à l'incendie de 1908 qui a dévasté la ville. Je ne les nommerai pas tous. J'ai cependant constaté un trait commun à toutes ces représentations du Vieux Trois-Rivières. Les personnages sont presque toujours absents. On voit la rue, les édifices mais pas une tête de pipe.

Détails de mon Mariage à la cathédrale de Trois-Rivières
Je me suis dit qu'il fallait saboter cette tradition par souci purement artistique. J'ai donc peint un Vieux Trois-Rivières très animé, avec quelques dizaines de personnages disséminés ça et là dans le décor.

Mon Mariage à la cathédrale de Trois-Rivières relevait de la même démarche. D'où ce foisonnement de personnages.

Détails de mon Mariage à la cathédrale de Trois-Rivières
Je ne veux pas peindre de nature morte et encore moins de ville morte. Ce n'est pas tant le nid qui m'intéresse que l'oiseau qui vit dedans. Tant mieux si le nid est bien représenté. Mais le nid ne peut pas concurrencer l'oiseau. Il l'accompagne. 

Sans doute que mon discours a quelque chose d'un peu hermétique. Je m'en excuse tout de suite. Un artiste devrait se contenter de peindre au lieu de s'expliquer...

Quatre nouvelles toiles sont en chantier. Des grands formats qui devront vivre dans ma tête, mes yeux, mes doigts et mes pinceaux pour au moins un mois.

Détails de mon Mariage à la cathédrale de Trois-Rivières
J'ai commencé La place du flambeau. C'est situé au centre-ville de Trois-Rivières, près du bureau de poste. Les jets d'eau, les enfants qui s'amusent, l'effet de perspective, tout ça m'accompagne du matin jusqu'au soir. Je vis pour cette oeuvre comme j'ai vécu pour chacune de mes oeuvres réalisées au fil des ans.


***

L'argent maintenant. C'est ce qui justifie le titre d'artiste aux yeux du non-initié. À ce titre, justement, je suis devenu un artiste... Je ne vendrais pas une seule toile que je ne le serais pas moins. Mais allez expliquer ça à quelqu'un qui travaille dur et qui occupe ses temps libres à dormir devant la télé. Il croira, à tort, que vous ne travaillez pas. Que vous vous laissez vivre. Que vous collectez des chèques d'assistance sociale et des subventions. 

Ce n'est évidemment pas mon cas.

Je travaille dur et n'abuse pas de la télé pour que mes temps libres soient consacrés à mon art.

Je suis artiste à temps plein avec une job parallèle à temps plein qui n'a rien à voir avec l'art. Chaque jour où je rentre travailler, il m'arrive de penser que je devrais tout foutre ça là pour me consacrer uniquement à la peinture, aux arts et aux lettres. Un jour, si je continue de vendre des tableaux à un rythme soutenu, je sens que ce ne sera plus une vaine espérance. Les collectionneurs de mes tableaux sont toujours plus nombreux et les commandes aussi. J'approche de ce jour. Courage! Il faut continuer... Encore et encore... 

Je ne bénéficie d'aucune subvention publique, d'aucun chèque de bien-être et ne suis membre d'aucune association. Je n'ai rien contre ceux qui en bénéficient. Néanmoins, ce n'est pas mon affaire. Mon affaire se monte d'elle-même, avec votre soutien et celui de mes mécènes. Tant et si bien que je me peux me prévaloir d'une oeuvre que j'estime saisissante, indépendante, naïve et authentique.



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Je ne signerais pas mes toiles qu'on saurait qu'elles sont de moi. J'ai mon style. Un style qui n'a rien d'artificiel et qui, du coup, ne s'imite pas.

Je signe néanmoins mes toiles de mon prénom: Gaétan. J'ai déjà détesté ce prénom. Je le trouvais commun, vieillot, embarrassant. Puis, un beau jour, je me suis dit que c'était ce qui me représentait le mieux, sans masque, sans cette volonté de magnifier ses trucs avec des artifices: Gaétan. Ou Guétan, comme les gens ont tendance à prononcer mon prénom. J'aurais pu m'appeler Shadow, Mickey Van Mouse ou n'importe quoi. J'aurais pu signer G. Bouchard. Ou simplement Bouchard. Mais il y a des milliers de Bouchard au Québec. Et probablement que je suis le seul des Bouchard qui signe ses trucs Gaétan...

On peut dire j'ai un Van Gogh, un Tanobe, un Tex Lecor.

Pourquoi ne dirait-on pas j'ai un Gaétan? 

Maintenant, on peut le dire à tout le moins.

J'ai réalisé plus de 300 toiles au cours des dernières années. Je ne sais même plus tout ce que j'ai fait. 

Mes oeuvres voyagent. J'en ai qui ont traversé les océans. J'en ai en France, au Sierra Leone et à La Réunion. C'est fou rien que d'y penser.

Elles m'ont quitté pour continuer leur vie loin de moi.

Elles égaient la vie d'autres gens.

D'autres gens qui se demandent peut-être qui est ce Gaétan.

Eh bien c'est moi, ce Gaétan-là.

Et ça continue!

Place du flambeau à Trois-Rivières, toile en chantier



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