C'était un chargé de cours dépourvu de charisme. Il ressemblait un peu à Diefenbaker, mais en plus efféminé. Toujours tiré à quatre épingles. Fleur à la boutonnière. Généralement un lys. Et une voix terne, morte, du genre il n'y a plus de service au numéro que vous avez composé.
Il s'appelait Flavien Flamard. Évidemment, tout le monde le surnommait Flafla. Ou bien pastille d'urinoir. Mais ceux qui le surnommaient ainsi surnommaient tout le monde de cette façon. Tenons-nous en donc seulement à Flafla.
Flafla avait été formé pour enseigner la comptabilité. Après un séjour malheureux derrière le tiroir-caisse d'un dépanneur, Flafla s'était résigné à faire du remplacement pour la Commission scolaire histoire d'arrondir ses fins de mois et de se payer de beaux costumes.
Flafla n'avait que ça dans la vie, ses beaux costumes. Juré craché, il vivait dans un studio miteux du centre-ville munie d'une douche en plastique pour huit chambreurs. Il n'y avait aucun poster dans la chambre de Flafla. Pas un bibelot. Seulement quelques livres de comptabilité et de beaux costumes. Une télé. Un radio-réveil. Quelques paires de souliers. Des pantoufles. On tient ça de source sûre. Raymond était son voisin de chambre. Raymond, le gars qui se faisait prendre les doigts dans les portes des centres d'achat pour toucher l'argent des assurances. Un hostie de crosseur ce Raymond-là...
Mais revenons à Flafla.
On lui confiait n'importe quoi, Flafla. Un jour il était professeur de catéchèse et le lendemain il enseignait la physique ou les mathématiques. Flafla avait même prodigué des cours d'éducation physique. Avec son lys à la boutonnière, il flashait dans le gymnase. Oh boy! On aurait dit Louis XIV perdu parmi une bande de crottés qui snappaient la balle de handball de toutes leurs forces sur tous les murs. Et c'était sans compter la fameuse période d'échauffement où il nous a livré cette phrase qui lui collera à la peau jusqu'à la fin des temps.
-Roooo-ta-tion du bassin! qu'il disait avec sa voix de fausset qui a passé la nuit dans le fossé.
Et là, oua! il ondulait des hanches comme un con. On aurait dit une danseuse de baladi qui se serait plus entraînée à manger des beignes qu'à danser.
Encore aujourd'hui, dans les bars et les salons funéraires, là où les gens se réunissent, on a qu'à dire «Roooo-ta-tion du bassin!» pour savoir de qui l'on parle, mais oui, de Flafla. Flafla qui rotationnait du bassin comme un beigne.
Flafla le plus mauvais remplaçant de la commission scolaire.
Toujours tiré à quatre épingles.
Diefenbaker en plus efféminé qui dépensait toutes ses payes dans ses beaux costumes.
J'ai pas pu voir ta vidéo de fin, figures toi, car elle est "bloquée dans votre pays pour des raisons de droits d'auteurs", qu'y m'dit, Youtube !
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