Il n'est pas facile de devenir un artiste engagé. D'abord, il faut qu'on t'engage et c'est pas si facile que ç'en a l'air. Beaucoup d'appelés et peu d'élus. Et comme dans toute chose, c'est pas parce qu'on est élu qu'on est meilleur que les autres. Des cons, il y en a de la base au sommet. Dans des proportions semblables j'imagine. Quoique les riches puissent facilement s'acheter du savon et des dentiers.
Tout le monde, dans les milieux branchés, se gargarisent avec le nom de Lefluet qui s'en prend à toutes les hydres du capitalisme yankee. On se fout de l'oeuvre de Lefluet à vrai dire, mais on glousse comme des dindes à l'idée que ce sacré cas dingue de Lefluet s'en prend au Grand Satan étatsunien.
-Les Zamaricains c'est 'ien qu'd'la marde! trépignent-ils en déchirant leur chemise.
On croirait entendre des ayatollahs. Ce n'est pas que les Américains n'aient pas commis du tort. Eh! des cons il y en a de la base au sommet, partout, et les Américains ne valent pas toujours mieux que les autres. Il y a toujours un Hiroshima pour contrebalancer la vertu d'un Jour J.
Bon, revenons-en à Lefluet. Vous vous dites qu'il est petit, hein, rien qu'à entendre son nom? Eh bien, non, il n'est pas petit Lefluet. C'est un grand gringalet un peu vérolé, le cheveu triste et mou, avec des dents pas très propres. Il parle au nom de tous ceux qui n'ont pas des dents propres qui se foutent bien de l'art de Lefluet, allez. Mais qui sont contents de voir qu'on peut réussir sans trop d'efforts. Juste à suivre le manuel ou le petit catéchisme. Deux cents réponses toutes faites à apprendre par coeur.
-En autant que Lefluet soèye contre les Zamaricains! hurle la foule de ses admirateurs, inconsciemment.
C'est vrai que son oeuvre est minable. Son art n'est engagé que pour le titre. Rien que des titres rappelant tous les torts des Zamaricains.
Pour l'oeuvre en question, tu sens que c'est plus près du caca bouilli que de n'importe quel discours politique.
Même un discours politique, à la rigueur, pourrait sembler plus poétique que ces bronzes asymétriques et foireux qui ne représentent rien du tout.
Même pas le début d'un travail avec les mains. De l'hostie de génie spontané pour la masse des imbéciles, souvent payé avec l'argent des autres, dont quelques prolétaires qui pourraient penser que ces bronzes, ben, c'est rien qu'd'la calice de marde.
Lefluet est un sculpteur engagé.
Il le dit lui-même.
-J'su's un artiste engagé. Les Zamaricains m'écoeurent! Eurk! Je vomis!
On l'applaudit sur toutes les tribunes. Enfin en ces endroits où l'on rencontre des cons.
Il y en a partout je vous dis, de la base au sommet.
Lefluet le sait bien. Et il lui arrive de se la saouler ferme pour tout simplement oublier que malgré toutes les médailles pour son caca bouilli, son art n'est que de la crotte.
-Fuck les discours! qu'il hurle ses nuits-là en picolant comme un restant de taverne.
Le lendemain, il revient à sa gueule et à sa langue de bois. Parce qu'il faut bien travailler. Faire des sous.
Well, money talks.
La vertu du jour J ?!
RépondreEffacerTabarnak man, fuck that.
Tiens, une chanson me vient à l'esprit.
RépondreEffacerAh, ouf. J'avais pas compris que tu faisais des jokes. Faudrait aussi faire une belle toune sur les gentils Ricains et leurs couvertures spéciales peaux-rouges.
RépondreEffacerPardonne-moi, mon vieux, je suis plongé depuis deux mois dans des recherches concernant Averell Harriman. J'avais déjà pas mal compris de trucs rapport aux guerres, mais là… C'est autre chose. Si ce n'est déjà fait, tu peux câlisser tes livres d'histoire dans le feu, surtout les bouttes sur la vertu.
Les infortunes de la vertu?
RépondreEffacerMeh ?
RépondreEffacerOumf.
RépondreEffacerLaisse cette jolie chanteuse tranquille.
RépondreEffacerOk.
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