lundi 8 mars 2010

Nouvelle sans lien avec la Journée internationale de la femme

Il était trois heures du matin.

Je déambulais sur le trottoir, dans le secteur du manège militaire, où tout passe sous les coups des vandales, même l'éclairage de nuit de nos rues. En effet, tout était pété partout. Des voyous revenant des bars avaient cru bon tout saccager sur leur passage. Les poubelles jonchaient le sol. Les fleurs étaient arrachées. De sales cons, sans doute.

Remarquez que je ne m'en plaignais pas trop. C'est reposant la noirceur. Et on n'en voit que mieux les étoiles par temps dégagé.

Le hic c'est qu'il faisait noir comme chez le loup cette nuit-là. Le ciel était évidemment couvert de nuages. Et il y avait une femme devant moi, une inconnue qui rentrait chez elle en jetant des coups d'oeil furtifs par-dessus son épaule. Elle pressait le pas. Je comprenais peu à peu qu'elle avait peur de moi.

C'est vrai que je fais peur, de jour comme de nuit. Je suis vraiment une armoire à glace. Le poulet aux hormones de mon enfance a favorisé ma croissance.

Donc, je marchais sur le trottoir dans le secteur du char d'assaut et la femme était de plus en plus terrorisée. Je la faisais freaker ben raide.

Je me sentais mal. J'aurais voulu lui dire n'aie pas peur madame, j'suis pas méchant. Mais je me disais que ç'aurait pu lui faire encore plus peur.

Alors, j'ai tout simplement changé de chemin. J'ai pris un détour pour la laisser rentrer chez-elle, tranquillement, sans ressentir cette peur que je ne ressens pas sur la rue, moi le gros bonhomme, à trois heures du matin.

Chaque fois que c'est la Journée internationale de la femme, cette anecdote me revient dans la tête.

Je ne sais pas pourquoi. Juré. C'est prévu pour revenir encore l'an prochain à pareille date.

Peut-être pour me rappeler que ce n'est pas facile d'être une femme.

Je veux dire que moi je peux passer partout, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, d'autant plus que je suis un peu barbu. Et c'est pas juste parce que je suis gros. Mais aussi parce que je suis un homme.

Vous comprenez? Vous comprenez pas?

Ah pis flute... moé j'me comprends.

2 commentaires:

  1. J'ai souvent le même effet. Alors je change de trottoir et je la dépasse. Puis pour me faire pardonner, si je sais qu'elle est terrifiée, je la suis en la devançant jusqu'à chez elle en m'assurant qu'elle ne me voie pas lorsqu'elle tourne, puis je m'assure qu'elle est bien rentrée saine et sauve.

    Eh.

    C'est pas pour elle, que je fais ça, de toutes façons. C'est parce qu'après je me sens si bien.

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