La rivière Saint-Maurice était mon terrain de jeu quand j’étais enfant. À l’époque, la rivière portait tous les signes visibles d’une pollution soutenue. L’eau était d’une couleur douteuse en plus de sentir mauvais lorsqu’on la buvait au robinet. Les papetières balançaient toutes sortes de produits toxiques dans la rivière. Je me promenais parfois en canot entre les îles du delta, près de la Wayagamak ou de la CIP. Je pagayais dans une mousse jaunâtre et nauséabonde. Je me baignais dans cette eau, comme plusieurs enfants ou adultes des quartiers pauvres, insensibles à l’idée de ne pas se baigner dans un cours d’eau.
La situation a changé lorsque le petit bateau de Greenpeace est venu jouer à l’arroseur arrosé dans nos eaux croupies. Le petit bateau pompait la mousse jaunâtre pour la projeter ensuite sur le terrain de la CIP, devant les médias.
Les plus beaux terrains de Trois-Rivières ont été occupés par les usines. Il y avait des plages sablonneuses là où s’installèrent les papetières, en bordure de la St-Maurice. La Wabasso a été construite sur le parc Wellington, une forêt de pins, dont il nous reste qu’un pâle souvenir sur une petite portion de la rue St-Paul ainsi qu’au coin des rues Cooke et St-François-Xavier. Les plages, la forêt de pins et l’eau disparurent pendant un siècle. Les paysans désertèrent les campagnes pour venir s’entasser dans des habitations construites en série, dans des quartiers dénués d’arbres et de beauté. Encore dans les années ’70, la neige était noire certains matins dans les quartiers environnants la Wabasso. On recommandait aux enfants de ne pas manger cette neige recouverte par la suie expirée par les cheminées.
Aujourd’hui, il y a toujours plus d’arbres dans les Premiers Quartiers. L’eau de la rivière St-Maurice est redevenue claire. Du haut du pont de l’Île St-Quentin, on peut voir les poissons nager en eaux peu profondes. L’eau du robinet n’a plus ce goût de soufre et de sapinage. Le comble : l’eau est même devenue propice à la baignade !
La rivière St-Mauricie est redevenue un cours d’eau majestueux qui n’a rien à envier à la rivière Saguenay. J’ai déjà fait la descente de la rivière en canot, de La Tuque jusqu’à Trois-Rivières, quand il y avait le flottage de bois. Si j’étais plus jeune, et plus en forme, je serais bien curieux de voir de quoi aurait l’air ma descente de nos jours.
Cette transformation, unique au Québec, n’est pas suffisamment exploitée à mon sens. C’est devenu un atout majeur pour la région. Cependant, tout ce tableau idyllique est gâché par ces niaiseux qui polluent les eaux et les chants des oiseaux avec leurs motomarines stupides et leurs partys de cons à l’île St-Quentin. On va sur l’île pour trouver un petit coin de verdure et on se retrouve souvent au beau milieu d’une fiesta soporifique commanditée par une radio assommante diffusant sans cesse les derniers tubes du jour entre deux publicités criardes. Nous montrons aux touristes le plus mauvais côté de nous-mêmes, malgré cette belle métamorphose de la rivière St-Maurice. C’est comme si nous rotions à table au restaurant, comme si nous étions chez-nous, advienne que pourra, qui vivra verra… Dommage.
Les infrastructures ferroviaires existent déjà pour relier Trois-Rivières, Shawinigan et le Parc de la Mauricie. On pourrait avoir un beau petit train du Nord…
Et que dire de cette idée stupide d’illuminer le pont Laviolette à l’année, comme si nous avions trop d’étoiles à contempler dans le ciel, au-dessus du fleuve : une grande ourse pâlotte, une lune mâte, un satellite scintillant et aucune trace de la Voie Lactée, comme si elle n’avait jamais existée.
Demeurez stupides et tuez les étoiles, messieurs les promoteurs à la noix.
Merci de détruire l’environnement, une fois de plus.
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