Je me suis souvent référé à «La bibliothèque idéale» pour me donner le goût de découvrir de nouveaux auteurs. Grâce à ce guide, j'ai lu à m'en péter les tempes, du temps où je fréquentais encore l'université. «La bibliothèque idéale», parue aux éditions Albin Michel en 1988, a été réalisée sous la direction de Pierre Boncenne et présentée par Bernard Pivot. Je lui dois au moins 50% de ma tête, telle qu'elle est devenue. J'ai dévoré avec passion les livres d'humour noir, les grands romans de la littérature universelle, les traités scientifiques, les livres de cuisine, les recueils de poésie, tout, vous dis-je, j'ai lu tout ce que j'ai pu. Ce fût ma meilleure école. Rien que d'y penser, je me sens nostalgique et j'aurais presque envie de m'acheter un nouvel exemplaire de «La bibliothèque idéale», exemplaire que j'ai perdu au cours de l'une de mes trop nombreuses pérégrinations.
Parmi les premiers livres dont je me souvienne, il y a «Tartarin de Tarascon», que j'ai lu dans des fiches de lectures, en troisième année. Daudet a été le premier auteur de mon enfance. Par la force des choses, j'y reviens encore aujourd'hui avec un bonheur toujours renouvellé. Daudet, quel conteur, et par cela même quel écrivain!
Après Daudet, Rabelais et son «Gargantua», qui m'a prouvé que la langue française pouvait être drôle tout en étant sérieuse.
Marqué dès le plus jeune âge par Daudet et Rabelais, j'ai développé une maladie de la lecture qui m'empêche de trouver quelque intérêt à des œuvres sans fil narratif qui distillent l'ennui. C'est à cause de Daudet et Rabelais que je n'ai jamais été capable de lire des livres inintéressants. C'est comme manger de la boue après avoir dégusté du chocolat fin, de la margarine après avoir savouré du beurre : impossible, le goût ne s'y fait plus.
Le temps passe, et je me rends compte que Daudet et Rabelais m'ont condamné dès le plus jeune âge à ne pas lire d'écrivains médiocres. Cela ne m'a pas aidé au collège ou à l'université. Ce qui, fort heureusement, me fit préférer les rayons des bibliothèques aux salles de cours, où il me semblait n'apprendre que des niaiseries rédigées par des amateurs dénués de bon goût.
Au fait, il y avait peu de livres chez-moi à la maison. Cependant, mon père m'emmenait à la bibliothèque deux ou trois fois par semaine. Ce qui finit par faire pas mal de livres en transit à la maison.
-Prends pas juste des p'tits bonhommes, Gaétan, prends aussi des livres d'histoire, me disait souvent mon père. Quand tu seras plus vieux, tu vas voir que plus t'en sais moins tu te fais marcher sur les pieds. J'travaille dans une shop pis tu peux me croire là-dessus! Si tu veux pas finir dans une shop, lis des livres d'histoire, renseigne-toé...
Évidemment, cela m'encourageait à lire des livres d'histoire, puis des livres sur tous les sujets, le charbon, les hydrocarbures, la physique quantique - n'importe quoi. J'allais et revenais de la bibliothèque fier comme un paon, fort de montrer à la bibliothécaire, que je trouvais jolie, que je deviendrais un jour un savant... À ce sujet, c'est raté. J'ai bien fait un intellectuel, un type qui parle à vous donner la migraine, mais je n'ai rien du savant, sinon que je connais assez bien les fonctions du logiciel Excel...
Chez mes amis provenant des milieux aisés, il y avait plein de livres qui n'étaient jamais lus et dont j'aurais tant aimé profiter.
La lecture me fit comprendre, en quelque sorte, toute l'injustice du monde.
Surtout, elle me permit de trouver les mots justes pour l'expliquer.
FAIRE MENDIER LES ENFANTS POUR SE PROCURER DES DICTIONNAIRES…
Il n'y a pas que Mario Dumont qui en ait contre les commissions scolaires. Je fais aussi partie du nombre sans pour autant avoir l'envie de voter pour l' ADQ. Je ne me sens pas d'affinités avec l'Union Nationale, que voulez-vous.
Cependant, je suis pour que l'on revoie le rôle des commissions scolaires, et ça pourrait aller jusqu'à leur suppression si ça peut se remplacer par quelques clercs efficaces et dotés d'un peu de bon sens.
Je ne comprends tout simplement pas pourquoi les commissions scolaires créent des surplus budgétaires tout en laissant les enfants mendier des dictionnaires neufs, comme le révèle un article de Jean-Michel Nahas paru ce matin dans Le Journal de Montréal. Les étudiants de l'école Explorami (quel marxiste-léniniste a réussi à faire adopter ce nom ridicule?), à Ste-Angèle-de-Laval, doivent mendier des sous pour remplacer les dictionnaires vieux de trente ans.
Questionné par le journaliste à cet effet, le directeur de la Commission scolaire La Riveraine a affirmé ceci au journaliste : «J'ai une auto qui est peut-être passée date, mais elle me déplace encore, lance Normand Perreault. Ils avaient des dictionnaires, mais ils étaient vieux. Dans le passé, l'école a sans doute jugé que ce n'était pas prioritaire de les changer. »
Évidemment, le pauvre homme doit marcher sur des oeufs. Ce sont les commissaires qui embauchent ou renvoient les directeurs, non?
MONTRÉAL ET QUÉBEC DISPOSERONT DE 37$ MILLIONS POUR METTRE AU NIVEAU DES GRANDES CAPITALES NORD-AMÉRICAINES LEURS BIBLIOTHÈQUES FAMÉLIQUES
Le site de Radio-Canada m'apprend aujourd'hui que les municipalités de Montréal et Québec se sont associées au gouvernement provincial pour dégager 37$ millions afin d'améliorer leurs bibliothèques qui doivent faire du rattrapage quand on les compare aux autres bibliothèques d'autres grandes villes nord-américaines.
J'ai visité les bibliothèques publiques de quelques grandes villes canadiennes : Vancouver, Calgary, Edmonton, Saskatoon, Regina, Winnipeg, Thunder Bay et Toronto.
Celles de Vancouver et Toronto m'ont impressionnées par le grand espace qu'elles occupent. Elles surprennent par leur modernité.
Celles de Montréal m'ont toujours eu l'air poche. Hormis la Bibliothèque du Mile End, qui est spendide et chaleureuse, puisqu'elle se trouve dans une vieille chapelle.
Cependant, mon coup de cœur revient tout de même à la bibliothèque Gabrielle-Roy, à Québec, ainsi qu'à la bibliothèque Gatien-Lapointe à Trois-Rivières, une admirable collection de livres sélectionnés par de vrais fanatiques de la lecture, dans un environnement tout ce qu'il y a de plus reposant.
Les bibliothèques publiques de Montréal font pitié. On se croirait au tiers-monde. Même dans une petite ville comme Trois-Rivières, les lecteurs sont mieux servis.
Quand j'étais à Montréal, j'allais plutôt aux bibliothèques de l'Université McGill et de l'Université de Montréal. Tout ce que je réussissais à trouver facilement à la bibliothèque Gatien-Lapointe, je ne le retrouvais jamais dans le réseau public, à Montréal. Peut-être qu'il y avait vraiment urgence d'injecter de l'argent dans les bibliothèques…
UN NOUVEAU CHRONIQUEUR SUR CANOE QUE JE LIS AVEC PLAISIR: ME JULIUS GREY
Je vous ai parlé, en riant, de la chronique que Jacques Lanctôt tient sur Canoë. Ça fait pitié. Par contre, Canoë semble vouloir corriger cette erreur en publiant Julius Grey, une tête bien faite, qui livre des chroniques non seulement bien écrites, mais écrites aussi pour faire le bien. Le Québec a plus que jamais besoin d'entendre des voix comme celle de Julius Grey. En tout cas, moi ça me rassure sur Québecor. Québecor publie un avocat défenseur des droits de la personne pour contrebalancer le castriste Lanctôt qui nous livre ses chroniques où les droits de la personne ça ne vaut pas un bon cigare cubain. C'est une leçon d'équilibre que seul Québecor sait nous livrer. Ça m'fait de quoi à dire...
Une minuscule petite remarque dans laquelle toute notion de condescendance (ou même ascendante !) est absente…
RépondreEffacerOn ne dit ni n'écrit plus "marxiste-léniniste" mais "marxiste-lénifiant."