mardi 16 octobre 2007

Dieu et le Père Noël

Lorsqu’on me dit le mot religion, je doute tout de suite. Dieu me fait le même effet que le Père Noël : un concept sympathique que l’on ne critique pas trop pour ne pas faire de peine aux enfants. Quand les enfants sont couchés, on peut se parler entre adultes et se dire, dans l’ombre, que le Père Noël n’existe pas, même s’il existe des milliers de chansons sur le thème.
Certains ont besoin du Père Noël, d’autres lui préfèrent Dieu. Moi, au fond, je n’ai besoin de rien et je ne ressens aucune consolation au fait de prier telle ou telle entité imaginaire en retenant mon souffle ou bien en m’agenouillant pour rien.
Croyez-moi, j’aurais préféré que Dieu existe. Force m’est d’admettre, après plusieurs tentatives de communication, qu’il se fait aussi discret que le Père Noël. Je pourrais prier tous les jours ou passer des années à contempler un mur blanc, assis dans la position du lotus, que le Père Noël pourrait finir par apparaître devant moi, avec des éléphants roses ou des lapins géants, mais cela témoignerait plus de la fragilité de mon esprit que de l’authenticité de ma foi. Jeûner ou se saouler la gueule provoquent des visions de foi, mais le hic c’est que le foie ait besoin de manger un sale coup pour créer ces images plus grandes que natures.
J’ai cru aux fables chrétiennes jusqu’à 13 ans. J’ai cessé de croire pour des raisons intellectuelles. Après avoir longtemps questionné Dieu et être demeuré sans réponse, je me suis questionné moi-même et, bien que mes réponses n’aient pas toujours été les bonnes, c’étaient les miennes et pas celles de Pierre, Jean, Jacques. J’ai eu mal au foie, moi aussi, pour trouver quelque raison à la foi. Et je ne l’ai pas trouvée, la foi, comme si j’étais trop honnête pour me mentir à moi-même.
J’ai plus de respect pour les hommes que je n’en ai pour les fables ou les légendes qui veulent se faire passer pour des vérités absolues et contraignantes. Libres aux hommes de craindre les chats noirs, de porter des amulettes ou de se perdre en longs discours sur les farfadets ou le sexe des anges. Cependant, qu’ils ne viennent pas tenter de restreindre ma liberté : je risquerais de les insulter vertement.
Sans chercher à être méchant envers les croyants, je considère le sentiment religieux comme une béquille pour se délivrer de la peur d’avoir peur.
Je mourrai un jour, pour toujours, et cela ne me semble ni triste ni gai, c’est tout simplement le cycle normal de l’existence : naissance, croissance et putréfaction. On peut observer ce cycle chez les fourmis, les orangs-outans et les saints : tout finit par finir.
Il y a une vie avant la mort et la vie après la mort, c’est comme parler des rennes du Père Noël : une discussion qui peut être fort intéressante si elle ne se prend pas trop au sérieux. Cependant, c’est là que le bât blesse : ceux qui croient en Dieu se prennent souvent plus au sérieux que ceux qui croient au Père Noël.
Je ne tiens pas non plus à sombrer dans l’excès de rationalisme, qui n’est pas une attitude scientifique dans la mesure où la connaissance ne doit pas se fixer de limites artificielles par commodité, pour obtenir une certaine compréhension du monde par le biais d’une doctrine, fusse-t-elle une doctrine laïque et athée. Je renvoie les ultra-rationalistes au premier chapitre du roman Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. Mettons que le Diable, à défaut que ce soit Dieu, joue un bon tour aux rationalistes. Cela m'oblige à mettre un bémol sur la rationalité, ne serait-ce que pour des raisons esthétiques: peut-être qu'il faut de mauvaises raisons pour expliquer l'inexplicable...
À trop vouloir être rationnel, on perd de vue les mystères très réels de notre monde. Cependant, je ne vois pas de mystère dans un gris-gris, une croix ou bien un quelconque symbole de foi : je ne vois là qu’un besoin naturel qu’a l’homme de s’identifier à une communauté, pour le délivrer, encore une fois, de la peur d’avoir peur.
Il y a plus de mystère, cela dit, dans les hypothèses de la physique quantique qu’il n’y en a dans les livres sacrés.
Je ne dis pas qu’il n’y a rien dans les livres sacrés, sinon qu’il n’y a rien de sacré dans les livres, que les livres restent des livres, rien de plus, rien de moins.
Bon assez de religion, ça va finir par sentir le renfermé sur ce blogue. Je vais aller prendre un peu d'air.

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