dimanche 25 mai 2008

PROMENADE À L'ÎLE ST-QUENTIN


Il faisait clair de bonne heure ce matin, signe évident que nous approchons du solstice d'été. Plutôt que de pratiquer la fainéantise en compagnie de ma guitare, de mes livres et de mes toiles inachevées, j'ai pris le pari de marcher jusqu'à l'Île St-Quentin.

Cela représente une bonne marche de trois quarts d'heure en faisant de grandes enjambées, compte tenu que je demeure à proximité du centre-ville de Trois-Rivières.

Sept heures. La longue marche commence, pas celle de Mao mais la mienne. Il fait encore un peu froid mais je ne le ressens plus du tout au bout de deux ou trois coins de rue. Je commence même à ressentir de la chaleur.

Je traverse le centre-ville puis le quartier Ste-Cécile en diagonale, en coupant à travers chemin pour raccourcir un peu mon trajet, qui est déjà long.

J'aboutis sur St-Maurice et emprunte le pont Duplessis. L'eau de la rivière Métabéroutin est calme. Les arbres et les nuages y apparaissent comme dans un miroir couché sur le plat. Le vent ne s'est pas encore levé. Je suis aux anges.

Arrivé sur l'Île St-Christophe, l'île précédant l'Île St-Quentin, je m'insurge encore de voir que le petit boisé a été remplacé par un terrain de golf et une garderie militaire.

Une clôture avec des fils barbelés protègent les bourgeois qui jouent au golf. C'est laid, le symbole d'une civilisation qui déteste la vie. Les noisetiers et les framboisiers ont été coupés. Les petits mammifères et les oiseaux sont partis mourir ailleurs. Et il nous reste à contempler ces golfeurs habillés en ploucs qui s'amusent à frapper une petite baballe derrière des fils barbelés. On n'arrête pas le progrès mais on arrête la vie, volontairement, stupidement, sans déciller les yeux. Ceux qui ont des arbres dans leur cour coupent les arbres de ceux qui n'ont pas de cour, ni de maisons, ni les moyens de jouer au golf. Bande de baveux! Démocratisons les espaces verts! que je me dis, en moi-même, en hurlant de rage...

Je continue mon périple jusqu'à l'Île St-Quentin qui s'est aussi transformée au fil des années en base de plein-air familiale trop bien aménagée pour faire vraie. Toutefois, je me réjouis d'entendre des chants d'oiseaux, de voir encore des canards dans les marécages et surtout de me laisser bercer doucement par le clapotis de l'eau sur la plage. J'ai l'illusion éphémère d'être au Parc de la Maurice, dans mon sanctuaire secret de Métis.

Mes pieds sont couverts d'ampoules. Mes bas n'étaient pas assez épais. J'enlève le feu de mes pieds en baignant mes pieds dans l'eau glacée du fleuve. Puis je me fais un petit pansement avec mon vieux bas et quelques feuilles bien tendres et bien molles. Du coup, je ne ressens presque plus l'ampoule géante qui s'est formée au-dessus de mon talon. Je m'en félicite.

J'enfile mes espadrilles et c'est reparti. Je boîte plus que je ne marche mais je suis heureux de me promener sur la passerelle de bois, dans la portion nord de l'île St-Quentin, même si ça sent mauvais dans les marécages.

Je m'arrête, souffle un peu, puis me décide de rentrer à la maison.

Mes pieds me font mal. Je me traîne tout de même jusque chez-moi, en clignant des yeux à chaque pas pour saluer la douleur provoquée par les ampoules.

J'arrive chez-moi vers 10h00. J'ai donc marché pendant trois heures...

Je pense que je mérite maintenant de me reposer un peu dans un bon bain chaud.

Et puis, tiens, merde aux golfeurs. I don't wanna be an American Idiot...

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

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  2. Bravo M. Bouchard, votre texte est de la poésie pour mes yeux, mon nez, ma vue et ma santé.

    MG : Faut être tordu et sectaire pour relier le Golf et l'Américanisme.

    Va donc brouter de l'herbe de terrain de golf ... au pôle nord!

    Phoque le golf

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