Le bonhomme a quatre-vingt-sept ans. Il est dodu, mais affaisé dans ses graisses qui le nourrissent sur ses vieux jours, comme l'ours en hibernation. Sa tête est toute blanche et surmontée d'une casquette de baseball beige et anodine.
Il se tient au supermarché. Il a trouvé là matière à se nourrir sans sortir un sou.
Il picore dans le raisin, les bonbons, les échalotes, les radis, les fraises, les mûres, les framboises, les tomates cerises, bref dans tout ce qui se vend en paquets.
Une unité soustraite du paquet, pour le vieux bonhomme, ça ne peut pas être considéré comme du vol.
Le gros Lampron, gestionnaire du supermarché, ne pense pas la même chose. Néanmoins, il le laisse opérer sans représailles, parce que le vieux est trop vieux, parce que tout le monde le salue, le connaît, l'aime. Ce n'est pas que le gros Lampron soit particulièrement bon. Mais il a compris qu'en business il faut savoir tolérer certains parasites pour maintenir le statu quo sur les rentrées d'argent.
De plus, il serait gênant d'arrêter le vieux pour un raisin, un radis ou bien une framboise.
-Laissez-le faire, c't'un vieux calice, répète fréquemment le gros Lampron aux nouveaux employés. Qu'est-cé qu'vous voulez qu'on fasse? Même e'l'juge rirait d'nous autres.
Pourtant, le vieux bonhomme salue toujours le gros Lampron qui lui rend rarement ses salutations.
C'est vrai que le gros Lampron ne sait pas vivre.
Ce matin le vieux monsieur roumain qui fait la manche "aux marches du palais"remerciait les dames d'un élégant baise main...
RépondreEffacerIl me semble que je le connais, ton bonhomme de 87 ans... Je connais pas le gros Lampron par exemple!
RépondreEffacerJe me verrais bien dans les bobettes de ce vieil homme dans quelques années ...
RépondreEffacerVous êtes tous et toutes en voie de devenir des mendiants heureux. C'est dangereux que de lire des textes qui vantent l'anarchie.
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