L'homme était assis sur le bord du vieux quai. Le nouveau avait été bâti cinq cents mètres plus loin puisque le lit du fleuve s'était considérablement asséché. C'était la conséquence inévitable de l'exploitation désordonnée des ressources naturelles. Malgré tout ce qui s'était dit et pleuré sur tous les tons au Sommet écologique de 2017, les eaux n'avaient pas cessé de se tarir. L'air n'en devint pas meilleur. De sorte que l'homme assis sur le bord du vieux quai peinait à respirer.
Il faisait chaud. Extrêmement chaud pour un mois de mai. 38 degrés Celsius. 54 avec le facteur humidex.
Heureusement qu'on avait trouvé de formidables quantités de pétrole dans le fleuve. Ce qui fait que le peuple vivait dans des boîtes de carton climatisées au pétrole, l'électricité ne suffisant plus à la demande compte tenu qu'il n'y avait plus assez d'eau dans les réservoirs.
L'homme assis sur le bord du vieux quai ne voyait plus les arbres de sa jeunesse, seulement des buildings de béton moches fissurés de toute part, datant du temps des bandits qui font de la politique.
Il y avait jadis des plages de sable fin et des forêts de pin, là où l'homme se trouvait. Maintenant, ce n'était plus que des ruines modernes. Ruines dès le premier jour de leur inauguration. Ruines qui souillaient le paysage, massacraient la vie et faisaient vivre les fantasmes destructeurs de ces despotes ordinaires qui se crossent dans des enveloppes brunes.
Le peuple? Il n'avait rien fait. Il s'était acheté plus de bagnoles, plus de piscines, plus de tout ce que vous voudrez, tirant tout le jus possible, jusqu'à ce que les étoiles s'éteignent s'il le fallait.
Les gus qui criaient dans le désert le voyaient bien grandir, le désert. Ils disaient que la Terre ne supporterait pas ça. Et l'homme assis sur le bord du vieux quai ne s'étonnait plus de rien.
Pourtant, quelque chose dans son coeur lui disait que Glouscap reviendrait pour sacrer une bonne dégelée à Malsumis, l'esprit malin. C'est vrai que l'homme était un Sauvage.
Tout ce smog, cette eau merdeuse, ces automobiles, ces bruits pour rien, tout cela ne pouvait que s'effondrer un jour ou l'autre. Parce que ce n'était pas vrai. Parce que le vrai triomphe toujours du faux. Parce que Glouscap fout toujours une raclée à Malsumis.
C'était le 27 mai 2018. 38 degrés Celsius. 54 avec le facteur humidex.
L'homme assis au bord du vieux quai cessa de respirer. Sa tête dodelina sur son épaule. Quelques goélands flottaient autour de lui. D'autres picoraient dans les ordures.
L'homme était trop vieux. C'est sûr. Et il aurait dû rester chez-lui, dans sa boîte de carton bien climatisée, au lieu que d'aller voir les pétrolières qui siphonnaient le fond du fleuve pour le bonheur de tous.
Par un temps pareil! Il fallait vraiment être fou...
Et abandonner ce style de vie auquel je suis devenu habitué!? No-non! D'toutes façons si c'tait aussi grave que tu l'dis le gouvernement f'rait d'quoi! Bon. Moi j'm'en vas magasiner crisse! Gang d'environnementalisses du criss!
RépondreEffacer:¬)
Kwey!
RépondreEffacerGlouscap est de notre bord Misko.
Migwetch pour ton commentaire.
Kekona ki ingi.
Bin moé, chu pas un environementalisse de salon bon...Acheté, c'est voté, qui m'ont dit. Fa que j'achête de l'éthanol pour met' dans mon Hummer. Pi j'investi dans la bourse du Carbone pasqu4e c'est prop ça Monsieur... pi faut pas êt' négatif, Greenpeace vient de signer une entente "historique" avec queuk compagnie de coupe à blanc...
RépondreEffacerFaut pas toutt voir en noère quand même
Kwey Makwa!
RépondreEffacerImpatient que Terre prononce - à l'endroit des membres de cette culture omnicidaire - un ultimatum du genre: "Soit vous vous (re)mettez à vivre en tant que véritables membres de cette grande communautée de vie MAINTENANT; soit vous disparaissez MAINTENANT.
On sait jamais! Une série de miracles, ça s'est sûrement déjà vu.
Je t'es^père plus alarmiste que prophétique, pasque ça me fout vraiment les boules...
RépondreEffacerChouette, ton billet, c'pendant...
Un beau texte empreint d'inquiétude mais de vérité. Un de mes amis, un Algonquin très sage, m'en raconte des comme ça.
RépondreEffacerTon écriture est très spéciale.