jeudi 18 février 2010

John le danseur

On le surnommait John, parfois John Travolta. Mais son vrai nom c'était Antoine Gignac. Y'était pas grand. Haut comme trois pommes. Et très maigre.

Mettons qu'il arrivait un peu en haut du genou d'une personne dans la moyenne.

John n'était pas très beau. Il ressemblait vaguement à Fernandel.

Beau ou pas beau, il reste que John était un sacré danseur.

Dès neuf heures le soir, alors que les discothèques sont encore très tranquilles, John était le premier à se jeter sur la piste de danse, avec son complet trois pièces blanc vanille, toujours le même, et ses cheveux gominés noir de jais.

Et John dansait, dansait et dansait encore, faisant onduler ses hanches et ses jambes frêles jusqu'à la fermeture.

À onze heures, John était perdu au milieu d'une centaine de danseurs et danseuses, à la hauteur de tous les sexes. Et il dansait, dansait et dansait encore. Dans ce fouillis de chairs humaines et moites, il fallait faire attention de ne pas l'écrabouiller suite à une fausse manoeuvre. De sorte que John pouvait continuer de danser aisément jusqu'au last call, à trois heures du matin.

John ne quittait la piste de danse que deux ou trois fois dans la veillée. C'était pour aller pisser ou bien pour commander son Pepsi. Un seul qu'il têterait toute la nuit. Ce qui fait qu'il ne pissait pas beaucoup. Ce qui lui laissait plus de temps pour danser. Donc, John était toujours sur la piste de danse.

Et il virevoltait, John, sautillait, ramait, vacillait. Mais jamais John ne faisait de moulinets avec ses bras. Non, ses bras étaient toujours tenus tout raides tout le long de son corps. C'était comme s'il était gêné d'avoir des mains. Alors elles pendouillaient stupidement tandis que ses pattes se faisaient aller en diable. Tout était dans le jeu de pattes pour John. Et méchants comme sont les gens, vous pouvez vous imaginer que plus d'un s'est essayé à l'imiter pour le ridiculiser devant les filles.

Heureusement, tous ces sales cons ont fini par recevoir leur raclée parce que John attendrissait les doormen, brutes et autres malabars. Ils s'étaient tous donner la mission sociale de protéger John.

Ce qui explique, en partie, le fait qu'ils leur cassaient la gueule, tous ceux-là qui se gaussaient de John. Pour le reste, je dirais qu'ils s'offraient une occasion de bien paraître aux yeux de tous. Ce n'est pas tous les jours que la foule approuve ce genre de comportement. Et John, que voulez-vous, tous les soirs il avait la foule de son côté.

Il ne disait jamais un mot, John.

Il disait juste «Bonsoir. Un Pepsi s'i'-vous-plaît.» Et rien d'autre. Rien. On ne l'a jamais entendu dire quoi que ce soit d'autre. John n'était pas un parleux. C'était plutôt un danseux.

Personne ne sait ce qu'il est devenu, John.

On en parle entre amis, parfois, pour se remémorer le bon vieux temps. Mais bon. On n'en parle pas si souvent. La plupart du temps on n'en parle même pas.

9 commentaires:

  1. ça fait plusieurs années qu'on communique, gaetan. via le weub.
    viens de relire un truc de nous d'y a plus d'un an...
    sur bukowski, les traductions de kerouac...

    bref.

    tu le sors quand ton bouquin ?

    (pas pour vexer christian ou mc comber, mébon, c'est quand même toi le meilleur, même si tu dis aussi beaucoup de conneries. ça a le mérite d'au moins "paraitre" frontal, ton style, et vrai, pas en quête de lyrisme, ou... etc...
    chuis peut-être con, mais me semble que t'as captée la "petite musique", comme disait l'autre. et ayant pris cette référence, ben "oui", c'est pas "peut-être", c'est "sûr", que chuis con. parce que ça na rien à voir.
    céline n'était pas un aussi bon styliste qu'on le prétend partout, en fait. (tain, fallait la sortir celle-là!)

    bref, que le cul te pelle, et n'hésite pas à te prostituer pour publier tes histoires, quitte à ressortir avec un orifice d'arrière-train gros comme ça :

    "rien, en fait"

    merci.
    (t'es un salopard, oui, doublé d'un analyste à 1 balle, mébon.)

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  2. Dois-je dire merci, crane ancestral, pour ces compliments remplis d'insultes?

    Mon bouquin, il est devant tes yeux, publié presque tous les jours, page après page.

    Un écrivain a plus besoin d'écrire que de publier. Et j'ai la chance de pouvoir faire les deux simultanément, grâce au ouèbe.

    Je préfère Marcel Aymé à Céline, question d'imagination je suppose.

    Pour le reste, rien.

    Tain.

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  3. Je l'aime bien, ta présentation de gens. Tu pourrais peut-être en faire un truc, un jour. Si ça réussit à arriver jusque par chez moi, y a même des chances que je l'achète, ce truc.

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  4. Sinon je suis d'accord, un écrivain a plus besoin d'écrire que de publier. Mais l'objet, le livre, qu'on traîne partout avec soi, qui vit dans nos mains, qu'on offre et tout ça, c'est pas mal non plus. Remarque, y a rien qui empêche que j'imprime tes textes, et que je les relie, avec une couverture, en artisanal, comme ça.Juste pour le fun, et parce que j'ai pas forcément mon PC sous la main partout !
    Comme quand j'étais gosse, j'avais fait ça avec des pages d'une revue que lisait ma mère, des pages sur les animaux.

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  5. Si je n'avais pas publié sur le ouèbe j'attendrais encore d'avoir des lecteurs français ou pakistanais.

    C'est ici que ça se passe et que ça va se passer encore.

    Merci de lire mes délires. Ça m'encourage à en écrire encore.

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  6. d'accord sur marcel aymé

    les sabbynes

    bise phil

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  7. http://www.youtube.com/watch?v=IagV0MGBZKk

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  8. quand à shaker un truc, tiens :

    http://www.youtube.com/watch?v=6Tj4mxSOD1s

    manoeuvre toa toa maime

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