Ils étaient deux ou trois cents, peut-être plus. Ils attendaient que les portes s'ouvrent pour un repas économique à cinquente cents la tête. On faisait crédit, évidemment, mais malheur à celui ou celle qui ne remboursait pas sa dette quand il recevait son chèque de BS. Au bout de trente-et-un jours bien comptés, on t'envoyait manger les pissenlits par la racine.
La charité, c'est bien beau, mais qui n'a pas cinquante cents par jour à mettre sur une soupe, une assiette principale et un dessert? Qui vous dites? Armand? Il boit comme un puits sans fonds, Armand. Mireille? C'est une pute qui fait de la poudre. Elle n'a pas un rond parce qu'elle est gelée tight. Ghislain, alias Ti-Caille? Il fume plus qu'il ne pèse et est en train de crever d'amphysème. Steven? Pas foutu de travailler en plus d'être handicapé mental... Qui d'autre? Étienne? Henri? Rita? François? Wo! Vous n'allez tout de même pas me sortir tous les noms de l'annuaire téléphonique! D'autant plus qu'ils n'ont même pas le téléphone... Ni cinquante cents.
Ok. Ok. Il y en a qui n'ont pas cinquante cents à mettre sur un repas. Et il y en a qui ne paient pas au bout de trente jours. C'est comme ça. Il y en a qui sont meilleurs que d'autres pour compter, lire et écrire.
Kevin s'en voulait d'être aussi pauvre ce jour-là. Il se trouvait parmi ces deux ou trois cents paumés qui attendaient de manger et se sentait visiblement mal à l'aise. De taille moyenne avec un tee-shirt de la compagnie où il travaillait avant que de tomber sur le chômage, avec les six semaines d'attente interminable que cela suppose. Six semaines avant de recevoir son premier chèque. Six semaines à gratter les fonds de tiroir, à taper sa famille et ses amis, pour finalement se rendre aux Moissonneurs de l'Amour, une organisation caritative qui se charge de nourrir les assistés sociaux et autres personnes qui attendent de recevoir leur premier chèque d'assurance-fromage. Tout ça pour aussi peu que cinquante cents par repas. Bientôt pour un dollar. Même que le céha a proposé un dollar cinquante, histoire de rentrer un peu plus dans l'argent et d'augmenter les salaires des administrateurs. On ne moissonne pas l'amour à l'improviste. Et qui n'a pas un dollar cinquante sur lui, hein?
Donc, Kevin était parmi la foule des paumés et cet imbécile pleurait comme un Madeleine, juste parce qu'il avait perdu sa femme, ses enfants, sa maison, sa piscine, son auto, ses lunettes et son dentier. Il ne lui restait plus rien, pas même cinquante cents, parce que tout avait joué de malchance pour lui.
-Bouhouhou, qu'il pleurnichait comme ça, Kevin, tout en gardant son rang dans la file d'attente du resto-pop des Moissonneurs de l'Amour, derrière un gros frisé mulâtre et un vieux sec.
-Arrête de brailler hastie! lui déclara le vieux sec.
-Pourquoi qu'tu brailles saint'-crêche? lui demanda le gros frisé mulâtre.
-J'ai honte... honte d'être ici... bredouilla Kevin, qui avait des cheveux gominés comme tout le monde.
-Qu'est-cé? lui demanda le vieux sec, tu trouves-tu qu'on est trop mal habillés pour toé?
-On va essayer de pas t'faire honte, rétorqua le gros frisé café au lait.
-J'travaillais à la Waka Company Limited et je gagnais vingt-cinq piastres de l'heure! hurla Kevin.
-Moé j'ai jamais travaillé, ajouta le vieux sec en se mouchant dans ses mains.
-Moé j'travaille icitte des fois, dit le frisé. J'les aide pour la vaisselle.
-Bouhouhou snif snif! continua Kevin. J'ai même dû demander qu'on me fasse crédit! J'ai même pas cinquante cents su' moé! Bouhouhou!!!
-Ah! Ta yeule ciboire! Arrête de brailler! déclarèrent une bonne cinquantaine de personnes en le regardant avec des yeux méchants.
Oui, ils souhaitaient tous qu'il ferme sa gueule, Kevin, le gars d'la Waka.
Franchement, la pauvreté ça se vit mieux dans le silence. Attends ton chèque comme tout l'monde calice pis ferme-la!
Sur ce point, nous ne pouvons que donner raison à la foule des paumés qui attendent leur tour stoïquement, sans sourciller, au resto-pop des Moissonneurs de l'Amour.
Dommage que ça n'y soit jamais gratuit, ou si vous préférez, gratoz...
I est chiant Bouboule, y pourrait partager quand même.
RépondreEffacermoi, je dis, si on pouvait aménager une estrade faite de nerfs de boeufs morts ou d'arbres avec des gens dessus pour envoyer une musique de coeur à toute cette assistance à la queue le leu vec son imagination tuée par les misères du "espoir es-tu-là ?" qui se fera le voyage partir de ses idées de cuistre...
RépondreEffacertain. te raconter une histoire :
tout le monde sait que chuis rien qu'un fils de riche désespéré qui en a trop vu après ses 20 ans et qui vendrait sa voiture pour avaoir la chance de vendre sa mère, mais n'empêche, quand je donnais à manger de la main à la bouche à marie C., et qu'y avait de la viande dedans, me disait bien que ça tournerait pas plus rond que dans un tube en plastique, stistoare!!!
pi pour l'éducation des jeunes, comme j'ai dit :
ils mangent, broutent et paissent dans mon pré, déglutissent ou ils veulent tant que c'est pas dans mon hantre de grotte à rêve!!!
je demande qu'à rester couché, tranquille, donnant des ticketsd de fric à tous ces cons par l'ambrasure sur la réalité de merde, et une pipe à l'occasion, tous les dix ans!!!
font chier !!!
j'ai travaillé 7 années entières de ma vie, pour en arriver à ce constat :
"faites chier avec vos exigeances!!! et pas que les meufs!!!""
merchi!
http://www.youtube.com/watch?v=PpAJvQrA6qA
RépondreEffacerz'ont tout à maNger, BORDEL!!!
RépondreEffacerj'avais pas à m'intéresser!!!
keske j'avais à gagner, un livre publié, sur la pauvreté!!!
se trouve qu'à la fin, ce que j'ai compris, c'est qu'après avoir à manger, les pOvres, z'avaient envie de canines supérieures, d'inventions, de soleils à la con!!! savaient pas resterensemble parce que ça leur suffisait pas!!!
LES PAUVRES SONT AUSSI CONS QUE LES RICHES à la fin!!!
BORDEL!!!
allé, pisse froide :
http://www.youtube.com/watch?v=1e2aRfqp1sY
bise
nous les petits cons, qui vont pas crever sans avoir chiées leurs petites vérités, haha!!!
RépondreEffacercomme ça te contente de revoir l'autre nouille se casser une bonne fois la gueule sur l'asphalte...
se trancher les veines
tsss!
se retrouvèrent étalés, sans plus rien à dire "MAIS", comme TU disais à propos de MON racisme...
j'en ai marre des fois
de tous ces estomacs
comme le mien
qui grouillent pour rien
la femme
sont là à exhiber
des trajets
des doutes
de cons
tu regarde la rivière
dans laquelle tu pourrais te jeter
pour le flux
elle a tout dit
et ils cherchent encore
Le destin d'un individu est toujours hilarant quand il est raconté par un autre.
RépondreEffacerQuand c'est raconté par l'individu qui se sent destiné pour rien, c'est beaucoup plus pathétique que ça n'est rigolo.
C'est mon humble avis.