mercredi 3 juillet 2019

La Fin du monde permanente

Le triomphe de la mort de Pieter Bruegel l'Ancien (1562)
Musée du Louvres
Nous vivons sous l'effet d'une Fin du monde tout autant permanente qu'imminente. Ce ne sera pas nécessairement celle que nous aurions crue. Néanmoins, elle est déjà là et on lui donne des chaires à l'université.

Le monde tombe en ruines non pas parce que je m'imagine cela. Je ne suis pas un vulgaire démon qui jubile à l'idée de voir sombrer l'humanité en enfer. Je ne suis qu'un témoin. Un vulgaire témoin de la Fin du monde.

Elle est partout, la Fin du monde.

Elle était à Hiroshima, Nagasaki, Tchernobyl et Fukushima.

Nous ne maîtrisons pas le nucléaire. Ni l'atome. Ni les abeilles.

Finalement, nous ne maîtrisons pas grand chose.

Nous sommes cons comme des manches.

Nous pissons et chions dans l'eau que nous buvons.

Nous coupons les arbres pour qu'il y ait plus de stationnement. Pour que la température augmente de 6 Celsius de plus, une fois de trop.

Nous vivons dans des bocaux climatisés, comme sur une planète hostile que nous apprenons à coloniser en se réfugiant sous Terre, après avoir éradiqué toute forme de vie à la surface.

Nous jetons, surconsommons et détruisons tout sur le passage de la loi du marché.

***

L'anxiété croît au sein de notre espèce comme dans tout le règne animal.

On s'entre-tue pour le dernier point d'eau après que tout eut été transformé en désert ou bien en stationnement.

Pour oublier tout ça, on fait encore plus de bruit.

On célèbre la pollution sous toutes ses formes pour annihiler sa conscience.

On oublie tout le temps d'une guerre ou d'une publicité.

Le cynisme l'emporte. On attend la Fin du monde.

Qu'elle vienne des Nazis ou bien du gaz de schiste et plus personne ne s'en soucie.

C'est à qui s'en sortira le mieux.

Après moi le déluge ou le désert ou rien.

C'est fini je vous dis.

F-i fi, N-i ni: fini!

***

Et pourtant...

Pourtant: rien.

L'espoir est une abstraction.

Vous l'expliquer me déconcentre de mon autoguérison.

Je me dis qu'on peut stopper la Fin du monde.

Et parfois je me dis que nous sommes foutus...

Mon espoir est faible, très, très faible.

Pas parce que je déprime.

Parce que je vois clair.

Enfin, je crois bien voir clair...

Qu'on vienne me dire pourquoi nous consommons autant de pilules contre l'anxiété? Pourquoi le sommeil de plus d'un ou d'une est troublé? Pourquoi tout ça ne trouve son sens que dans l'annihilation de la raison et la soumission à l'autorité?

Laissez faire...

Je n'ai pas plus l'envie d'entendre d'explications...

C'est déjà la Fin du monde.

Mon témoignage ne servira à rien.

Nous coulons et il est trop tard.

En attendant de mourir, je ferai de mon mieux.

Je ferai comme si je pouvais changer quelque chose à ce monde.

Je vais me battre quand tout le monde me dit de me reposer.

Je vais lutter quand on est si bien à ne rien faire...

Je ne gagnerai pas un prix pour autant.

Ma vie ne sera que plus compliquée.

Mais au moins, hostie, elle aura du sens.


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