mercredi 12 septembre 2018

El gars qui voulait s'battre

L'autre jour, je n'avais plus de lait pour le café. Le seul dépanneur qui était ouvert aux alentours était le Couche-Tard de mon quartier. Il était sept heures du matin. J'ai marché jusqu'au dépanneur. Un homme dans la cinquantaine, saoul mort, l'air patibulaire, vacillait sur ses jambes tout en fumant une cigarette. Une jeune fille du Couche-Tard versait de l'essence dans son véhicule. Sa collègue, tout aussi jeune, m'apprit à l'intérieur que le forcené était arrivé saoul mort au dépanneur et répandait de l'essence partout autour de lui en tentant d'allumer sa cigarette et de faire le plein...

Elles avaient appelé la police. Mais comme elle tardait à venir, la jeune commis du dépanneur crut bon de faire le plein pour lui et de garer son véhicule à sa place.

-Je lui ai dit de venir chercher son char demain, nous confia-t-elle en ricanant tandis que j'attendais au comptoir.

-As-tu eu peur? lui demanda la caissière.

-Pantoute! Il m'a même envoyé des p'tits bis du bout des doigts!

Cet ivrogne était donc un gentilhomme malgré tout. J'en conclus que l'histoire était close. Je pourrais boire mon café en paix en me demandant comment font ces jeunes filles pour travailler dans des conditions relativement stressantes, surtout dans un quartier comme le mien, en plein centre-ville. Nos loups-garous urbains dopés d'alcool, de meth, de coke et de je ne sais quoi hurlent du jeudi au samedi soir, dimanche matin inclus.

Ce dimanche-là où je revenais avec ma pinte de lait j'ai recroisé sur mon chemin le trognon qui chauffait son auto tout fin saoul.

Il vacillait encore sur le trottoir, se demandant sans doute où était sa voiture...

Je l'ai légèrement dépassé.

-Salut mon chum tabarnak! qu'il m'a crié.

-Salut Saint-Chrême! lui ai-je répondu.

-Ej' cherche què'qu'un pour me battre! hoqueta-t-il.

-J'espère que tu vas en trouver un à ta taille d'ici la fin de la journée mon chum! Lâche pas!

J'ai poursuivi mon chemin tandis qu'une auto-patrouille de police passa à nos côtés.

Je me suis dit qu'au pire je lui rentrerais l'os du nez entre les deux yeux.

Je n'ai pas fait signe aux policiers que c'était lui.

J'aurais dû.

Il s'est peut-être battu avec quelqu'un.

Pour rien.

Parce qu'il ne feelait pas.




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