jeudi 13 septembre 2018

Docteur Jivago, Victor Komarovski et Québec Solidaire

J'aime beaucoup Docteur Jivago. Tant le roman de Boris Pasternak que le film de David Lean. Il appert que je n'ai lu qu'une seule fois le roman. Alors que j'ai dû voir le film de David Lean au moins deux fois par année depuis l'âge de mes 20 ans. Tant et si bien que le roman a fini par avoir une existence un peu chimérique. Impossible de m'enlever de la tête Omar Sharif pour m'imaginer Docteur Jivago ou la belle Julie Christie pour Larissa.

Docteur Jivago, c'est l'histoire d'un poète qui vit à une sale époque: la Première guerre mondiale et la guerre civile issue de la révolution russe. Il sauve des vies au lieu d'en enlever. Il soigne au lieu de blesser. De plus, il rédige des vers, contemple le monde avec une insatiable et insaisissable curiosité où le scientifique ne renie rien au rêveur.

Plusieurs scènes du film m'ont frappé. Dont celle des déserteurs qui reviennent du front et tuent les officiers qui veulent les envoyer au charnier pour l'honneur d'une patrie où ils ne comptent pour rien.

Puis il y a cette scène où l'homme d'affaires Victor Komarovsky, joué par Rod Steiger dans le film de David Lean, nous parle des révolutionnaires.

-Ce sont des personnes capables... Ils vont gagner.

Komarovsky les finance par en-dessous, évidemment. Il finance tout un chacun au cas où le vent tournerait.

Et il a raison. Les révolutionnaires vont gagner. Ce sont des personnes capables qui font face à des personnes incapables et insouciantes qui ne peuvent tenir le pouvoir. La mort nimbe le pays de son auréole destructrice pour une guerre impérialiste insensée. Tout le monde déserte. Même le pouvoir ne croit plus au pouvoir.

C'est la fin.

Eh bien ça me résonne dans la tête encore et encore alors que nous sommes en campagne électorale pour désigner le prochain gouvernement du Québec.

Je ne suis pas Victor Komarovsky. Je me sens plus près de Docteur Jivago. Voire de Sancho Pansa. Ça dépend. Je dirais que je suis un Claude Blanchard socialiste.

Il n'en demeure pas moins que la gauche québécoise, celle qui s'est regroupée au sein de Québec Solidaire, est constituée de personnes capables face à des politiciens finis.

Des politiciens finis et usés qui me font penser à une bande de touristes perdus sur une banquise qui fond dans l'océan Arctique.

C'est la fin.

Ils peuvent jouer encore un ou deux tours, mais sans enthousiasme, d'autant plus que leurs enfants leur rappelleront que la banquise est fondue et qu'ils se noient dans les eaux glacées de l'indifférence.

***

Bref, je m'attends à une puissante surprise, non seulement le 1er octobre 2018, mais pour les 10 prochaines années sans aucun doute.

Les vieux partis doivent eux-mêmes piger dans le programme de Québec Solidaire pour se donner du contenu.

Plus de 75% de l'électorat semble soutenir les propositions de Québec Solidaire. Et ça paraît dans la duplicité des vieux partis qui viennent de sortir de leur torpeur avinée.

Il y a quelque chose dans l'air que je ne m'explique pas.

Un parfum de printemps érable. 1917 après l'échec de 1905. Quelque chose comme des airs de libération. Une lassitude de l'insignifiance.

Même à Trois-Rivières le maire Yves Lévesque s'écroule sous la pression de nouveaux conseillers municipaux qui forment maintenant une majorité en opposition à ses diktats.  On lui a fait clairement savoir qu'il avait perdu la partie. Échec et mat.

C'est la fin.

Et mes prédictions? Elles changent à tous les jours.

Je me surprends à rêver d'un gouvernement Québec Solidaire majoritaire.

Parce que je me souviens du 22 mars 2012, quelque part à Montréal.

La plus grosse manifestation de l'histoire du Québec.

Suivie d'une série de plus grosses manifestations de notre histoire.

Un incroyable brassage et partage d'idées.

Un état d'esprit encore pleinement porté et assumé par les militants et militantes de Québec Solidaire ainsi que par les toujours plus nombreux sans-partis comme moi qui les soutiennent.

C'est un mouvement de société plus qu'un parti.

C'est le début.




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