lundi 10 septembre 2007

La période blanche du peintre Jean-Paul Lemieux

J'ai lu récemment Malheureusement, c'est tout le temps que nous avons de Alain Stanké, paru aux Éditions de l'Homme en 2007. Le livre est truffé d'anecdotes savoureuses sur les personnes que Stanké a pu côtoyer en tant que journaliste, attaché de presse ou éditeur. Il y parle avec un égal bonheur de Roger Lemelin, Gabrielle Roy et Nixon, pour ne citer que ceux-là. Jamais méchant, il trouve toujours une pointe d’humanité chez chacun d’entre eux, malgré leurs travers ou leurs manies, comme si l’auteur était allergique à la mesquinerie. C’est du moins l’impression suscitée par le livre. Bref, c’est un livre tout à fait rafraîchissant, divertissant, sans pour autant sombrer dans la facilité.
Comme je m’amuse souvent à peindre, au point de me croire parfois un artiste-peintre, appellation plus ou moins contrôlée selon la clientèle qui s’offre à moi, je me rappelle avec un large sourire ce passage à propos du peintre Jean-Paul Lemieux. Stanké avait chargé Lemieux de produire des toiles pour un livre dont le titre m’échappe. Quoi qu’il en soit, l’épouse de Lemieux roula tant et si bien les toiles, pour réduire leur poids à la poste, que la peinture craquela. Le magnifique paysage enneigé de Lemieux étant sérieusement amoché, Stanké prit les précautions nécessaires pour lui expliquer dans quel état ils avaient retrouvé sa toile. «Quoi? Il manque du blanc? Christ! T’as juste à aller en acheter à la quincaillerie pis à en remettre.» Mot pour mot, Lemieux n’était pas de ses artistes qui prennent leur art pour une divinité descendue du ciel. L’humilité de Lemieux prouve, en quelque sorte, qu’il était vraiment un grand artiste. Évidemment, Stanké préféra confier à des étudiants des Beaux-Arts les travaux de restauration de la toile. Cependant, l’anecdote de Lemieux continue de m’habiter et je vais m’acharner à me la rappeler chaque fois que je me prendrai un peu trop au sérieux quant à mes toiles.
Cela dit, je crains de ne pas être un artiste maudit. Mes toiles se vendent. Cela me fait peur. J’ai à peine commencer dans le métier d’artiste-peintre que j’ai déjà fait 10 fois plus d’argent avec mon art que Van Gogh n’en a fait de son vivant. Imaginez quand je serai mort… Ouf! Quelle fortune je lèguerai…. Dix fois Van Gogh mort : ça fait un joli paquet.
Je blague. Ma vision de l’art est plus près de celle de Monet qu’elle ne l’est de la monnaie.
L’argent corrompt tout.
L’art devrait être gratuit… la peinture, les pinceaux, les cadres et les vernis aussi!
Je vous donne un peu d’art gratuit sur mon blogue, chanceux.
Au fond, je dois être un bon gars.

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