dimanche 19 août 2007

Entrevue avec Alexis Klimov

Alexis Klimov m'a enseigné la sagesse à l'Université du Québec à Trois-Rivières. C'était mon directeur de thèse de maîtrise en philosophie. Il nous a quittés l'an dernier. Ses traits d'esprit et ses raisonnements incisifs sur les adeptes de la bêtise me manquent. Heureusement que je retrouve parfois, ça et là, quelques fragments écrits de la pensée qu'il développait avec tant d'art et de majesté devant ses auditoires médusés, spectateurs mais aussi complices de ce géant russe à la voix d'or, Chrysostôme comme disent les Grecs, pour nous révéler la manière d'affirmer la Beauté, pour qu'elle nous sauve tous des labyrinthes de la vie trop ordinaire.

Alexis Klimov vivait, vit et vivra toujours au coeur du fantastique et c'est avec bonheur que je suis tombé sur cette entrevue menée par Martin Bellefeuille et Frédéric Durand en 1998... ou 1999. L'entrevue est publiée sur le blogue Les 3 écrivains à Trois-Rivières (voir 15 août 2007).


http://www.3ecrivains3r.blogspot.com/


UN EXTRAIT DE L'ENTREVUE:

ALEXIS KLIMOV: Il y a quelques années j'ai participé à une expédition archéologique en Haute Mauricie. Quelques Indiens nous accompagnaient. Ils nous regardaient comme des êtres dégénérés parce que nous ramassions des fragments de poteries et des pointes de flèches au lieu de chasser et de pêcher. Le dernier jour de notre expédition, nous devions encore examiner certains sites potentiels au bord du lac Nemiskachi. Le vent s'est levé sur ce lac de 30 km de long. J'étais seul avec un Indien sur un canot, qui me demande si je sais chasser. Il me montre au loin un huard en me tendant sa carabine : une .22 long riffle. Grâce au Grand Manitou, j'ai tué le huard du premier coup. Mon compagnon m'a alors demandé si je connaissais la légende se rapportant au collier que le huard porte autour du cou. J'ai écouté et j'ai enchaîné avec des légendes qui ont nourri mon enfance en Wallonie. Nous avons ainsi parlé de ce merveilleux légendaire que nous connaissions.
Deux jours plus tard, un dimanche, à la réserve de Manouane, notre petit groupe décide d'assister à la messe, messe déplorable par ailleurs, l'aumônier ne cessant de professer une petite morale aux Indiens présents. C'était vraiment triste de voir cet homme faire de la morale de très bas étage. Après cette messe, je lui ai demandé si les Indiens avaient gardé quelque chose des trésors légendaires qu'on leur attribuait. L'aumônier a été catégorique : rien, ils n'ont rien conservé, ces abrutis détruits par l'alcool. Mon indignation était d'autant plus forte que je venais d'avoir un saisissant démenti. Les Indiens ne voulaient pas livrer leur âme à un imbécile dont l'esprit est inversement proportionnel à la longueur de sa soutane. Et ce refus les maintenait dans la dignité, les aidait à vivre. En eux, ils portent un monde extraordinaire, à proprement parler fantastique, et cela les aide à surmonter les épreuves qu'ils ne cessent de subir.

2 commentaires:

  1. J'étais à Liège un condisciple et ami d'Alex Klimov dès 1954. Mon blog est http://www.christianvancautotems.org

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  2. Kwey (bonjour) Monsieur Vancau,

    Je suis ravi de faire votre connaissance. Les amis de mes amis sont mes amis.

    J'ai eu ce privilège d'entretenir une amitié avec M. Klimov. Il a fait beaucoup dans notre ville pour l'enseignement de la sagesse et de la liberté. C'est aussi le meilleur professeur toutes catégories confondues que j'aie connu. On l'applaudissait à la fin de ses cours. Nous n'étions plus des punks désabusés de tout mais des chercheurs d'absolu. Votre ami était un grand homme.

    J'encouragerai tout mes lecteurs à visiter votre blog Monsieur Vancau.

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