mardi 11 juin 2019

Conte de l'homme blanc qui n'était en somme qu'un homme comme tout le monde

Il était une fois un homme blanc qui, sans être raciste, raffolait de ce privilège d'être la mesure de toutes choses.

Son opinion valait de l'or parmi ses pairs, des gens aussi vaniteux et insignifiants que lui-même. Il s'en trouve toujours des masses pour faire fonctionner nos institutions et dérailler la justice. Sans leur apport, la société ne serait plus la société, la religion ne serait plus la religion, et le pâté chinois ne serait plus le pâté chinois.

Cet homme blanc, qui n'était pas tout à fait blanc, puisque les races n'existent pas au plan biologique chez l'être humain, était donc blanc parce que c'était commode et presque surnaturel. Il avait grandi dans un bocal de niaiseries, isolé du monde extérieur. Aussi lui était-il consubstantiel que d'être aussi bête que fat. Personne ne lui en tenait rigueur à l'intérieur de son bocal, sinon ces trouble-fêtes qui gâchaient tout avec l'idée qu'il n'y avait pas de bocal ailleurs que dans sa tête. Qu'il était emprisonné par ses idées...

Quelles idées? Il n'en savait trop rien. Il lâchait un pet en guise de réponse et tous les autres riaient en tapant sur les plus faibles qui traînaient autour. Dont des étrangers perdus dans son triste coin de niaiseux. De jambons vivants sur la terre des aborigènes, lesquels prétendaient innocemment que la terre n'appartenait à personne...

À personne? Et Jambon planta son drapeau sur la Lune... M'a vous en faire des appartiens à personne... La Lune c'est à moé pis la Terre aussi. C'est moé qui les ai achetés. Je suis maître du ciel et de la terre et vous devriez être contents que je ne vous écrase pas comme des fourmis, tellement je suis puissant... Ah! C'est que je suis bon aussi... Allez chercher mes pantoufles... Plus vite!

Le matin, l'homme comme tout le monde voyait le soleil briller au ciel et les petits oiseaux chantaient. Sa femme était soumise, habillée comme il faut et à sa place.

Il mangeait toujours du bon manger.

Il avait une belle auto, une carte de crédit et tous les tracas du monde qui font d'un homme le pourvoyeur de la famille.

Il savait tout puisqu'on riait d'aise devant ses propos d'une si totale fatuité que personne ne demeurait longtemps dans cet environnement intellectuel toxique pour le contredire. En fait, il se nourrissait de sa propre odeur de marde et finissait même par croire que ça sentait bon.

Il était l'esclave naturel de Monsieur Toulmonde, évidemment. Monsieur Toulmonde élu président des États-Unis ou gérant du club de curling du coin.

C'est comme ça que l'homme blanc qui est comme Toulmonde pensait en courant comme un hamster dans une cage, hé, hé, hou, ha, ha.

Le monde rétrécissait. La Terre et la Lune étaient foutus.

Prout.

Et tout se volatilisa en un pet foireux, un jour ou l'autre.

On ne sait plus trop quand.

Et, franchement, ça importe peu.



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