mercredi 14 novembre 2018

Molière ou Du Chimpanzé qui riait de son patron

Molière a écrit Le bourgeois gentilhomme en réaction à celui qui l'employait.

Monsieur Jourdain, alias le bourgeois gentilhomme, est vraiment le roi des cons. Ce serait un nouveau riche de nos jours. Un type qui a de l'argent mais qui n'a pas d'éducation. Il lui en faudrait néanmoins pour séduire des femmes belles et intelligentes. Il est prêt à en acheter, Monsieur Jourdain, mais pour des fins utilitaires, en bon bourgeois qu'il est.

Laurent Tirard a produit un excellent film à ce sujet en 2007. Film qui met en vedette Fabrice Luchini dans le rôle de Monsieur Jourdain, alias l'authentique bourgeois gentilhomme qu'a peut-être subi Jean-Baptiste Poquelin dit Molière ou Du Chimpanzé...

L'écrivain, aussi amateur soit-il, fait souvent face à des dilemmes lorsque vient le moment de coucher sur le papier des histoires qui pourraient heurter de front des personnes qui s'y reconnaîtraient.

Je ne suis pas Molière, bien sûr, mais je puis vous assurer que rien de ce que je raconte n'est tiré du néant.

Comme Du Chimpanzé, j'ai cette manie de tourner en bourrique les gens qui n'ont pas d'humilité.

Peut-être que je sais où viser puisque j'ai déjà été ce genre de merde quand j'étais écrasé dans mon coin, à l'adolescence, transformant mes défaites quotidiennes en rêves de gloire et démonstrations de force imbéciles. Plus j'étais seul, plus je voulais me montrer plus grand que je ne l'étais en réalité. Une coquetterie de jeune humilié sans doute...

Je sais voir le manque d'humilité, la fatuité, la vanité, l'égoïsme parce que j'ai d'abord appris à me connaître moi-même. Tout ce que je pourrais reprocher aux autres a d'abord été expérimenté sur moi-même. Ce qui m'incite à faire moins de reproches pour ne pas expérimenter encore plus de douleurs personnelles...

Cela ne fait de moi ni un saint ni un sot. Seulement un caricaturiste des passions et pensées humaines. Parce que je suis vous tous et vous toutes. Comme Molière. Comme n'importe quel artiste digne d'avoir un nom. Comme n'importe quel farceur.

«Madame Bovary c'est moi», disait Flaubert. Il y a mis des clés pour ouvrir les portes de son monde intérieur.

Le bourgeois gentilhomme, c'était donc autant Monsieur Jourdain que Molière, même si Monsieur Jourdain a dû se sentir trahi et méprisé par ce Jean-Baptiste. Ce poqué de Poquelin qu'il avait tiré de prison et fait travailler à son compte pour qu'il puisse acquitter honorablement ses dettes de saltimbanque irresponsable.

Où veux-je en venir? À rien, comme d'habitude...

Je voulais dire que je suis tout le monde, moi aussi.

Que je suis un bon gars, que je n'ai jamais voulu faire de tort à personne...

Que j'aime l'humanité même lorsque je ris d'elle.

Parce que je ris de moi.

C'est moi que je trouve ridicule à travers l'objet ou le sujet de mes rires gras et subliminaux.

Je vous aime tout le monde.

C'est niaiseux d'écrire ça.

Je sais.

C'est un reliquat de mon éducation chrétienne.

Le bourgeois gentilhomme est drôle malgré lui.

Peut-être qu'un jour il en rira lui aussi avec tout le monde, sans sentir qu'on tente de le vexer ou de détruire son château.

Nous sommes tous ridicules.

Mais il faut avouer que les gens qui raffolent du pouvoir ont souvent les projecteurs braqués sur eux.

C'est certain que leur maquillage ne tient pas toujours.

Ça craque sous la chaleur.

Et on finit par avoir l'air d'une vieille momie qui s'agite pour rien devant un public de jeunes gens qui en redemandent tellement ils se fendent la gueule de rire.

Tout le monde passera par là à un degré plus ou moins élevé.

Même moi.

Même Molière.

Même vous.




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