vendredi 13 juin 2014

Notre lamentable condition humaine

Le désespoir frappe tout un chacun en ces temps troubles de l'histoire humaine.

Prenons une personne du Moyen-Âge et catapultons-la de nos jours, au beau milieu du trafic à l'heure de pointe. Je prétends que son coeur ne tiendrait pas le coup trois minutes. Encore faudrait-il s'inventer une machine à remonter le temps, petit détail technique qui rend ma démonstration un tant soit peu caduque. Ce qui me permet de philosopher ensuite comme si rien ne s'était passé, je sais.

La première victime du désespoir, dans le cas qui nous préoccupe plus ou moins, c'est l'empathie.

De nos jours, tout le monde semble se retrouver sur la plage, les pieds bien au sec, à regarder le naufrage au loin.

-Ne regardez pas les naufragés qui se noient mais moi qui souffre de les voir se noyer! qu'on entend dire à des lieues à la ronde.

Je n'ai pas tiré ça tout seul de ma tête. Cela vient des Frères Karamazov, vous savez le roman d'une poker face qui s'appelait Dostoïevski.

Il était fin psychologue ce gars-là. Peut-être avait-il mieux saisi l'esprit de notre temps du fait qu'il était joueur, menteur et révolutionnaire du dimanche.

Cela dit, l'empathie, la capacité de se mettre dans les souliers d'autrui, n'est pas une raison valable pour se plaindre plus que les noyés ne se plaignent.

Ce qui est à plaindre, dans tous les cas, c'est notre lamentable condition humaine prise dans l'engrenage d'une civilisation réifiée où la grandeur d'âme termine toujours au dépotoir, comme tout le reste d'ailleurs, à moins que je ne me trompe encore avec mes effets littéraires.




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