lundi 16 juin 2014

La vraie histoire de Moute Latouffe

Connaissez-vous la vraie histoire de Moute Latouffe? D’abord, il ne s’appelle pas Moute Latouffe.
Si vous ne saviez pas ça, il ne sert à rien que de prétendre connaître quoi que ce soit à Moute Latouffe puisque Moute Latouffe s’appelle Moïse Labranche dans la vraie vie.

C’est un genre de grand sec aux cheveux poivre et sans sel qui passe la plus claire partie de son temps à gueuler comme un putois après tout un chacun. Il n’est jamais de bon augure que d’entrer dans la bulle de Moute Latouffe. On apprend vite à se tenir loin de cet animal passé maître dans la production d’invectives et d’incidents malheureux.

-Mes hosties d’sales! qu’il crie tout le temps, Moute Latouffe, m’a vous en faire des niaiseries su’ vos galeries!!! Ej’grimpe-tu su’ vos galeries? Non? Bin… Décâlissez de ma galerie pis allez salir ailleurs a’ec vos grosses crisses de bottines plein’ d’bouette! C’est pas vous autres qui va la nettoyer ma calice de galerie plein’ d’bouette! Mes tabarnaks de sans-desseins ed’ pouilleux du sacrament d’étol beurré d’marde!
J’oubliais de dire que Moute Latouffe est chauve. Son surnom lui vient de sa jeunesse, du temps où il se coiffait à la Boule Noire, arborant un afro de Vicking funky et roussâtre. De nos jours, on l’appelle encore Moute Latouffe, par habitude, et personne ne peut y changer quoi que ce soit, même si le principal intéressé est plutôt coco rase bol.
-Ej’me su’s habitué ed’me faire appeler Moute Latouffe! Parsonne m’appelle Moïse Labranche. Même mes frères pis mes sœurs m’appellent Moute Latouffe. Ça fait qu’ej’m’en calice ed’m’appeler Moute Latouffe, Jean Charest ou Coco-Rase-Bol. M’en calice! M’en torche! Un nom ou l’autre, c’est la même calice de marde en bout d’ligne!

J’oubliais aussi de dire que Moute Latouffe ne travaille pas au sens noble du terme. Il fait de menus travaux au noir et empoche des deniers publics comme tout le monde dans son quartier où cinquante pourcent des gens sont dans la dèche. L’autre moitié travaille pour le crime organisé. On en a même vus qui travaillaient pour le gouvernement. Moute Latouffe n’a pas une destinée si dissemblable de celle de ses voisins. C’est comme ça, tout le temps, toujours, et personne n’en a rien à cirer.

-Hastie que j’ai envie de garrocher des tranches de smoked meat su’ ‘a tête des jeunes baveux qui vivent en bas d’che’-nous! qu’il s’est dit un jour, Moute Latouffe, alors qu’il glandait sur sa galerie.
C’est ce qu’il a fait. D’où la vraie histoire de Moute Latouffe. Sa vraie version de l’histoire quand les flics sont arrivés. Le smoked meat était bel et bien à l’origine de l’échauffourée qui s’ensuivit, même si Moute Latouffe faisait tout pour ramener la genèse des événements vers les souliers boueux et la bouette de sa galerie. N’empêche que le jeune adulte Fred The Master Blaster avait bien mal pris sa tranche de smoked meat en pleine gueule. Il avait tout de suite menacé d’aller chercher son morceau, caché quelque part on ne sait où, pour trouer la peau de Moute Latouffe. Ses deux copains, Fuzzé et Doumdoum pensèrent y aller de quelques taloches pour sanctionner ces tranches de smoked meat reçues au visage.

Évidemment, Moute Latouffe ne s’en était pas tenu qu’à cela. L’idée de lancer des tranches de smoked meat était déjà singulière. Il poussa néanmoins la singularité jusqu’au point de lancer des tranches de pain de seigle comme des frisbees sur ses trois voisins tout autant offusqués que médusés.

-M’as vous en faire ed’la bouette su’ ma galerie mes sacraments de calice! Quin! Mangez du pain mes abrutis! Du pain ed’seigle mes morons du craille! Mangez-en don’ comme j’vous f’rais manger ed’la marde mes cibouères de saint-chrême de zoucailles!

Les policiers arrivèrent presque tout de suite parce qu’ils se tenaient toujours à la beignerie Ti-Mottons du coin. Moute Latouffe reçut une contravention pour avoir troubler la paix publique. Ses voisins hippo-pop-peurs reçurent l’ordre de se tenir tranquilles. Quant aux autres, eh bien ils regardaient la scène comme s’il n’y avait rien de meilleur à la télé ce soir-là, ou bien tout simplement parce qu’ils n’avaient pas de télé.


C’est toujours comme ça. Toujours. Tout le temps.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire