vendredi 28 juin 2013

L'âme vagabonde

Je pourrais facilement passer comme un fou. Comme tout le monde, je le crains bien. Il n'y pas de norme clairement établie pour définir un être humain. Ce n'est pas carré, un être humain. C'est recouvert de courbes encore plus que d'angles. C'est croche bien plus que ce n'est droit, comme la Terre, qui paraît ronde seulement de loin, alors que de près c'est un caillou troué recouvert d'eau avec un noyau de plomb en fusion qui chauffe à cinq milles degrés Celsius.

Platon prétendait que l'homme était une créature bipède sans plumes. Diogène lui lança un poulet déplumé en pleine assemblée pour le narguer: voici l'homme de Platon! Depuis, on aurait cru que tout un chacun allait se réserver une petite gêne quand il serait question de définir l'homme. Mais non! Il y a des tas de gens qui passent pour des alouettes trop gentilles que l'on plume allègrement devant la marmite sans susciter quelque révolte que ce soit, tant dans le poulailler que dans la forêt.

Ce premier paragraphe, rédigé à la bonne franquette, peut laisser entendre que je suis fou. Et je le tiendrai pour un compliment.

***

Alain Stanké racontait dans l'un de ses livres que Docteur Untel bouffait des tas de valium tous les jours. Ce monsieur, sommité dans la recherche sur le stress, était pressenti pour le prix Nobel de la médecine. Je ne sais pas si vous voyez l'ironie de la situation. Le spécialiste du stress était sous l'effet du valium qu'il s'administrait à forte dose. Il ne stressait plus du tout... Il en fit une spécialité...

Et on cherchera des fous ensuite?

Il n'y a pas à chercher loin...

***

Tant qu'à être fou, aussi bien l'être de façon originale.

Ma folie à moi se résume à croire qu'il y a une âme dans chaque animal, arbre, plante, pierre et photon.

Je me sens parfaitement animiste, comme mes ancêtres aborigènes l'étaient sur l'Île de la Tortue.

Même le vent possède une âme. C'est difficile à expliquer, bien entendu. Pour toute réponse, je n'ai que la bise caressant les visages.

Et le soleil, hein? Le soleil c'est pareil. Il aura un début et une fin. Où s'en ira-t-il ensuite? Personne ne le sait. Peut-être au pays de Kitché Manitou. Peut-être pas. Il n'y a qu'une façon de le savoir et c'est de mourir. Puisque mourir est tout à fait idiot, il serait plus prudent de nous en tenir à des généralités en matière de métaphysique. On devrait parler de Dieu comme l'on parle de la température.

-Est-ce qu'il y a du soleil aujourd'hui? Est-ce que tu vois Dieu?

C'est une journée sans soleil et je ne vois pas Dieu à l'horizontale comme à la verticale.

On a le droit de dire ça les jours de pluie.

L'optimisme béat du converti a quelque chose d'inhumain. Ça manque de défauts. C'est trop pur pour ne pas être dur. Et la dureté, la discipline, c'est bon pour un esclave. Pas pour des hommes libres, comme tout le monde devrait être évidemment.

La moralité est à géométrie variable, comme d'habitude.

Il reste néanmoins les lois du moindre effort.

Ces lois sans lesquelles les hommes finiraient par tous s'entretuer.

L'homme est conçu pour ne rien faire.

Je ne pratique pas vraiment cette idée. Mais c'est la seule conclusion logique qui me vienne à l'esprit après des années d'observation.

Ce n'est pas une raison pour ne rien faire. C'est même la meilleure qui soit pour souffrir à faire quelque chose.

Je ne sais pas où je veux en venir avec tout ça. C'est comme si mes doigts guidaient ma pensée en glissant sur les touches du clavier.

Je voudrais dire mieux que je ne saurais le faire.

Cela fait du bien de se rincer un peu la cervelle avec des digressions. Cela s'appelle philosopher, en d'autres termes.

Et c'est gratuit.




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