mercredi 25 avril 2012

Les riches, les pauvres et les rêveurs

Il n'y a rien de mieux qu'un repus pour prêcher le sacrifice. Les pauvres qui se contentent de peu ne le font pas par sacrifice, mais par absence de choix. Les pauvres qui chialent se font enseigner le devoir, le sacrifice et la soumission par les riches qui passent facilement des chameaux et des contrats juteux dans le chas des aiguilles pour se faire un petit paradis perso sur le dos de tout le monde.

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Les magnats de la finance sucent les économies de tribus, peuplades et nations entières. Puis ils leur recrachent des miettes du butin volé en les traitant d'ingrats.

-Bande de paresseux! Bande de quêteux! Bande de sauvages et de vagabonds! Bande de puants sales!

On les bat à coups de canne à pommeau d'or, à coups d'english stick, à coups de trique, à coups d'articles de journaux et de reportages objectivement bien payés mais mal torchés.

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Des milliers de milliards de dollars échappent aux Québécois. Des compagnies nous dépossèdent de notre fortune, jour après jour, en nous riant en pleine face.

Ils peuvent tout s'acheter. Tout. L'Île d'Anticosti par exemple.

Et nous le peuple, nous les affrontons à mains nues. Nous marchons à leur rencontre sans craindre le pire. Nous leur disons en pleine face ce qu'ils sont, ce qu'ils font. Et par la seule force de l'esprit, sans arme, sans argent, nous faisons vaciller les temples de l'iniquité.

On dit que l'État est cassé, que nous sommes dans le rouge. En fait, l'État est casé. Il est casé du côté des ploutocrates. Et il nous traite comme des serfs en nous refilant la bastonnade de temps à autres pour nous apprendre à mieux chasser les grenouilles dans les fossés pour améliorer notre ordinaire.

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Jos n'y va pas à l'école, lui. Et il vit sur le même pattern depuis des années: une job, une jobine, le chômage, l'aide sociale, une autre jobine, deux trois trucs au noir, du tabac acheté sur la slide, idem pour l'achat du boeuf ou du cochon, y'a toujours moyen de déjouer le système un brin.

Jos se calisse de toutte puisque tout le monde semble se calisser de lui.

C'est lui la majorité silencieuse.

Elle n'est du bord de personne. Elle se sent d'autant plus flouée par la gauche et la droite qu'elle ne sait pas ce que ça veut dire. Et tous les chefs de tous les partis, tous ceux et celles qui sont bien en vue, eh bien on ne peut pas dire qu'il y en ait des tas qui viennent des basses classes de la société...

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Qu'est-ce que le monde? Les Anciens croyaient que c'était un labyrinthe. Ovide entre autres. Ce bon vieil Ovide qui, dans Les Métamorphoses, rapporte la légende de Dédale et Icare. Ils sont prisonniers du labyrinthe créé par le roi Minos où une créature mi-homme mi-taureau, le Minotaure, les pourchasse. Le bonhomme Dédale fabrique des ailes avec des plumes et de la cire d'abeille puis lui et son fils Icare s'envolent. Si tout est bloqué en bas, sur Terre, il reste la voie du Ciel. La voie de la spiritualité. La voie des arts et de la culture.

Mais malheur à qui s'approchera trop près du soleil! Il risquera, comme Icare, de voir fondre ses ailes et de faire un plongeon mortel dans la mer sous l'oeil indifférent de tout un chacun...




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