lundi 14 juin 2021

Un non-poème pour poétiser un peu l'impoétisable

J'aimerais écrire un poème qui réussirait à concentrer mon message dans sa plus complète pureté. 

Je n'y arriverai jamais parce que moi-même je ne sais pas départager la gangue du diamant brut de ma pensée. 

Je suis une énigme pour moi-même autant que pour autrui. Qui prétend me connaître ne peut être qu'un imposteur.

Néanmoins je me connais assez pour savoir où je n'irai pas. Il serait faux de croire que je flirte essentiellement avec la sagesse. Il y a en moi cet enthousiasme indescriptible, cette montée aux barricades, ce goût du combat. Je suis pacifique sans être pacifiste. Je suis doux mais aussi extrêmement violent et difficile à contrôler. Peut-être même que je suis libre.

Je ne suis surtout pas cette image idéalisée que je me fais de moi-même. Et je ne suis pas plus la description d'Untel qui ne se divulgue lui-même que pour faire semblant d'expliquer autrui.

Je suis parce que je suis. La pensée n'a rien à voir là-dedans. On peut très bien être quelque chose sans nécessairement penser. 

Ma philosophie est toujours en friche, incomplète, prête à boire n'importe quelle ciguë plutôt que d'avoir à m'expliquer à Pierre, Jean, Jacques. Tout ce que je bois je le recrache. Je ne digère pas bien tout ce qui est indigeste. 

Je ne suis le prosélyte de personne, même pas de Diogène. 

Je ne porte pas de poisson pourri dans le dos en priant derrière un gourou. Je ne sais hisser aucun drapeau. Je me contente d'exister, membre d'aucun club, d'aucun parti, d'aucune équipe. 

Je joue avec tout un chacun sans me casser la tête. S'ils ne veulent pas jouer je fais un pas de côté. Rien ne mérite d'être pris au sérieux ici-bas. Sinon la mort. La mort, c'est la fin de tout ça. Si c'est le début de quelque chose d'autre, moi je n'en sais rien parce que je ne l'ai pas vu. 

Pour l'heure, nous sommes autant là que nous sommes las. Nous sommes dans la file d'attente et parfois nous passons à l'action pour aussitôt nous rasseoir avec notre numéro, craignant de perdre notre place parmi ceux qui patientent pour je ne sais quoi: une retraite heureuse qui n'arrivera pas, un projet qui tombera à l'eau, une maladie qu'on ne souhaitait pas ou tout bonnement la vie, aussi rationnée soit-elle.

Il n'y a pas de poème à écrire sur tous ces sujets-là.

Il suffit de demeurer humain, solidaire et vivant.

En attendant que ça passe, comme d'habitude...

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