mardi 4 mai 2021

L'adrénaline du préposé aux bénéficiaires

L'adrénaline est une puissante drogue. J'y ai souvent recours dans ma vie. Et vous aussi, je le suppose.

Nous ne sommes jamais plus forts que dans ces 10 secondes où l'adrénaline est sollicitée par notre corps pour accomplir quoi que ce soit de surhumain. Louis Cyr l'avait probablement compris. Et bien d'autres aussi, en tous genres et en tous temps.

Je ne suis pas ambulancier mais c'est tout comme certains jours où j'exerce ma profession de préposé aux bénéficiaires, pour ne pas dire d'homme à tout faire. Je vois des trucs que je ne peux même pas vous raconter sans vous faire royalement vomir.

Cela dit, je déplace êtres humains et objets en ayant recours à ce sublime 10 secondes d'adrénaline qui rend presque possible l'impossible.

Un, deux, trois et hop! Je pourrais soulever une montagne sur un pic d'adrénaline.

Cela tombe bien puisque j'ai souvent besoin de plus de force que nécessaire pour relever tout ce qui choit.

Mon métier, voire ma «vocation», ne peut se pratiquer sans une gestion rigoureuse de l'anxiété, du stress et, surtout, de l'adrénaline.

Je m'entraîne à produire de l'adrénaline plusieurs fois par jour. Moins de dix secondes et hop! Une autre montagne vient de se faire déplacer, si ce n'est pas un bac à ordures rempli à ras bords ou bien un blessé.

L'autre partie de mon entraînement consiste à contrôler ma quiétude d'esprit dans un climat de maladie et d'inquiétude exacerbées. Ce n'est pas la plus mince de mes tâches vous l'aurez compris. 

Je me détache sans pour autant laisser mon coeur au placard.

Je suis carrément au front. J'ai parfois cette funeste impression que je me promène sans armes sur un champs de bataille tandis que les balles sifflent tout autour de moi et que la peste bubonique nous menace.

Je ramasse les blessés. Je libère un passage pour les sortir des feux de la maladie. Ça hurle parfois. Ça saigne un peu. Et ça peut même perdre la tête.

Je sors mon adrénaline. 10 secondes ici. 10 secondes là. Et hop! Tout finit par se faire.

Et je retrouve enfin, au petit matin, ce qu'on pourrait appeler le repos du guerrier...

Fatigué, fourbu, vanné, comme après une partie de hockey.

Avec des crèmes et des pilules pour apaiser les douleurs musculaires.

Avec aussi ce sentiment d'avoir parfois fait la différence dans la vie d'une personne.

D'avoir été utile.

D'avoir mis à off ce ciboire de narcissisme qui me dégoûte tant chez autrui.








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