lundi 20 août 2018

Le soleil

Y'a beaucoup de soleil dans ma pratique des arts visuels. Ça fait un peu kitsch, peindre le soleil, mais je l'assume. Comme j'assume de prendre le soleil en photo tous les jours depuis des mois. J'y cherche quelque chose. J'y trouve tout ce que je ne cherchais pas.

Le soleil, pour moi, représente la victoire du jour sur mes nuits.

Je vis maintenant de jour et je dors la nuit.

Le bonheur vient avec.

Le soleil représente le bonheur.

***

Il peut aussi représenter un grand malheur.

Dont ce soleil peint par un ami, qui a mis fin à ses jours en 2010.

LUC GAUDET / Regarde-moi, je suis libre!
Acrylique, 12 X 16 po.
C'est la dernière oeuvre qu'il a peinte avant de nous quitter.

Il s'est pendu dans un petit boisé, derrière le Canadian Tire sur le boulevard des Forges.

Je suis probablement la dernière personne à lui avoir adressé la parole. Je l'avais croisé une heure avant qu'il ne passe à l'acte au coin des rues Père-Daniel et Gene-H-Kruger. Je l'avais salué rapidement puisque j'étais pressé... On est souvent trop pressé. Pour rien.

Il espérait devenir artiste-peintre plus que jamais je ne l'espérerai moi-même.

Chacune de ses expositions allait le révéler à la face du monde pour qu'il puisse enfin vivre de son imaginaire, lui qui d'ailleurs souffrait d'une hypersensibilité mentale qui passe pour une maladie en notre monde anxiogène.

Chacune de ses expositions le décevait et le ramenait à la triste réalité: comment payer ses comptes, comment vivre dignement sa vie.

Son soleil ne me semble pas heureux.

Il est parti le rejoindre.

Je suis l'un des rares à servir encore la mémoire de mon ami Luc Gaudet, artiste-peintre.

Celui que nous surnommions affectueusement Silux parce qu'il avait fait de son appartement le refuge de tous les désoeuvrés de sa bande qui venaient y boire des silex de café tout en fumant des cigarettes.

Silux qui était un fan fini de musique progressive.

Un jour, je ferai un portrait de Silux tiens.


***

Bon. Le soleil.

Ça peut être joyeux.

Ça peut être triste.

C'est comme la vie quoi.




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