Les chasseurs dans la neige, Brueghel 1565 |
J'ai dû moi-même passer par-là pour reconnaître aussi facilement ce travers chez les autres.
J'ai dû croire que je m'inspirais des grands de ce monde pour conférer à ma production l'illusion de la grandeur.
Je pense à un peintre qui disait s'inspirer de Cézanne et qui vous peignait des trucs laids à chier.
Je pense aussi à celui qui croyait écrire comme Charles Bukowski ou Henry Miller et qui, dans les faits, n'écrivait que des textes minables et sans densité existentielle.
Il y a aussi ce guitariste qui tenait plus de l'électrocuté que de Hendrix. Il était Hendrix quoi que vous pensiez de son jeu pitoyable. Il vous prenait l'envie de le débrancher.
Ils auraient tous mieux fait de révéler leurs vraies influences.
Genre je peins parce qu'on a mis des pots de couleur dans mes mains à la maternelle.
J'écris parce que j'ai vu l'un de mes amis, Gugusse Lampron, écrire lui aussi. Et je me suis dit que ce serait cool d'écrire...
Je joue de la guitare parce que j'étais fasciné par mon oncle Raymond qui jouait des tounes de Soldat Lebrun...
Mais non! Il faut se donner de grandes influences messieurs dames! Épater la galerie! Passer pour moins con qu'on ne l'est vraiment...
Je pourrais vous dire que j'ai été influencé par l'oeuvre de Brueghel, que je fais du Brueghel adapté à mon époque, tiens, et hop je suis Brueghel! Bin tiens?
Je ne suis pas Brueghel et j'aime ce qu'il a peint le bougre.
J'ai été influencé par les pots de gouache à la maternelle, évidemment, pour devenir l'artiste-peintre que je suis.
Mais je dois le gros de toutes mes influences à la fréquentation assidue des étudiants en arts plastiques de l'UQTR, dont Patrick Harvey, Carl Pelletier, Régent Ladouceur, Henri Boudreault et autres qui ne me viennent pas à l'esprit pour le moment.
Un jour, je me suis dit que je pourrais peindre pour me désennuyer. C'était autour de 2004. Je suis revenu à la maison avec des petites toiles, des petits pinceaux et des couleurs achetés à vil prix au Dollarama. Je me suis souvenu des contrastes de Harvey, des clairs-obscurs de Pelletier et Ladouceur, du vernis épais de Henri Boudreault. Et voilà comment mon oeuvre picturale est née, malgré Brueghel que j'aime bien.
Mes influences? Je viens de vous les nommer.
J'oubliais mon grand-père Rodolphe René. Mais je ne l'ai pas connu. Il dessinait de jolis chevaux selon ma mère. Il s'occupait des chevaux du boss de la Wabasso, Mister Whitehead. On prétendait qu'il prenait mieux soin de ses chevaux que de ses employés... C'est mon grand-père, cela dit, qui s'occupait des chevaux, pas Whitehead.
Il y a aussi mes deux frères, Serge et Christian, qui dessinaient un peu.
Et puis Alain Pélissier, malheureusement décédé. Un copain d'enfance qui sculptait des monstres en plasticine.
Voilà mes influences, crûment, et sans mentir.
Brueghel, vous savez déjà qui c'est.