Ma prof de musique n'aimait pas mon jeu de xylophone. C'est vrai que je piochais comme un pied. Elle m'avait même dit que je n'avais aucun talent en musique. Elle se permettait de me le dire puisque je la caricaturais trop souvent avec ses grandes dents sortant d'un quelconque bol de toilette comme s'il s'agissait d'une créature des marais. Comme mon orgueil d'adolescent était sans limites j'abandonnai vite l'idée de faire de la musique.
J'ai plutôt fait de la bédé, des caricatures... Oui, des petits bonshommes avec des gros nez.
Puis un beau jour, au début de la vingtaine, je m'achète un harmonica puis j'apprends à jouer When the Saints Go Marching In. Je pars sur la route avec mes harmonicas. Je joue partout où je vais dans l'Ouest, puis au Yukon.
Tout au long de mon périple je rencontre des tas de musiciens avec lesquels je jamme comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Ma prof de musique est bien loin. Je trippe parmi des musiciens de la rue ou des forêts.
Après l'harmonica, j'envisage d'apprendre la guitare...
Je bûche pendant un an sans rien y comprendre. Je finis par vendre ma guitare pour me faire à l'idée que je n'en jouerai jamais.
Puis un de mes amis, Phil, passe dans le coin un an plus tard et me vend sa guitare pour pas cher. Je m'y ressaie. Et, avec un peu d'aide de mes amis Rob Bob et Cavanaugh, j'apprends deux ou trois accords sur lesquels je compose trois millions de chansons dont Odanak j'veux mon snack ainsi que Le café de la bagarre, tounes encore inédites.
Les années passent, je jumelle ma guitare à mon harmonica et tape simultanément du pied. Oua! Je suis encore plus loin de ma prof de musique que jamais.
Il s'est ajouté entre temps une petite guitare, un clavier, deux accordéons, un piano africain, des tambours, des flûtes, alouette!
Et hier, vous savez quoi? Ma blonde m'a rapporté un petit ukulélé. Ça ne s'accorde pas comme une guitare et les doigts ne se mettent pas à la bonne place mais quel plaisir!
Je vais composer une toune ce soir sur mon petit ukulélé et je vais la dédier à mon ancienne prof de musique. Ça va s'appeler Dans l'temps que j'te caricaturais dans une bolle de toilettes... ou quelques trucs pas sérieux qui m'empêcheront de devenir politicien.
On vit bien quand on est décoincé.
Et la musique? À part l'amour, y'a rien de mieux.
Donc, musique.
mardi 31 janvier 2012
lundi 30 janvier 2012
Tannant juste quand qu'i' connaît el'monde autour de lui
J'étais à une fête d'enfants en fin de semaine. Je n'étalerai pas ma vie privée pour autant. Mais il faut bien ces quelques mots pour que je puisse aller au coeur de l'histoire.
Ce sont des enfants de la maternelle qui fêtent une petite princesse. L'un d'entre eux porte une cravate et semble pas mal sérieux. Alors l'une des dames présentes à la fête lui dit qu'il n'a pas l'air tannant du tout.
-E'chu tannant quand que j'connais el'monde autour de moé! qu'il lui répond avec beaucoup d'aplomb.
-Ça veux-tu dire que tu vas être tannant quand tu vas mieux nous connaître? que je lui demande.
-Oua, répond le petit flo, avec la même assurance.
-Ok d'abord. À c't'heure que tu nous connais t'as le droit d'être tannant pendant cinq minutes! que je rajoute pour le décontenancer un tant soit peu.
-Oua! Ha! Ha! qu'il rit en finissant sa part de gâteau.
Ce sont des enfants de la maternelle qui fêtent une petite princesse. L'un d'entre eux porte une cravate et semble pas mal sérieux. Alors l'une des dames présentes à la fête lui dit qu'il n'a pas l'air tannant du tout.
-E'chu tannant quand que j'connais el'monde autour de moé! qu'il lui répond avec beaucoup d'aplomb.
-Ça veux-tu dire que tu vas être tannant quand tu vas mieux nous connaître? que je lui demande.
-Oua, répond le petit flo, avec la même assurance.
-Ok d'abord. À c't'heure que tu nous connais t'as le droit d'être tannant pendant cinq minutes! que je rajoute pour le décontenancer un tant soit peu.
-Oua! Ha! Ha! qu'il rit en finissant sa part de gâteau.
vendredi 27 janvier 2012
Parabole du loup et des lois du marché
Il était une fois un loup qui s'appelait Aroar. Aroar n'était pas tout à fait un loup comme les autres puisqu'il s'était désigné chef de la meute il y a de cela plusieurs lunes déjà.
Aroar avait fait comme tous les autres loups appelés à cette fonction avant lui. Il avait grogné contre Ahou, l'ancien chef de la meute.
Ahou était devenu vieux et puant.
-Tu es vieux et puant Ahou! hurla effrontément Aroar pour contester son autorité. Et tu es non seulement vieux et puant, mais ignorant! Tu ne connais rien aux lois du marché!
-Les lois du marché? Qu'est-ce que c'est? se contenta de grogner Ahou.
-Arf! Arf! ricana Aroar. Quel imbécile tu es!
Ahou s'en foutait pas mal. Il préféra même lui abandonner le pouvoir plutôt que de combattre. Le vieux loup quitta la meute. Ahou devint un loup heureux et solitaire qui mangeait encore de beaux morceaux de foie de chevreuil pas trop malade de temps en temps.
Aroar, qui était d'une nature narcissique, établit vite son pouvoir en se contentant de grogner des incongruités devant ses congénères un peu niais et pas très audacieux.
-Je vais fonder ma présidence sous le signe des mathématiques! Nous allons tomber sur de beaux morceaux de viande camarades, parce que je suis beau, fin et intelligent! N'est-ce pas que je suis le plus beau? Et en plus, je connais les lois du marché!!!
Et Aroar faisait son frais en montrant ses canines longues et effilées. Il avait l'air d'un cave parmi tant d'autres chez ces loups nonchalants. En fait tous les loups se foutaient bien de Aroar et se mirent à le suivre parce qu'ils ne savaient rien faire d'autre.
-Sont tous pareils! se disaient-ils entre eux. Ils se croient toujours les plus beaux, les plus fins... Enfin! Puisqu'il nous dit qu'on aura de beaux gros morceaux de viande... Pourquoi pas, hein?
Et tous les loups de la meute suivirent Aroar partout, tout le temps. Aroar qui n'arrêtait pas de hurler des stupidités sans nom pour justifier ses mauvaises chasses. Car la chasse était toujours mauvaise depuis qu'Ahou avait foutu le camp. Il était sans doute laid et puant, Ahou, mais son appétit était raisonnable. Il partageait de bon coeur. Et surtout, il ne hurlait pas tout le temps. Quand la chasse était mauvaise, il bâillait en soupirant que ce serait mieux demain. Et le lendemain c'était mieux. Parce qu'Ahou était rusé. Et s'il se vantait, c'était après avoir réussi un bon coup. Il n'était pas du genre à jouer le fanfaron en période de famine.
On ne peut pas dire que la ruse était le fort de Aroar. Ni la chasse. Sa force, c'était de hurler comme un imbécile pour que toute la forêt sache qu'une meute de loups rôdait dans les alentours en quête de viande fraîche. De quoi vider le garde-manger à 20 kilomètres à la ronde. Ce qui fait qu'ils avaient tout le temps faim, les loups.
-Il faut savoir prendre les choses avec philosophie et comprendre les lois du marché! hurlait Aroar. Vous pensez que la chasse c'est intuitif, hein? C'est bien ce qu'enseignait Ahou? A-t-il seulement jamais enseigné? On ne l'entendait jamais hurler! En fait Ahou ne comprenait pas qu'il faille savoir faire des sacrifices afin de trouver de la bonne viande puisque les indicateurs du marché nous font comprendre que le produit de viande brut est à son déclin dans l'hémisphère Nord compte tenu d'un ralentissement dans le secteur de la production d'oeufs de pigeons...
Les loups ne raffolent pas particulièrement des oeufs de pigeon. Aussi, ils en vinrent à la seule solution envisageable après tant de lunes à crever de faim.
Personne ne s'était concerté parmi les loups. Ça s'était produit subitement, sans que l'on puisse dire comment ni pourquoi.
Oui, toute la meute s'était élancée sur Aroar pour le déchiqueter.
On lui fit fermer sa gueule une fois pour toutes. Plus jamais on ne l'entendrait hurler.
-Arr! Orrr! Miam! faisaient les loups en plongeant leurs dents dans la chair tendre de Aroar qui ne sut même pas résister, comme quoi ses fameuses lois de marché ne voulaient strictement rien dire, d'autant plus que les loups d'ailleurs étaient bien nourris et mieux organisés.
Les loups, ragaillardis par cet afflux de sang frais, se réunirent brièvement pour désigner un chef de meute.
On choisit le plus cool de la bande. Celui qui ne hurlait jamais et avait appris les techniques de chasse de Ahou. Il s'appelait Cool, évidemment.
Cool n'était pas du genre à se vanter ou bien à faire de grands discours.
Aussi prit-il immédiatement un sentier tracé par un orignal. Le malheureux orignal ne résista pas longtemps. Son panache se coinça dans un enchevêtrement de branches où Cool et les autres le précipitèrent.
Encore de nos jours, bien que cette histoire se soit passée il y a fort longtemps, on se rappelle parmi les loups de l'Île de la Tortue que les forts en gueule comme Aroar dirigent toujours les loups vers la famine et la catastrophe. Quand on en voit un qui souhaite jouer au tribun, on lui rappelle la chute de Aroar.
Aroar qui était un loup stupide et borné, dévoré par les siens pour le plus grand bien de tous.
Aroar avait fait comme tous les autres loups appelés à cette fonction avant lui. Il avait grogné contre Ahou, l'ancien chef de la meute.
Ahou était devenu vieux et puant.
-Tu es vieux et puant Ahou! hurla effrontément Aroar pour contester son autorité. Et tu es non seulement vieux et puant, mais ignorant! Tu ne connais rien aux lois du marché!
-Les lois du marché? Qu'est-ce que c'est? se contenta de grogner Ahou.
-Arf! Arf! ricana Aroar. Quel imbécile tu es!
Ahou s'en foutait pas mal. Il préféra même lui abandonner le pouvoir plutôt que de combattre. Le vieux loup quitta la meute. Ahou devint un loup heureux et solitaire qui mangeait encore de beaux morceaux de foie de chevreuil pas trop malade de temps en temps.
Aroar, qui était d'une nature narcissique, établit vite son pouvoir en se contentant de grogner des incongruités devant ses congénères un peu niais et pas très audacieux.
-Je vais fonder ma présidence sous le signe des mathématiques! Nous allons tomber sur de beaux morceaux de viande camarades, parce que je suis beau, fin et intelligent! N'est-ce pas que je suis le plus beau? Et en plus, je connais les lois du marché!!!
Et Aroar faisait son frais en montrant ses canines longues et effilées. Il avait l'air d'un cave parmi tant d'autres chez ces loups nonchalants. En fait tous les loups se foutaient bien de Aroar et se mirent à le suivre parce qu'ils ne savaient rien faire d'autre.
-Sont tous pareils! se disaient-ils entre eux. Ils se croient toujours les plus beaux, les plus fins... Enfin! Puisqu'il nous dit qu'on aura de beaux gros morceaux de viande... Pourquoi pas, hein?
Et tous les loups de la meute suivirent Aroar partout, tout le temps. Aroar qui n'arrêtait pas de hurler des stupidités sans nom pour justifier ses mauvaises chasses. Car la chasse était toujours mauvaise depuis qu'Ahou avait foutu le camp. Il était sans doute laid et puant, Ahou, mais son appétit était raisonnable. Il partageait de bon coeur. Et surtout, il ne hurlait pas tout le temps. Quand la chasse était mauvaise, il bâillait en soupirant que ce serait mieux demain. Et le lendemain c'était mieux. Parce qu'Ahou était rusé. Et s'il se vantait, c'était après avoir réussi un bon coup. Il n'était pas du genre à jouer le fanfaron en période de famine.
On ne peut pas dire que la ruse était le fort de Aroar. Ni la chasse. Sa force, c'était de hurler comme un imbécile pour que toute la forêt sache qu'une meute de loups rôdait dans les alentours en quête de viande fraîche. De quoi vider le garde-manger à 20 kilomètres à la ronde. Ce qui fait qu'ils avaient tout le temps faim, les loups.
-Il faut savoir prendre les choses avec philosophie et comprendre les lois du marché! hurlait Aroar. Vous pensez que la chasse c'est intuitif, hein? C'est bien ce qu'enseignait Ahou? A-t-il seulement jamais enseigné? On ne l'entendait jamais hurler! En fait Ahou ne comprenait pas qu'il faille savoir faire des sacrifices afin de trouver de la bonne viande puisque les indicateurs du marché nous font comprendre que le produit de viande brut est à son déclin dans l'hémisphère Nord compte tenu d'un ralentissement dans le secteur de la production d'oeufs de pigeons...
Les loups ne raffolent pas particulièrement des oeufs de pigeon. Aussi, ils en vinrent à la seule solution envisageable après tant de lunes à crever de faim.
Personne ne s'était concerté parmi les loups. Ça s'était produit subitement, sans que l'on puisse dire comment ni pourquoi.
Oui, toute la meute s'était élancée sur Aroar pour le déchiqueter.
On lui fit fermer sa gueule une fois pour toutes. Plus jamais on ne l'entendrait hurler.
-Arr! Orrr! Miam! faisaient les loups en plongeant leurs dents dans la chair tendre de Aroar qui ne sut même pas résister, comme quoi ses fameuses lois de marché ne voulaient strictement rien dire, d'autant plus que les loups d'ailleurs étaient bien nourris et mieux organisés.
Les loups, ragaillardis par cet afflux de sang frais, se réunirent brièvement pour désigner un chef de meute.
On choisit le plus cool de la bande. Celui qui ne hurlait jamais et avait appris les techniques de chasse de Ahou. Il s'appelait Cool, évidemment.
Cool n'était pas du genre à se vanter ou bien à faire de grands discours.
Aussi prit-il immédiatement un sentier tracé par un orignal. Le malheureux orignal ne résista pas longtemps. Son panache se coinça dans un enchevêtrement de branches où Cool et les autres le précipitèrent.
Encore de nos jours, bien que cette histoire se soit passée il y a fort longtemps, on se rappelle parmi les loups de l'Île de la Tortue que les forts en gueule comme Aroar dirigent toujours les loups vers la famine et la catastrophe. Quand on en voit un qui souhaite jouer au tribun, on lui rappelle la chute de Aroar.
Aroar qui était un loup stupide et borné, dévoré par les siens pour le plus grand bien de tous.
jeudi 26 janvier 2012
Wabasso au centre du Grand Cercle de la Vie
Il était temps pour Wabasso alias Lapin Blanc de devenir un homme.
On alla donc le chercher dans le wigwam maternel pour l'emmener au coeur de cette forêt qui s'étendait au Nord du fleuve Magtogoek, à la hauteur de la rivière Tapiskwan Sipi.
Arrivés au lieu de l'initiation, les aînés lui expliquèrent sommairement l'importance du rituel auquel Wabasso devrait se soumettre. Il devrait passer trois jours et trois nuits tout fin seul au beau milieu de la forêt. Les aînés avaient tracé un cercle autour de Wabasso en lui rappelant qu'il devait demeurer à l'intérieur du cercle jusqu'à ce qu'on vienne le chercher au bout du délai prescrit.
Sans nourriture et sans nulle autre source d'eau que la pluie ou la rosée du matin, Wabasso devrait apprendre à devenir un homme en résistant aux peurs que peuvent susciter la forêt, la noirceur ou bien la solitude. Il devrait aussi consigner ses visions dans sa mémoire pour ensuite en faire part au chamane qui lui attribuerait un nom et une fonction selon ce qu'il aura rêvé.
Les aînés abandonnèrent Wabasso à son cercle et à ses visions futures.
La première nuit fût d'autant plus effrayante qu'il plut et tonna jusqu'à l'aube. Le corps trempé, les os humides, Wabasso claquait des dents.
Au cours de la journée, il vit un lièvre, trois perdrix et plusieurs insectes.
La deuxième nuit fût tout aussi pluvieuse mais sans tonnerre cette fois. Wabasso vit un orignal à l'aube qui ne se soucia pas de lui. Plus tard dans la journée, un loup passa par là en se disant qu'il était mieux de ne pas trop s'approcher de ces humains qui sont tellement plus assassins que ses congénères.
La journée fût encore plus longue. La faim et la soif le tenaillèrent jusqu'au crépuscule, où il se mit encore à pleuvoir, ce qui le délivra un peu de la soif.
La dernière nuit fût peuplée de rêves parce que c'est toujours ainsi quand on n'a rien mangé depuis trois jours. Wabasso vit en songes des tas de blocs carrés dans lesquels s'entassaient des humains qui n'étaient pas très heureux d'y vivre. C'était les descendants des mangeurs de morue qui étaient récemment venus s'installer sur l'Île de la Tortue, ceux-là même qui achetaient les couches beurrées de caca des petits papooses. Des couches en peaux de castor très fines pour ne pas irriter le troufignon des bébés. Comment pouvaient-ils acheter ça, les pauvres? Quels naïfs! Échanger des couches beurrées de marde contre des couteaux, des chaudrons, du sucre, des fusils...
Wabasso voyait dans l'avenir que son peuple vivrait aussi dans ce même genre de blocs carrés suffocants. Il voyait les aînés renifler des vapeurs qui provenaient de substances toxiques inventées par les mangeurs de morue. Il les voyait ivres, défaits, détruits.
On revint le chercher le lendemain, au terme de son initiation.
Le chamane Misko lui demanda de lui révéler sa vision. Ce que Wabasso fit le plus simplement du monde après avoir bu plusieurs bonnes gorgées d'eau.
Le chamane décida qu'il s'appellerait Mi Ket Ingi, ce qui veut dire «voilà ce qui aura lieu».
Mi Ket Ingi, anciennement appelé Wabasso, était maintenant un homme, c'est-à-dire un Anishnabé.
mercredi 25 janvier 2012
Gentilly 2 et les tremblements de terre de 1663
On procédera bientôt à la distribution de comprimés d’iode en cas d’accident à la centrale nucléaire de Gentilly 2. Cela nous rappelle qu’un accident peut survenir n’importe quand.
On ne répétera jamais assez que la poursuite des activités de la centrale Gentilly 2 augmente le risque quant à l'avènement d'une catastrophe nucléaire.
On se souvient par ailleurs de la catastrophe nucléaire survenue l'an dernier au Japon à la suite du tremblement de terre.
Tous les pays civilisés ont remis en cause l’utilisation de l’énergie nucléaire suite à cette catastrophe. Enfin presque tous. Il reste au Québec et au Canada quelques irréductibles promoteurs de dangers publics.
Gentilly 2 a été bâtie dans une zone de forte activité sismique. Il y en a eu des tremblements de terre par le passé, dont ceux survenus entre les mois de février et août 1663. Le Père Lalemant en parle dans les Relations des Jésuites de cette année-là. Marie de l'Incarnation fait parvenir la même année à son fils une lettre où l'on peut croire que les gens de l'époque ont vécu quelque chose comme l'Apocalypse.
Estelle Mitchell nous laisse entrevoir la catastrophe qui pourrait bien se reproduire un jour ou l’autre. Dans sa biographie consacrée à Messire Pierre Boucher elle rapporte que « (la) secousse sismique est effrayante : les murailles se balancent, les pierres se remuent, les toits se courbent de côté et d’autre, les cloches sonnent d’elles-mêmes, la terre bondit, les arbres se heurtent – les Sauvages disent que la forêt est ivre – les glaces épaisses de cinq à six pieds se fracassent, les eaux se corrompent (…) Aux Trois-Rivières, les rives élevées de la St-Maurice se sont écroulées sur une longueur extraordinaire avec tous les arbres dans la rivière. L’effroi est si grand qu’on croit venue la fin du monde. » (Estelle Mitchell,Messire Pierre Boucher, Vac Offset Inc., Montréal, 1980, p.129)
Une capsule d’iode sera sans effets contre un tremblement de terre qui pourrait reproduire à nos portes la même catastrophe écologique qu’au Japon.
La fermeture de Gentilly 2, dans ce contexte, est la solution qui semble la plus sage. À moins de vouloir jouer à la roulette russe avec les êtres humains et autres espèces vivantes de la région.
L'histoire de ce gars-là qui n'avait jamais de pause parce que son employeur était un trou du cul
Un gars m'a raconté hier qu'il a travaillé pour une bande de pleins de marde pour qui les pauses n'existaient pas. Comme ce n'est pas écrit nulle part dans les normes du travail qu'il faille offrir des pauses à ses employés dans ce pays de légistes-trous-du-cul, eh bien notre gars devait travailler six heures en ligne jusqu'à sa demie heure de dîner qui, bien sûr, n'était pas payée. Et il recommençait ensuite pour un autre six heures, sans aucune crisse de pause.
Ce gars-là travaillait pour un commerce plutôt connu dans la région. On y vendait des tas de bons produits pour la santé. Par contre, les boss se foutaient totalement de la santé de leurs propres travailleurs et s'amusaient sans doute à les piétiner toute la journée, comme des hosties de baveux de la polyvalente, du temps où l'on pétait des portes de casier dans la face du bouc émissaire désigné. Ils vantaient leurs beaux chars, leurs belles vacances et leurs beaux quossins devant leurs employés, payés au salaire menoum-menoum comme dirait Chartrand. Des employés qui se déplacent encore à pieds ou en autobus pour entendre leurs bienfaiteurs vanter les mérites du capitalisme sans break pour le petit peuple.
Ce qui me met le plus en tabarnak dans l'histoire de ce gars-là, c'est l'incurie de nos syndicats. Du temps de Chartrand, ils avaient du coeur au ventre les syndicats. Ils étaient pas mal moins bien peignés qu'aujourd'hui. Ils allaient en prison pour les droits de tout le monde.
Aujourd'hui? Les bonzes des syndicats sont des crapules sinon des ladres. Ils pensent plus à leur fonds de retraite qu'au gars qui se fait exploiter dans un petit commerce géré par des crosseurs. Leur idéal syndical c'est La croisière s'amuse ou bien La poule aux oeufs d'or.
Ils ont l'argent pour appliquer des solutions concrètes et favoriser la prise de pouvoir du peuple. Mais l'argent ne fait pas tout. Le coeur au ventre est pour les plus pauvres, les plus rebelles, les plus authentiques.
Des commerces comme VIVE LA SANTÉ INC. où travaille ce gars-là, sans pauses ni congés de maladie ni rien, eh bien cela devrait être dénoncé sur la place publique ou bien sur des panneaux de quarante pieds de large sur le bord des autoroutes.
On pourrait aussi les spotter sur l'Internet. Fabriquer un petit bidule qui dirait, par exemple, que chez VIVE LA SANTÉ INC. il y a quinze employés qui se font crosser à la journée longue par des épais narcissiques qui se prennent pour le nombril du monde et se croient le droit d'abolir les droits des travailleurs impunément.
J'ai une petite nouvelle pour vous VIVE LA SANTÉ INC.. Les pauvres sont plus nombreux que les riches...
Pour ce qui est des syndicats, il faudrait peut-être penser à une autre formule qui se rapprocherait de la cotisation à un parti politique. Pour cinq piastres chaque, à la grandeur du pays, on pourrait offrir une protection au travailleur. Même s'il était le seul dans son entreprise à payer son cinq piastres, tous ceux qui paieraient leur cinq piastres viendraient le soutenir vraiment, en envoyant cent manifestants avec des pancartes, des porte-voix et de l'audace. Les crosseurs de VIVE LA SANTÉ INC. devraient redonner des pauses payées à leurs travailleurs et s'ils fermaient boutique leur patente deviendrait automatiquement chose publique.
On pourrait le faire facilement puisque, comme je le disais, les pauvres sont nettement plus nombreux que les riches.
Aussi bien défendre les droits des pauvres que ceux des riches. C'est plus héroïque. Plus noble aussi.
Pour ce qui est de ce gars-là, je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu de quoi que ce soit, sinon que nous sommes dans la mélasse jusqu'au cou. Ce qui fait que, comme lui, je n'ai plus rien à perdre.
Pourtant, l'espoir est là, même s'il semble bien faible. Cela ne prendrait qu'un peu de vent pour embraser le pays tout entier. D'où ma prédiction: une remontée fulgurante de la gauche qui a du coeur au ventre.
Ce gars-là travaillait pour un commerce plutôt connu dans la région. On y vendait des tas de bons produits pour la santé. Par contre, les boss se foutaient totalement de la santé de leurs propres travailleurs et s'amusaient sans doute à les piétiner toute la journée, comme des hosties de baveux de la polyvalente, du temps où l'on pétait des portes de casier dans la face du bouc émissaire désigné. Ils vantaient leurs beaux chars, leurs belles vacances et leurs beaux quossins devant leurs employés, payés au salaire menoum-menoum comme dirait Chartrand. Des employés qui se déplacent encore à pieds ou en autobus pour entendre leurs bienfaiteurs vanter les mérites du capitalisme sans break pour le petit peuple.
Ce qui me met le plus en tabarnak dans l'histoire de ce gars-là, c'est l'incurie de nos syndicats. Du temps de Chartrand, ils avaient du coeur au ventre les syndicats. Ils étaient pas mal moins bien peignés qu'aujourd'hui. Ils allaient en prison pour les droits de tout le monde.
Aujourd'hui? Les bonzes des syndicats sont des crapules sinon des ladres. Ils pensent plus à leur fonds de retraite qu'au gars qui se fait exploiter dans un petit commerce géré par des crosseurs. Leur idéal syndical c'est La croisière s'amuse ou bien La poule aux oeufs d'or.
Ils ont l'argent pour appliquer des solutions concrètes et favoriser la prise de pouvoir du peuple. Mais l'argent ne fait pas tout. Le coeur au ventre est pour les plus pauvres, les plus rebelles, les plus authentiques.
Des commerces comme VIVE LA SANTÉ INC. où travaille ce gars-là, sans pauses ni congés de maladie ni rien, eh bien cela devrait être dénoncé sur la place publique ou bien sur des panneaux de quarante pieds de large sur le bord des autoroutes.
On pourrait aussi les spotter sur l'Internet. Fabriquer un petit bidule qui dirait, par exemple, que chez VIVE LA SANTÉ INC. il y a quinze employés qui se font crosser à la journée longue par des épais narcissiques qui se prennent pour le nombril du monde et se croient le droit d'abolir les droits des travailleurs impunément.
J'ai une petite nouvelle pour vous VIVE LA SANTÉ INC.. Les pauvres sont plus nombreux que les riches...
Pour ce qui est des syndicats, il faudrait peut-être penser à une autre formule qui se rapprocherait de la cotisation à un parti politique. Pour cinq piastres chaque, à la grandeur du pays, on pourrait offrir une protection au travailleur. Même s'il était le seul dans son entreprise à payer son cinq piastres, tous ceux qui paieraient leur cinq piastres viendraient le soutenir vraiment, en envoyant cent manifestants avec des pancartes, des porte-voix et de l'audace. Les crosseurs de VIVE LA SANTÉ INC. devraient redonner des pauses payées à leurs travailleurs et s'ils fermaient boutique leur patente deviendrait automatiquement chose publique.
On pourrait le faire facilement puisque, comme je le disais, les pauvres sont nettement plus nombreux que les riches.
Aussi bien défendre les droits des pauvres que ceux des riches. C'est plus héroïque. Plus noble aussi.
Pour ce qui est de ce gars-là, je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu de quoi que ce soit, sinon que nous sommes dans la mélasse jusqu'au cou. Ce qui fait que, comme lui, je n'ai plus rien à perdre.
Pourtant, l'espoir est là, même s'il semble bien faible. Cela ne prendrait qu'un peu de vent pour embraser le pays tout entier. D'où ma prédiction: une remontée fulgurante de la gauche qui a du coeur au ventre.
mardi 24 janvier 2012
Je pense donc j'essuie
Je ne sais rien de Dieu et de l'au-delà, comme tous ces gus qui prétendent y comprendre quelque chose.
Ce que je sais, c'est que j'existe et pense que j'existe. Je pense donc j'essuie.
On ne fera pas de longues diatribes là-dessus.
Néanmoins, il faut bien exposer son credo de temps en temps, ne serait-ce que pour se laver les oreilles de toutes les conneries qu'on peut entendre sur les anges, les saints et les curés.
Que suis-je? Un doute sur deux pattes qui sait qu'il a deux pattes.
Suis-je athée? Pas du tout. L'athéisme est une doctrine, avec ses saints et ses martyrs. C'est trop bien organisé pour que j'y croie. Les athées purs et durs sont emmerdants. Ils croient pouvoir tout expliquer avec la science et leur science, trop souvent, consiste en l'art de découper des êtres humains en rondelles.
Idem pour les croyants. Ils découpent aussi des êtres humains en rondelles. Et ils prétendent tout résoudre avec leurs dogmes imbéciles. Ils se servent de l'amour divin pour entretenir la haine trop humaine. Athées ou croyants, tous sont cannibales.
Mais que suis-je donc, hein? Un agnostique? Pas du tout. Un agnostique refuse de se prononcer sur Dieu. L'agnosticisme est la voie de la tiédeur. C'est encore pire que d'être athée, où l'on sent tout de même un peu de chaleur humaine.
Je suis un peu animiste, un peu gnostique. Je cherche la vérité et n'accepte pas le mensonge organisé et la foi pépère qui forcent au contentement de petites réponses face aux grandes questions.
Je crois vaguement qu'il y a une âme dans tout animal comme dans toute chose. La Terre a une âme. Et le Soleil aussi. Qu'est-ce que l'âme? Je n'en sais rien. C'est comme un fluide électrique. Sauf qu'aucun instrument n'existe pour le mesurer. Bref, je le répète, je n'en sais rien du tout. J'élabore des hypothèses ouvertes. Je ne m'enferme pas dans des vérités programmées.
Je porte le bien, le beau et le bonheur en moi, ce qui n'a bien sûr rien de scientifique.
J'ai pris pour modèles de mes actions des hommes et des femmes de bien, de beau et de bonheur. On en trouve dans les livres comme dans la vraie vie. Il ne suffit que de développer une sensibilité en ce sens, j'imagine...
Pour tout dire, je ne sais rien de rien. Et ce n'est pas parce que je n'essaie pas de savoir quelque chose. Je veux juste ne pas me faire enfirouaper par des discours creux et des slogans nasillards.
Je pense donc j'essuie.
Ce que je sais, c'est que j'existe et pense que j'existe. Je pense donc j'essuie.
On ne fera pas de longues diatribes là-dessus.
Néanmoins, il faut bien exposer son credo de temps en temps, ne serait-ce que pour se laver les oreilles de toutes les conneries qu'on peut entendre sur les anges, les saints et les curés.
Que suis-je? Un doute sur deux pattes qui sait qu'il a deux pattes.
Suis-je athée? Pas du tout. L'athéisme est une doctrine, avec ses saints et ses martyrs. C'est trop bien organisé pour que j'y croie. Les athées purs et durs sont emmerdants. Ils croient pouvoir tout expliquer avec la science et leur science, trop souvent, consiste en l'art de découper des êtres humains en rondelles.
Idem pour les croyants. Ils découpent aussi des êtres humains en rondelles. Et ils prétendent tout résoudre avec leurs dogmes imbéciles. Ils se servent de l'amour divin pour entretenir la haine trop humaine. Athées ou croyants, tous sont cannibales.
Mais que suis-je donc, hein? Un agnostique? Pas du tout. Un agnostique refuse de se prononcer sur Dieu. L'agnosticisme est la voie de la tiédeur. C'est encore pire que d'être athée, où l'on sent tout de même un peu de chaleur humaine.
Je suis un peu animiste, un peu gnostique. Je cherche la vérité et n'accepte pas le mensonge organisé et la foi pépère qui forcent au contentement de petites réponses face aux grandes questions.
Je crois vaguement qu'il y a une âme dans tout animal comme dans toute chose. La Terre a une âme. Et le Soleil aussi. Qu'est-ce que l'âme? Je n'en sais rien. C'est comme un fluide électrique. Sauf qu'aucun instrument n'existe pour le mesurer. Bref, je le répète, je n'en sais rien du tout. J'élabore des hypothèses ouvertes. Je ne m'enferme pas dans des vérités programmées.
Je porte le bien, le beau et le bonheur en moi, ce qui n'a bien sûr rien de scientifique.
J'ai pris pour modèles de mes actions des hommes et des femmes de bien, de beau et de bonheur. On en trouve dans les livres comme dans la vraie vie. Il ne suffit que de développer une sensibilité en ce sens, j'imagine...
Pour tout dire, je ne sais rien de rien. Et ce n'est pas parce que je n'essaie pas de savoir quelque chose. Je veux juste ne pas me faire enfirouaper par des discours creux et des slogans nasillards.
Je pense donc j'essuie.
lundi 23 janvier 2012
On devient ce que l'on crée
Le fin gastronome et reposant auteur Brillat-Savarin écrivait dans La physiologie du goût qu'on est ce que l'on mange. Cette maxime peut se paraphraser pour tous les domaines de l'art: on devient ce que l'on crée.
Si je m'amusais à peindre de la tristesse, je deviendrais de la tristesse. Comme je deviendrais un jambon si je ne mangeais que du jambon.
Si je dessinais des boeufs sur les parois d'une caverne, sûr qu'on en mangerait pour souper, bien que cela soit presque sans lien avec l'intuition que j'élabore si péniblement ici.
On ne joue pas impunément avec les émotions, surtout sur une longue période de temps. Passer dix heures à peindre ou chanter quelque chose de triste, eh bien c'est devenir volontairement malheureux pour la même période.
Évidemment, je ne crache pas sur les oeuvres dramatiques, tristes et désespérantes. Je dis seulement que je n'ai pas la volonté ni le goût de m'aventurer en ces territoires d'où l'on ne revient pas toujours. J'en serai le spectateur, mais certainement pas l'auteur.
J'ai connu le spleen et ses associés. Et je ne m'en portais pas mieux. Mes créations étaient laides, déprimantes et sans intérêt. Heureusement qu'aucun distributeur attitré des arts et des lettres n'en voulait. Je serais encore esclave de ces niaiseries alors que je peux en rire comme si cela ne s'était jamais passé.
J'ai créé toutes sortes de monstres dans ma jeunesse pour me prendre au sérieux. Et jamais je n'étais autant sérieux qu'en me donnant corps et âme à la comédie. Ma tristesse était feinte. Mon spleen aussi. C'était ma représentation d'un monde trop universitaire sans doute. Trop détaché de la vie. Trop rattaché «à-la-manière-deuh»... La comédie me ramenait vers le monde d'où je suis issu, les pauvres, les crève-la-faim, les pas éduqués, bref vers les indigènes. Chez les indigènes, on rit, on danse, on vit. On ne passe pas son temps à se brasser le poulet sur des spleens feints et même pas ressentis.
J'ai cultivé mon jardin. Les monstres ont été extirpés comme le chiendent. Il n'est resté qu'un sourire bon enfant qui transpire dans tout ce que je fais. Pourquoi? Je ne le sais pas vraiment. Il n'y a pas de calcul là-dedans, ni même la quête d'un poncif pour mener une petite carrière bien pépère.
Je n'envie pas les malheureux qui fabriquent des trucs malheureux. Je suis content qu'ils le fassent à ma place, qu'ils souffrent ce que je ne voudrais pas souffrir. Il est possible que je conserve mon éternel sourire en coin d'imbécile heureux devant leurs oeuvres tristes et spleeniques. Ce n'est pas pour mal faire. J'aime la vie et y voit des tas de trucs plutôt drôles.
Je vis de drôleries. Tout me semble clownesque. Il n'y a rien de plus sérieux pour moi que le rire, l'état le plus spirituel qui soit.
Voilà. C'est dit. Et je ne m'en excuse même pas.
Si je m'amusais à peindre de la tristesse, je deviendrais de la tristesse. Comme je deviendrais un jambon si je ne mangeais que du jambon.
Si je dessinais des boeufs sur les parois d'une caverne, sûr qu'on en mangerait pour souper, bien que cela soit presque sans lien avec l'intuition que j'élabore si péniblement ici.
On ne joue pas impunément avec les émotions, surtout sur une longue période de temps. Passer dix heures à peindre ou chanter quelque chose de triste, eh bien c'est devenir volontairement malheureux pour la même période.
Évidemment, je ne crache pas sur les oeuvres dramatiques, tristes et désespérantes. Je dis seulement que je n'ai pas la volonté ni le goût de m'aventurer en ces territoires d'où l'on ne revient pas toujours. J'en serai le spectateur, mais certainement pas l'auteur.
J'ai connu le spleen et ses associés. Et je ne m'en portais pas mieux. Mes créations étaient laides, déprimantes et sans intérêt. Heureusement qu'aucun distributeur attitré des arts et des lettres n'en voulait. Je serais encore esclave de ces niaiseries alors que je peux en rire comme si cela ne s'était jamais passé.
J'ai créé toutes sortes de monstres dans ma jeunesse pour me prendre au sérieux. Et jamais je n'étais autant sérieux qu'en me donnant corps et âme à la comédie. Ma tristesse était feinte. Mon spleen aussi. C'était ma représentation d'un monde trop universitaire sans doute. Trop détaché de la vie. Trop rattaché «à-la-manière-deuh»... La comédie me ramenait vers le monde d'où je suis issu, les pauvres, les crève-la-faim, les pas éduqués, bref vers les indigènes. Chez les indigènes, on rit, on danse, on vit. On ne passe pas son temps à se brasser le poulet sur des spleens feints et même pas ressentis.
J'ai cultivé mon jardin. Les monstres ont été extirpés comme le chiendent. Il n'est resté qu'un sourire bon enfant qui transpire dans tout ce que je fais. Pourquoi? Je ne le sais pas vraiment. Il n'y a pas de calcul là-dedans, ni même la quête d'un poncif pour mener une petite carrière bien pépère.
Je n'envie pas les malheureux qui fabriquent des trucs malheureux. Je suis content qu'ils le fassent à ma place, qu'ils souffrent ce que je ne voudrais pas souffrir. Il est possible que je conserve mon éternel sourire en coin d'imbécile heureux devant leurs oeuvres tristes et spleeniques. Ce n'est pas pour mal faire. J'aime la vie et y voit des tas de trucs plutôt drôles.
Je vis de drôleries. Tout me semble clownesque. Il n'y a rien de plus sérieux pour moi que le rire, l'état le plus spirituel qui soit.
Voilà. C'est dit. Et je ne m'en excuse même pas.
vendredi 20 janvier 2012
Quelque part à Le-Plan-Nord
On ne juge pas de la beauté d'une ville par son architecture, mais par ses gens.
Dans cette ville minière perdue au beau milieu de nulle part, il n'y avait rien à faire. Le ciel était toujours d'un rouge brun sale du fait de la poussière de fer que le vent du Nord soulevait. Cette ville s'appelait Le-Plan-Nord. Un nom absurde pour une situation identique.
Ce qui fait que tout le monde buvait ou bien parlait tout seul dans la rue en se frappant le front avec l'index.
Momo faisait partie de ceux qui buvaient, fumaient et faisaient l'amour pour passer le temps. Comme la plupart des rescapés de cette bande d'éclopés qui faisaient toujours la même tournée des bars, du Pub Aswanipi jusqu'à l'hôtel de Le-Plan-Nord. Il n'y avait pas plus loin à aller et rien d'autre, presque rien d'autre à faire.
Il n'y avait pas d'architecture dans cette ville et les gens étaient comme paralysés par l'argent et le ciel rouge brun sale. Ils s'achetaient des maisons carrées et sans goût dans un coin où personne n'avait envie d'y établir demeure. On leur donnait de l'argent pour voir ce ciel toujours rouge brun sale. C'était à fendre l'âme, je vous jure, un lieu sinistre comme on en imagine jamais de cette nature-là.
Le vent du Nord soufflait. Momo buvait, fumait et faisait l'amour avec les femmes qui étaient restées coincées à Le-Plan-Nord, compte tenu du fait que les mines n'engageaient plus autant d'hommes qu'autrefois. Il ne restait que des femmes et des ivrognes à Le-Plan-Nord...
Momo travaillait à la mine, comme tous les autres hommes qui n'avaient pas encore quitté Le-Plan-Nord.
Et il avait mauvaise mine, oui, comme tout le monde.
Il s'était mis lui aussi à parler tout seul. Comme tous les autres. Perdu sur cette terre qui était encore vierge il y a quarante ans à peine. Et qui semblait vouloir retourner à sa virginité. Comme si le Windigo et ses créatures, les Windigowaks, erraient parmi eux pour leur rappeler que l'on ne s'enfonce pas dans le Grand Nord impunément.
-J'entends la foudre... le tonnerre... Je vois des nuages... disait Momo, sous l'emprise de Windigo.
Et crack! Il croyait entendre vraiment la foudre, et voir les éclairs et tout le bataclan.
Momo en était rendu au point où quitter la mine était la seule solution envisageable.
Mais il ne quitta pas la mine, comme tout le monde.
Il but, fuma et fit l'amour, comme d'habitude..
Puis le lendemain, il était à la mine, la mine basse certes, avec une gueule de bois d'enfer, comme tout le monde, oui, comme tout le monde qui vit dans cette hostie de ville sale de Le-Plan-Nord.
Dans cette ville minière perdue au beau milieu de nulle part, il n'y avait rien à faire. Le ciel était toujours d'un rouge brun sale du fait de la poussière de fer que le vent du Nord soulevait. Cette ville s'appelait Le-Plan-Nord. Un nom absurde pour une situation identique.
Ce qui fait que tout le monde buvait ou bien parlait tout seul dans la rue en se frappant le front avec l'index.
Momo faisait partie de ceux qui buvaient, fumaient et faisaient l'amour pour passer le temps. Comme la plupart des rescapés de cette bande d'éclopés qui faisaient toujours la même tournée des bars, du Pub Aswanipi jusqu'à l'hôtel de Le-Plan-Nord. Il n'y avait pas plus loin à aller et rien d'autre, presque rien d'autre à faire.
Il n'y avait pas d'architecture dans cette ville et les gens étaient comme paralysés par l'argent et le ciel rouge brun sale. Ils s'achetaient des maisons carrées et sans goût dans un coin où personne n'avait envie d'y établir demeure. On leur donnait de l'argent pour voir ce ciel toujours rouge brun sale. C'était à fendre l'âme, je vous jure, un lieu sinistre comme on en imagine jamais de cette nature-là.
Le vent du Nord soufflait. Momo buvait, fumait et faisait l'amour avec les femmes qui étaient restées coincées à Le-Plan-Nord, compte tenu du fait que les mines n'engageaient plus autant d'hommes qu'autrefois. Il ne restait que des femmes et des ivrognes à Le-Plan-Nord...
Momo travaillait à la mine, comme tous les autres hommes qui n'avaient pas encore quitté Le-Plan-Nord.
Et il avait mauvaise mine, oui, comme tout le monde.
Il s'était mis lui aussi à parler tout seul. Comme tous les autres. Perdu sur cette terre qui était encore vierge il y a quarante ans à peine. Et qui semblait vouloir retourner à sa virginité. Comme si le Windigo et ses créatures, les Windigowaks, erraient parmi eux pour leur rappeler que l'on ne s'enfonce pas dans le Grand Nord impunément.
-J'entends la foudre... le tonnerre... Je vois des nuages... disait Momo, sous l'emprise de Windigo.
Et crack! Il croyait entendre vraiment la foudre, et voir les éclairs et tout le bataclan.
Momo en était rendu au point où quitter la mine était la seule solution envisageable.
Mais il ne quitta pas la mine, comme tout le monde.
Il but, fuma et fit l'amour, comme d'habitude..
Puis le lendemain, il était à la mine, la mine basse certes, avec une gueule de bois d'enfer, comme tout le monde, oui, comme tout le monde qui vit dans cette hostie de ville sale de Le-Plan-Nord.
jeudi 19 janvier 2012
Il voulait devenir Apollonios de Tyane ou rien
-Je veux devenir Apollonios de Tyane ou rien! qu'il nous disait au hasard de ses prévisibles cuites.
Oui, Alain était toujours cuit. Alain, c'était le nom du gars qui voulait devenir Apollonios de Tyane et qui, dans la vraie vie, n'était rien.
Qui était d'abord ce satané Apollonios de Tyane? À l'époque, ça se passe dans les années '80, il fallait se casser le cul pour le savoir. On devait faire un peu plus de sport qu'aujourd'hui. On allait à la bibliothèque puis on marchait, marchait et marchait dans les allées poussiéreuses pour trouver le précieux grimoire qui, parfois, était mystérieusement disparu du classement... Dont tous les exemplaires ayant trait à la vie d'Apollonios de Tyane. On finissait par trouver mais par un labeur dont vous, internautes, n'avez plus l'idée. Un simple clic et hop! Vous savez presque tout sur Apollonios de Tyane...
Et vous vous demandez certainement qui était cet Alain qui se prenait pour Apollonios de Tyane?
Oua! C'était un hostie de fucké, plutôt bon gars, mais toujours écrasé seul dans son coin avec sa littérature occulte. Il trippait sur Aleister Crowley et autres saltimbanques de la magie ordinaire.
Alain n'était pas grand, ni gros, ni beau. Une mèche de cheveux gras pendait toujours sur son front. Il ne portait pas de lunettes ni d'appareils auditifs. Il avait les yeux violets sous l'éclairage fucké du bar. Puis il avait toujours un cure-dent aux commissures des lèvres.
Pourquoi voulait-il devenir Apollonios de Tyane? Bah! C'était le caractère insolite de l'histoire qu'il souhaitait mettre à son code d'honneur.
Apollonios, vous l'avez sans doute deviné, était un thaumaturge vaguement néo-pythagoricien qui vécut du temps de Jésus et de Paul, l'inventeur du christianisme.
Apollonios a vécu à Tarse, comme Saul de Tarse dit St-Paul. Ils se sont peut-être connus. Ils ont peut-être jouer ensemble au ballon en vessie de chèvre gonflée. L'histoire ne le dit pas.
Mais ce que dit l'histoire, enfin pour ce qu'il nous en reste, c'est qu'Apollonios de Tyane faisait concurrence à Jésus tant par ses miracles que par ses enseignements. Il enseignait l'amour de la sagesse mais s'est mis à fuir les lieux publics pour s'écarter de la vaine gloire que lui apportait ses discours devant ses semblables. Il disait des trucs sensés, cet Apollonios, et il paraît même qu'il se serait évaporé comme un fantôme devant l'empereur Domitien qui l'avait fait arrêté pour lui crisser une volée. Légende ou réalité? C'est dur à dire.
Néanmoins Alain cultivait l'idée de pouvoir disparaître, de guérir tout un chacun par l'imposition des mains, opération qui nécessite un lien direct avec les forces cosmiques sinon une connaissance approfondie de l'antimatière.
Comme il n'arrivait à rien de tout cela, il buvait, buvait et rebuvait encore.
Jusqu'à ce qu'il soit fin saoul, écrasé dans sa littérature démoniaque.
-Je veux devenir Apollonios de Tyane ou rieeeeen! qu'il gueulait.
Pauvre gars...
Oui, Alain était toujours cuit. Alain, c'était le nom du gars qui voulait devenir Apollonios de Tyane et qui, dans la vraie vie, n'était rien.
Qui était d'abord ce satané Apollonios de Tyane? À l'époque, ça se passe dans les années '80, il fallait se casser le cul pour le savoir. On devait faire un peu plus de sport qu'aujourd'hui. On allait à la bibliothèque puis on marchait, marchait et marchait dans les allées poussiéreuses pour trouver le précieux grimoire qui, parfois, était mystérieusement disparu du classement... Dont tous les exemplaires ayant trait à la vie d'Apollonios de Tyane. On finissait par trouver mais par un labeur dont vous, internautes, n'avez plus l'idée. Un simple clic et hop! Vous savez presque tout sur Apollonios de Tyane...
Et vous vous demandez certainement qui était cet Alain qui se prenait pour Apollonios de Tyane?
Oua! C'était un hostie de fucké, plutôt bon gars, mais toujours écrasé seul dans son coin avec sa littérature occulte. Il trippait sur Aleister Crowley et autres saltimbanques de la magie ordinaire.
Alain n'était pas grand, ni gros, ni beau. Une mèche de cheveux gras pendait toujours sur son front. Il ne portait pas de lunettes ni d'appareils auditifs. Il avait les yeux violets sous l'éclairage fucké du bar. Puis il avait toujours un cure-dent aux commissures des lèvres.
Pourquoi voulait-il devenir Apollonios de Tyane? Bah! C'était le caractère insolite de l'histoire qu'il souhaitait mettre à son code d'honneur.
Apollonios, vous l'avez sans doute deviné, était un thaumaturge vaguement néo-pythagoricien qui vécut du temps de Jésus et de Paul, l'inventeur du christianisme.
Apollonios a vécu à Tarse, comme Saul de Tarse dit St-Paul. Ils se sont peut-être connus. Ils ont peut-être jouer ensemble au ballon en vessie de chèvre gonflée. L'histoire ne le dit pas.
Mais ce que dit l'histoire, enfin pour ce qu'il nous en reste, c'est qu'Apollonios de Tyane faisait concurrence à Jésus tant par ses miracles que par ses enseignements. Il enseignait l'amour de la sagesse mais s'est mis à fuir les lieux publics pour s'écarter de la vaine gloire que lui apportait ses discours devant ses semblables. Il disait des trucs sensés, cet Apollonios, et il paraît même qu'il se serait évaporé comme un fantôme devant l'empereur Domitien qui l'avait fait arrêté pour lui crisser une volée. Légende ou réalité? C'est dur à dire.
Néanmoins Alain cultivait l'idée de pouvoir disparaître, de guérir tout un chacun par l'imposition des mains, opération qui nécessite un lien direct avec les forces cosmiques sinon une connaissance approfondie de l'antimatière.
Comme il n'arrivait à rien de tout cela, il buvait, buvait et rebuvait encore.
Jusqu'à ce qu'il soit fin saoul, écrasé dans sa littérature démoniaque.
-Je veux devenir Apollonios de Tyane ou rieeeeen! qu'il gueulait.
Pauvre gars...
mercredi 18 janvier 2012
À propos des censeurs, sangsues et parasites de l'Art
Chez mes ancêtres Anishnabés* aucun lieu ne portait le nom d'un être humain. Il n'y avait pas de Lac Bouchard ni de Mont Jackson. Ils auraient plutôt dits dans leur langue poétique le Lac Où-souffle-des-vents-forts ou bien le Mont du Tonnerre.
Idem pour les totems ou bien les autres objets d'art. Ils n'étaient jamais signés par l'artiste. Ils appartenaient pleinement à la tribu. D'ailleurs, presque tout le monde y pratiquait une forme d'art ou d'artisanat. Il n'y avait pas de télévision et il fallait bien occuper ses soirées. L'art était au coeur de la vie de tous.
Aujourd'hui, la version anglaise de l'encyclopédie libre Wikipédia présente une page noire pour protester contre les censeurs du Congrès américain qui, sous prétexte de défendre les droits d'auteur, voudraient priver les hommes de l'art, du savoir et de la culture.
L'Internet, c'est le retour de la tribu. Tout appartient à tous. Et, malgré tout, un artiste peut faire plus d'argent qu'il n'en aurait fait sous l'Ancien Régime, juste parce qu'il peut contrôler toutes les étapes de sa production. Les perdants dans cette affaire sont les requins, les censeurs et les parasites de l'Art. Pas les artistes. Et surtout pas les humains.
Tout artiste qui se porte à la défense de la censure de l'Internet pour défendre le soi-disant droit d'auteur me semble beaucoup plus un politicien qu'un artiste. C'est-à-dire, abandonnons ce mot pas gentil, un crosseur.
Ceux qui sont sans passion véritable sont portés de l'avant par les institutions de l'Art. Ils vont recevoir leur prébende et leur per diem pour leurs services offerts à détruire la vie chez tout artiste digne de ce qu'il produit pour le plus grand bien de tous.
La recherche de la gloire est vaine et ne sera jamais le moteur de l'art.
Plus un artiste est couvert de médailles dans ce pays plus on peut douter de la valeur de son oeuvre.
On récompense la fatuité, la futilité, le vide. Parce que ça ne dérange personne. Parce que ça fait plaisir à Jean-Claude ou Jojo. On instrumentalise l'art et on le jette en pâtures aux charognards, aux petits-bourgeois incultes, sinon illettrés et se gaussant de tout connaître pour avoir lu deux ou trois résumés dans le cadre de cours obligatoires.
Le vrai moteur de l'art, c'est la voie du coeur.
Il ne manque pas de sans-coeurs, c'est certain, mais le vide ça ne se compte pas.
Un plus zéro, plus encore zéro, est égal à un.
Tout compte fait l'artiste ne doit pas s'effrayer d'être unique. C'est dans la nature des choses.
Vous voulez vivre en artiste? Fuyez les lieux publics! Fuyez la gloire, le renom, la putasserie!
Vendez vos trucs à vos voisins, puis à des voisins d'Outre-Atlantique s'il le faut.
Faites vos petites affaires tout seul. Envoyez-les tous chier.
Vive l'Internet libre.
Vive l'Art libéré et libérateur!
_____
*Anishnabés = les Vrais Humains comme s'appellent ceux que l'on a surnommés les «mangeurs d'écorce», c'est-à-dire les Algonquins.
Idem pour les totems ou bien les autres objets d'art. Ils n'étaient jamais signés par l'artiste. Ils appartenaient pleinement à la tribu. D'ailleurs, presque tout le monde y pratiquait une forme d'art ou d'artisanat. Il n'y avait pas de télévision et il fallait bien occuper ses soirées. L'art était au coeur de la vie de tous.
Aujourd'hui, la version anglaise de l'encyclopédie libre Wikipédia présente une page noire pour protester contre les censeurs du Congrès américain qui, sous prétexte de défendre les droits d'auteur, voudraient priver les hommes de l'art, du savoir et de la culture.
L'Internet, c'est le retour de la tribu. Tout appartient à tous. Et, malgré tout, un artiste peut faire plus d'argent qu'il n'en aurait fait sous l'Ancien Régime, juste parce qu'il peut contrôler toutes les étapes de sa production. Les perdants dans cette affaire sont les requins, les censeurs et les parasites de l'Art. Pas les artistes. Et surtout pas les humains.
Tout artiste qui se porte à la défense de la censure de l'Internet pour défendre le soi-disant droit d'auteur me semble beaucoup plus un politicien qu'un artiste. C'est-à-dire, abandonnons ce mot pas gentil, un crosseur.
Ceux qui sont sans passion véritable sont portés de l'avant par les institutions de l'Art. Ils vont recevoir leur prébende et leur per diem pour leurs services offerts à détruire la vie chez tout artiste digne de ce qu'il produit pour le plus grand bien de tous.
La recherche de la gloire est vaine et ne sera jamais le moteur de l'art.
Plus un artiste est couvert de médailles dans ce pays plus on peut douter de la valeur de son oeuvre.
On récompense la fatuité, la futilité, le vide. Parce que ça ne dérange personne. Parce que ça fait plaisir à Jean-Claude ou Jojo. On instrumentalise l'art et on le jette en pâtures aux charognards, aux petits-bourgeois incultes, sinon illettrés et se gaussant de tout connaître pour avoir lu deux ou trois résumés dans le cadre de cours obligatoires.
Le vrai moteur de l'art, c'est la voie du coeur.
Il ne manque pas de sans-coeurs, c'est certain, mais le vide ça ne se compte pas.
Un plus zéro, plus encore zéro, est égal à un.
Tout compte fait l'artiste ne doit pas s'effrayer d'être unique. C'est dans la nature des choses.
Vous voulez vivre en artiste? Fuyez les lieux publics! Fuyez la gloire, le renom, la putasserie!
Vendez vos trucs à vos voisins, puis à des voisins d'Outre-Atlantique s'il le faut.
Faites vos petites affaires tout seul. Envoyez-les tous chier.
Vive l'Internet libre.
Vive l'Art libéré et libérateur!
_____
*Anishnabés = les Vrais Humains comme s'appellent ceux que l'on a surnommés les «mangeurs d'écorce», c'est-à-dire les Algonquins.
mardi 17 janvier 2012
Nouvelles toiles, nouveaux presse-papiers
Je n'ai pas été très loquace ces derniers temps en ce qui a trait à mes productions d'artiste-peintre. Disons seulement que le rouleau roule bien et que je me sens toujours plus à l'aise avec le pinceau. J'ai beaucoup de grandes toiles à vous faire découvrir aussitôt que je trouverai le temps de les prendre en photos. J'ai des scènes d'hiver pas piquées des vers et autres contes picturaux de l'urbanité.
J'ai numérisé trois petites toiles et deux presse-papiers (les deux derniers de la liste ci-contre) juste pour vos yeux. C'est sans titre et c'est malheureusement déjà vendu.
Demain, je reviens à ma chère philosophie aux accents déjantés. Je vous proposerai l'histoire d'un type qui voulait devenir Apollonios de Tyane ou rien.
lundi 16 janvier 2012
Mathilde «The Breast» Bibeau se fait geler le nombril par moins trente-deux
Il faut souffrir pour être belle. Voilà pourquoi Mathilde «The Breast» Bibeau a coutume de souffrir. Surtout l'hiver. Elle se promène par moins trente-deux la tête et le ventre à l'air. Il doit faire bien froid sous son petit boléro et ses petits bottillons fancy. Cela doit souffrir comme ça ne se peut pas.
Quant à moi, le fin finaud, eh bien je ne souffre pas l'hiver. Bien sûr, je fais pas beau avec ma chapka, mes grosses bottes et mon foulard de laine, mais qu'est-ce que je m'en calice.
Je me promène sous le vent froid avec le sourire aux lèvres, songeant déjà au café ou bien au chocolat chaud que je vais m'envoyer par derrière la cravate quand j'aurai terminé mon expédition. J'aborde tout temps difficile comme si j'étais employé par National Geographic. Sauf que je ne suis pas employé. Alors je me fais des reportages dans ma tête, bien protégé du froid sous plusieurs couches de vêtements.
Je ne souffre pas pour être beau, au contraire de cette pauvre Mathilde «The Breast» Bibeau, jeune innocente dans la trentaine qui se croit full hot à se geler le nombril pour attirer je ne sais trop quel regard rempli de stupre ou de stucco.
C'est d'autant plus inutile de se faire voir que l'eau nous pisse des yeux sous ce vent froid et transforme tout de suite en glace ces larmes de plaisirs hivernaux. Ce qui fait qu'on n'y voit rien.
Franchement, Mathilde, on ne t'en demande pas tant. T'as pas besoin de te geler le nombril pour être belle.
Mets-toi une grosse tuque cibouère pis des bottes de skidoo. Tu seras peut-être moins belle mais tu seras surtout moins épaisse. Come on Mathilde. J'ai frette pour toé maudit calice! Habille-toé tabarnak!
Quant à moi, le fin finaud, eh bien je ne souffre pas l'hiver. Bien sûr, je fais pas beau avec ma chapka, mes grosses bottes et mon foulard de laine, mais qu'est-ce que je m'en calice.
Je me promène sous le vent froid avec le sourire aux lèvres, songeant déjà au café ou bien au chocolat chaud que je vais m'envoyer par derrière la cravate quand j'aurai terminé mon expédition. J'aborde tout temps difficile comme si j'étais employé par National Geographic. Sauf que je ne suis pas employé. Alors je me fais des reportages dans ma tête, bien protégé du froid sous plusieurs couches de vêtements.
Je ne souffre pas pour être beau, au contraire de cette pauvre Mathilde «The Breast» Bibeau, jeune innocente dans la trentaine qui se croit full hot à se geler le nombril pour attirer je ne sais trop quel regard rempli de stupre ou de stucco.
C'est d'autant plus inutile de se faire voir que l'eau nous pisse des yeux sous ce vent froid et transforme tout de suite en glace ces larmes de plaisirs hivernaux. Ce qui fait qu'on n'y voit rien.
Franchement, Mathilde, on ne t'en demande pas tant. T'as pas besoin de te geler le nombril pour être belle.
Mets-toi une grosse tuque cibouère pis des bottes de skidoo. Tu seras peut-être moins belle mais tu seras surtout moins épaisse. Come on Mathilde. J'ai frette pour toé maudit calice! Habille-toé tabarnak!
vendredi 13 janvier 2012
Histoire d'un gars qui a réussi sa vie
Il n'y a qu'une seule voie pour vraiment réussir sa vie et c'est la voie du coeur.
Prenons Rico Bournival par exemple. Ce gentil monsieur de cinquante-quatre ans livre de la bière pour le dépanneur du coin avec son tricycle. C'est un bon Jack toujours secourable, toujours disponible pour vous écouter comme si vous étiez la personne la plus importante du monde. Ce n'est pas un faux-nez Rico, ni un patron. Il ne fait jamais semblant de vous sourire et ne demande rien en retour.
Rico Bournival a réussi sa vie.
Rico n'a presque rien, vit dans un logement sordide et change ses souliers seulement quand ils sont un peu plus que troués.
Pourtant, Rico a réussi sa vie parce qu'il s'est détaché de son nombril. Rico est pour les autres l'exemple même d'un vrai humain.
Ce n'est pas le magnat de la finance, Bouvard ou Pécuchet qui ont réussi leur vie, mais Rico Bournival, le gars qui livre de la bière en tricycle, tout simplement parce qu'il a une âme bonne et généreuse.
Ce calice-là s'est affranchi de la matière, de l'égoïsme, bref de son nombril. Tout un chacun l'admire secrètement. Et ils ont bien raison.
Les autres ne voient en lui qu'un idiot qui n'aura jamais de fonds de retraite.
Esclaves de la matière et de l'esprit de lourdeur qui vient avec, ils ne peuvent pas comprendre cet indicible bonheur qui rend Rico Bournival si léger et si gentil avec tout le monde.
Rico ne juge personne.
Il prend les gens comme ils sont et ne cherche jamais de midi à quatorze heures.
Pour ce sacré Rico, tous les humains sont frères et soeurs.
Il ne pratique pas une religion en particulier, sinon la charité corps et âme.
Pour moi, il est l'exemple vivant de la réussite. Quelqu'un qui, en dépit des contingences physiques qui s'imposent à lui, devient un maître même pour ses maîtres. Un maître qui a tout à leur apprendre et qui ne les forcera pas à se soumettre.
Franchement, Rico, tu as réussi ta vie. Oui monsieur.
Prenons Rico Bournival par exemple. Ce gentil monsieur de cinquante-quatre ans livre de la bière pour le dépanneur du coin avec son tricycle. C'est un bon Jack toujours secourable, toujours disponible pour vous écouter comme si vous étiez la personne la plus importante du monde. Ce n'est pas un faux-nez Rico, ni un patron. Il ne fait jamais semblant de vous sourire et ne demande rien en retour.
Rico Bournival a réussi sa vie.
Rico n'a presque rien, vit dans un logement sordide et change ses souliers seulement quand ils sont un peu plus que troués.
Pourtant, Rico a réussi sa vie parce qu'il s'est détaché de son nombril. Rico est pour les autres l'exemple même d'un vrai humain.
Ce n'est pas le magnat de la finance, Bouvard ou Pécuchet qui ont réussi leur vie, mais Rico Bournival, le gars qui livre de la bière en tricycle, tout simplement parce qu'il a une âme bonne et généreuse.
Ce calice-là s'est affranchi de la matière, de l'égoïsme, bref de son nombril. Tout un chacun l'admire secrètement. Et ils ont bien raison.
Les autres ne voient en lui qu'un idiot qui n'aura jamais de fonds de retraite.
Esclaves de la matière et de l'esprit de lourdeur qui vient avec, ils ne peuvent pas comprendre cet indicible bonheur qui rend Rico Bournival si léger et si gentil avec tout le monde.
Rico ne juge personne.
Il prend les gens comme ils sont et ne cherche jamais de midi à quatorze heures.
Pour ce sacré Rico, tous les humains sont frères et soeurs.
Il ne pratique pas une religion en particulier, sinon la charité corps et âme.
Pour moi, il est l'exemple vivant de la réussite. Quelqu'un qui, en dépit des contingences physiques qui s'imposent à lui, devient un maître même pour ses maîtres. Un maître qui a tout à leur apprendre et qui ne les forcera pas à se soumettre.
Franchement, Rico, tu as réussi ta vie. Oui monsieur.
jeudi 12 janvier 2012
Speak White?
Feu mon père était convaincu que les Canadiens anglais mangeaient tous des oeufs brouillés le matin.
-Essaie-toé pas à commander des oeufs miroir, des oeufs tournés ou des oeufs pochés... I' savent juste faire des oeufs brouillés parce qu'i' mangent dans des genres de cafétéria où tout le monde se met en ligne pour commander son déjeuner...
Mon père avait déjeuner en Ontario une seule fois dans sa vie, dans un genre de cafétéria cheap d'Ottawa où l'on ne servait que des scrambled eggs par commodité. Et cette image des Canadiens anglais ne lui décollait plus de la parole chaque fois qu'ils parlaient d'eux.
-Mais Pa, y'a sûrement d'autres restaurants où tu peux commander des oeufs sunny side up... que j'ai dû lui répondre de temps en temps.
La réplique de mon paternel était toujours cinglante:
-J'te l'dis tabarnak! J'y suis allé calice! Pas toé! I' mangent juste des oeufs brouillés le matin sacrament!
***
Un peu plus tard au cours de mes études, on me fait faire des saluts au drapeau et on me rentre dans le crâne que les Canadiens anglais disent toujours Speak White! à tous les Québécois qui s'aventurent sur leur territoire.
La mode a été lancée par la poétesse Michèle Lalonde, en 1970, pendant la «célèbre» Nuit de la poésie. Célèbre parce que tous les étudiants du secondaire et du cégep ont dû l'écouter de force un jour ou l'autre dans un cours de français ou bien de propagande.
Speak White! Ça ne veut rien dire pour un Anglais maudit sacrament! Ce n'est même pas une expression qu'ils utilisent. C'est du vent, même pas de la poésie. Du délire patriotard. Du nationalisme trop ulcéré pour qu'on trouve sain pour l'esprit de s'y abandonner tout à fait. Il y a tout de même des limites à l'anglophobie, pour ne pas dire à la xénophobie.
Les Canadiens anglais ordinaires, au contraire des Québécois, ne se préoccupent pas plus du français que de l'anglais... Ils vivent, tout simplement, comme nous. Ils mangent non seulement des oeufs brouillés, mais aussi des oeufs miroir, des oeufs pochés, etc. Ils paient des taxes, des impôts et en arrachent pour boucler leur budget comme tout le monde. Il y a plus de similitudes entre un Québécois ordinaire et un Canadien-Anglais régulier qu'il n'y en a entre le même Québécois et un riche crosseur bien de chez-nous.
J'ai parlé en français à Vancouver, Prince George, Calgary, Regina, Winnipeg, Thunder Bay et Toronto. On ne m'a jamais dit Speak White ni Speak English. En fait, on ne m'a rien dit. On m'a laissé parler en français comme d'autres parlent l'arabe ou le mandarin. On ne m'a pas regardé de travers. On ne m'a pas demandé What does Quebec want? La plupart du temps je me demande même s'ils savaient où c'était le Québec.
Nous nous croyons plus intéressants que nous ne le sommes en réalité. On pense que les Canadiens anglais se lèvent le matin en maudissant les Québécois et le fait français. Ils mangent tous des oeufs brouillés en se demandant comment ils pourraient nuire aux intérêts du Québec ce matin., etc.
Eh bien le Québec figure rarement dans leurs conversations. Nous parlons beaucoup plus d'eux qui parleraient de nous qu'ils ne parlent vraiment de nous...
***
J'ai mangé des oeufs brouillés ce matin. C'est vrai que ça se fait vite. Tu chauffes la poêle et tu éteins le feu dès qu'elle est chaude. Tu mets une noix de beurre et craque trois cocos que tu brouilles tout simplement dans la poêle. Au bout de deux minutes, tu garoches ça dans ton assiette en ajoutant du sel et du poivre. Ça fait la job. Ce n'est pas un repas gastronomique, bien sûr. Mais il ne faut pas s'attendre à faire de chaque repas un festin digne d'un roi.
Et le poème Speak White? C'est de la calice de marde. La poésie qu'on récite comme une poule qu'on étranglerait, ça me fait gerber. Vive la paix maudit tabarnak! Fuck le racisme des vainqueurs autant que celui des vaincus!
-Essaie-toé pas à commander des oeufs miroir, des oeufs tournés ou des oeufs pochés... I' savent juste faire des oeufs brouillés parce qu'i' mangent dans des genres de cafétéria où tout le monde se met en ligne pour commander son déjeuner...
Mon père avait déjeuner en Ontario une seule fois dans sa vie, dans un genre de cafétéria cheap d'Ottawa où l'on ne servait que des scrambled eggs par commodité. Et cette image des Canadiens anglais ne lui décollait plus de la parole chaque fois qu'ils parlaient d'eux.
-Mais Pa, y'a sûrement d'autres restaurants où tu peux commander des oeufs sunny side up... que j'ai dû lui répondre de temps en temps.
La réplique de mon paternel était toujours cinglante:
-J'te l'dis tabarnak! J'y suis allé calice! Pas toé! I' mangent juste des oeufs brouillés le matin sacrament!
***
Un peu plus tard au cours de mes études, on me fait faire des saluts au drapeau et on me rentre dans le crâne que les Canadiens anglais disent toujours Speak White! à tous les Québécois qui s'aventurent sur leur territoire.
La mode a été lancée par la poétesse Michèle Lalonde, en 1970, pendant la «célèbre» Nuit de la poésie. Célèbre parce que tous les étudiants du secondaire et du cégep ont dû l'écouter de force un jour ou l'autre dans un cours de français ou bien de propagande.
Speak White! Ça ne veut rien dire pour un Anglais maudit sacrament! Ce n'est même pas une expression qu'ils utilisent. C'est du vent, même pas de la poésie. Du délire patriotard. Du nationalisme trop ulcéré pour qu'on trouve sain pour l'esprit de s'y abandonner tout à fait. Il y a tout de même des limites à l'anglophobie, pour ne pas dire à la xénophobie.
Les Canadiens anglais ordinaires, au contraire des Québécois, ne se préoccupent pas plus du français que de l'anglais... Ils vivent, tout simplement, comme nous. Ils mangent non seulement des oeufs brouillés, mais aussi des oeufs miroir, des oeufs pochés, etc. Ils paient des taxes, des impôts et en arrachent pour boucler leur budget comme tout le monde. Il y a plus de similitudes entre un Québécois ordinaire et un Canadien-Anglais régulier qu'il n'y en a entre le même Québécois et un riche crosseur bien de chez-nous.
J'ai parlé en français à Vancouver, Prince George, Calgary, Regina, Winnipeg, Thunder Bay et Toronto. On ne m'a jamais dit Speak White ni Speak English. En fait, on ne m'a rien dit. On m'a laissé parler en français comme d'autres parlent l'arabe ou le mandarin. On ne m'a pas regardé de travers. On ne m'a pas demandé What does Quebec want? La plupart du temps je me demande même s'ils savaient où c'était le Québec.
Nous nous croyons plus intéressants que nous ne le sommes en réalité. On pense que les Canadiens anglais se lèvent le matin en maudissant les Québécois et le fait français. Ils mangent tous des oeufs brouillés en se demandant comment ils pourraient nuire aux intérêts du Québec ce matin., etc.
Eh bien le Québec figure rarement dans leurs conversations. Nous parlons beaucoup plus d'eux qui parleraient de nous qu'ils ne parlent vraiment de nous...
***
J'ai mangé des oeufs brouillés ce matin. C'est vrai que ça se fait vite. Tu chauffes la poêle et tu éteins le feu dès qu'elle est chaude. Tu mets une noix de beurre et craque trois cocos que tu brouilles tout simplement dans la poêle. Au bout de deux minutes, tu garoches ça dans ton assiette en ajoutant du sel et du poivre. Ça fait la job. Ce n'est pas un repas gastronomique, bien sûr. Mais il ne faut pas s'attendre à faire de chaque repas un festin digne d'un roi.
Et le poème Speak White? C'est de la calice de marde. La poésie qu'on récite comme une poule qu'on étranglerait, ça me fait gerber. Vive la paix maudit tabarnak! Fuck le racisme des vainqueurs autant que celui des vaincus!
mercredi 11 janvier 2012
Raoul-la-Braoule
Raoul a lu tout ce qui peut se lire à propos des arcanes et des forces occultes de l'univers tant physique que métaphysique.
Il en a retenu quelques leçons comme l'on retient les ingrédients sur les boîtes de céréales.
1) C'est toujours du pareil au même.
2) Ce qui est ne peut pas ne pas être.
3) Dieu existe, moi aussi, et ce n'est pas une raison pour se faire chier.
Après avoir assimilé la troisième proposition, Raoul cessa de lire des grimoires.
Il s'est mis à suivre des leçons de guitare électrique et a même fondé un groupe qui s'appelait «Yapodproblème», groupe-culte pour ses voisins et amis, groupe minable pour les autres.
Ensuite Raoul a vieilli. Et il s'est mis à lire des bandes dessinées.
Il est livreur d'eau de source, exploité par une grosse compagnie qui tient par les gosses ses anciens employés qui, comme Raoul, ont dû investir dans leur job et devenir sous-traitants pour survivre.
Il a de grosses moustaches en formes de poignées de bicyclette ainsi qu'un bouton permanent sur le front.
Quand Raoul pèse sur son bouton, c'est comme s'il se réinitialisait.
Enfin, l'essentiel c'est qu'il parle rarement de Dieu, des arcanes et des forces occultes de l'univers.
Raoul se consacre désormais à livrer son eau de source le plus vite qu'il peut pour revenir à ses chers loisirs.
J'oubliais de vous dire qu'on le surnomme Raoul-la-Braoule. Je trouve ça péjoratif. On devrait se contenter de l'appeler Raoul. Enfin, c'est ce que je pense.
Il en a retenu quelques leçons comme l'on retient les ingrédients sur les boîtes de céréales.
1) C'est toujours du pareil au même.
2) Ce qui est ne peut pas ne pas être.
3) Dieu existe, moi aussi, et ce n'est pas une raison pour se faire chier.
Après avoir assimilé la troisième proposition, Raoul cessa de lire des grimoires.
Il s'est mis à suivre des leçons de guitare électrique et a même fondé un groupe qui s'appelait «Yapodproblème», groupe-culte pour ses voisins et amis, groupe minable pour les autres.
Ensuite Raoul a vieilli. Et il s'est mis à lire des bandes dessinées.
Il est livreur d'eau de source, exploité par une grosse compagnie qui tient par les gosses ses anciens employés qui, comme Raoul, ont dû investir dans leur job et devenir sous-traitants pour survivre.
Il a de grosses moustaches en formes de poignées de bicyclette ainsi qu'un bouton permanent sur le front.
Quand Raoul pèse sur son bouton, c'est comme s'il se réinitialisait.
Enfin, l'essentiel c'est qu'il parle rarement de Dieu, des arcanes et des forces occultes de l'univers.
Raoul se consacre désormais à livrer son eau de source le plus vite qu'il peut pour revenir à ses chers loisirs.
J'oubliais de vous dire qu'on le surnomme Raoul-la-Braoule. Je trouve ça péjoratif. On devrait se contenter de l'appeler Raoul. Enfin, c'est ce que je pense.
mardi 10 janvier 2012
Han! Han! comme dans un roman de Stephen King
-Han! Han!
Je scrutais l'aube pour savoir d'où provenait ce chant de volatile. Les arbres dénudés et les corniches des maisons semblaient pourtant inhabitées.
-Han! Han!
Ma blonde est sortie de la maison comme je finissais de déneiger le char. Elle l'entendait aussi. Et elle le trouva ce drôle d'oiseau.
C'était un faucon.
Un faucon qui poussait son cri matinal juché au sommet de la croix qui trône au sommet de la tour droite de l'église St-***.
-Han! Han!
-On se croirait dans un film de Stephen King, ajouta ma blonde après m'avoir désigné le faucon au sommet de la croix.
L'église devrait tomber bientôt sous les pics des démolisseurs. Enfin, c'est ce qu'on nous dit depuis deux ou trois ans. Peut-être que le faucon veille sur elle. À moins qu'il ne veille seulement sur ses proies. Le lieu se prête à ça. L'église n'a plus d'escaliers. La moitié de ses vitres sont brisées et remplacées par des panneaux de bois contreplaqué. C'est infesté de souris et de pigeons. Enfin, presque...
Un thaumaturge s'est installé juste devant l'église. Je vous ai déjà raconté ce récit. Mais avouez que ça jure dans le décor, une église sur le point d'être démolie, un faucon sur une croix et un type qui annonce aux gens sur un panneau mauve et bleu qu'il peut guérir tout un chacun de l'arthrite, des rhumatismes et autres scrofules.
Il impose ses mains et hop! guérison garantie et argent jamais remis. Il vous guérit des pieds à la tête et vous masse la bastringue pour cinq piastres.
Chasse un crosseur et il revient au galop.
Ce n'est pas ma morale de l'histoire. Ce n'est même pas une morale. Et encore moins une histoire.
Seulement une sensation, mettant en vedette votre humble serviteur ainsi que ma blonde qui trouve toujours tout ce que je ne réussis jamais à trouver.
lundi 9 janvier 2012
La vraie histoire du bonheur de Varlope Laforêt
Il ne sert à rien de philosopher longtemps si c'est pour se rendre malheureux. Il faut bien sûr faire l'inventaire de ses tristesses de temps à autres. Mais vivre sous le joug perpétuel de malheurs passés, imaginaires ou bien à venir? Jamais! D'un malheur à l'autre le temps est rempli d'un long ennui qu'on peut facilement combler avec des états de grâce si l'on sait se pardonner de ne pas être plus-que-parfait.
Quelqu'un vous dit d'aller chier, par exemple. Cela prend trois secondes de trop dans votre vie, sans doute. Mais les secondes et les minutes et même les jours qui suivent sont à vous.
Varlope Laforêt mettait son breaker à off pour réussir le pari philosophique de vivre heureux avec le sourire aux lèvres et l'oeil pétillant de vivacité d'esprit. Il les oubliait facilement, ces trois secondes désagréables. Il ne se consacrait qu'à vivre un plein bonheur.
Il s'appelait Varlope parce que ses amis étaient impressionnés par la grosse varlope qu'il avait héritée de son arrière-grand-père Mathurin Lafourche, cousin de son arrière-grand-mère Mathilda Laforêt.
Lafourche était ébéniste. Varlope Laforêt n'était rien.
Il passait son temps à ne rien faire, à contempler les nuages ou bien à lire des livres.
On ne savait pas qu'il faisait du télétravail pour une quelconque compagnie de savon. Mais bon, on ne retenait de lui que ce que l'on voyait. Et ce que l'on voyait c'était Varlope Laforêt toujours étendu dans son gros hamac avec une petite bière frette à portée de main. Ça sentait la claque brûlée autour de lui, évidemment. Il fumait des pelures de bananes.
Le grand slim trentenaire à Varlope Laforêt rêvait à voix haute en récitant sur sa galerie des poèmes qu'il improvisait gratuitement devant ses voisins médusés par son attitude trop débonnaire.
-La vie est belle en tirledidondaine! Tirledidondé! qu'il récitait le plus sérieusement du monde, Varlope Laforêt.
La grande majorité de ses voisins avaient l'air triste, déprimé, défait, contrit, tragique, nauséeux, etc.
Mais pas Varlope Laforêt.
Ce calice-là était toujours de bonne humeur.
Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas revu Varlope. Ça fait un crisse de boutte.
La dernière fois qu'on l'a vu c'était en avril quatre-vingt-seize.
Je me souviens qu'il disait qu'il étranglerait quiconque voudrait le faire travailler.
Puis Varlope est disparu dans la brume.
Certains prétendent l'avoir vu à Québec.
D'autres à La Tuque.
En ce qui me concerne, je n'en sais rien du tout.
Pas plus que je ne sais quoi que ce soit aux leçons de bonne heure.
Il est 6:41 sur mon écran et tout ce que je trouve à raconter c'est l'histoire d'un gars qui est disparu dans la brume. Varlope alias Archie Laforêt. Oui, il s'appelait Archie, vrai comme je suis là.
Enfin, presque là.
Quelqu'un vous dit d'aller chier, par exemple. Cela prend trois secondes de trop dans votre vie, sans doute. Mais les secondes et les minutes et même les jours qui suivent sont à vous.
Varlope Laforêt mettait son breaker à off pour réussir le pari philosophique de vivre heureux avec le sourire aux lèvres et l'oeil pétillant de vivacité d'esprit. Il les oubliait facilement, ces trois secondes désagréables. Il ne se consacrait qu'à vivre un plein bonheur.
Il s'appelait Varlope parce que ses amis étaient impressionnés par la grosse varlope qu'il avait héritée de son arrière-grand-père Mathurin Lafourche, cousin de son arrière-grand-mère Mathilda Laforêt.
Lafourche était ébéniste. Varlope Laforêt n'était rien.
Il passait son temps à ne rien faire, à contempler les nuages ou bien à lire des livres.
On ne savait pas qu'il faisait du télétravail pour une quelconque compagnie de savon. Mais bon, on ne retenait de lui que ce que l'on voyait. Et ce que l'on voyait c'était Varlope Laforêt toujours étendu dans son gros hamac avec une petite bière frette à portée de main. Ça sentait la claque brûlée autour de lui, évidemment. Il fumait des pelures de bananes.
Le grand slim trentenaire à Varlope Laforêt rêvait à voix haute en récitant sur sa galerie des poèmes qu'il improvisait gratuitement devant ses voisins médusés par son attitude trop débonnaire.
-La vie est belle en tirledidondaine! Tirledidondé! qu'il récitait le plus sérieusement du monde, Varlope Laforêt.
La grande majorité de ses voisins avaient l'air triste, déprimé, défait, contrit, tragique, nauséeux, etc.
Mais pas Varlope Laforêt.
Ce calice-là était toujours de bonne humeur.
Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas revu Varlope. Ça fait un crisse de boutte.
La dernière fois qu'on l'a vu c'était en avril quatre-vingt-seize.
Je me souviens qu'il disait qu'il étranglerait quiconque voudrait le faire travailler.
Puis Varlope est disparu dans la brume.
Certains prétendent l'avoir vu à Québec.
D'autres à La Tuque.
En ce qui me concerne, je n'en sais rien du tout.
Pas plus que je ne sais quoi que ce soit aux leçons de bonne heure.
Il est 6:41 sur mon écran et tout ce que je trouve à raconter c'est l'histoire d'un gars qui est disparu dans la brume. Varlope alias Archie Laforêt. Oui, il s'appelait Archie, vrai comme je suis là.
Enfin, presque là.
vendredi 6 janvier 2012
Le temps des mutants
Louis-Philippe et Hermine étaient presque centenaires. Ils vivaient cachés dans une caverne difficilement accessible, sans implants télépathiques.
Il y en avait de moins en moins des singes comme eux, des humains au naturel, depuis l'arrivée de ces hordes de nouveaux hommes génétiquement modifiés. En fait, il ne restait plus qu'eux. Ils se surnommaient entre eux Adam et Ève, probablement des divinités antiques du temps des humains d'avant la Grande Extermination.
Les mutants se prenaient pour des dieux face aux hommes qu'ils tenaient pour inférieurs. Ils pourchassaient les derniers homo sapiens du paysage par les moyens les plus vils, dont ceux offerts par la science, l'une des branches de la magie noire.
Le mage en chef de ces troupes de mutants était fêlé de la tête. Martak, comme il s'appelait, croyait en la supériorité de leur race sur la nôtre, misérables humains, qui n'avaient pas, par exemple, ce gène de la salamandre qui fait repousser les bras amputés et autres super-pouvoirs.
Elle n'était pas belle à voir, la civilisation des mutants du temps de Martak. C'était un monde policé à la cellule près. Les mutants ne s'intéressaient qu'à l'amélioration de leur génétique et y consacraient tout leur temps, laissant aux plus jeunes le soin de traquer les derniers humains pour s'amuser.
Martak était déifié comme le roi des rois, le soleil des mondes, le centre du cosmos.
Et on ne s'adonnait qu'à la chorégraphie et aux parades militaires dans ce monde de mutants dotés du nec plus ultra des gènes du monde animal. Pourquoi? L'histoire est une branche d'un grand savoir perdu que nous, pauvres humains, descendants de Louis-Philippe et Hermine, devons retrouver.
Nous savons que les mutants sont tous morts à la suite d'une épidémie mystérieuse. Ils mourraient dans leurs vomissures en se tordant de douleur selon le Codex Louis-Philippe et Hermine. On n'en sait trop plus. Sinon que tous les mutants disparurent de la surface de la Terre.
Cela se passait il y a vingt-cinq mille ans. Peut-être plus loin encore.
On ne sait pas comment distinguer la réalité de la légende. Le Codex LPH rapporte que les humains avaient développés une technologie dite des implants télépathiques, mais c'est dur à croire provenant d'hommes des cavernes. D'autant plus que nous n'avons pas encore trouvé quoi que ce soit de ce genre dans les artéfacts de nos musées.
Les mutants ont-ils vraiment existé? Peut-on se fier au Codex LPH?
Y'a-t-il eu des civilisations humaines technologiquement avancées avant Louis-Philippe et Hermine ou bien ne sont-ce que des bobards?
L'étude de l'histoire suscite de grands questionnements.
Je suis bien sûr ravi de l'honneur que me fait le département d'études anciennes de l'Universitas en m'accordant ce privilège de vous présenter cette préface au Codex LPH.
La lecture du Codex est difficile, certes, et il est nécessaire de lire les commentaires en exergue du texte pour comprendre quelque chose.
Cependant, c'est tout ce qu'il nous reste. C'est le Livre Un de l'histoire des hommes. Un incontournable pour tout homme qui habite sur la Planète Bleue.
Bonne lecture!
Sa Majesté Choubert Lambertin
Professeur émérite au département d'études anciennes de l'Universitas
Trois-Rivières, le 6 de Temps-Froid de l'an de grâce 25 004
Il y en avait de moins en moins des singes comme eux, des humains au naturel, depuis l'arrivée de ces hordes de nouveaux hommes génétiquement modifiés. En fait, il ne restait plus qu'eux. Ils se surnommaient entre eux Adam et Ève, probablement des divinités antiques du temps des humains d'avant la Grande Extermination.
Les mutants se prenaient pour des dieux face aux hommes qu'ils tenaient pour inférieurs. Ils pourchassaient les derniers homo sapiens du paysage par les moyens les plus vils, dont ceux offerts par la science, l'une des branches de la magie noire.
Le mage en chef de ces troupes de mutants était fêlé de la tête. Martak, comme il s'appelait, croyait en la supériorité de leur race sur la nôtre, misérables humains, qui n'avaient pas, par exemple, ce gène de la salamandre qui fait repousser les bras amputés et autres super-pouvoirs.
Elle n'était pas belle à voir, la civilisation des mutants du temps de Martak. C'était un monde policé à la cellule près. Les mutants ne s'intéressaient qu'à l'amélioration de leur génétique et y consacraient tout leur temps, laissant aux plus jeunes le soin de traquer les derniers humains pour s'amuser.
Martak était déifié comme le roi des rois, le soleil des mondes, le centre du cosmos.
Et on ne s'adonnait qu'à la chorégraphie et aux parades militaires dans ce monde de mutants dotés du nec plus ultra des gènes du monde animal. Pourquoi? L'histoire est une branche d'un grand savoir perdu que nous, pauvres humains, descendants de Louis-Philippe et Hermine, devons retrouver.
Nous savons que les mutants sont tous morts à la suite d'une épidémie mystérieuse. Ils mourraient dans leurs vomissures en se tordant de douleur selon le Codex Louis-Philippe et Hermine. On n'en sait trop plus. Sinon que tous les mutants disparurent de la surface de la Terre.
Cela se passait il y a vingt-cinq mille ans. Peut-être plus loin encore.
On ne sait pas comment distinguer la réalité de la légende. Le Codex LPH rapporte que les humains avaient développés une technologie dite des implants télépathiques, mais c'est dur à croire provenant d'hommes des cavernes. D'autant plus que nous n'avons pas encore trouvé quoi que ce soit de ce genre dans les artéfacts de nos musées.
Les mutants ont-ils vraiment existé? Peut-on se fier au Codex LPH?
Y'a-t-il eu des civilisations humaines technologiquement avancées avant Louis-Philippe et Hermine ou bien ne sont-ce que des bobards?
L'étude de l'histoire suscite de grands questionnements.
Je suis bien sûr ravi de l'honneur que me fait le département d'études anciennes de l'Universitas en m'accordant ce privilège de vous présenter cette préface au Codex LPH.
La lecture du Codex est difficile, certes, et il est nécessaire de lire les commentaires en exergue du texte pour comprendre quelque chose.
Cependant, c'est tout ce qu'il nous reste. C'est le Livre Un de l'histoire des hommes. Un incontournable pour tout homme qui habite sur la Planète Bleue.
Bonne lecture!
Sa Majesté Choubert Lambertin
Professeur émérite au département d'études anciennes de l'Universitas
Trois-Rivières, le 6 de Temps-Froid de l'an de grâce 25 004
jeudi 5 janvier 2012
Hervé Léchassier, king de Radio Matante CKRR 176,4 FM
Hervé Léchassier se démarque par son air de gigolo cheap. Il a toujours cette barbe de trois jours fraîchement rasée et ce regard de séducteur ringard.
Cela fait flipper les matantes qui achètent de la publicité à la radio. Ce qui fait de lui l'animateur régulier de cette station poche qui diffuse essentiellement de la musique des années '80. C'est dire son niveau de déliquescence. Les années '60, et même les '70, c'était quelque chose. Il y avait des fleurs. De la poésie. De la spiritualité et des spiritueux. Mais les '80? Surtout celles de Hervé Léchassier... Ouache!
-Et on poursuit en musique avec un merveilleux mélange des succès de l'année 1981... nous raconte Léchassier, au retour d'une pause publicitaire.
Ouais. Chaque torchon trouve sa guenille. Et de la guenille, Hervé Léchassier en trouve en masse.
Ce qui fait qu'il est vraiment le king de Radio Matante CKRR 176,4 FM cet hostie de beignet à Léchassier qui n'a aucun talent pour faire de la radio, hormis sa barbe de trois jours fraîchement rasée et son air de puddle pour représentante de commerce.
Évidemment, le gros Bernard, le boss de CKRR, a conclu des ententes avec la Société de transport, la Ville et les centres commerciaux. Partout, on n'entend que CKRR. Même sur les patinoires publiques. La voix de Hervé Léchassier souffle partout, qu'on le veuille ou non.
Qu'est-ce qu'on en a à foutre de savoir qu'il est un gigolo cheap qui parle du nez derrière un micro, Léchassier, hein?
Rien du tout.
Le gros Bernard et son équipe de vendeurs parcourent la ville pour nous obliger à écouter Hervé Léchassier, un hostie de pas rapport qui zézaye sur les succès des années '80.
-Et encore un autre méga hit des belles années '80...
Évidemment, Léchassier participe à la guignolée tous les ans mais son boss le paie pour ça. Hervé Léchassier ne se fait pas geler pour rien et on n'a pas à lui en vouloir d'être comme ça dans un monde où tout un chacun se croit le guignol de l'autre.
Pour ses entrevues, c'est hilarant comme il se sert des autres comme s'ils n'étaient que des faire-valoir.
Pas moyen de s'intéresser à son interlocuteur. Tout passe par lui et sa petite vie minable de métrosexuel sur la pente déclinante.
L'autre jour, le trèfle interviewait une dame qui revenait d'un voyage au Tibet.
Léchassier ne la laissait pas parler. Il racontait tout ce qu'il avait lu sur le Tibet, dont Tintin au Tibet. En fait, il ne parla que de Tintin au Tibet. Puis jamais on ne sut trop ce que venait faire à la radio la dame qui revenait du vrai Tibet. On passa à des vieux succès des années '80 avec le rire sympathique et séducteur de Léchassier en arrière-fond sonore. Ha! Ha! Ha! Sur un fade-out tout à fait poche tout en bruits de rayons lasers.
Hier, Léchassier interviewait un type qui s'en va dans un quelconque pays du Tiers Monde dans le cadre d'un programme d'aide humanitaire. Le type, un certain Alex, semble dans la vingtaine. Plutôt décrocheur scolaire. Très terre à terre. Il a terminé une thérapie dans une maison pour jeunes toxicomanes. Et il veut découvrir le monde. Aider son prochain. Voilà.
Léchassier s'en calisse, comme d'habitude.
Il fredonne Dancing Queen pendant l'entrevue, fait des bruits de bulles qui éclatent avec sa bouche, siffle Ah les fraises et les framboises, etc.
Puis il reprend le micro.
-Dis-moi Alex, qu'est-ce qui a ponctué ton parcours pour te mener à une si extraordinaire aventure qui forme la jeunesse, n'est-ce pas?
Le pauvre Alex était bouché.
-Ponctué??? Hein???
-Oui, Alex, dis-moi, franchement, de quoi ton parcours a-t-il été PONCTUÉ pour qu'il advienne dans ta vie ce qui vient justement d'advenir, hum?
-Tu veux-tu dire pourquoi j'm'en va's là-bas? murmura le pauvre Alex.
-Oui... Oui... Quelles sont tes motivations, tes enthousiasmes et, en quelque sorte, qu'est-ce qui te PONCTUE à partir, n'est-ce pas, haha!?!
On ne pouvait pas éteindre la radio. Elle jouait dans l'autobus. À la station d'autobus. Au centre d'achats. Au travail. L'entrevue dura plus d'une heure et Léchassier ne parla encore une fois que de lui-même ainsi que de la définition du verbe ponctuer pour le bénéfice de son interlocuteur médusé.
Hervé Léchassier, puddle des matantes et employé fidèle du gros Bernard... Sa grosse face de frachié est collée sur tous les poteaux. On trimbale même une remorque avec une affiche géante du trèfle à Léchassier.
Le gros Bernard se débarrassera de lui comme d'une vieille chaussette quand il sera tanné. Comme il a fait pour Raymond Charmand, Estéban Grenon et Phil Lacourcette.
C'est le seul espoir des infidèles auditeurs de Hervé Léchassier, que le gros Bernard le crisse dehors, lui, sa grosse face et ses vieux succès des années '80.
Il faut être patient. Faire contre mauvaise fortune bon coeur.
Oui, il faut encore écouter Hervé Léchassier, partout, tout le temps.
-Bon matin messieurs et surtout mesdames! Ha! Ha! Ici Hervé Léchassier qui vous accompagnera tout au long de la journée pour vous instruire et vous divertir. Et on poursuit en musique avec Madonnaaaa!
Cela fait flipper les matantes qui achètent de la publicité à la radio. Ce qui fait de lui l'animateur régulier de cette station poche qui diffuse essentiellement de la musique des années '80. C'est dire son niveau de déliquescence. Les années '60, et même les '70, c'était quelque chose. Il y avait des fleurs. De la poésie. De la spiritualité et des spiritueux. Mais les '80? Surtout celles de Hervé Léchassier... Ouache!
-Et on poursuit en musique avec un merveilleux mélange des succès de l'année 1981... nous raconte Léchassier, au retour d'une pause publicitaire.
Ouais. Chaque torchon trouve sa guenille. Et de la guenille, Hervé Léchassier en trouve en masse.
Ce qui fait qu'il est vraiment le king de Radio Matante CKRR 176,4 FM cet hostie de beignet à Léchassier qui n'a aucun talent pour faire de la radio, hormis sa barbe de trois jours fraîchement rasée et son air de puddle pour représentante de commerce.
Évidemment, le gros Bernard, le boss de CKRR, a conclu des ententes avec la Société de transport, la Ville et les centres commerciaux. Partout, on n'entend que CKRR. Même sur les patinoires publiques. La voix de Hervé Léchassier souffle partout, qu'on le veuille ou non.
Qu'est-ce qu'on en a à foutre de savoir qu'il est un gigolo cheap qui parle du nez derrière un micro, Léchassier, hein?
Rien du tout.
Le gros Bernard et son équipe de vendeurs parcourent la ville pour nous obliger à écouter Hervé Léchassier, un hostie de pas rapport qui zézaye sur les succès des années '80.
-Et encore un autre méga hit des belles années '80...
Évidemment, Léchassier participe à la guignolée tous les ans mais son boss le paie pour ça. Hervé Léchassier ne se fait pas geler pour rien et on n'a pas à lui en vouloir d'être comme ça dans un monde où tout un chacun se croit le guignol de l'autre.
Pour ses entrevues, c'est hilarant comme il se sert des autres comme s'ils n'étaient que des faire-valoir.
Pas moyen de s'intéresser à son interlocuteur. Tout passe par lui et sa petite vie minable de métrosexuel sur la pente déclinante.
L'autre jour, le trèfle interviewait une dame qui revenait d'un voyage au Tibet.
Léchassier ne la laissait pas parler. Il racontait tout ce qu'il avait lu sur le Tibet, dont Tintin au Tibet. En fait, il ne parla que de Tintin au Tibet. Puis jamais on ne sut trop ce que venait faire à la radio la dame qui revenait du vrai Tibet. On passa à des vieux succès des années '80 avec le rire sympathique et séducteur de Léchassier en arrière-fond sonore. Ha! Ha! Ha! Sur un fade-out tout à fait poche tout en bruits de rayons lasers.
Hier, Léchassier interviewait un type qui s'en va dans un quelconque pays du Tiers Monde dans le cadre d'un programme d'aide humanitaire. Le type, un certain Alex, semble dans la vingtaine. Plutôt décrocheur scolaire. Très terre à terre. Il a terminé une thérapie dans une maison pour jeunes toxicomanes. Et il veut découvrir le monde. Aider son prochain. Voilà.
Léchassier s'en calisse, comme d'habitude.
Il fredonne Dancing Queen pendant l'entrevue, fait des bruits de bulles qui éclatent avec sa bouche, siffle Ah les fraises et les framboises, etc.
Puis il reprend le micro.
-Dis-moi Alex, qu'est-ce qui a ponctué ton parcours pour te mener à une si extraordinaire aventure qui forme la jeunesse, n'est-ce pas?
Le pauvre Alex était bouché.
-Ponctué??? Hein???
-Oui, Alex, dis-moi, franchement, de quoi ton parcours a-t-il été PONCTUÉ pour qu'il advienne dans ta vie ce qui vient justement d'advenir, hum?
-Tu veux-tu dire pourquoi j'm'en va's là-bas? murmura le pauvre Alex.
-Oui... Oui... Quelles sont tes motivations, tes enthousiasmes et, en quelque sorte, qu'est-ce qui te PONCTUE à partir, n'est-ce pas, haha!?!
On ne pouvait pas éteindre la radio. Elle jouait dans l'autobus. À la station d'autobus. Au centre d'achats. Au travail. L'entrevue dura plus d'une heure et Léchassier ne parla encore une fois que de lui-même ainsi que de la définition du verbe ponctuer pour le bénéfice de son interlocuteur médusé.
Hervé Léchassier, puddle des matantes et employé fidèle du gros Bernard... Sa grosse face de frachié est collée sur tous les poteaux. On trimbale même une remorque avec une affiche géante du trèfle à Léchassier.
Le gros Bernard se débarrassera de lui comme d'une vieille chaussette quand il sera tanné. Comme il a fait pour Raymond Charmand, Estéban Grenon et Phil Lacourcette.
C'est le seul espoir des infidèles auditeurs de Hervé Léchassier, que le gros Bernard le crisse dehors, lui, sa grosse face et ses vieux succès des années '80.
Il faut être patient. Faire contre mauvaise fortune bon coeur.
Oui, il faut encore écouter Hervé Léchassier, partout, tout le temps.
-Bon matin messieurs et surtout mesdames! Ha! Ha! Ici Hervé Léchassier qui vous accompagnera tout au long de la journée pour vous instruire et vous divertir. Et on poursuit en musique avec Madonnaaaa!
mercredi 4 janvier 2012
Ce drôle de pays où Papa a raison
Tout était surréaliste dans ce pays. Les colons faisaient semblant de vivre encore dans les années '50. Ils caressaient encore des symboles monarchiques, des lions, des licornes, des fleurs stylisées ou bien d'autres totems préhistoriques. Ils frémissaient comme des oies à penser que notre monde n'avait pas changé depuis le temps de Papa a raison. Et ils étaient bien seuls, oui bien seuls. C'est l'apathie et l'habitude qui les maintenaient au pouvoir, un ciment fragile qui craquelait autant que les routes de ce drôle de pays.
Pendant ce temps, le pays avait beaucoup changé de sorte qu'il ne restait plus aux colons des Anciens Régimes que deux ou trois gros villages retranchés. On y vivait sur l'illusion que tout cela serait éternel et infrangible. La nation A plus la nation B plus Papa a raison.
Et ça changeait. C'est fou ce que ça changeait. Des villes entières changeaient de rythmes, de rites et de rires. Et pas nécessairement les plus petites.
Le monde était entré dans ce petit monde qui croyait régner pour mille ans alors qu'il tirait vraiment à sa fin.
Une conscience planétaire parcourait le globe. Quelque chose de plus fort que la police. De plus fort que la pensée drabe des fins finauds coloniaux des Anciens Régimes.
Et on allait vivre ça, le voir de notre vivant, l'écroulement de l'Empire, c'est-à-dire la renaissance de ce petit pays surréaliste.
C'était dans l'air. Dans le temps.
Il fallait prévoir l'imprévisible. Et ce n'était pas facile. Non, pas du tout.
Le monde avait changé. Mais pas ce monde-là, enfin pas tout à fait. La politique était en décalage total avec la société civile. C'est ce qui faisait de ce pays-là une caricature de petit pays colonial, en un temps où plus personne n'écoutait Papa a raison. Où tout le monde s'en calissait d'aplomb.
Un jour ou l'autre on allait se rendre compte que tout ce monde-là n'était plus qu'un mythe.
Pendant ce temps, le pays avait beaucoup changé de sorte qu'il ne restait plus aux colons des Anciens Régimes que deux ou trois gros villages retranchés. On y vivait sur l'illusion que tout cela serait éternel et infrangible. La nation A plus la nation B plus Papa a raison.
Et ça changeait. C'est fou ce que ça changeait. Des villes entières changeaient de rythmes, de rites et de rires. Et pas nécessairement les plus petites.
Le monde était entré dans ce petit monde qui croyait régner pour mille ans alors qu'il tirait vraiment à sa fin.
Une conscience planétaire parcourait le globe. Quelque chose de plus fort que la police. De plus fort que la pensée drabe des fins finauds coloniaux des Anciens Régimes.
Et on allait vivre ça, le voir de notre vivant, l'écroulement de l'Empire, c'est-à-dire la renaissance de ce petit pays surréaliste.
C'était dans l'air. Dans le temps.
Il fallait prévoir l'imprévisible. Et ce n'était pas facile. Non, pas du tout.
Le monde avait changé. Mais pas ce monde-là, enfin pas tout à fait. La politique était en décalage total avec la société civile. C'est ce qui faisait de ce pays-là une caricature de petit pays colonial, en un temps où plus personne n'écoutait Papa a raison. Où tout le monde s'en calissait d'aplomb.
Un jour ou l'autre on allait se rendre compte que tout ce monde-là n'était plus qu'un mythe.
mardi 3 janvier 2012
Roméo Malemmanché criait «Vasistas!»
-Vasistas! qu'il criait sans savoir ce que ça voulait dire.
Même moi, cela ne me tente pas de chercher. Et ce gars-là qui criait vasistas à tous vents n'a presque rien à voir avec le sujet de notre étude, chers lecteurs et lectrices. Je ne peux faire autrement que d'entamer l'année avec un conte, aussi décontenançant soit-il.
-Vasistas!
Eh oui, vasistas, c'est bien ce qu'il criait Roméo Malemmanché, le voisin de Berthe Petitkwé, l'héroïne de ce conte qui tarde à débuter.
Roméo Malemmanché, il faut le dire tout de suite, est le genre de gars qui ne se mêlait pas de ses affaires. Il s'emmêlait dans celle des autres. Et il racontait tout ce qu'il voyait, tout. Ce qui fait qu'il était une source d'inspiration occulte pour les écrivains en panne d'inspiration.
Roméo n'écoutait que des cassettes. Toujours les mêmes. Et non, il n'était pas chauve. Il était même plutôt poilu. D'où son surnom, Babouin. Ces prénom et patronyme étaient plus drôles. Roméo Malemmanché ça fessait plus que Babouin. Ce qui fait que tout le monde l'appellait Roméo Malemmanché, un gars dans la soixantaine, poilu comme un singe, en effet.
Comme il ne se lavait pas souvent, on voyait toujours les restes des repas de sa semaine sur la pelure de son poitrail pas très musclé. C'est qu'il était maigre comme un cure-dent, Roméo. Il n'y avait de la place que pour le poil, et encore. Évidemment, Roméo Malemmanché mangeait des croustilles Sans-nom parce qu'elles étaient beaucoup moins chères. Et il n'écoutait que toujours les mêmes cassettes, bien sûr, comme cette compilation de CCR ou bien Paul Piché.
-Vasistas! savez-vous ce qui est arrivé à Berthe Petitkwé? qu'il vint nous dire à moi et à un autre l'autre jour que je ne me souviens même plus. (Était-ce mardi?)
Nous ne savions pas ce qui lui était arrivé. En fait nous ne savions même pas qui c'était cette madame, sinon qu'elle était Autochtone, probablement de langue algique.
-Elle est tombée en bas de l'escalier, poursuivit Roméo Malemmanché.
-Et après? qu'on lui demanda, pour que cette histoire aboutisse à quelque chose.
-Vasistas! Elle s'est relevée tout de suite pis elle a continué de pelleter comme si rien n'était arrivé! J'ai mon hostie d'voyage. Est faite forte la mère! Arf! Arf! Arf! ricana Roméo en dégageant ces poils de sourcils épais qui camouflaient ses yeux et l'empêchait de nous communiquer ce clin d'oeil.
-C'est tout?
-Vasistas! Oui! Je ne la connais même pas. Elle doit être dans la soixantaine, Berthe Petitkwé, parce qu'on la voit toujours au supermarché le vendredi des chèques de pension. Est pas grande. Elle rit tout le temps même quand i' mouille. Arf! Arf!
Nous laissâmes Roméo Malemmanché, ce babouin, à d'autres divagations.
Soudainement, au détour d'une rue, nous tombâmes sur Berthe Petitkwé.
Elle ne souriait pas du tout. Elle était même en colère et brandissait son poing en l'air.
-Ne croyez pas tout ce que dit Roméo Malemmanché! Son jour viendra!
Elle avait les yeux hallucinés. Comme si elle était en transe. Puis elle disparut. Si! Si! Elle disparut. Pff! Comme par enchantement. Une vision. Un spectre astral. Oua! On se demandait ce qu'on avait bu.
On oublia tout ça. L'autre aussi.
Comme je revenais à la maison, voilà que je croise Roméo Malemmanché. Je lui explique notre vision, Berthe Petitkwé qui nous dit qu'il est un menteur et que son jour viendra.
-Vasistas! De quoi tu parles? Qui ça Berthe Petitkwé? Connais pas. Jamais entendu ce nom-là... Vasistas! qu'est-cé qu'vous avez pris?
Nous sûmes plus tard que Roméo Malemmanché n'existait pas plus que l'autre, Berthe Petitkwé ou bien le Père Noël.
J'ai l'air du gars qui s'est mêlé dans ses notes, c'est certain.
Pourtant, le soir, quand c'est la pleine lune et même quand ça ne l'est pas, eh bien on entend une voix, un souffle, une mauvaise haleine qui ne trompe pas.
-Vasistasssss! Vasistasssssssssss!
Alors on sait, oui on sait que Roméo Malemmanché est cette créature de l'ombre qui se manifeste aux vivants. tout comme Berthe Petitkwé. Des fantômes, oui. Ce sont des fantômes. Et je ne dis même pas ça pour vous faire peur. Parce qu'il n'y a pas à les craindre. Ils sont gentils. Enfin presque gentils. Mais surtout surnaturels. Oui. Surnaturels.
Vasistas.
Même moi, cela ne me tente pas de chercher. Et ce gars-là qui criait vasistas à tous vents n'a presque rien à voir avec le sujet de notre étude, chers lecteurs et lectrices. Je ne peux faire autrement que d'entamer l'année avec un conte, aussi décontenançant soit-il.
-Vasistas!
Eh oui, vasistas, c'est bien ce qu'il criait Roméo Malemmanché, le voisin de Berthe Petitkwé, l'héroïne de ce conte qui tarde à débuter.
Roméo Malemmanché, il faut le dire tout de suite, est le genre de gars qui ne se mêlait pas de ses affaires. Il s'emmêlait dans celle des autres. Et il racontait tout ce qu'il voyait, tout. Ce qui fait qu'il était une source d'inspiration occulte pour les écrivains en panne d'inspiration.
Roméo n'écoutait que des cassettes. Toujours les mêmes. Et non, il n'était pas chauve. Il était même plutôt poilu. D'où son surnom, Babouin. Ces prénom et patronyme étaient plus drôles. Roméo Malemmanché ça fessait plus que Babouin. Ce qui fait que tout le monde l'appellait Roméo Malemmanché, un gars dans la soixantaine, poilu comme un singe, en effet.
Comme il ne se lavait pas souvent, on voyait toujours les restes des repas de sa semaine sur la pelure de son poitrail pas très musclé. C'est qu'il était maigre comme un cure-dent, Roméo. Il n'y avait de la place que pour le poil, et encore. Évidemment, Roméo Malemmanché mangeait des croustilles Sans-nom parce qu'elles étaient beaucoup moins chères. Et il n'écoutait que toujours les mêmes cassettes, bien sûr, comme cette compilation de CCR ou bien Paul Piché.
-Vasistas! savez-vous ce qui est arrivé à Berthe Petitkwé? qu'il vint nous dire à moi et à un autre l'autre jour que je ne me souviens même plus. (Était-ce mardi?)
Nous ne savions pas ce qui lui était arrivé. En fait nous ne savions même pas qui c'était cette madame, sinon qu'elle était Autochtone, probablement de langue algique.
-Elle est tombée en bas de l'escalier, poursuivit Roméo Malemmanché.
-Et après? qu'on lui demanda, pour que cette histoire aboutisse à quelque chose.
-Vasistas! Elle s'est relevée tout de suite pis elle a continué de pelleter comme si rien n'était arrivé! J'ai mon hostie d'voyage. Est faite forte la mère! Arf! Arf! Arf! ricana Roméo en dégageant ces poils de sourcils épais qui camouflaient ses yeux et l'empêchait de nous communiquer ce clin d'oeil.
-C'est tout?
-Vasistas! Oui! Je ne la connais même pas. Elle doit être dans la soixantaine, Berthe Petitkwé, parce qu'on la voit toujours au supermarché le vendredi des chèques de pension. Est pas grande. Elle rit tout le temps même quand i' mouille. Arf! Arf!
Nous laissâmes Roméo Malemmanché, ce babouin, à d'autres divagations.
Soudainement, au détour d'une rue, nous tombâmes sur Berthe Petitkwé.
Elle ne souriait pas du tout. Elle était même en colère et brandissait son poing en l'air.
-Ne croyez pas tout ce que dit Roméo Malemmanché! Son jour viendra!
Elle avait les yeux hallucinés. Comme si elle était en transe. Puis elle disparut. Si! Si! Elle disparut. Pff! Comme par enchantement. Une vision. Un spectre astral. Oua! On se demandait ce qu'on avait bu.
On oublia tout ça. L'autre aussi.
Comme je revenais à la maison, voilà que je croise Roméo Malemmanché. Je lui explique notre vision, Berthe Petitkwé qui nous dit qu'il est un menteur et que son jour viendra.
-Vasistas! De quoi tu parles? Qui ça Berthe Petitkwé? Connais pas. Jamais entendu ce nom-là... Vasistas! qu'est-cé qu'vous avez pris?
Nous sûmes plus tard que Roméo Malemmanché n'existait pas plus que l'autre, Berthe Petitkwé ou bien le Père Noël.
J'ai l'air du gars qui s'est mêlé dans ses notes, c'est certain.
Pourtant, le soir, quand c'est la pleine lune et même quand ça ne l'est pas, eh bien on entend une voix, un souffle, une mauvaise haleine qui ne trompe pas.
-Vasistasssss! Vasistasssssssssss!
Alors on sait, oui on sait que Roméo Malemmanché est cette créature de l'ombre qui se manifeste aux vivants. tout comme Berthe Petitkwé. Des fantômes, oui. Ce sont des fantômes. Et je ne dis même pas ça pour vous faire peur. Parce qu'il n'y a pas à les craindre. Ils sont gentils. Enfin presque gentils. Mais surtout surnaturels. Oui. Surnaturels.
Vasistas.
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