Il faut regarder en soi-même pour peindre des personnages. Il en va peut-être ainsi pour les paysages, je ne sais trop. Mais je sais que je regarde en moi-même quand je m'applique à peindre un visage. J'adopte même l'expression que je peins ou bien que je dessine. Je dessine un sourire: je souris. Je peins la colère: je rage. Et ainsi de suite. Je deviens ce que je tente de reproduire par le biais de mes crayons et de mes pinceaux.
La reproduction ci-contre, à gauche, s'intitule «La brassée de blanc». Il s'agit d'un tableau de grand format, deux pieds et six pouces de largeur par trois pieds et quelques de hauteur. On y voit toute une galerie de personnages que l'on peut rencontrer dans les rues du quartier Sainte-Cécile, à Twois-Wivièwes, puisque je m'inspire de la réalité urbaine, que voulez-vous.
Je prépare aussi une autre grande toile de même format, une fresque de personnages sur une plage de la Mauricie avec des hot-dogs à cinquante cents. Elle est reproduite ici, avec les imperfections inhérentes à toute oeuvre en cours d'exécution. Cela vous permet de croire que je travaille avec mes pinceaux, sans faire de croquis, à vif sur la toile. C'est beaucoup plus inspirant. Je mène mon corps à corps avec les couleurs tous les jours du printemps, à me déformer mes yeux de daltonien.
Finalement, j'ai reproduit ici mon tableau intitulé «Le concours de tango» qui ne fait pas partie de ma liste sur Picasa. J'en ai oublié plusieurs. Je suis un peu brouillon et produis plus vite que l'ordinateur n'est capable d'en supporter...
Voilà pour les images. Comme vous avez été sages, je me permets d'ajouter du son. Du son qui va très bien avec mes images...
jeudi 30 avril 2009
mercredi 29 avril 2009
Quand ça m'ennuie, je manque d'attention (Leloup)
Denis Lévesque recevait Jean Leloup, hier, sur les ondes de LCN.
D'abord, je tiens à préciser que je suis un fan de Jean Leloup. Pour les mêmes raisons qui font que j'en suis un de Plume Latraverse.
Ces deux-là sont un peu plus que des artistes à la petite semaine. Ils n'ont jamais fait du sur-place. Ils ont exploré leur guitare et peaufiné leurs textes pour produire de vrais petits bijous qui leur survivront encore longtemps, grippe porcine ou pas.
Ce sont nos meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes. Et je pèse mes mots.
Bien sûr il y a Ferland et Charlebois. Et va pour feu Félix, feue La Bolduc et Paul Brunelle, qui vit toujours et que j'écoute tous les dimanches ou presque dans mon atelier, sur mon vieux magnétophone déglingué ou bien sur ma vieille table tournante cheap en plastique de marque Sears. Et Boule Noire, hein? Dubois? Pagliaro? Rivard? Fiori? Bien sûr. Bien sûr.
Bon, je disais quoi déjà? Ah oui! Denis Lévesque recevait Jean Leloup, hier.
Et putain que c'était une bonne entrevue.
Leloup disait à peu près ceci: «On disait que j'avais un problème de manque d'attention. C'est vrai. Quand ça m'ennuie, je manque d'attention.» À peu près cela. Je suis trop paresseux pour re-visionner l'entrevue. Je suis un fan de Leloup, mais pas un fan des entrevues. De la musique avant toute choses. Vous la trouverez bien quelque part, cette entrevue: LCN, hier, Denis Lévesque, John The Wolf, des mots clés à taper sur Google. N'importe quel singe saurait faire ça.
Ouais, je vais demeurer un fan de Jean Leloup et de Plume Latraverse, de Willie Lamothe, Steve Hill, Les Malléchés, Offenbach, Corbeau et tous ceux que j'oublie involontairement. Allez sur Google ou sur YouTube. Tapez-moi tous ces noms. Et ça va vous tomber dessus facilement. On trouve tout sur le ouèbe, c'est connu.
mardi 28 avril 2009
Je suis le meilleur
Non! Non! Non! Je ne parlerai pas de moi ce matin. Pas du tout.
Pas question d'employer la première personne du singulier, comme dans «je» suis beau.
Tout le monde parle tout le temps de son ego, comme s'il détenait quelque chose de plus précieux que son voisin. C'est lamentable.
Non! Je ne parlerai plus à la première personne du singulier, comme dans «je» suis le meilleur.
Le narcissisme est tellement dans l'air du temps qu'il faut nécessairement faire preuve de fatuité que de toujours s'en remettre au je, comme dans «je» m'épate.
Oui, je frise naturel.
Oui, j'écris bien.
Je sais tout ça mais je ne ferai pas comme tous ces journalistes à la petite minute qui ne font que donner leur opinion qui ne vaut pas mieux que la mienne, ce qui me déçoit parfaitement.
Je savais que mes opinions ne valaient rien. Je m'attendais à ce que les leurs valent quelque chose. Déçu, je suis déçu de tous les je.
Bon, je vais finir ça en beauté.
Je suis libre.
lundi 27 avril 2009
LA GRIPPE PORCINE ET LE VACCIN QUI TUE
Je ne suis pas médecin. Je ne suis qu'un observateur. Mais je me dis toujours qu'il y a quelque chose qui cloche dans notre propension à nous effrayer à chaque fois qu'un type qui porte un sarrau blanc vient nous dire que c'est l'apocalypse.
Le 5 février 1976, un soldat de l'armée américaine mourrait de la grippe porcine à Fort Dix. Ses camarades furent hospitalisés. Et leurs médecins établirent un lien entre cette grippe et la grippe espagnole de 1918. Nous allions tous crever. Il fallait absolument prévenir l'épidémie.
Un programme de vaccination a été mis sur pied afin que chaque Américain soit vacciné contre la grippe porcine. Un programme qui a soulevé toutes sortes de problèmes, dont des problèmes bureaucratiques.
Au moment où le programme était annulé, vint-quatre pourcent de la population avait reçu le vaccin contre la grippe porcine. On a tout annulé parce qu'il y eut à peu près 500 cas du syndrome de Guillain-Barré, chez ceux qui reçurent le vaccin, dont 25 morts, probablement dû à une réaction immunopathologique provoqué par le vaccin.
La grippe porcine a fait un mort.
Le vaccin contre la grippe porcine, vingt-cinq morts plus quatre cent soixante-quinze paralytiques.
Le compte est bon?
***
Je ne suis pas médecin.
Ni comptable.
Ce matin, je regarde la une de mon quotidien local, Le Nouvelliste, et je trouve ça tiré par les cheveux.
C'est quoi le contraire d'un rabat-joie? Un rabat-drame?
Je vais manger mes petits yogourts probiotiques et faire de l'exercice, tiens. Au cas où la peste m'attende au coin du chemin. La peste, la grippe aviaire, la grippe porcine, le choléra, le cancer, la danse de Saint-Guy ou n'importe quel microbe qui nous rappelle que les dinosaures étaient trop gros pour rien.
dimanche 26 avril 2009
ET LES CANARDS FAISAIENT COIN-COIN
La température était clémente hier matin pour faire du vélo: pas trop chaud, pas trop froid, presque pas de vent, le soleil, les pissenlits en fleurs, le chant des oiseaux et j'en passe.
J'ai enfourché ma Peugeot et j'ai pédalé à fond de train du centre-ville de Trois-Rivières jusqu'à l'Île Saint-Quentin.
Arrivé là-bas vers sept heures, j'ai tout de suite été surpris par la présence de deux auto-patrouilles de police. Qu'est-ce qui se passait encore sur l'île? Aucune idée. Et je n'étais pas assez écornifleux pour aller demander aux policiers le pourquoi de leur présence. Après tout, peut-être qu'ils étaient là pour les mêmes raisons qui font que j'y étais: voir le fleuve Magtogoek et la rivière Métabéroutin, le ciel, les nuages, le pont Laviolette, Sainte-Angèle-de-Laval, la plage, les canards, les goélands et tout le reste.
J'ai emprunté la petite passerelle de bois du sentier d'interprétation de la nature. La passerelle chemine entre les arbres, au beau milieu d'un marécage. En ce temps-ci de l'année, on a l'impression d'être au centre de la rivière puisqu'on ne voit plus du tout la terre ferme dans les derniers 500 mètres qui mènent au préau Jean-Paul Arseneault. C'est magnifique, avec les rayons du soleil qui s'infiltrent entre les arbres pour redonner un peu de couleurs à ce royaume des ombres.
J'ai vu des canards, évidemment. Au moins trois couples de canards malard. Ça m'a ému: je deviens vieux...
Sur le chemin du retour, à mi-chemin entre le préau et le point de départ, j'ai croisé un gros christ de con en train de se remuer l'appendice. Il ne s'attendait pas à voir surgir un ours. Du coup, il a été surpris et il a figé. Il s'est levé debout pour remonter son pantalon. Je ne l'ai pas observé assez longtemps, vous vous en doutez bien, pour vous dire à quoi il ressemblait, le type qui se brassait le canard en solitaire au beau milieu du marécage inondé. J'ai entrevu un gros stupide qui se brassait le canard en solitaire et ça devrait suffire comme description.
Que devais-je faire? J'ai craché de côté en murmurant un «ah ben tabarnak!» d'indignation discrète. Puis j'ai poursuivi ma route, dégoûté.
À la sortie du sentier, il y avait toujours les deux auto-patrouilles de police mais je n'en ai pas fait de cas, pas plus que je n'en ai fait pour le gars qui se crossait sur la passerelle d'interprétation de l'île Saint-Quentin. J'ai craché de côté et j'ai poursuivi ma route.
***
C'EST NORMAL DE SE CROSSER
C'est normal de se crosser, bien sûr, mais je me dis que le gars pourrait aller se crosser ailleurs.
Cela dit, vous ne verrez jamais une fille se masturber toute seule sur une passerelle d'interprétation de la nature, au beau milieu d'un marécage. Y'a ben juste un gars pour penser à se brasser le canard en un lieu public.
Je veux dire de se le brasser tout seul, en solo. À deux, un gars une fille pour prendre l'exemple qui me vient le plus poétiquement à l'esprit, me semble que c'est plus naturel, plus humain et surtout moins pitoyable.
J'ai enfourché ma Peugeot et j'ai pédalé à fond de train du centre-ville de Trois-Rivières jusqu'à l'Île Saint-Quentin.
Arrivé là-bas vers sept heures, j'ai tout de suite été surpris par la présence de deux auto-patrouilles de police. Qu'est-ce qui se passait encore sur l'île? Aucune idée. Et je n'étais pas assez écornifleux pour aller demander aux policiers le pourquoi de leur présence. Après tout, peut-être qu'ils étaient là pour les mêmes raisons qui font que j'y étais: voir le fleuve Magtogoek et la rivière Métabéroutin, le ciel, les nuages, le pont Laviolette, Sainte-Angèle-de-Laval, la plage, les canards, les goélands et tout le reste.
J'ai emprunté la petite passerelle de bois du sentier d'interprétation de la nature. La passerelle chemine entre les arbres, au beau milieu d'un marécage. En ce temps-ci de l'année, on a l'impression d'être au centre de la rivière puisqu'on ne voit plus du tout la terre ferme dans les derniers 500 mètres qui mènent au préau Jean-Paul Arseneault. C'est magnifique, avec les rayons du soleil qui s'infiltrent entre les arbres pour redonner un peu de couleurs à ce royaume des ombres.
J'ai vu des canards, évidemment. Au moins trois couples de canards malard. Ça m'a ému: je deviens vieux...
Sur le chemin du retour, à mi-chemin entre le préau et le point de départ, j'ai croisé un gros christ de con en train de se remuer l'appendice. Il ne s'attendait pas à voir surgir un ours. Du coup, il a été surpris et il a figé. Il s'est levé debout pour remonter son pantalon. Je ne l'ai pas observé assez longtemps, vous vous en doutez bien, pour vous dire à quoi il ressemblait, le type qui se brassait le canard en solitaire au beau milieu du marécage inondé. J'ai entrevu un gros stupide qui se brassait le canard en solitaire et ça devrait suffire comme description.
Que devais-je faire? J'ai craché de côté en murmurant un «ah ben tabarnak!» d'indignation discrète. Puis j'ai poursuivi ma route, dégoûté.
À la sortie du sentier, il y avait toujours les deux auto-patrouilles de police mais je n'en ai pas fait de cas, pas plus que je n'en ai fait pour le gars qui se crossait sur la passerelle d'interprétation de l'île Saint-Quentin. J'ai craché de côté et j'ai poursuivi ma route.
***
C'EST NORMAL DE SE CROSSER
C'est normal de se crosser, bien sûr, mais je me dis que le gars pourrait aller se crosser ailleurs.
Cela dit, vous ne verrez jamais une fille se masturber toute seule sur une passerelle d'interprétation de la nature, au beau milieu d'un marécage. Y'a ben juste un gars pour penser à se brasser le canard en un lieu public.
Je veux dire de se le brasser tout seul, en solo. À deux, un gars une fille pour prendre l'exemple qui me vient le plus poétiquement à l'esprit, me semble que c'est plus naturel, plus humain et surtout moins pitoyable.
samedi 25 avril 2009
Le Grand Chef de Twois-Wivièwes
Je travaille intensément sur mes tableaux en ce moment. Je viens tout juste de vernir cette toile, à gauche. Elle s'intitule «Le Grand Chef de Twois-Wivièwes».
C'est peint à l'acrylique sur une toile de format deux pieds et demi de hauteur par trois pieds de largeur. Les enchères partent à six cents dollars.
Cela débute maintenant et cela se termine, mettons, jeudi prochain.
Faites vite. C'est le ménage du printemps. Tout le monde est fatigué du papier peint et du replâtrage.
Tout le monde veut boucher ses tous avec les tableaux de Gaétan, alias Bouchard Gaétan.
Et puis c'est mystérieux, n'est-ce pas, plein de contrastes et de coups de pinceaux.
Une aubaine, je vous dis. Et ça part à six cents piastres.
C'est du vrai art métis daltonien d'ascendance anishnabé de Twois-Wivièwes.
Merci beaucoup.
vendredi 24 avril 2009
IL VOULAIT DEVENIR ARTISTE-PEINTRE
Je vais vous raconter l'histoire d'un peintre en bâtiment qui souhaitait devenir un artiste-peintre, tiens.
Il s'appelle Jacques mais tout le monde le surnomme Jack. Et comme il est débonnaire on dit aussi de lui que c'est un hostie de bon Jack.
Le bon Jack s'appelle tout au long Jacques Marcouiller. Son numéro d'assurance sociale est le 265 289 987. Il est né le 8 mai 1969. Le nom de jeune fille de sa mère est Éva Cooke. Maintenant, il ne vous reste plus qu'à vider son compte en banque.
Marcouiller, alias Jack, peint presque tous les jours, en-dessous de la table comme il dit, pour toutes sortes de professionnels du travail au noir. Et il fait ça depuis, ho, un sacré bon bout de temps. Depuis toujours. Bien qu'il ait été palefrenier à l'hippodrome quand il avait seize ans et trois quart. Et concierge à dix-sept ans. Décapeur de planchers à dix-huit. Terrassier à dix-neuf. Et peintre en bâtiment depuis toujours.
Ce n'est pas qu'il ait ça dans le sang, Jack, c'est juste qu'il a dit présent quand on lui a demandé si ça lui tentait de peindre un appartement à dix piastres de l'heure en-dessous de la table. Son prix n'a jamais changé depuis lors et il a toujours eu plein de contrats parce que, voyez-vous, c'est vraiment un bon Jack.
Donc, il plâtre, tire les joints, sable, fait le découpage et peint des tas de murs tous les jours depuis un christ de bon bout de temps.
Un jour, mercredi dernier en fait, Marcouiller a pété une coche et s'est dit qu'il était maintenant un artiste-peintre à temps plein et que sa peinture vaudrait maintenant de l'or.
Tout le monde lui disait depuis toujours qu'il faisait de la belle ouvrage, toé chose, des tas de murs bien découpés et peints sans coulisses. Des murs au niveau comme ça s'était jamais vu. Et pas une seule tache une fois la job terminée. Du travail de professionnel, sinon d'artiste.
-Ouin! Vous dites que j'fais d'la belle job? M''a vous en faire d'la belle job moé toé chose!
Et le voilà qui pète sa coche, évidemment. C'était mercredi dernier. À quatorze heures trente-deux et dix-huit secondes.
Il s'est mis à dessiner sur les murs, imaginez! De gros traits en bleu foncé sur un mur barbouillé de coups de rouleau imbibé de blanc coquille d'oeuf. Marcouiller avait pété sa coche et il s'était mis à dessiner des filles avec des gros totons et des soleils souriants sur tous les murs du putain d'immeuble, propriété de la compagnie Les gestions immobilières Durand & beaux-frères qui l'employait au noir, au sempiternel tarif de dix piastres de l'heure.
C'était le résultat d'une de ses récentes fripes de fripon frappé par la frénésie de la quarantaine. Certains l'ont facile. D'autres non.
Jacques Marcouiller, alias le bon Jack, ne l'avait pas facile.
Qu'est-cé qu'i y'a pris sacrement de toutte bullshiter sa job pis de dessiner des filles avec des gros totons sur les murs du loyer qu'i' d'vait repeindre, cet hostie-là? (Sans oublier ses soleils souriants.)
J'le sais pas pantoute ce qu'i' y'a pris. Y'a pété une coche. Y'a voulu devenir artiste-peintre.
Dans la soirée de mercredi dernier, y'est revenu sur terre. Marcouiller a redonné deux couches de flatte sur ces murs recouverts de filles avec des gros totons. Et il a donné deux couches de blanc coquille d'oeuf par-dessus tout ça et deux couches de bleu foncé sur le mur du fond. Il a fini sa job vers les petites heures du matin.
Jeudi matin, le lendemain, il n'est pas rentré au boulot, prétextant une grosse grippe.
Et il s'est juré qu'on ne l'y reprendrait plus à péter une coche.
Et à se paqueter la fraise trop de bonne heure.
Ses promesses d'alcoolique, quoi.
Marcouiller est un bon Jack, mais il n'est pas du genre à siroter un bon Jack Daniels, si vous voyez ce que je veux dire.
I' tank comme un tabarnak.
Pis quand y'est saoul i' pète une coche.
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Placez une bouteille d'eau tiède au frigo pendant vingt-quatre heures et vous aurez le lendemain une bouteille d'eau froide. Ou bien d'eau tiède si le frigo est débranché. Ou bien une bouteille vide si la bouteille est percée. Une bouteille vide froide si la bouteille est percée et que le frigo est branché.
jeudi 23 avril 2009
JE N'AI JAMAIS ÉTÉ HOCKEY
On dit de Montréal qu'il est hockey. C'est okay. Mais moi, je n'ai jamais été hockey. Je m'en suis toujours foutu comme de l'an quarante. Comme je me suis toujours désintéressé de tous les sports à la télé, tous sans exception.
Regarder une partie de hockey à l'aréna ou bien à la télé: zéro intérêt.
Regarder une partie de baseball: c'est encore pire...
Une petite game de football? Mouin, des fois.
De la boxe? C'est con de voir deux types se crisser des coups de poing dans la face pour le fun.
Les quilles? Au moins, ça me fait rire...
Le «sport» automobile? Ce n'est pas un sport. C'est juste un show de boucane trop bruyant et trop polluant.
Les seuls sports que j'aime, au fond, sont ceux qui n'intéressent pas les télédiffuseurs. Et je ne parle pas de la pétanque ni de la pelote basque. Juste marcher, courir, nager, grimper, sauter, danser, baiser, whatever, sans qu'il n'y ait un hostie de coach pour te dire quoi faire. Bref, j'adore qu'on me crisse la paix, tout le temps, et surtout dans le sport.
***
Je n'ai rien contre le hockey. J'y ai même déjà joué, tant bien que mal. Cependant, j'ai toujours été meilleur dans les sports dits individuels: natation, vélo, ski de randonnée, canot-camping. Les sports d'équipe? Très peu pour moi. Ça me fait bayer aux corneilles. Ça m'ennuie. Ça m'emmerde.
Remarquez que personne n'est obligé de penser ou d'agir comme moi.
Tout comme je ne suis pas tenu de brandir un fanion des Canadiens de Montréal, d'autant plus qu'ils ont été éliminés en quatre parties, hier, par les Bruins de Boston.
Mettons que les drapeaux vont être en berne ce matin pour les partisans des Canadiens. Et c'est pas moi qui vais pleurer.
Sur ce, je m'en vais marcher et écouter le doux chant des oiseaux.
mercredi 22 avril 2009
IL FAUT SAVOIR GARDER SA BONNE HUMEUR
La bonne humeur m'a toujours semblé héroïque en cette époque où la norme consiste à broyer du noir, à ne boire que la lie dans la coupe, à brailler sur telle ou telle niaiserie.
Évidemment, je la tiens pour héroïque parce que je m'y reconnais. On ne vante bien que ce que l'on est, tout le monde sait ça depuis longtemps. Et je ne fais pas exception à la règle.
Donc, je suis de bonne humeur. Les malheurs me tombent dessus de temps à autres et, sans m'y complaire, je trouve toujours le moyen de chanter. Ou de danser. Comme Zorba le Grec, tiens. Que tout s'effondre et je chanterai. Ou bien je danserai. En tous les cas, je serai heureux et de bonne humeur, parce que c'est ma vraie nature. Une vraie nature héroïque...
Je tiens cela de feu mon père, la bonne humeur.
Tous les matins, mon père chantait avec sa grosse voix de boeuf. Et c'était tous les jours ou presque.
Il y en a des tonnes qui étaient en tabarnak le matin avant que de partir à 'a shop. Mais pas mon père. Il s'emparait de sa boîte à lunch en aluminium et s'en allait faire son quart de travail à la Reynold's Aluminium Company du Cap-de-la-Madeleine.
Et Teddy -c'était son surnom- s'en allait toujours en chantant. Il chantait comme le savetier dans la fable de La Fontaine.
Et qu'est-ce qu'il chantait hein?
-Il faut savoir garder, garder toujours sa bonne humeur! Garder sa bonne humeur! Garder sa bonne humeur! C'est ça qui est le vrai secret du bonheur!
Je l'ai cherchée sur YouTube et, fuck, je ne l'ai pas trouvée. C'est de Sacha Distel.
Ce qui fait que je retourne à mes chansons. C'est le temps de partir à 'a shop...
Lalala...
mardi 21 avril 2009
L'HISTOIRE DE QUELQU'UN D'AUTRE
Je chante sous la pluie.
Oui, je chante sous la pluie.
Je ne suis pas Fred Astaire, ni Fred Aupied.
Je suis juste comme ça, chantant, pas achalant, beau temps, mauvais temps, Guétan est toujours content.
Paraît que je suis un Roger Bontemps, un gars qui se sacre un peu de toutte.
-Lui, disait ma mère, un tremblement d'terre arriverait pis i' s'en rendrait pas compte!
Ce n'est pas tout à fait vrai. Celui de 1988, je m'en souviens très bien. J'étais à Québec en train de jouer aux cartes avec mon coloc Dézo. Pis les murs se sont mis à shaker toé chose. La première idée qui m'est venue, c'est que j'allais être écrapouti par le restaurant tournant de l'hôtel Le Concorde. J'avais un appart' sur Grande Allée, oui môssieur, juste à côté du Concorde, tiens, à deux pas des Plaines d'Abraham.
Où en étais-je? À parler encore de moi... Qu'est-ce qu'on en a à foutre de moi. Je vais donc vous raconter une petite histoire, innocemment intitulée L'HISTOIRE DE QUELQU'UN D'AUTRE.
L'HISTOIRE DE QUELQU'UN D'AUTRE
Il était une fois un homme qui n'avait pas encore trente-quatre ans. Il était médium dans tous les sens du terme. Je veux dire de stature moyenne, nez moyen, cheveux clairsemés dans la moyenne et surtout médium. Je veux dire médium comme on dit magicien, sorcier ou charlatan.
Il vivait dans un pays où il n'y avait pas de château et il s'appelait François Castel-de-Rotterdam. Son vrai nom, en fait, c'était François Gingras. En matière de dédoublement d'identité, Frank était nettement au-dessus de la moyenne. Castel-de-Rotterdam, quel nom à chier des taques à la noirceur par zéro degré Kelvin...
Enfin! Frank était un crosseur et il pouvait lire votre avenir dans vos pellicules.
Il sortait son peigne fin de son étui en or et il vous remuait la chevelure jusqu'à ce qu'il puisse lire en vous comme dans un livre de la collection des ovnis.
-Vous allez gagner un gros montant! Vous allez croiser quelqu'un qui va vous aimer! Je vois aussi un accident... rien de grave! Vous allez faire un beau voyage.
Et toutes ces sortes de conneries, vendues à de vieilles hosties de folles bourrées de fric.
Bref, c'était l'histoire de quelqu'un d'autre, François Gingras, alias le médium François Castel-de-Rotterdam.
Il a un site ouèbe. Et il charge tant de la minute.
Hostie de crosseur.
lundi 20 avril 2009
LE MENDIANT INGRAT
Il y a vingt ans, on comptait peut-être de deux à trois mendiants sur la rue des Forges à Twois-Wivièwes. Ils étaient généralement vieux, sales et barbus. Ils correspondaient tout à fait à l'image que nous nous faisions d'un vagabond ou bien d'un w'hobo d'track, comme disait mon père.
Hier, alors que je déambulais sur la rue des Forges, j'ai croisé une vingtaine de quêteux. Le métier n'est pas plus attirant qu'avant. C'est juste que les visages des vagabonds rajeunissent. On en voit qui sont dans la vingtaine. D'autres dans la trentaine, la quarantaine, la cinquantaine, alouette! Ça rejoint tous les groupes d'âge maintenant. On n'arrête pas le progrès, mais si le progrès s'arrête c'est ce que l'on verra, toujours plus, pas seulement sur la rue des Forges, mais devant les supermarchés, les quincailleries, les bureaux des députés: partout des mendiants qui ont faim et soif.
Ce n'est pas que je sois contre. Mendier est le premier droit de tout chrétien qui se respecte. J'ai beau faire partie des animistes athées que je m'accommode fort bien des coutumes de mes voisins. Le droit de mendier, pour un chrétien, le rapproche le plus de son devoir: la charité. À qui le chrétien va-t-il donner si plus personne ne mendie, dites-moi?
Et ce qui vaut pour le chrétien vaut pour tout le monde. Si personne ne mendie, personne ne recevra la charité, parce que celui qui n'a pas mal aux dents ne peut pas savoir que vous avez mal aux dents si vous ne dites rien.
Hého! C'est pas tout le monde qui est perspicace, sinon dentiste. Et il en va de la pauvreté comme il en va du mal de dents.
Cela dit, donner son obole au mendiant, c'est le remercier de vous rendre généreux. S'il n'avait pas été là, le mendiant, vous n'auriez rien donner. Vous auriez penser que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et qu'il n'y avait pas ici-bas de pauvres hères qui ont faim et parfois soif tout court, sans qu'il ne soit question de grandes métaphores sur la paix et la justice, juste avoir faim et soif tout court, vous comprenez?
LE MENDIANT INGRAT
Ce qui fait que je vous recommande de lire Le mendiant ingrat de Léon Bloy. Je suis tombé là-dessus il y a quelques années. Léon Bloy a de la verve et ses colères font sourire.
Je vous en livre un extrait, après vous avoir livré tout le morceau deux lignes plus tôt, en un seul lien hypertexte, chanceux que vous êtes qui n'aurez même pas à vous casser le cul pour trouver Le mendiant ingrat...
«Malheur à celui qui n'a pas mendié!
Il n'y a rien de plus grand que de mendier.
Dieu mendie. Les Anges mendient. Les Rois, les Prophètes et les Saints mendient.
Les morts mendient.
Tout ce qui est dans la Gloire et dans la Lumière mendie.
Pourquoi voudrait-on que je ne m'honorasse pas d'avoir été un mendiant, et, surtout un «mendiant ingrat»?....»
Léon Bloy, Le mendiant ingrat (Journal de l'auteur, 1892-1895), Edmond Deman, 1898, p.9
***
Pour mieux réfléchir là-dessus, pourquoi pas cette petite chanson.
dimanche 19 avril 2009
BRIGITTE CRIE TU' SEULE TOUT L'TEMPS
Brigitte crie tu' seule tout l'temps su' 'a rue. Est un peu courte sur pattes et un peu schizo aussi. Ce qui fait qu'A' crie tu' seule tout l'temps su' 'a rue. A crie n'importe quoi. Des affaires comme «mes hosties d'calice de tabarnak d'hastie d'calice de tabarnak de ciboire d'hostie d'saint-chrême de jéritole de joual vert de sacrement!»
J'ai r'vu Brigitte su' l'pont Duplessis tantôt.
Comme nous croisions Brigitte, ma blonde m'a dit que'que chose comme «pauv' fille qui parle tu' seule».
Je suis bien d'accord. Sauf que Brigitte portait un foulard su' 'a bouche. Un foulard noir avec des têtes de mort. De l'auto où j'étais, j''l'entendais pas. Et j'la voyais p'us parler tu' seule compte tenu du foulard noir à têtes de mort qui r'couvrait sa bouche.
Que faut-il en conclure? Pas grand' chose. Ce texticule, ce sera toujours ça de fait. Vite fait et bien fait. Avec pas un mot de plus à rajouter.
samedi 18 avril 2009
L'ombre d'un arbre sur le garage de mon voisin
L'ombre d'un arbre se profile sur le revêtement en plastique du garage tartiné de goudron qui s'élève dans le fond de la cour de mon voisin. C'est fortement contrasté. Trois coups de pinceau et ce serait peint.
Il fait soleil et le ciel est d'un bleu foncé comme on n'en voit pas ailleurs. Les plus beaux cieux du monde sont ici, au confluent de la rivière Métabéroutin et du fleuve Magtogoek. Nos bleus sont exceptionnels, nos nuages sont colorés dans tous les tons de jaune et de l'orangé, nos arcs-en-ciel sont fréquents et, en plus, nous avons une plage à l'île Saint-Quentin -privilège dont ne bénéficient pas plusieurs grandes villes de la vallée du fleuve Magtogoek.
Nos cieux sont colorés et c'est un daltonien qui vous le dit.
Nos plages sont belles, du barrage Gouin jusqu'au delta de la Métabéroutin. Les plages de la rivière Mattawin: wow! Et St-Jean-des-Piles... Pis les chutes de Shawinigan... Le rapide des Forges...
Les bourgeons prennent de l'ampleur. Mes jambes sont encore solides. Je vais en profiter pour revisiter mon territoire à cheval sur mon vélo. Pour revoir nos cieux majestueux. Pour sortir de la cabane.
See you later, alligator.
vendredi 17 avril 2009
LES BLOGUES À CONNOTATION POLITIQUE M'EMMERDENT
Les blogues à connotation politique m'emmerdent.
Le type qui se fait le véhicule de la gauche, de la droite, du centre-droite, de l'extrême-centre ou bien de toutes les conneries fascistes rouges ou noires: je ne supporte pas!
Ce qui fait que je ne devrais même pas vous en parler puisque je ne les lis pas vraiment.
Je décroche dès la première phrase.
Ce n'est pas que je me tienne à l'écart de l'information, même celle dite alternative. Cependant ces blogues dits politiques font plus dans la déformation et la propagande simpliste que dans l'information. Et puis leur premier défaut est surtout d'être ennuyants à mourir.
Cela dit, j'aime les blogues qui font un peu rêver, sinon qui divertissent. Ma bloguoliste est assez représentative à cet effet. Ce n'est pas toujours tordu de politique ou bourré de commentaires stupides sur des commentateurs idiots. Je ne vous les nommerai même pas pour ne pas qu'ils s'enflent la tête avec ça. Fouillez à droite de votre écran et vous allez la trouver, tiens.
***
EXEMPLE TIRÉ DU BLOGUE «L'ANALYSTE DE CENTRE-DROIT» DE RAYMOND D.
Bonjour. Ce matin je vais parlé de centre-droit et de mon objective d'analyser les choses qui arrives autoure de nous dans le Québec et à Trois-Rivières-Ouest. C'est très dure de dire qui qui va renporté les prochain élection mais le centre-droit est l'alternatif a tout sa. On pait trop d'impeau et sa n'a plus d'allure là. Le centre-droit es la sollution la meilleure du monde. Le Grand Pris de Montréal doit revenir.
***
Vous pouvez constater avec moi que l'auteur est un illettré qui tente de vendre un parti politique quelconque que je ne nommerai pas ici, mais que vous devinez tous.
C'est nul du début à la fin. Et ça mériterait la note parfaite à un concours de platitudes.
Tout ça pour dire quoi, hein? Rien d'autre que les blogues à connotation politique me font chier.
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Il est toujours conseillé de se regarder dans le miroir après avoir mangé du fromage en crottes. Du fromage en crottes, ça colle parfois entre les dents. Ce qui vous rendra nettement moins charmant ou charmante.
À défaut d'une brosse à dents, vous pouvez toujours vous fermer la bouche toute la journée en évitant d'éclater de rire. De cette façon, rien n'y paraîtra.
Pensez-y bien.
jeudi 16 avril 2009
LE MONDE EST COCHON EN SACREMENT!
Le monde est cochon en sacrement.
La télé, la radio, les journaux, les savants, les politiciens et les professeurs nous bombardent plusieurs fois par jour à propos de la nécessité de préserver l'environnement.
On nous dit sur tous les tons de ne pas se comporter en cochon. Et même que c'est une insulte pour le cochon que de se servir de lui pour vilipender tel ou tel comportement humain nuisible à l'environnement.
Pourtant, le monde continue à être cochon. Et je ne trouve pas d'expression plus appropriée que de dire du monde qu'il est cochon en sacrement.
-Hostie d'cochons! I' vivent dans leu' marde pis i' s'sentent ben! que je dis en ma langue vernaculaire que j'affectionne tant.
Tu te promènes dans les rues et tu vois tout plein de contenants de plastique, de papier, de déchets maudit tabarnak. Ça veut dire qu'il y a encore tout plein d'hosties d'caves qui se contrecrissent de calicer des contenants de plastoque et des gobelets de styromousse dans la nature, enfin, sur les bandes de gazon qui entourent les stationnements, preuve de notre bêtise irrécupérable: il y a plus de place accordée aux véhicules qu'aux bêtes sauvages, dussent-elles faire partie de la catégorie prétendument supérieure des hominidés.
***
Et là, il faudrait couper son gazon... Le couvrir de pesticide. Arracher tout ce qui pourrait y vivre, hormis le gazon. Ça veut dire arracher le pissenlit et la stramoine, enfin tout ce qui pourrait ressembler à une fleur. Arrachons tout ce qui est sauvage pour ne garder que tout ce qu'il y a de plus stupide dans un cerveau humain: le goût de l'uniformité qui rend cave.
Vouloir un beau gazon propre devant sa demeure, c'est vouloir l'uniformité et bref, c'est chercher à devenir cave.
C'est pas aussi cochon que de balancer son contenant de plastique dans la nature. Mais c'est aussi cave. Les pesticides vont se retrouver partout dans l'environnement et pas seulement aux pieds des caves. Ensuite, ça ne voudra plus sortir de leur trou à rat juste parce qu'ils ont des allergies à la nature, qu'ils tentent d'assommer avec toutes sortes de merdes chimiques cancérigènes qu'ils vont eux-même finir par absorber, comme les derniers des cons.
Laissez pousser les pissenlits et la rhubarbe, s'i'-vous-plaît. Touchez à rien. C'est beau comme ça. Ne venez pas enlaidir les paysages avec vos modes à la con. La nature n'a pas besoin de passer chez le coiffeur, abrutis!
***
Et là, c'est pas tout, il faut aussi que ces hosties de niaiseux modifient le silencieux de leur moto pour qu'elle fasse encore plus de bruit. Pourquoi faire plus de bruit sacrement? C'est de la musique un silencieux modifié pour faire du bruit? Le monde est content d'entendre cet hostie d'plein d'marde qui passe sur sa moto bruyante. Il dérange tous ceux qui préfèrent Mozart aux bruits d'un moteur de char.
Comme si c'était normal que de polluer de toutes les façons en 2009, hostie, quand les glaciers te fondent en pleine face, hostie de nuls du sacrement de calice!
***
Pis les motomarines, hein? Des hosties de twits qui viennent se balader sur le fleuve ou bien sur la rivière pendant que des milliers de personne et des milliers de poissons cherchent le calme. Un twit tout seul sur son motomarine peut s'accorder le droit de faire chier des milliers de créatures, en 2009, hostie, en 2009!
***
Wake up! On devrait avoir des permis de polluer comme on a des permis de conduire. Quand tu n'as plus de points sur ton permis, t'es retiré de la circulation.
Y'en a en hostie qui perdraient leur permis!
mercredi 15 avril 2009
L'histoire plate d'un crayon à mine
«Une phrase vaut mille mots.»
C'était écrit dans son carnet de notes. Il en réclamait la paternité, l'idiot. Ce n'était qu'une paraphrase bien banale, commune au département de la psychiatrie. Ce n'était qu'un détournement de l'antienne «une image vaut mille mots», chantée quand ça vous chante, un lieu commun dont il serait ridicule d'en faire l'exégèse, à moins de reprendre le travail là où l'ont laissé Léon Bloy et Gustave Flaubert.
Je lui ai remis son carnet de notes en faisant semblant de lire une ou deux pages toutes de la même mouture.«Un tien vaut mieux que d'elle tu l'auras.» «Tant va la ruche au vin qu'à la fin elles se cassent, les abeilles.» «L'époque ne roule pas pour les gentils.»
C'était de la christ de marde, sérieusement, et ma mémoire infidèle ne pourrait qu'améliorer son insignifiance. C'était encore pire que ce que je viens d'écrire. De foutus jeux de mots à vous faire passer une camisole de force après une bonne injection de je ne sais trop quelle substance lénifiante.
Le gus ressemblait à un avorton barbu avec des lunettes rondes, la quarantaine avancée, le sourire un peu niais, l'ego beaucoup plus gros que la substance qui le remplissait, au dernier stade de sa mythomanie.
Je ne le connaissais pas et ne cherchais pas vraiment à le connaître. Il était juste assis à mes côtés, au bar, et je devais tolérer sa présence pour une raison qui m'échappe. Comme il me parlait, je lui répondais. Et il commençait à me taper royalement sur le système.
-J'ai imaginé une nouvelle, me disait-il avec son air de manipulateur raté, une nouvelle où je raconte une panne électrique mondiale qui survient en l'an deux mil cinquante... Plus personne ne sait écrire à la main... Et là, le héros de ma nouvelle trouve un vieux crayon à mine et il réapprend à écrire car les ordinateurs, évidemment, ne fonctionnent plus et...
Hostie qu'il m'emmerdait avec son romantisme mal chié!
Comme il déblatérait, la serveuse vint me dire un mot à l'oreille.
-Le gars à qui tu parles, Guétan, c't'un hostie de pédophile! I' s'est faitte arrêté toutte... J'su's pas capable de l'sentir, lui pis son hostie d'carnet d'notes! Écrivain raté gluant!
Du coup, ses déblatérations m'ont paru encore plus antipathiques.
Je comprenais parfaitement ce que la serveuse voulait dire en employant l'épithète «gluant» pour désigner ce type qui était assis à mes côtés. Remarquez que «pédophile» en disait encore plus.
Ouache. J'avais l'impression d'être assis à côté d'un tas de marde. Comme si tout ce qu'il allait dire était condamné d'avance au silence.
«Ta yeule. Décrisse.» C'est vraiment tout ce qui me passait par la tête tandis que le pédophile gluant revenait avec son histoire de crayon à mine, de civilisation qui déshumanise et de tout le saint frusquin.
Ça n'a pas pris trente secondes que je me suis levé et que j'ai changé de place. Ça puait trop où je me trouvais, aux côtés du gluant.
À côté d'un pédo? No fucking way!
Quand j'y repense, j'en vomis presque.
Beurk!
mardi 14 avril 2009
Une histoire d'amour qui n'en est plus une
Jack s'est séparé de Rita. Jack buvait trop. Rita puait des pieds. Pas besoin de dire que c'est Rita qui est partie la première, parce que l'alcool crée des situations encore plus désagréables qu'un pied qui pue. Je dis un pied parce que Rita, que vous ne connaissez pas encore, s'est fait scier une jambe suite à un accident d'auto. Ce qui fait qu'elle boîtait, parce qu'il est difficile d'avoir un marcher naturel avec une jambe artificielle, d'autant plus s'il vous manque des côtes et la moitié du bassin. Avant l'accident, elle puait des deux pieds.
Jack a couru pendant des mois après Rita qui ne voulait plus rien savoir. La dernière fois, elle a même téléphoné aux policiers pendant qu'elle le tenait à distance avec sa canne pour l'empêcher d'entrer. Jack a continué de boire et le soir il ne disait rien, il continuait à boire, et pas moyen de lui parler d'autre chose que de la bière ou des shooters qu'il avait pris la veille, l'avant-veille et toutes les veilles qu'il traînait depuis des lustres dans sa pauvre vie de pochard antipathique au regard brouillé par les prolégomènes du delirium tremens.
Rita possède maintenant un lecteur mp3 et elle télécharge des chansons de Georges Hamel.
Jack s'est acheté un paquet de cigarettes Prest-o-Pack, comme d'habitude, et y'a toujours pas de femme dans sa vie.
Rita sort avec un marchand de matelas usagés qui a probablement la gale si l'on se fie aux bobos qui bourgeonnent à ses poignets. Il se vend de la lotion pour ça, gros cave!
Le père de Jack s'appelle Émile et vit dans un foyer pour vieux où il fait des patiences avec un jeu de cartes auquel il manque trois cartes: le deux de trèfle, le sept de carreau et la dame de pique. Il a quatre-vingt-quatorze ans et ne boit rien d'autre que de l'Ensure, un supplément alimentaire qui goûte le chocolat au lait et le boudin cru. Sa mère est morte.
Rita n'a pas d'enfants. Ses parents ont été adoptés et elle ne les a jamais connus.
Voilà le fin fond de cette histoire d'amour qui n'en est plus une.
Jack a couru pendant des mois après Rita qui ne voulait plus rien savoir. La dernière fois, elle a même téléphoné aux policiers pendant qu'elle le tenait à distance avec sa canne pour l'empêcher d'entrer. Jack a continué de boire et le soir il ne disait rien, il continuait à boire, et pas moyen de lui parler d'autre chose que de la bière ou des shooters qu'il avait pris la veille, l'avant-veille et toutes les veilles qu'il traînait depuis des lustres dans sa pauvre vie de pochard antipathique au regard brouillé par les prolégomènes du delirium tremens.
Rita possède maintenant un lecteur mp3 et elle télécharge des chansons de Georges Hamel.
Jack s'est acheté un paquet de cigarettes Prest-o-Pack, comme d'habitude, et y'a toujours pas de femme dans sa vie.
Rita sort avec un marchand de matelas usagés qui a probablement la gale si l'on se fie aux bobos qui bourgeonnent à ses poignets. Il se vend de la lotion pour ça, gros cave!
Le père de Jack s'appelle Émile et vit dans un foyer pour vieux où il fait des patiences avec un jeu de cartes auquel il manque trois cartes: le deux de trèfle, le sept de carreau et la dame de pique. Il a quatre-vingt-quatorze ans et ne boit rien d'autre que de l'Ensure, un supplément alimentaire qui goûte le chocolat au lait et le boudin cru. Sa mère est morte.
Rita n'a pas d'enfants. Ses parents ont été adoptés et elle ne les a jamais connus.
Voilà le fin fond de cette histoire d'amour qui n'en est plus une.
lundi 13 avril 2009
Voilà le temps du vélo
Les balais mécaniques sont passées dans les rues de Trois-Rivières pour enlever tout ce sable qui s'est accumulé tout au cours de l'hiver.
Mon vélo est prêt à prendre la route.
Celui de ma blonde aussi.
Bientôt, je roulerai en ville ou bien à la campagne à la recherche de nouveaux environnements. J'irai revoir les canards malards, les brochets et les hérons, les herbes marines, les eaux vertes, les nuages.
Le vieux est encore capable de donner quelques coups de pédale. Et le ventre, comme à chaque année, va dégonfler un peu jusqu'à l'automne.
Pour le reste, je prends ça comme ça vient aujourd'hui. Congé, doux congé. Fuck mon blogue!
***
En supplément: ceci.
Cela.
Ceci.
dimanche 12 avril 2009
L'histoire de Amarde, le gars qui est allé chercher de l'eau de Pâques à l'île St-Christophe
Amable était surnommé Amarde, tant par ses contempteurs que par ceux qui le prenaient en pitié.
Amarde était un petit frisé plutôt laid d'une quarantaine d'années. Il avait une araignée dans le plafond et passait la majeure partie de ses journées soit à boire, soit à culpabiliser d'avoir trop bu.
Ce matin-là n'était pas comme les autres. C'était dimanche matin. Et pas n'importe quel dimanche matin: c'était le matin de Pâques, hé.
Amarde revenait d'une de ses trop ordinaires beuveries, à cheval sur son vieux vélo CCM gris tout croche et mal huilé. Seule la roue avant freinait. Ce qui lui faisait faire de spectaculaires sorties de route et plongeons en tous genres par dessus les poignées de sa vieille bécane.
Le tabarnak avait bu comme un trou comme de coutume, comme de déraison, et sa folie zigzaguait tout le long de son trajet, de la rue des Forges jusqu'au pont Duplessis, à insulter Dieu sait quoi ou bien le Diable s'en doute.
-Hastie d'chiens d'calice de sales de pleins d'marde de christ de st-chrême de barman pas correct pantoute qui veut même pas t'servir un dernier drink... Pis l'hastie d'serveuse de c'te christ de restaurant à marde qui m'dit de pas dormir su' ma table! J'ai payé moé hastie! J'ai payé Jésus-Marie-Joseph d'étole de calvaire de saint-sacrement!
Comme il accostait sur le pont Duplessis avec ce qui lui tenait lieu de barque pour naviguer sur l'eau de vie, voilà qu'une soudaine envie de dégobiller s'empara de toutes ses viscères. Et plaf, voilà qu'il renvoie sa poutine dans la rivière Métabéroutin, le malpropre.
En se relevant, Amarde est frappé par les premiers rayons du soleil qui brillent sur les eaux du delta d'où l'on semble voir trois rivières là où il n'y en a qu'une seule.
Le soleil qui lui rentre dans les yeux lui rappelle subitement que c'est le matin de Pâques et que la meilleure façon de revenir d'une cuite est encore d'aller chercher de l'eau de Pâques à la source de l'île St-Christophe, entre Trois-Rivières et Cap-de-la-Madeleine.
-J'va's aller charcher d'l'eau d'Pâques tabarnak! Ça va m'dessoûler pis en plus ça porte chance...
Amarde continue donc de zigzaguer jusqu'à la source de l'île St-Christophe, située juste avant le pont qui mène à l'île St-Quentin.
Un petit sentier escarpé comme la face d'un singe mène à cette petite source qui se déverse dans la rivière Métabéroutin. Généralement, les honnêtes gens laissent leur vélo en haut du sentier et descendent prudemment sur leurs deux pieds, en se tenant après les racines et les troncs d'arbre, jusqu'en bas, là où se trouve la source.
Amarde, je l'ai déjà dit, avait une araignée dans le plafond. Et en plus, il était saoul.
L'idiot a donc descendu le petit sentier sur son vélo. Pour les premiers vingt pieds, le loustic a eu la chance de l'ivrogne. Mais pour le reste du sentier, ça s'est fort mal terminé. Amarde a freiné avec sa roue avant, est passé par-dessus ses poignées puis s'est noyé dans la rivière en tentant de nager vers l'autre rive, par pure distraction, oubliant qu'il ne savait pas nager et qu'on ne pouvait pas boire quinze litres d'eau sans ressentir quelque désagrément, aussi minime soit-il.
L'eau de Pâques pénétra peu à peu dans ses poumons. Son corps fût emporté par le courant. Et on le retrouva dans le coin de la municipalité de Deschaillons, une semaine plus tard, parmi quelques herbes marines, contenants de plastique et deux crapets soleil tout aussi morts qu'Amarde n'était plus vif.
Cré Amarde, va! Toujours à l'affût de toutes sortes de niaiseries pour nous faire rire.
samedi 11 avril 2009
Le droit, la gauche et la peinture
À cette époque je ne me faisais pas à l'idée que je pouvais vivre de l'art. Je me fiais à ce que j'entendais partout autour de moi: les artistes ça crève de faim.
Je me disais que si tout le monde colportait ça, il devait bien y avoir une raison.
Et je n'imaginais pas un monde sans le frigo toujours plein, comme je l'avais toujours connu. Tu veux une toast? Tu prends une toast. Tu veux du jambon, du yogourt, du fromage? Eh bien tu prends le jambon, le yogourt et le fromage. La liberté libre du frigo de mon enfance. Douces joies d'un estomac surplein prêt à supporter 400 longueurs à la piscine et 35 kilomètres à vélo.
Je me suis donc dirigé lentement mais sûrement vers le droit. Vers la faculté de droit de l'Université Laval, oui monsieur, où il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Ma moyenne générale tournait autour de 85% au Cégep, dont un 95% en français. En bas de ça je ne rentrais pas en droit à l'Université Laval, c'est clair.
J'avais été admis dans la plus prestigieuse faculté de droit du Québec et je me voyais déjà le frigo plein à défendre les droits de la veuve et de l'orphelin. Car je me voyais en avocat redresseur de torts, imaginez-vous donc... Et le frigo plein parce qu'il faut bien vivre. Je ne demandais pas plus que 35 000$ par année, tiens. L'aide juridique à défaut de l'aide sociale. Juste assez pour payer la bière, les vivres, le loyer, le restaurant, le cinoche, les livres, les sorties et les pénétrations.
Cependant, j'avais le droit plutôt à gauche et je travaillais à temps partiel à l'hôpital pour payer mes études.
Le temps que je mettais au travail m'enlevait beaucoup de temps pour les études. Ce qui fait que j'ai fini par me désintéresser totalement du droit qui était en train de vider mon frigo.
Ça coûtait une beurrée, le droit. Il fallait acheter des tas de livres ennuyants: la théorie du droit et des obligations, le droit familial, le code civil, le code des procédures civiles, la jurisprudence, et toutes sortes de platitudes qui n'arrivaient pas à la cheville de mes lectures du temps: Nietzsche au complet, Léon Trotsky, Pierre Vallières, Elridge Cleaver, Kropotkine, Bakounine, Marx, Engels, Lénine, les petits fascicules des éditions Spartacus et toutes sortes de niaiseries pour un jeune pauvre révolté.
Je devins rapidement dégoûté par le droit. De sorte que je me suis mis à manquer un, puis deux, puis des tas de cours. Il manquait une faucille au marteau du juge, que je me disais, du temps où il me manquait un ou deux écrous dans le caillou.
Et je me sentais à chaque jour devenir un peu plus à gauche et toujours moins en droit.
Le temps que j'aurais dû passer à étudier je le passais maintenant à distribuer des tracts appelant à former une république des travailleurs et travailleuses du Québec.
Je militais au lieu d'éplucher des livres de droit.
Moi et mes camarades on s'arrangerait bien pour dicter la conduite aux avocats quand nous prendrions le pouvoir.
Alors pourquoi perdre son temps? La révolution était inéluctable. Marx l'avait dit. Il l'avait même écrit, noir sur blanc. Et je l'avais appris par coeur, comme n'importe quel crétin apprend par coeur le lexique du droit: immeuble par destination, emphythéose et tous ces machins.
Dictature du prolétariat, lutte des classes, terreur révolutionnaire, cadres révolutionnaires...
***
Qu'ai-je retenu du droit? Quelques trucs ici et là. Même chose pour le marxisme. Si j'avais été Témoin de Jérolas j'aurais retenu aussi quelques quossins, j'imagine.
Quoi qu'il en soit, l'art a survécu à toutes mes tentatives de l'étouffer sous un vocabulaire imbécile.
Le code civil et Das Kapital n'ont pas réussi à étouffer l'artiste à la bonne franquette que je serai probablement toujours.
L'art a continué à pousser. Ses racines sont devenues plus fortes et capables de canalyser toute l'énergie de la terre. Il sera toujours plus difficile de le déraciner. Plus je vieillis et plus je m'entête pour ce qu'il y a de plus beau en moi. Le reste, je m'en sacre. Enfin, presque. Je ne suis pas déconnecté. Je prends ma place comme citoyen. Mais je veux surtout la prendre en tant qu'humain, tout de suite, immédiatement, sans rien demander à personne.
L'avocaillon et le militanteux se sont effacés il y a quelques années déjà pour ne laisser place qu'à ma vraie personnalité.
Au fond, je suis devenu moi-même.
Et je ne crève pas encore de faim.
Et mon frigo est plein.
Et mes pinceaux sont prêts.
Donc, je m'en retourne peindre.
Ciao!
vendredi 10 avril 2009
IL S'EST ENFIN PASSÉ QUELQUE CHOSE
Ils sont assis l'un à côté de l'autre, comme toujours.
Et ils ne se disent rien parce qu'il n'y a rien à dire.
Les minutes s'écoulent dans la contemplation des murs ou de la télévision.
Un téléroman tout à fait quelconque empêche le parfait silence de régner.
Quinze minutes puis quarante-trois minutes passent.
Ginette, l'épouse, se risque enfin à dire quelque chose.
-Ouin ben on dirait ben qu'i' est vingt heures cinquante-sept.
Et le moniteur du lecteur DVD affiche effectivement vingt heures cinquante-sept.
Raynald, l'époux, tousse deux ou trois coups pour s'éclaircir la voix.
-Ouin, ajoute-t-il, ben on dirait ben qu'là y'est vingt heures cinquante-huit.
Et le moniteur affiche bien vingt heures cinquante-huit.
À vingt-et-une heures pile, voilà que ça sonne à la porte.
-Qui c'est ça à c't'heure-citte? marmonne Ginette.
-M'en va's y'aller voir c'est qui c'est qu'c'est ça tornom! ajoute Raynald en maugréant.
Raynald bouge son gros cul de son fauteuil et ouvre la porte pour voir qui sonne à cette heure-là.
C'est un livreur de pizza.
-C'est pourquoi? demande Raynald au livreur de pizza, un grand maigre au crâne dégarni.
-C'est ben icitte les deux extra-larges avec extra pepperoni, oignons et bacon, deux Pepsi diète pis deux Seven-Up? que lui répond le grand chauve.
-On a jamais commandé ça nous autres! s'exclame Raynald.
Le livreur de pizza, médusé, rappelle à la pizzéria Bravissimo pour en avoir le coeur net.
-On nous a joué un tour m'sieur! On avait bien cette adresse-là pis ça répond pas au numéro de téléphone y'où c'que c'est qu'on rappelle pour voir... J'm'axcuse m'sieur...
Comme le livreur de pizza repart avec sa commande, Raynald l'agrippe par le bras.
-Minute m'sieur! Minute!
-Quoi? dit le livreur.
-Ben j'pourrais-tu vous acheter quand même la commande... M'semble que ça s'rait bon d'la pitze...
-Hee... Ben...
-Rappelle ton boss pis d'mande-lui si ça peut s'faire... Pis s'i' veut pas, passe-moé lé.
-Ok... E'j'le rappelle...
Il rappelle son boss qui ne voit pas d'inconvénient à faire de l'argent. Raynald acquitte le prix de la commande livrée à une mauvaise adresse et revient vers son épouse avec les yeux plus grands que la panse.
-Qu'est-cé ça? lui demande Ginette. As-tu commandé d'la pizza?
-Non, mais i's s'sont trompés d'adresse... Quelqu'un a faitte un coup, j'sais pas trop... Ça fait que j'lui ai racheté les pizzas parce qu'è' z'avaient l'air bonnes... Est bonne en hostie la pitze chez Bravissimo... I' font d'la christ de bonne pitze... Menoum!
Et là, voilà que Ginette et Raynald se lancent dans les pizzas comme des goinfres en arrosant leur collation de larges rasades de Pepsi Diète et de Seven Up. Et ils se mettent à se raconter toutes sortes de pitzes qu'ils ont mangé au cours de leur vie. Et ils rient. Et ils rotent. Et ils ont plein de sauce tomates et de filaments de fromage aux commissures de leurs lèvres.
-Tu parles d'une idée toé chose! dit Ginette, la bouche pleine. Les pitzes étaient même pas pour nous autres pis toé té z'a achetées pareil... Hastie, Raynald, tu m'épateras toujours.
-C'est pas pour rien qu'j'su's ton mari Ginette, moé j'aime l'imprévu pis toé aussi.
-Ouin, pis j'aime la pitze pis toé aussi mon namour.
-Tchine! Tchine! répond Raynald en claquant sa bouteille de Pepsi Diète contre la bouteille de Seven Up que tient Ginette.
-À ta santé mon namour, qu'elle lui répond en réprimant une violente éructation de boisson gazéifiée.
Quelle aventure, les amis. Quelle aventure!
***
CONSEILS PRATIQUES DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Il est difficile d'enlever le bouchon de liège d'une bouteille de vin sans tire-bouchon. Il existe cependant une manière de se tirer rapidement d'affaire en cas d'envie subite de se saouler la gueule, sans même avoir à casser le goulot. Il ne suffit que de pousser le bouchon dans la bouteille à l'aide d'un crayon ou d'un objet idoine.
Poussez de toutes vos forces sur le crayon ou l'objet idoine jusqu'à ce que le bouchon baigne dans le vin. Puis ensuite, buvez jusqu'à plus soif en faisant circuler la bouteille parmi les ivrognes avec qui vous partagez ce nectar. Bien sûr, le vin sera un peu bouchonné mais la bouteille sera débouchée, à tout le moins, et vous pourrez boire ce vin, non pas parce qu'il aura été tiré, mais plutôt poussé.
D'où l'expression «Le vin est poussé, il faut le boire.»
jeudi 9 avril 2009
Les visages me parlent
Les visages me parlent. Enfin, j'aime penser qu'ils me racontent tout sur la personne que je regarde, ne serait-ce que pour flatter mon ego d'illustrateur.
Quand je vois le visage de Jean Charest, par exemple, je sens le patineur de fantaisie en lui, mais aussi le bon vivant. Je ne fais pas de propagande pour Jean Charest, mais son visage ne porte pas les traits de l'inflexibilité, de l'intolérance, de la méchanceté pure et simple.
Jean Charest a l'air du commis voyageur qui s'arrête dans tous les bars de la province pour vendre ses breloques. S'il n'avait pas cet air, il ne réussirait rien. Il représente bien ce qu'il est: un vendeur. Il vend ce qu'on lui dit de vendre et son produit, en l'occurrence, c'est soit le Parti libéral du Québec ou bien l'ancien Parti progressiste-conservateur du Canada, du temps où il se pratiquait à devenir Premier ministre du Québec. Et il fait son boulot plutôt bien -et je ne parle ici que de son talent de vendeur.
Maintenant, prenons le visage du pape Benedictus XVI. Benedictus a l'air mauvais, méchant, antipathique, ignoble, mesquin, intolérant, fanatique. Tout le contraire du commis voyageur. Pas vendeur du tout. On lui regarde la face et on ressent comme un dégoût inexplicable. Ce n'est pas la Sainte Face, loin de là. C'est la face d'un type aigri, usé, frustré, sans compromis, qui veut que vous marchiez à genoux, comme dans le bon vieux temps dont tout le monde se contrefout sauf ces foutus idéologues et fanatiques religieux toujours là à tenter de faire rentrer le monde dans leur foutu bréviaire.
Le pape Johannus-Paulus II avait un visage beaucoup plus sympa, je dois l'avouer, même s'il colportait à peu près les mêmes idées de merde que Benedictus sur le sida, la contraception et l'avortement. Ce qui peut laisser planer un doute sur ma pseudo-théorie sur l'art de lire dans l'expression des visages.
Et vous, que lisez-vous sur les visages des célébrités et autres inconnus qui nous entourent?
mercredi 8 avril 2009
Fuck les phoques! Sauvons l'inuktitut!
Il ne me venait pas à l'esprit, avant un voyage du côté du Labrador, qu'il y avait au Canada des gens qui ne parlaient ni l'anglais ni le français, les deux langues officielles du pays.
Les Indiens que j'avais croisés jusqu'à ce jour - Hurons, Iroquois, Algonquins, Abénakis et Métis de la vallée du fleuve Magtogoek, ou bien Cris des Plaines, Haidas et Tinglits de la côte Ouest - parlaient tous couramment l'une des deux langues européennes.
Les langues aborigènes sont presque disparues. Plus personne ne parle vraiment la langue des Hurons, des Neutres et autres Agniers de la confédération. Il ne reste que des lexiques concoctés par des curés, une chanson à la vierge Marie et quelques comptines.
Par contre, l'algonquin/anishnabé, le cri, l'innu et l'inuktitut sont encore parlés à tous les jours. Et on semble se préoccuper beaucoup plus du sort des bébés phoques que des locuteurs de ces langues menacées d'extinction.
***
J'étais dans le train panoramique de la Quebec North Shore Line qui montait vers Schefferville.
Il y avait une bande de cinq à six Innus qui sirotaient leur petite bière cachée dans un sac de papier brun. Je les salue d'abord en français: ils ne comprennent pas. Puis en anglais: même chose. Ils se regardent, me regardent, et baragouinent entre eux. Finalement, un gus vient me dire en anglais que ses potes innus ne parlent pas un traître mot de français ou d'anglais. Le choc. Je ne croyais pas que c'était encore possible. Ça manquait à ma culture, déjà vidée de presque tout son contenu aborigène.
Tout ça pour dire que les Québécois, si soucieux de préserver leur langue française, devraient soutenir les Inuits, les Cris, les Innus et tous les autres qui souhaitent transmettre leur culture dans la langue qui leur est propre depuis la nuit des temps.
***
Allez lire cette lettre d'opinion de Derek Rasmussen dans Le Devoir. Une lettre dont tout le monde semble s'être foutu, comme d'habitude.
Environ 8000 Inuits recoivent 48,50$ par tête de pipe pour l'éducation dans leur langue alors que 45 francophones reçoivent 3500$ chaque, là-bas, au Nord.
Ça fait dur. Le Canada fait toutes sortes de démonstrations pour revendiquer sa souveraineté dans l'océan Arctique mais ne se préoccupe pas un instant de sauvegarder l'inuktitut, sans laquelle la culture inuite ne serait que du folklore.
Bien sûr, l'enseignement de l'anglais n'est pas à dédaigner, tant pour un Inuit que pour un Québécois francophone. Les Chinois apprennent l'anglais. Les Italiens aussi. C'est juste normal. Mais on enseigne aussi le mandarin aux Chinois et l'italien aux Italiens.
Fuck les phoques! Sauvons l'inuktitut.
mardi 7 avril 2009
À PROPOS DES «PAS-DE-VIE»
Peut-être que je vais passer pour quelqu'un de prétentieux, sinon pour un snob rempli de mépris qui juge le monde du haut de son beffroi. Pourtant, il faut bien que je le dise puisque ça me démange. Peut-être que je devrais me taire. Peut-être que ce que je vais dire n'est qu'une grosse connerie qui prouve que je manque de jugement, voire de compassion.
-Accouche qu'on baptise, sacrement! me dites-vous. Qu'est-cé qu'tu veux dire encore saint-chrême?
Ne me brusquez pas. J'aime ça raconter simplement les choses et n'emploie presque pas de mots superflus pour le faire. Vous devriez avoir honte pour votre impatience. Comme si la littérature devait être livrée à la va comme je te pousse, le plus rapidement possible, en ne se contentant que de regarder s'accroître le nombre de lecteurs sur son blogue.
J'en ai rien à crisser que vous soyez deux cents ou deux millions par jour à me lire parce que, voyez-vous, je fais tout ça pour moi en m'offrant la fantaisie de vous laisser regarder par-dessus mon épaule, quitte à vous accorder le privilège d'un commentaire.
Bon, je déconne, encore une fois. Et on ne sait toujours pas où je m'en vais avec mes digressions qui prouvent hors de tout doute que je suis corrompu par l'esprit de Rabelais, Cervantès et Gogol. Bien qu'ils n'aient rien à voir ici. Des grands noms, ça fait toujours plaisir d'en sortir quelques-uns de son chapeau avant que de dire des conneries. On pourra se dire, à la toute fin, que c'est dommage qu'un homme de culture s'abandonne aussi facilement aux raccourcis intellectuels quand il est temps d'évaluer sa propre communauté humaine et son environnement physique.
-Accouche qu'on baptise maudit christ de tabarnak!!! me redites-vous, si brutalement, comme si vous étiez des hosties de pas propres.
Oui, oui. Je vais vous le dire, enfin.
Je trouve, voyez-vous, que beaucoup trop de gens sont lessivés par la télé, sinon par ce qu'il y a de plus poche sur l'Internet.
Quand je vois cette pub télé d'un type qui prétend maintenir en vie ses facultés mentales en achetant un logiciel de jeux de mémoire, je me dis que les gens sont lessivés mentalement en sacrement pour manquer tellement d'imagination qu'ils ont besoin d'occuper toutes leurs journées avec ce logiciel de merde. Acheter ce logiciel, en soi, est une preuve incontestable de faillite, tant au plan physique que métaphysique.
Y'a plein de gens sur les pilules autour de moi, des drogués légaux, avec prescription du médecin pour vivre en légumes lessivés mentalement.
Tu leur demandes comment font deux plus deux et les voilà qu'ils vous regardent avec un filet de bave qui pend au bout des lèvres, en vous répondant si vous avez vu La poule aux oeufs de marde ou bien Occupation plate à l'os, le gala de telle association de crétins ou bien la gale de Linda dans Rémi et ses femmes.
C'est comme si l'ascenseur ne montait plus jusqu'au cerveau. Et on en trouve partout comme ça chez les gens dits «normaux» - entre des hosties de gros guillemets français qui correspondent aux standards typographiques de la langue de Molière.
Les drogués, les vrais, ont parfois l'air moins sonnés que ces «normaux», habitués à vivre la switch à off, loin de toutes formes de préoccupations morales, politiques ou existentielles. Des vies à brut dans toute sa sale superficialité. Des vies à la «après moi le déluge!», dans l'incapacité de désigner l'Afrique sur un globe terrestre ou bien de nommer le Premier ministre de son propre pays. Cependant, ils feront preuve d'une mémoire prodigieuse pour vous nommer tous les joueurs de hockey et tous les participants de telle ou telle émission de téléréalité gaga. .
J'aime les gens.
Je les aime assez pour leur dire qu'ils méritent mieux que des jeux de mémoire et des lance-le-petit-ballon-rouge-à-grand-maman à la fin de leurs jours.
La vie vaut la peine d'être vécue. Mais il faut se donner la peine de la vivre.
Asseoir son gros cul dans un fauteuil à regarder vivre des hosties de pas de vie qui ont le cul écrasé dans un fauteuil et qui se font des minauderies, franchement, ça rend cave.
Voilà, j'ai tout dit.
Vive le chant des oiseaux.
Vive le printemps.
Etc.
lundi 6 avril 2009
LE TEMPS DES LILAS ET... DU ROCKABILLY
La fin de semaine a été riche en expériences culturelles.
Je suis allé voir L'Ex-pot d'fleurs de Luc Gaudet samedi.
Puis, j'ai peint deux tableaux dont l'un est affiché ici à la gauche de votre écran. Ce tableau s'intitule tout bonnement Le temps des lilas dans Sainte-Cécile, un quartier populaire de Trois-Rivières.
On y voit un type dans son sous-sol qui regarde son écran plat au plasma de format géant. Tout au fond, il y a le cabinet d'aisance. Je vous jure que je n'ai rien inventé. Je l'ai vu de mes yeux vus et je l'ai reproduit ici, avec les lilas et les aborigènes du quartier.
Cette toile, évidemment, n'est déjà plus disponible. Partie! Le lilas porte chance. Sans doute.
DU ROCKABILLY TRIFLUVIEN À SON MEILLEUR: LES MALLÉCHÉS & LES DEVILS HOTROD AU CLUB DE CURLING LAVIOLETTE
Après avoir apporté ma toile chez mon client, un gentleman de premier ordre qui sait bien recevoir en plus d'avoir du goût, nous partîmes tous ensemble, moi, ma blonde et le gentleman en question pour nous rendre au club de curling Laviolette, sur le boulevard des Forges, juste devant le poste de police de Trois-Rivières.
Tout le monde sait que Trois-Rivières regorge de talents. Personne ne sait encore que Trois-Rivières s'affiche de plus en plus comme la capitale du rockabilly québécois. Deux groupes ont suffi pour m'en convaincre, Les Malléchés et les Devils Hotrod qui se produisaient hier soir au club de curling.
Cette musique sans âge et sans frontière m'a tout de suite rempli de convulsions et de spasmes proprement rockabilly. J'ai senti qu'une crête de coq me poussait sur la tête et que les favoris me rallongeaient. Le gentleman qui possède maintenant ma toile nous a régalé de quelques tournées pour faire passer les hot-dogs qui, par ailleurs, étaient gratuits.
L'endroit était pour le moins insolite. Et les gens plutôt bizarres.
Les deux groupes présentaient leur spectacle dans le cadre de je ne sais trop quel tournoi de l'association des tenanciers de bars et de restaurants de Trois-Rivières.
Les joueurs de curling étaient parfois déguisés d'étrange façon. Dont ces mecs en combinaison blanche qui portaient leur vieux slip par-dessus ladite combinaison. Il ne leur manquait que le chapeau melon pour se rapprocher un peu plus des costumes des gredins de Orange Clockwork, dans le film de Kubrick.
D'autres étaient en jupe écossaise et s'étaient collés des concombres avec du ruban adhésif sur le bord de la cuisse. Enfin, il y en avait un qui était en robe de chambre et en pyjama et plein d'autres avec des crêtes de coq à la mode rockabilly.
Ça fessait dans le décor. Les femmes, quant à elles, n'étaient pas déguisées, ou si peu que ça ne vaut pas la peine d'en parler. Et tout ce beau monde s'est mis à danser, swigner et vivre un petit moment de folie bien douce aux accents percutants des deux groupes.
Mon gentleman, qui se déplace en quadriporteur, a confondu la marche arrière avec la marche avant et, sans chercher vraiment à nous faire rire, il a foncé dans la batterie du groupe Les Malléchés qui ont dû interrompre leur chanson compte tenu de l'incident qui se rapprochait aussi de l'accident... Le gentleman a cru bon rentrer chez lui pour être devenu sans le vouloir le clou de cette soirée.
Nous avons continué à swigner, bien entendu, puisque la musique est repartie de plus belle.
Ce matin, j'ai encore mal aux jambes d'avoir exécuté quelques pas endiablés de gigue sur les tounes originales en français des Malléchés mais aussi sur leurs covers de Johnny Cash, Duke Ellington et j'en passe.
Les Malléchés entrent en studio pour enregistrer leur premier album. Vous pouvez, en attendant, trouvez quelques chansons gratuites ici.
Les Devils Hotrod produisent aussi du matériel gratuit. Et c'est ici.
***
JE VEUX ENTENDRE LE CHANTEUR SVP!
Dans tous les shows, c'est toujours pareil. On dirait que c'est voulu de ne jamais entendre le chanteur. On traite la voix du chanteur comme si c'était un bruit de fond alors que toute l'histoire réside dans cette voix. Et le chanteur, enterré par la section des cordes et la batterie, sans moniteur devant lui pour lui renvoyer le son de sa voix, ne s'entend plus chanter. Et le public ne sait pas trop ce qu'il dit, comme si ce n'était pas important.
Je fais grincheux? Pas du tout! Je constate. Je devrais devenir technicien du son pour les groupes de la région. On entendrait le chanteur, si je m'en occupais, je vous le jure. Et je baisserais de moitié l'amplication des cordes et celle de la batterie. Comme on le ferait pour AC/DC au Stade, j'imagine.
Cela dit, c'était super. Et j'ai rajeuni de dix ans.
Je suis allé voir L'Ex-pot d'fleurs de Luc Gaudet samedi.
Puis, j'ai peint deux tableaux dont l'un est affiché ici à la gauche de votre écran. Ce tableau s'intitule tout bonnement Le temps des lilas dans Sainte-Cécile, un quartier populaire de Trois-Rivières.
On y voit un type dans son sous-sol qui regarde son écran plat au plasma de format géant. Tout au fond, il y a le cabinet d'aisance. Je vous jure que je n'ai rien inventé. Je l'ai vu de mes yeux vus et je l'ai reproduit ici, avec les lilas et les aborigènes du quartier.
Cette toile, évidemment, n'est déjà plus disponible. Partie! Le lilas porte chance. Sans doute.
DU ROCKABILLY TRIFLUVIEN À SON MEILLEUR: LES MALLÉCHÉS & LES DEVILS HOTROD AU CLUB DE CURLING LAVIOLETTE
Après avoir apporté ma toile chez mon client, un gentleman de premier ordre qui sait bien recevoir en plus d'avoir du goût, nous partîmes tous ensemble, moi, ma blonde et le gentleman en question pour nous rendre au club de curling Laviolette, sur le boulevard des Forges, juste devant le poste de police de Trois-Rivières.
Tout le monde sait que Trois-Rivières regorge de talents. Personne ne sait encore que Trois-Rivières s'affiche de plus en plus comme la capitale du rockabilly québécois. Deux groupes ont suffi pour m'en convaincre, Les Malléchés et les Devils Hotrod qui se produisaient hier soir au club de curling.
Cette musique sans âge et sans frontière m'a tout de suite rempli de convulsions et de spasmes proprement rockabilly. J'ai senti qu'une crête de coq me poussait sur la tête et que les favoris me rallongeaient. Le gentleman qui possède maintenant ma toile nous a régalé de quelques tournées pour faire passer les hot-dogs qui, par ailleurs, étaient gratuits.
L'endroit était pour le moins insolite. Et les gens plutôt bizarres.
Les deux groupes présentaient leur spectacle dans le cadre de je ne sais trop quel tournoi de l'association des tenanciers de bars et de restaurants de Trois-Rivières.
Les joueurs de curling étaient parfois déguisés d'étrange façon. Dont ces mecs en combinaison blanche qui portaient leur vieux slip par-dessus ladite combinaison. Il ne leur manquait que le chapeau melon pour se rapprocher un peu plus des costumes des gredins de Orange Clockwork, dans le film de Kubrick.
D'autres étaient en jupe écossaise et s'étaient collés des concombres avec du ruban adhésif sur le bord de la cuisse. Enfin, il y en avait un qui était en robe de chambre et en pyjama et plein d'autres avec des crêtes de coq à la mode rockabilly.
Ça fessait dans le décor. Les femmes, quant à elles, n'étaient pas déguisées, ou si peu que ça ne vaut pas la peine d'en parler. Et tout ce beau monde s'est mis à danser, swigner et vivre un petit moment de folie bien douce aux accents percutants des deux groupes.
Mon gentleman, qui se déplace en quadriporteur, a confondu la marche arrière avec la marche avant et, sans chercher vraiment à nous faire rire, il a foncé dans la batterie du groupe Les Malléchés qui ont dû interrompre leur chanson compte tenu de l'incident qui se rapprochait aussi de l'accident... Le gentleman a cru bon rentrer chez lui pour être devenu sans le vouloir le clou de cette soirée.
Nous avons continué à swigner, bien entendu, puisque la musique est repartie de plus belle.
Ce matin, j'ai encore mal aux jambes d'avoir exécuté quelques pas endiablés de gigue sur les tounes originales en français des Malléchés mais aussi sur leurs covers de Johnny Cash, Duke Ellington et j'en passe.
Les Malléchés entrent en studio pour enregistrer leur premier album. Vous pouvez, en attendant, trouvez quelques chansons gratuites ici.
Les Devils Hotrod produisent aussi du matériel gratuit. Et c'est ici.
***
JE VEUX ENTENDRE LE CHANTEUR SVP!
Dans tous les shows, c'est toujours pareil. On dirait que c'est voulu de ne jamais entendre le chanteur. On traite la voix du chanteur comme si c'était un bruit de fond alors que toute l'histoire réside dans cette voix. Et le chanteur, enterré par la section des cordes et la batterie, sans moniteur devant lui pour lui renvoyer le son de sa voix, ne s'entend plus chanter. Et le public ne sait pas trop ce qu'il dit, comme si ce n'était pas important.
Je fais grincheux? Pas du tout! Je constate. Je devrais devenir technicien du son pour les groupes de la région. On entendrait le chanteur, si je m'en occupais, je vous le jure. Et je baisserais de moitié l'amplication des cordes et celle de la batterie. Comme on le ferait pour AC/DC au Stade, j'imagine.
Cela dit, c'était super. Et j'ai rajeuni de dix ans.
samedi 4 avril 2009
La cueillette des mégots
Ils sont inséparables et me font penser à Laurel et Hardy. L'un est gros et l'autre est tout petit. Le gros parle avec un cheveu sur le bout de la langue et le petit, eh bien, il ne parle jamais. Le gros s'appelle m'sieur Rodolphe et le petit, m'sieur Armand.
Ils doivent avoir entre soixante-dix et quatre-vingts ans et passent toutes leurs journées à arpenter les trottoirs du centre-ville tout en se cherchant de quoi fumer.
La plupart du temps, ils se contentent de mégots de cigarettes. Ils les trouvent sur les trottoirs ou bien dans les cendriers installés à la sortir des commerces et des bureaux gouvernementaux. Ils vont cueillir les mégots comme d'autres feraient la cueillette des fraises ou des bleuets. Et ils reviennent invariablement s'asseoir sur le même banc, avec leur sac de mégots, en un endroit stratégique du centre-ville, pour être toujours bien visibles.
Il faut dire que les passants ont pris l'habitude de leur refiler quelques sous, même s'ils ne mendient pas vraiment. M'sieur Rodolphe et m'sieur Armand fument leurs mégots en attendant cette âme généreuse qui leur refilera de quoi s'acheter quelques cigarettes à l'unité dans un dépanneur dont je ne révélerai pas le nom de crainte que la police du tabac ne leur remette une amende salée. Les législateurs, dans leur grande sagesse, préfèrent que nos deux vieux lascars fument des toppes de cigarettes plutôt que de belles cigarettes toutes fraîches vendues à l'unité. À l'unité, imaginez-vous donc!
Enfin, tout ça pour dire que dès que tu leur donnes deux piastres, on les voit filer, nos Laurel et Hardy. Leurs yeux, plutôt ternes de coutume, lancent des éclairs d'enthousiasme pour ce misérable deux dollars. Ils délaissent leur sac de mégots pour quatre à six cigarettes qu'ils iront fumer ailleurs, peut-être au port, avec le sentiment qu'ils sont enfin devenus comme tout le monde, capables de payer leurs affaires, susceptibles un jour d'embarquer sur un bateau pour aller voir les Zeuropes et toutes sortes de choses.
Quand toutes ces cigarettes fraîches sont fumées, les deux vieux reviennent lentement vers leur chambre, au Foyer des coeurs brisés, où ils s'ennuient terriblement de ne pas pouvoir se servir dans les cendriers du fumoir communautaire, ce qui ne fait pas très propre selon les autorités en place.
Alors ils se couchent, rêvant au lendemain: des cendriers et des trottoirs débordant de mégots à peine entamés, de généreux passants leur refilant des deux piastres, des bateaux qui pourraient les emmener vers les Zeuropes.
vendredi 3 avril 2009
L'envie de bien vivre
On ne peut pas éternellement colporter la mort et le dégoût de vivre.
Il vient un temps où la vie, la nature et les enfants qui poussent doivent nécessairement l'emporter sur toutes formes de ruminations associées au désespoir et retournées contre la société et ses satellites.
Ce temps-là est arrivé.
Le No Future est une voie sans issue.
Fuck les jérémiades.
Fuck les ah misère, ah malheur!
Broyer du noir? No way!
Plutôt devenir tout feu que de se transformer en éteignoir des passions humaines.
C'est le printemps.
Les mésanges chantent.
Les outardes reviennent.
Et on range les manteaux d'hiver, tiens.
***
CONSEILS PRATIQUES DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Il n'est pas nécessaire d'exposer tout son corps à la pluie pour constater s'il pleut. Une seule main suffit.
S'abonner à :
Messages (Atom)