vendredi 31 janvier 2014
Aux mânes de François Cavanna, Georges Bernanos et Léon Bloy...
François Cavanna est mort hier à l'âge de 90 ans. Il était l'un des fondateurs des magazines Hara Kiri et Charlie Hebdo, sources auxquelles mon adolescence s'est longtemps abreuvée.
Cavanna avait une plume bien à lui que personne ne pouvait imiter sans passer pour un gredin de la contrefaçon.
Je l'ai lu et relu souvent pour m'imprégner d'un humour rital aux accents gaulois.
Je salue ses mânes, comme toutes les mânes de ces esprits qui m'ont grandement influencé.
***
J'achève de lire Les grands cimetières sous la lune de Georges Bernanos, un auteur tout aussi catholique que Michel Chartrand pouvait l'être. S'il y avait eu plus de catholiques comme ceux-là, peut-être que les temples sentiraient moins l'avidité humaine.
Dans Les grands cimetières sous la lune, Bernanos s'en prend à ces faux-culs qui soutiennent Franco, Mussolini et Hitler au nom de la lutte contre le communisme athée. Il les vilipende pour cette violence aspergée d'eau bénite qui se commet envers les membres de la société civile. Bernanos rétablit par son propos et son attitude quelque chose comme la charité chrétienne, un concept vague qui n'a jamais levé fort parmi les prêtres et les Pharisiens. Ce qui explique pourquoi Jésus préférait être en présence de prostituées, de pêcheurs qui ont péché et de percepteurs d'impôt ignobles comme Zachée.
On retrouve chez Bernanos un peu de la verve qui a fait l'infortune de Léon Bloy, avec un peu plus de sensibilité, moins de plus-que-parfait du subjonctif et un rien d'imprécations à haute teneur scatologique.
Pour ce qui est de Léon Bloy, je ne saurais trop vous recommander de lire son Exégèse des lieux communs. Le pamphlétaire s'y révèle totalement. Cela fait partie de ce qu'il a écrit de mieux avec Le mendiant ingrat, une partie de son journal intime.
Je vais continuer à fréquenter Bernanos au cours de l'hiver et vous reviendrai peut-être avec quelques commentaires à ce sujet pour vous rappeler que je lis vraiment n'importe quoi.
mercredi 29 janvier 2014
Un trip de Princesse, franchement, ça ne mène nulle part
Elle vivait depuis toujours dans sa cage de princesse.
On l'avait baptisée Princesse très jeune. Même qu'elle s'appelait vraiment Princesse. Princesse Landru. C'est un prénom tout aussi étrange que son patronyme. Un prénom qui allait la prédestiner à un rôle tout à fait superficiel au sein de la grande communauté des singes plus ou moins bipèdes et déplumés.
Dès son plus jeune âge elle se faisait appeler Princesse par-ci et Princesse par-là.
-Oh! ma belle Princesse! Quelle belle Princesse! Oua Princesse! qu'on lui disait innocemment chez les Landru autant que chez les Péloquin, du côté de sa mère.
On l'habillait en Princesse. On la dorlotait comme une Princesse. Et on la servait en Princesse, bien entendu.
On se soumettait à tous ses caprices.
Elle n'avait qu'à sangloter à propos de tout et de rien pour obtenir satisfaction.
Évidemment, la petite Princesse a fini par devenir cette grosse Princesse qui passe des heures devant son miroir pour ressembler un tant soit peu à Ken ou Barbie.
Tout passe par la matière dans la vie de Princesse. Tout n'est qu'extérieur et artifices.
Elle vit pour paraître une Princesse, bien qu'elle ne soit qu'une Landru du Rang de la Basse-Fosse de Sainte-Blandine-des-Hautes-Neiges-de-la-Madone.
Elle aime surtout le cash.
Le cash qui lui permet de se payer des opérations de chirurgie esthétique, des voyages au Club Merde ou bien de quoi se donner l'impression qu'il y a une vie du mauvais côté du miroir.
Plus personne n'obéit vraiment aux désirs de Princesse en ce moment sinon la bande de crétins habituels qui traînent dans son lit. Elle n'a plus de conjoint. Elle trouvait que Ken Larousse était trop ennuyant. Il lui pardonnait tout, même ses mille et un amants. Elle tente en ce moment de mettre la mainmise sur le plus naïf d'entre eux pour lui siphonner son cash, comme tous les autres avant lui.
Ken Larousse était pourtant un peu comme elle devant le miroir. Il pouvait passer des heures à placer et déplacer ses cheveux. Et il passait aussi son temps à demander à Princesse s'il était assez cute pour sortir dehors et faire honneur à sa princesse. Il trippait cash, comme Princesse. Et il parlait de cash, de fric et de beaux bidous brillants comme de l'or.
Des gens comme Princesse Landru et Ken Larousse, il y en a des tas.
Ils s'intéressent entre eux à leur condition de bêtes dans un troupeau de têtes de linottes.
La beauté intérieure, ce n'est pas leur fort.
Ils sont généralement laids de ce côté-là.
N'importe quel malpropre les dépasse largement sur ce seul aspect de leur personnalité fade et tiède comme de l'eau croupie.
Chacun son trip.
Mais un trip de Princesse, franchement, ça ne mène nulle part.
dimanche 26 janvier 2014
I've been in Whitehorse 20 years ago
Une diapositive traîne depuis vingt ans dans mes archives personnelles. Je ne l'avais jamais vue, soit par négligence ou bien par manque de narcissisme.
Nous nous sommes équipés d'un nouveau numériseur récemment qui permet de scanner des diapositives.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, sinon à me voir la binette derrière un écran de fumée.
La photo a été prise au Robert Service Campground, à Whitehorse (Yukon), à l'été 1993. Blaine Gauvin, photographe professionnel, en est l'auteur.
J'ai peu de souvenirs de Blaine, sinon qu'il passait du temps avec nous autour du feu. Nous, c'était Craig, Toad, Montana Matt, un Écossais amateur d'art abstrait, deux Irlandaises et une Autrichienne dont les noms m'échappent. On passait notre temps à jammer autour du feu, moi avec mes harmonicas, Craig avec son accordéon et les autres avec des roches et des bouts de bois.
Le soleil se couchait autour de trois heures du matin et se levait une demie heure plus tard.
La photo a probablement été prise au cours de l'une de ces courtes nuits boréales.
Bien que l'on ne voit pas grand' chose, j'ai ressenti une certaine émotion à me revoir au Yukon dans ma chemise de lin des temps coloniaux.
Une partie de moi-même sera toujours au Yukon.
C'est là que je suis passé du statut de chenille à celui de papillon poids lourd.
Je sais bien que ce n'est pas nécessairement intéressant pour vous que de lire ma nostalgie.
Il fallait bien que j'en parle un peu après vingt années à me demander ce qu'il y avait sur cette diapositive que Blaine Gauvin m'a donnée un jour.
Il semble même que cette photo fisse partie d'une exposition à Whitehorse.
J'ai probablement quitté le Yukon bien avant ça.
Nous nous sommes équipés d'un nouveau numériseur récemment qui permet de scanner des diapositives.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, sinon à me voir la binette derrière un écran de fumée.
La photo a été prise au Robert Service Campground, à Whitehorse (Yukon), à l'été 1993. Blaine Gauvin, photographe professionnel, en est l'auteur.
J'ai peu de souvenirs de Blaine, sinon qu'il passait du temps avec nous autour du feu. Nous, c'était Craig, Toad, Montana Matt, un Écossais amateur d'art abstrait, deux Irlandaises et une Autrichienne dont les noms m'échappent. On passait notre temps à jammer autour du feu, moi avec mes harmonicas, Craig avec son accordéon et les autres avec des roches et des bouts de bois.
Le soleil se couchait autour de trois heures du matin et se levait une demie heure plus tard.
La photo a probablement été prise au cours de l'une de ces courtes nuits boréales.
Bien que l'on ne voit pas grand' chose, j'ai ressenti une certaine émotion à me revoir au Yukon dans ma chemise de lin des temps coloniaux.
Une partie de moi-même sera toujours au Yukon.
C'est là que je suis passé du statut de chenille à celui de papillon poids lourd.
Je sais bien que ce n'est pas nécessairement intéressant pour vous que de lire ma nostalgie.
Il fallait bien que j'en parle un peu après vingt années à me demander ce qu'il y avait sur cette diapositive que Blaine Gauvin m'a donnée un jour.
Il semble même que cette photo fisse partie d'une exposition à Whitehorse.
J'ai probablement quitté le Yukon bien avant ça.
vendredi 24 janvier 2014
Du fascisme à la légèreté
Il y a quelque chose comme du fascisme qui s'insinue dans toutes les sphères de la vie politique. Le cynisme des politiciens est à l'image du peuple où les vertus s'estompent. Le jeu démocratique, vicié par un faible taux de participation et une marque d'intérêt encore plus médiocre, fait bayer aux corneilles l'électeur moyen. Pour qu'ils deviennent plus drôles encore, parce qu'à défaut du pain l'électeur choisira les jeux, il convient que nos politiciens se confondent de plus en plus avec les figurines, les mascottes et les clowns.
Prenons Rob Ford. Il ne constitue pas une exception dans le grand jeu démocratique mais une tendance lourde à propulser au pouvoir des menteurs narcissiques. Ils ont en commun avec le peuple d'aimer les Jeux du Cirque. D'où la Ford Nation, comme l'on dirait la Nation Néron. On attend de l'élu de la poésie, du théâtre, voire des orgies, si cela peut se faire. N'importe quoi sauf des lamentations sur le prix du pain ou du fromage. On a les politiciens qu'on mérite. Peuple mou, pouvoir fou.
Les payeurs de taxes, pris à partie, se font miroiter la promesse qu'on guérira d'un quelconque mal en cuisinant son propre pied. Le néolibéralisme propose à l'État l'autophagie comme remède. Quand l'État n'aura plus de pieds ni de bras, on lui foutra un grand coup dans les côtes pour le précipiter dans une fosse commune. Les riches seront plus riches. Les pauvres toujours plus pauvres. Cependant les Jeux du Cirque seront gratuits, payés par de la publicité ou bien des taxes. Les taxes ne seront jamais abolies parce qu'il faut bien qu'ils vivent de quelque chose, les gredins. Un party de temps en temps et on oublie tout. On vous pitchera des dix cents dans la face comme dans le temps de Duplessis et il y en a qui brandiront leurs mains comme des palmes pour applaudir le Cheuf et son satané drapeau.
Je dis probablement n'importe quoi n'importe comment.
Je ressens profondément mon appartenance à une culture bien plus qu'à un pays.
Ma culture, c'est quelque chose comme un irrépressible besoin de liberté et de légèreté.
Quelque chose comme ça.
Prenons Rob Ford. Il ne constitue pas une exception dans le grand jeu démocratique mais une tendance lourde à propulser au pouvoir des menteurs narcissiques. Ils ont en commun avec le peuple d'aimer les Jeux du Cirque. D'où la Ford Nation, comme l'on dirait la Nation Néron. On attend de l'élu de la poésie, du théâtre, voire des orgies, si cela peut se faire. N'importe quoi sauf des lamentations sur le prix du pain ou du fromage. On a les politiciens qu'on mérite. Peuple mou, pouvoir fou.
Les payeurs de taxes, pris à partie, se font miroiter la promesse qu'on guérira d'un quelconque mal en cuisinant son propre pied. Le néolibéralisme propose à l'État l'autophagie comme remède. Quand l'État n'aura plus de pieds ni de bras, on lui foutra un grand coup dans les côtes pour le précipiter dans une fosse commune. Les riches seront plus riches. Les pauvres toujours plus pauvres. Cependant les Jeux du Cirque seront gratuits, payés par de la publicité ou bien des taxes. Les taxes ne seront jamais abolies parce qu'il faut bien qu'ils vivent de quelque chose, les gredins. Un party de temps en temps et on oublie tout. On vous pitchera des dix cents dans la face comme dans le temps de Duplessis et il y en a qui brandiront leurs mains comme des palmes pour applaudir le Cheuf et son satané drapeau.
Je dis probablement n'importe quoi n'importe comment.
Je ressens profondément mon appartenance à une culture bien plus qu'à un pays.
Ma culture, c'est quelque chose comme un irrépressible besoin de liberté et de légèreté.
Quelque chose comme ça.
jeudi 23 janvier 2014
Et que dire de plus, hein?
Bernardin Scrouniaf, que tout le monde connaît, disait que le monde est un endroit où il fait bon vivre tout autant qu'il y fait mal de mourir. Il disait vraiment n'importe quoi comme ça en le notant dans un calepin, affichant un air sentencieux qui justifiait son salaire de poète débordant de prébendes, de per diem et autres colifichets de Lard avec un grand L.
Il ne s'appelait pas vraiment Bernardin ni Scrouniaf. Il s'appelait plutôt Hermès Troisfoisgrand, ce qui ne faisait pas assez poétique à son goût et conservait selon lui ce parfum nauséabond d'un temps colonial.
Il était un gars plutôt laid mais il ne le faisait pas exprès. C'était une partie de son charme que de réciter des phrases de son cru devant tout un chacun en prenant l'air auguste du chimpanzé qui viendrait tout juste de tomber d'un arbre par excès de spleen.
Bernardin Scrouniaf était l'auteur hauteurisé de plus de six cent vingt-huit recueils de poésie tous aussi ennuyants les uns que les autres.
Et que dire de plus, hein?
Il ne s'appelait pas vraiment Bernardin ni Scrouniaf. Il s'appelait plutôt Hermès Troisfoisgrand, ce qui ne faisait pas assez poétique à son goût et conservait selon lui ce parfum nauséabond d'un temps colonial.
Il était un gars plutôt laid mais il ne le faisait pas exprès. C'était une partie de son charme que de réciter des phrases de son cru devant tout un chacun en prenant l'air auguste du chimpanzé qui viendrait tout juste de tomber d'un arbre par excès de spleen.
Bernardin Scrouniaf était l'auteur hauteurisé de plus de six cent vingt-huit recueils de poésie tous aussi ennuyants les uns que les autres.
Et que dire de plus, hein?
mercredi 22 janvier 2014
Le dieu des Kons
Rapport présenté par Jimmy Micromégas, enquêteur pour la Commission intergalactique de Sirius. Déposé le 78744 de l'ère de la Limpidité.
Il est de ces stupidités dans l'univers qui nous font douter qu'un jour nos très lointains ancêtres aient pu ressembler à ces créatures qui se sont choisi un dieu à leur image pas très reluisante, tant du point de vue moral que physique.
Ces créatures que nous appelons les Kons sont recouvertes de poils et fonctionnent encore sur les vieux principes moléculaires. Elles sont avides de je ne sais quoi pour je ne saurais dire pourquoi.
Leur vie est encore plus vile que celle des plus viles créatures de la planète qu'ils occupent, un vulgaire caillou dont l'eau n'y est guère plus abondante qu'une rosée sur un fruit. Moins de 1% d'eau, à peine quelque chose pour maintenir en vie quelques moisissures et créatures pas très reluisantes.
Encore que celles qui vivent sous l'eau soient plus sympathiques. Les dowphins sont très intelligents et plutôt gentils. Nous avons passés de très belles journées parmi les dowphins. Mais pas une seule qui ne vaille la peine d'y retourner parmi les Kons, l'espèce sans doute la plus menaçante pour la vie sur cette misérable planète de rien du tout.
Le dieu des Kons est le fondement de délires dont vous n'avez pas idée chez ces créatures poilues et nauséabondes.
Elles se mettent à plat ventre dans des temples de sable et se tapent le front avec un caillou tandis qu'un sorcier se met à gigoter et à hurler des insanités sur la foule hypnotisée.
Cela fait froid dans le dos de voir à quel point ces créatures qui sont à deux poils d'entrer en contact avec notre univers puissent aussi maîtriser l'atome...
Il y a probablement des gens fort intelligents parmi les Kons mais je ne les ai pas rencontrés. Peut-être les tiennent-ils en laisse dans quelque geôle souterraine loin de tous nos radars. Enfin! je puis vous dire que cela ne les empêche pas de s'étriper pour le dieu des Kons.
Il nous serait facile de nous faire passer pour le dieu des Kons devant ces ignorants. Je ne vois pas quel intérêt nous pourrions en tirer. La duplicité n'a jamais été une vertu, même si cela leur faisait plaisir.
Je recommande fortement d'éviter tout contact avec les Kons et de neutraliser leur énergie atomique aussitôt que possible afin de préserver la paix de l'univers.
Les descriptions et recommandations figurent en annexe.
Je remercie spécialement les membres de mon équipe pour leur précieuse collaboration.
Vous saurez leurs noms en temps et lieux.
Avec mes hommages,
Jimmy Micromégas,
Enquêteur
Pj.: Description complète des Kons
Il est de ces stupidités dans l'univers qui nous font douter qu'un jour nos très lointains ancêtres aient pu ressembler à ces créatures qui se sont choisi un dieu à leur image pas très reluisante, tant du point de vue moral que physique.
Ces créatures que nous appelons les Kons sont recouvertes de poils et fonctionnent encore sur les vieux principes moléculaires. Elles sont avides de je ne sais quoi pour je ne saurais dire pourquoi.
Leur vie est encore plus vile que celle des plus viles créatures de la planète qu'ils occupent, un vulgaire caillou dont l'eau n'y est guère plus abondante qu'une rosée sur un fruit. Moins de 1% d'eau, à peine quelque chose pour maintenir en vie quelques moisissures et créatures pas très reluisantes.
Encore que celles qui vivent sous l'eau soient plus sympathiques. Les dowphins sont très intelligents et plutôt gentils. Nous avons passés de très belles journées parmi les dowphins. Mais pas une seule qui ne vaille la peine d'y retourner parmi les Kons, l'espèce sans doute la plus menaçante pour la vie sur cette misérable planète de rien du tout.
Le dieu des Kons est le fondement de délires dont vous n'avez pas idée chez ces créatures poilues et nauséabondes.
Elles se mettent à plat ventre dans des temples de sable et se tapent le front avec un caillou tandis qu'un sorcier se met à gigoter et à hurler des insanités sur la foule hypnotisée.
Cela fait froid dans le dos de voir à quel point ces créatures qui sont à deux poils d'entrer en contact avec notre univers puissent aussi maîtriser l'atome...
Il y a probablement des gens fort intelligents parmi les Kons mais je ne les ai pas rencontrés. Peut-être les tiennent-ils en laisse dans quelque geôle souterraine loin de tous nos radars. Enfin! je puis vous dire que cela ne les empêche pas de s'étriper pour le dieu des Kons.
Il nous serait facile de nous faire passer pour le dieu des Kons devant ces ignorants. Je ne vois pas quel intérêt nous pourrions en tirer. La duplicité n'a jamais été une vertu, même si cela leur faisait plaisir.
Je recommande fortement d'éviter tout contact avec les Kons et de neutraliser leur énergie atomique aussitôt que possible afin de préserver la paix de l'univers.
Les descriptions et recommandations figurent en annexe.
Je remercie spécialement les membres de mon équipe pour leur précieuse collaboration.
Vous saurez leurs noms en temps et lieux.
Avec mes hommages,
Jimmy Micromégas,
Enquêteur
Pj.: Description complète des Kons
mardi 21 janvier 2014
L'atteinte du calme et de la sérénité
L'atteinte du calme et de la sérénité est le plus important combat d'une vie.
Certains ne le savent pas encore. Ceux qui le savent croient qu'ils sont bienheureux de leur ignorance. Une fois que l'on part au combat pour la paix, on sombre dans toutes les contradictions.
Il demeure qu'il est pratiquement impossible pour une créature urbaine, voire une nature campagnarde, de trouver la quiétude.
Tout est une source de stress et même l'argent fait du bruit.
Prenons un homme du treizième siècle et foutons-le au beau milieu d'un carrefour giratoire aux heures de pointe. Il aurait certainement la peur de sa vie. Même les chevreuils ne se tiennent pas là tellement c'est infernal. L'homme moderne continue pourtant de circuler librement parmi les machines parce qu'il y place un orgueil déplacé qui l'écrase pour rien.
Le virage à droite sur feu rouge fait partie des aberrations de notre temps. Il prouve hors de tout doute que la vie d'un piéton ne tient qu'à un fil et que la politesse s'en va à vau-l'eau.
Si ce même piéton survit à sa folle promenade parmi les machines sur le sol glacé, eh bien d'autres ennuis l'attendront sûrement.
Il est possible que son voisin soit un gars qui ne sait pas qu'il doit atteindre lui aussi le calme et la sérénité. Ce qui fait que ce gars-là pourrait foutre le volume de son cinéma maison à un niveau où le cérumen bouille dans les oreilles. Comme les murs des logements sont en carton dans ce coin-là de la ville, le piéton pourrait piétiner dans son appartement en se crissant de grands coups de poing dans la paume de sa main, jurant d'aller décrocher la mâchoire du gars qui ne sait pas que l'on vit trop de stress de nos jours.
Tout ça pour dire que l'atteinte du calme et de la sérénité est le combat d'une vie.
J'ajouterai que l'on perdra beaucoup de batailles en cours de route tout simplement parce que nous sommes tous plus ou moins cons et pas trop fiables.
Voilà.
Certains ne le savent pas encore. Ceux qui le savent croient qu'ils sont bienheureux de leur ignorance. Une fois que l'on part au combat pour la paix, on sombre dans toutes les contradictions.
Il demeure qu'il est pratiquement impossible pour une créature urbaine, voire une nature campagnarde, de trouver la quiétude.
Tout est une source de stress et même l'argent fait du bruit.
Prenons un homme du treizième siècle et foutons-le au beau milieu d'un carrefour giratoire aux heures de pointe. Il aurait certainement la peur de sa vie. Même les chevreuils ne se tiennent pas là tellement c'est infernal. L'homme moderne continue pourtant de circuler librement parmi les machines parce qu'il y place un orgueil déplacé qui l'écrase pour rien.
Le virage à droite sur feu rouge fait partie des aberrations de notre temps. Il prouve hors de tout doute que la vie d'un piéton ne tient qu'à un fil et que la politesse s'en va à vau-l'eau.
Si ce même piéton survit à sa folle promenade parmi les machines sur le sol glacé, eh bien d'autres ennuis l'attendront sûrement.
Il est possible que son voisin soit un gars qui ne sait pas qu'il doit atteindre lui aussi le calme et la sérénité. Ce qui fait que ce gars-là pourrait foutre le volume de son cinéma maison à un niveau où le cérumen bouille dans les oreilles. Comme les murs des logements sont en carton dans ce coin-là de la ville, le piéton pourrait piétiner dans son appartement en se crissant de grands coups de poing dans la paume de sa main, jurant d'aller décrocher la mâchoire du gars qui ne sait pas que l'on vit trop de stress de nos jours.
Tout ça pour dire que l'atteinte du calme et de la sérénité est le combat d'une vie.
J'ajouterai que l'on perdra beaucoup de batailles en cours de route tout simplement parce que nous sommes tous plus ou moins cons et pas trop fiables.
Voilà.
lundi 20 janvier 2014
La Voix
Elle n'était pas facile à comprendre pour ceux qui ne venaient pas du patelin. Les gens du coin avaient fini par s'habituer d'autant mieux qu'ils parlaient le même langage. C'était un mélange de sabir, de joual, de diphtongues et de dyslepsie.
Elle s'appelait Juliette mais tous ses voisins ne pouvaient que l'appeler Hu'iett' compte tenu des difficultés qu'ils avaient à mâcher les mots, les chiffres et les lettres.
-Hu'iett' a' rest' à 'ôté ed'chez-nous ej' la connais torrieu! qu'ils disaient.
Quant à Juliette, cette petite dame de soixante-et-un an au visage à peine fripé, elle avait de la jarnigoine pour vous parler de tout et rien pendant des heures sans que vous y compreniez quelque chose, même si vous saisissiez son accent, sa prononciation et sa syntaxe toute bousillée.
-Ej' pense bin qu'c'est pas en restant en 'aquette après y'être sortie du bain qu'ej'm'en va's er'tourner travailler crétol de critaille de viârge! Ej' travaille à souère au ménage à 'a shop pis faut qu'ej'change 'es poubelles en seulement qu'ej' sais bin pas si va y awouère des cretons pou' l'déjeûner ed'main matin pa'ce qu'ieu c'est bin pas créyab' de c'que c'est qu'on peut man(g)ier pa' les temps qui courent caltor de jéritol de tourlaille! Maudite shop i' pensent à yien! Pis y'a matante Tita qui veut nous wouère pa'ce qu'son tchomme y est en train ed'mourir d'une axtension de voix qui y'i' fa' dire n'impo'te quoi pa'ce qu'i' y est aussi en train ed'virer craquepotte comme el'monde qui vieillissent trop vite du çarveau pa'ce qu'i' z'ont trop été des penseux pansus en-d'dans d'leu' vie à s'maganer 'es z'idées a'ec des mautadites d'affaires comme des liv'es ou ben don' des Zinternettes. En tous 'es cas c'est pas d'même qu'on s'amé'y'ore el' coco pis toutes ses z'affaires-là ej' vous en passe un papier! Bon bin ç'pas toutte moé faut j'aille travailler à ma maudite shop pis ej' t'obligée d'erracrocher el' téléphone ej' si j'veux faiwe mes affaiwes. À Twois-Wivièwes faut twavailler fowe comme el' jéwisse pa'ce qu'on est pauvres comme d'la gale maudit soda de soda! Maudite ville de misère nouèwe pis ed' chômâge accoté dans l'plafond! Maudite gagne de menteurs qu'i' disent qu'i' va' y avouèwe plein d'job quand qu'i' y en a même pas! Tout l'monde r'çoivent des chèques su' ma rue... Y'a jusse moé qu'i' y'a une djobbe baptême de jéribouère!
Oui, vraiment, Juliette avait toute une voix.
Une voix forte, rapide et presque sans ponctuation.
Elle vous lâchait n'importe quoi tout d'un trait et, franchement, si vous n'étiez pas né dans les alentours vous ne pouviez que la regarder en clignant des yeux lorsqu'elle s'adressait à vous.
Elle avait aussi coutume de dire bonyourre pour dire bonjour.
-Bonyourre! qu'elle disait, Juliette, et on lui répondait bonyourre nous autres aussi puisque nous sortions du même moule.
Comme quoi je ne ris pas vraiment de ces travers.
Je ne suis que le philologue innocent d'un coin perdu que j'appelle encore ma patrie.
Ma patrie qui ne dépassera jamais quelques pâtés de maison de Trois-Rivières.
Ma patrie qui s'arrête au premier coteau et qui ne comprend que ceux et celles que l'on ne comprend pas.
Elle s'appelait Juliette mais tous ses voisins ne pouvaient que l'appeler Hu'iett' compte tenu des difficultés qu'ils avaient à mâcher les mots, les chiffres et les lettres.
-Hu'iett' a' rest' à 'ôté ed'chez-nous ej' la connais torrieu! qu'ils disaient.
Quant à Juliette, cette petite dame de soixante-et-un an au visage à peine fripé, elle avait de la jarnigoine pour vous parler de tout et rien pendant des heures sans que vous y compreniez quelque chose, même si vous saisissiez son accent, sa prononciation et sa syntaxe toute bousillée.
-Ej' pense bin qu'c'est pas en restant en 'aquette après y'être sortie du bain qu'ej'm'en va's er'tourner travailler crétol de critaille de viârge! Ej' travaille à souère au ménage à 'a shop pis faut qu'ej'change 'es poubelles en seulement qu'ej' sais bin pas si va y awouère des cretons pou' l'déjeûner ed'main matin pa'ce qu'ieu c'est bin pas créyab' de c'que c'est qu'on peut man(g)ier pa' les temps qui courent caltor de jéritol de tourlaille! Maudite shop i' pensent à yien! Pis y'a matante Tita qui veut nous wouère pa'ce qu'son tchomme y est en train ed'mourir d'une axtension de voix qui y'i' fa' dire n'impo'te quoi pa'ce qu'i' y est aussi en train ed'virer craquepotte comme el'monde qui vieillissent trop vite du çarveau pa'ce qu'i' z'ont trop été des penseux pansus en-d'dans d'leu' vie à s'maganer 'es z'idées a'ec des mautadites d'affaires comme des liv'es ou ben don' des Zinternettes. En tous 'es cas c'est pas d'même qu'on s'amé'y'ore el' coco pis toutes ses z'affaires-là ej' vous en passe un papier! Bon bin ç'pas toutte moé faut j'aille travailler à ma maudite shop pis ej' t'obligée d'erracrocher el' téléphone ej' si j'veux faiwe mes affaiwes. À Twois-Wivièwes faut twavailler fowe comme el' jéwisse pa'ce qu'on est pauvres comme d'la gale maudit soda de soda! Maudite ville de misère nouèwe pis ed' chômâge accoté dans l'plafond! Maudite gagne de menteurs qu'i' disent qu'i' va' y avouèwe plein d'job quand qu'i' y en a même pas! Tout l'monde r'çoivent des chèques su' ma rue... Y'a jusse moé qu'i' y'a une djobbe baptême de jéribouère!
Oui, vraiment, Juliette avait toute une voix.
Une voix forte, rapide et presque sans ponctuation.
Elle vous lâchait n'importe quoi tout d'un trait et, franchement, si vous n'étiez pas né dans les alentours vous ne pouviez que la regarder en clignant des yeux lorsqu'elle s'adressait à vous.
Elle avait aussi coutume de dire bonyourre pour dire bonjour.
-Bonyourre! qu'elle disait, Juliette, et on lui répondait bonyourre nous autres aussi puisque nous sortions du même moule.
Comme quoi je ne ris pas vraiment de ces travers.
Je ne suis que le philologue innocent d'un coin perdu que j'appelle encore ma patrie.
Ma patrie qui ne dépassera jamais quelques pâtés de maison de Trois-Rivières.
Ma patrie qui s'arrête au premier coteau et qui ne comprend que ceux et celles que l'on ne comprend pas.
vendredi 17 janvier 2014
Politique, politique, politique...
Il ne m'est plus fréquent de m'exprimer sur la politique pour la simple et bonne raison que je suis las des vieilles réponses sans questions.
Je ne suis pas tout à fait déconnecté du combat politique. Je mène à peu près toujours le même, plus ou moins habilement.
Au niveau idéologique, j'imagine faire partie du spectre de l'extrême-gauche. Je suis vaguement libertaire, anarchique et non pas anarchiste, individualiste grégaire et poète même quand ce n'est pas mon heure. Je ne fréquente aucune chapelle, ne suis membre d'aucun parti et vote pour le moins pire au lieu de pisser sur les urnes par excès d'idéalisme.
Je n'appelle pas un pauvre un démuni. Je connais suffisamment la pauvreté pour en parler sur un ton qui ne ressemble pas à Celui-qui-danse-avec-les-loups. Je ne suis pas un missionnaire. Je suis plutôt un Autochtone, au sens propre et figuré. On ne me fait pas le coup des beaux sentiments qui ne coûtent aucun effort. J'en ai assez que l'on exige des pauvres tous les sacrifices que les riches ne savent pas faire eux-mêmes.
Mon parti, c'est celui des laissés-pour-compte.
***
Cela dit, je fais des choix heureux ou malheureux. Je me trompe parfois. Et je sais que la politique relève souvent du domaine de la tromperie.
Tout ce que je peux dire à propos de la politique n'est certainement pas parole d'évangile, même si je me sens plus près du Christ que bien des gens qui portent une croix dans le cou. Je ne crois en rien de spécial, mais je sais reconnaître un bon gars qui sait mettre fin à la lapidation d'une prostituée et autres niaiseries traditionnelles qui se font passer pour de la religion.
Ce gars-là, Monsieur Christ, c'était sans doute un brave homme.
***
Maintenant la laïcité...
Le projet du Parti Québécois a beaucoup évolué depuis la Charte des valeurs québécoises et la sainte-défense du saint-crucifix de l'Assemblée Nationale...
On parle maintenant de la Charte de la laïcité et le crucifix est sur le point d'être enlevé pour mettre en évidence la séparation de l'Église et de l'État.
Le crucifix, tout comme le drapeau fleurdelisé, sont l'héritage maudit de l'Union Nationale du Cheuf Maurice L. Duplessis, cryptofasciste de Trois-Rivières qui voulait souder l'État et l'Église ensemble pour mieux mener les Québécois à grands coups de pied au cul. Le vrai drapeau du Québec est vert, blanc et rouge anyway.
***
À l'époque de Duplessis, les communistes et les socialistes étaient les plus farouches partisans de la laïcité.
De nos jours, on sent qu'il y a quelque chose qui cloche.
Les Québécois se sont débarrassés de l'Église dans les années '60 sans occire un seul curé, au contraire de bien des pays dans le monde où le religieux a été violemment évacué. Il serait difficile de soutenir longtemps la thèse d'un quelconque État stalinien qui s'en prend à la religion.
La Charte de la laïcité ne fait que confirmer le virage que la société québécoise a pris au cours de la Révolution tranquille.
Québec Solidaire m'a beaucoup déçu dans sa position officielle sur la laïcité. On y sent beaucoup de n'importe quoi qui n'a rien à voir avec le socialisme d'antan, un certain humanisme auquel s'attachait aussi le besoin de ne pas se soumettre aux dieux, aux césars et aux tribuns.
Je ne suis pas tout à fait déconnecté du combat politique. Je mène à peu près toujours le même, plus ou moins habilement.
Au niveau idéologique, j'imagine faire partie du spectre de l'extrême-gauche. Je suis vaguement libertaire, anarchique et non pas anarchiste, individualiste grégaire et poète même quand ce n'est pas mon heure. Je ne fréquente aucune chapelle, ne suis membre d'aucun parti et vote pour le moins pire au lieu de pisser sur les urnes par excès d'idéalisme.
Je n'appelle pas un pauvre un démuni. Je connais suffisamment la pauvreté pour en parler sur un ton qui ne ressemble pas à Celui-qui-danse-avec-les-loups. Je ne suis pas un missionnaire. Je suis plutôt un Autochtone, au sens propre et figuré. On ne me fait pas le coup des beaux sentiments qui ne coûtent aucun effort. J'en ai assez que l'on exige des pauvres tous les sacrifices que les riches ne savent pas faire eux-mêmes.
Mon parti, c'est celui des laissés-pour-compte.
***
Cela dit, je fais des choix heureux ou malheureux. Je me trompe parfois. Et je sais que la politique relève souvent du domaine de la tromperie.
Tout ce que je peux dire à propos de la politique n'est certainement pas parole d'évangile, même si je me sens plus près du Christ que bien des gens qui portent une croix dans le cou. Je ne crois en rien de spécial, mais je sais reconnaître un bon gars qui sait mettre fin à la lapidation d'une prostituée et autres niaiseries traditionnelles qui se font passer pour de la religion.
Ce gars-là, Monsieur Christ, c'était sans doute un brave homme.
***
Maintenant la laïcité...
Le projet du Parti Québécois a beaucoup évolué depuis la Charte des valeurs québécoises et la sainte-défense du saint-crucifix de l'Assemblée Nationale...
On parle maintenant de la Charte de la laïcité et le crucifix est sur le point d'être enlevé pour mettre en évidence la séparation de l'Église et de l'État.
Le crucifix, tout comme le drapeau fleurdelisé, sont l'héritage maudit de l'Union Nationale du Cheuf Maurice L. Duplessis, cryptofasciste de Trois-Rivières qui voulait souder l'État et l'Église ensemble pour mieux mener les Québécois à grands coups de pied au cul. Le vrai drapeau du Québec est vert, blanc et rouge anyway.
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À l'époque de Duplessis, les communistes et les socialistes étaient les plus farouches partisans de la laïcité.
De nos jours, on sent qu'il y a quelque chose qui cloche.
Les Québécois se sont débarrassés de l'Église dans les années '60 sans occire un seul curé, au contraire de bien des pays dans le monde où le religieux a été violemment évacué. Il serait difficile de soutenir longtemps la thèse d'un quelconque État stalinien qui s'en prend à la religion.
La Charte de la laïcité ne fait que confirmer le virage que la société québécoise a pris au cours de la Révolution tranquille.
Québec Solidaire m'a beaucoup déçu dans sa position officielle sur la laïcité. On y sent beaucoup de n'importe quoi qui n'a rien à voir avec le socialisme d'antan, un certain humanisme auquel s'attachait aussi le besoin de ne pas se soumettre aux dieux, aux césars et aux tribuns.
jeudi 16 janvier 2014
Le culte de l'histoire m'emmerde
Il me semble qu'on ne doit pas élever l'histoire au niveau d'un culte. Tous ceux qui l'ont fait n'en sont pas devenus meilleurs.
Tout ce qui compte, c'est ce qui ne se compte pas. Enlever l'infini d'un homme et il ne tardera pas à penser vous achever d'une manière ou d'une autre.
Voilà pourquoi j'ai pris le Docteur Jivago pour un héros, un gars qui écrit des poèmes et soigne des vies tandis que ça vire au cannibalisme tout autour de lui.
Idem pour Roméo et Juliette, de jeunes gens qui préfèrent s'aimer au lieu de prêter quelque intérêt aux vendettas historiques des crétins de Capulet et des idiots de Montaigu.
Il ne manquera jamais de théoriciens pour vous rappeler à vos devoirs envers l'histoire, la culture ou bien la religion. Il y aura toujours très peu de poètes.
Si François citoyen d'Assise revenait sur Terre de nos jours, il passerait pour un malade mental. On ne lui permettrait pas de se promener tout nu dans les rues et d'y livrer son message. On l'embarquerait avant la fin de la journée et on le bourrerait de pilules à l'hôpital. Il en sortirait avec un air gaga qui ne le quitterait plus jamais, la bave aux lèvres et les yeux hagards comme un ange ratatiné.
On l'obligerait ensuite à saluer quelque drapeau, idée ou loi du travail forcé pour tous de 7 à 77 ans.
Puis on dirait qu'il coûte cher à la société.
Et on lui demanderait de voter pour que la mafia reste au pouvoir et dévie la moitié de la valeur des contrats publics vers leurs poches. Ça coûte plus cher à la société, bien sûr, mais ils ne se promènent pas tout nus dans les rues en demandant à leur prochain d'abandonner leur cupidité pour se consacrer à l'amour, la cueillette des petits fruits ou bien la poésie.
Il y a des limites à rêver dans un monde qui élève l'histoire au niveau d'un culte.
Si tout le monde rêvait, on n'en finirait plus de ne rien faire.
Les pyramides, c'est à coups de fouet qu'on les bâtit.
Si l'on ne comptait que sur les saltimbanques, comment se porterait le tourisme en Égypte, hein?
Jivago, Roméo et autres Juliette peuvent bien avoir tort.
Je préfère leur déraison à la raison qui tue et écrase tout sur son passage.
Bref, je me sens tout à fait poète et sûr qu'un gars comme François, citoyen d'Assise, aurait été un bon pote pour moi.
Ce genre de fous m'a toujours plu.
Oui, vraiment...
mercredi 15 janvier 2014
Une tuque jaune, bleue et magique
Il est des histoires qui doivent être couchées sur le papier subito presto pour ne pas oublier ce que l'imagination a dessiné dans nos têtes. Il faut l'attraper quand c'est le temps, comme les moules ou les bigorneaux à la marée basse. Sinon tout sera submergé et il sera trop tard pour y revenir.
C'est comme pour le rêve. On se souvient de nos rêves dans les premières secondes de notre réveil. C'est le meilleur moment pour les noter. Ensuite, ils deviennent flous et se perdent sous d'épais bancs de brouillard.
Voilà pourquoi je dois vous raconter tout de suite l'histoire de Jonathan Pintendre.
Jonathan Pintendre porte une tuque jaune et bleue.
Il n'y a pas grand chose à rajouter à cette histoire, même pas une description physique ou bien un décor, puisque tout se concentre autour de cette tuque.
C'est une tuque magique. Elle fait coller les cheveux sur le front. Il n'y a jamais d'électricité statique dedans. Et vous savez pourquoi? Parce que c'est une tuque magique, oui, vous m'avez bien lu.
Bien sûr que c'est maigre comme histoire mais on s'ennuie parfois à tout raconter pour le simple plaisir de médire de nos congénères, tout aussi cons et ignorants que moi.
Maintenant que c'est dit, je peux aller me reposer.
C'est comme pour le rêve. On se souvient de nos rêves dans les premières secondes de notre réveil. C'est le meilleur moment pour les noter. Ensuite, ils deviennent flous et se perdent sous d'épais bancs de brouillard.
Voilà pourquoi je dois vous raconter tout de suite l'histoire de Jonathan Pintendre.
Jonathan Pintendre porte une tuque jaune et bleue.
Il n'y a pas grand chose à rajouter à cette histoire, même pas une description physique ou bien un décor, puisque tout se concentre autour de cette tuque.
C'est une tuque magique. Elle fait coller les cheveux sur le front. Il n'y a jamais d'électricité statique dedans. Et vous savez pourquoi? Parce que c'est une tuque magique, oui, vous m'avez bien lu.
Bien sûr que c'est maigre comme histoire mais on s'ennuie parfois à tout raconter pour le simple plaisir de médire de nos congénères, tout aussi cons et ignorants que moi.
Maintenant que c'est dit, je peux aller me reposer.
mardi 14 janvier 2014
L'Avenue du fantôme qui se tient sur une seule jambe
Cela se passait loin dans l'arrière-pays, là où il ne se passe jamais rien aux yeux de ces gens de la ville qui ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez.
Il s'en passait des affaires en une journée, je vous en torche un papier.
Bien sûr, il n'y avait qu'une seule maison dans ce coin-là et même qu'elle était officiellement inhabitée.
C'était une vieille bicoque faite de morceaux de bois contreplaqué, de goudron et de papier brique en fin de vie. Il n'y avait plus de vitres aux fenêtres et des tas de vieux pneus traînaient ça et là dans la cour.
Personne ne restait là. Non, personne. Sauf un fantôme, ce qui n'est même pas le début de quelqu'un.
Ce fantôme était fort poli et pas du tout désagréable.
Comme il n'y avait personne dans le coin, il ne dérangeait jamais qui que ce soit.
Ce spectre passait la plupart du temps à se tenir sur une seule jambe en ne disant rien. Il ne sautait pas à cloche-pied, non, pas du tout. Il tenait une position de yoga.
L'esprit avait été professeur de yoga dans une autre vie et cela se continuait jusqu'après la mort, comme si l'on ne travaillait pas assez au cours d'une seule existence.
Il s'était appelé Michel Gabriel entre 1942 et 1999. Après, il était devenu ce fantôme qui hantait l'arrière-pays sans rien faire d'autre que de se tenir sur une patte.
Évidemment, quelques-uns l'ont vu. Autrement, je ne vous en parlerais même pas.
Il y a bien sûr le vieux Gervais, un trotteux qui aime ça virer au diable vauvert avec son quatre roues.
Le vieil animal, qui a des sourcils épais comme des touffes, nous rappelle tout le temps la présence de ce fantôme dans l'arrière-pays.
-C'est un fantôme qui s'tient juste sur un pied... Oui m'sieur... Pis i' dit rien... I' te r'garde même pas! C'est juste un fantôme plate... Sa vie devait être ennuyante en pas pour rire... Finir sa vie fantôme pis même pas capable de faire peur...
Aux propos du vieux Gervais s'ajoutaient aussi les témoignages de Georges Gauthier alias El Pas-Fin, Fafouine Baillargeon-qu'on-connaît-pas-el'-prénom et Archibald Gringoire, seul intellectuel de la paroisse qui apportait une caution morale à l'insolite.
Comme Gringoire est aussi maire de la ville, parce que personne n'aime participer à trois ou quatre réunions par jour, même si le café est gratuit, eh bien il a décidé un jour de changer le nom du rang auprès de la Commission de toponymie.
Le Rang de l'arrière-pays s'appelle maintenant l'Avenue du fantôme qui se tient debout sur une seule jambe. C'est un peu long mais Gringoire trouve que c'est ouine-heure pour vendre des condominiums dans le secteur. Il a tapé fantôme et construction domiciliaire sur Google et il prétend pouvoir prendre pas mal de poissons pour qu'il y ait toujours plus de payeurs de taxes dans notre belle municipalité de paroisse de Notre-Dame-des-Huit-Bons-Repos-de-Katawankasipiouiouiiouiyéyouwakatatow.
Il s'en passait des affaires en une journée, je vous en torche un papier.
Bien sûr, il n'y avait qu'une seule maison dans ce coin-là et même qu'elle était officiellement inhabitée.
C'était une vieille bicoque faite de morceaux de bois contreplaqué, de goudron et de papier brique en fin de vie. Il n'y avait plus de vitres aux fenêtres et des tas de vieux pneus traînaient ça et là dans la cour.
Personne ne restait là. Non, personne. Sauf un fantôme, ce qui n'est même pas le début de quelqu'un.
Ce fantôme était fort poli et pas du tout désagréable.
Comme il n'y avait personne dans le coin, il ne dérangeait jamais qui que ce soit.
Ce spectre passait la plupart du temps à se tenir sur une seule jambe en ne disant rien. Il ne sautait pas à cloche-pied, non, pas du tout. Il tenait une position de yoga.
L'esprit avait été professeur de yoga dans une autre vie et cela se continuait jusqu'après la mort, comme si l'on ne travaillait pas assez au cours d'une seule existence.
Il s'était appelé Michel Gabriel entre 1942 et 1999. Après, il était devenu ce fantôme qui hantait l'arrière-pays sans rien faire d'autre que de se tenir sur une patte.
Évidemment, quelques-uns l'ont vu. Autrement, je ne vous en parlerais même pas.
Il y a bien sûr le vieux Gervais, un trotteux qui aime ça virer au diable vauvert avec son quatre roues.
Le vieil animal, qui a des sourcils épais comme des touffes, nous rappelle tout le temps la présence de ce fantôme dans l'arrière-pays.
-C'est un fantôme qui s'tient juste sur un pied... Oui m'sieur... Pis i' dit rien... I' te r'garde même pas! C'est juste un fantôme plate... Sa vie devait être ennuyante en pas pour rire... Finir sa vie fantôme pis même pas capable de faire peur...
Aux propos du vieux Gervais s'ajoutaient aussi les témoignages de Georges Gauthier alias El Pas-Fin, Fafouine Baillargeon-qu'on-connaît-pas-el'-prénom et Archibald Gringoire, seul intellectuel de la paroisse qui apportait une caution morale à l'insolite.
Comme Gringoire est aussi maire de la ville, parce que personne n'aime participer à trois ou quatre réunions par jour, même si le café est gratuit, eh bien il a décidé un jour de changer le nom du rang auprès de la Commission de toponymie.
Le Rang de l'arrière-pays s'appelle maintenant l'Avenue du fantôme qui se tient debout sur une seule jambe. C'est un peu long mais Gringoire trouve que c'est ouine-heure pour vendre des condominiums dans le secteur. Il a tapé fantôme et construction domiciliaire sur Google et il prétend pouvoir prendre pas mal de poissons pour qu'il y ait toujours plus de payeurs de taxes dans notre belle municipalité de paroisse de Notre-Dame-des-Huit-Bons-Repos-de-Katawankasipiouiouiiouiyéyouwakatatow.
lundi 13 janvier 2014
Victor Hugo's Les Miserables...
J'ai profité de l'inondation d'hier pour me faire un petit cinéma maison avec ma douce.
Victor Hugo's Les Miserables de Richard Boleslawski était au programme. Il a été tourné en 1935 et met en scène Fredric March dans le rôle de Jean Valjean. Ce gars-là ressemble à Jean Dujardin. On se croirait presque dans un pastiche du film The Artist, bien que ce soit plutôt le contraire...
Le film est plutôt de facture expressionniste, comparativement aux versions successives. Les clairs-obscurs y sont finement travaillés. Nous en sommes encore à l'Âge d'Or du cinéma parlant et l'image est nettement plus modelée que par la suite, où elle devient terne et un peu pompier, comme dans les péplums des années '50.
La misère, la pauvreté et la compassion y sont montrées sous des traits exagérés. Cela se rapproche de l'outrance de Victor Hugo, où un simple chandelier volé à un évêque peut conduire vers l'éternité.
***
Je suis encore en train de lire Choses vues de Victor Hugo. Hugo est en exil sur l'île de Guernesey au moment où il écrit ces choses. Il a participé à la Commune de Paris et doit renoncer à la France réactionnaire pour survivre de son art chez nos amis les Anglais.
Dans ces choses vues, il y a parfois de grands moments qui pourraient se lire et s'imprimer tout seuls. Comme ce récit à propos d'un traître, un certain Hubert qui espionnait la communauté des exilés de Guernesey en se faisant passer pour un Communard. Alors que tout un chacun s'entend pour le pendre, Hugo intervient pour sauver la vie de cet homme, comme Jean Valjean sauvant celle de l'inspecteur Javert dans Les Misérables.
On dira ce qu'on voudra, Hugo n'avait pas de courte vue en matière de droits de l'homme.
Tous les prisonniers et galériens du monde lui seront gré d'avoir amélioré leur sort concrètement par l'influence qu'il exerça sur les esprits de son temps.
Idem pour les fillettes abandonnées.
Hugo a redonné un coeur à la grande communauté des hommes.
***
Parlant de Victor Hugo, je me dois de vous répéter que l'essai Pour saluer Victor Hugo, un ouvrage inclassable comme tous les écrits de Victor Lévy-Beaulieu, vaut vraiment le détour. VLB présente Hugo comme il lui est venu aux yeux. Il a commencé à le fréquenter dans la misère et la pauvreté de Montréal-Nord. Cet homme-océan l'a délivré de la dèche et l'a conduit vers les lettres comme d'autres montent au ciel pour aller réparer des satellites ou visiter des planètes.
***
C'est à peu près tout ce que j'avais à dire sur Victor Hugo aujourd'hui.
Victor Hugo's Les Miserables de Richard Boleslawski était au programme. Il a été tourné en 1935 et met en scène Fredric March dans le rôle de Jean Valjean. Ce gars-là ressemble à Jean Dujardin. On se croirait presque dans un pastiche du film The Artist, bien que ce soit plutôt le contraire...
Le film est plutôt de facture expressionniste, comparativement aux versions successives. Les clairs-obscurs y sont finement travaillés. Nous en sommes encore à l'Âge d'Or du cinéma parlant et l'image est nettement plus modelée que par la suite, où elle devient terne et un peu pompier, comme dans les péplums des années '50.
La misère, la pauvreté et la compassion y sont montrées sous des traits exagérés. Cela se rapproche de l'outrance de Victor Hugo, où un simple chandelier volé à un évêque peut conduire vers l'éternité.
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Je suis encore en train de lire Choses vues de Victor Hugo. Hugo est en exil sur l'île de Guernesey au moment où il écrit ces choses. Il a participé à la Commune de Paris et doit renoncer à la France réactionnaire pour survivre de son art chez nos amis les Anglais.
Dans ces choses vues, il y a parfois de grands moments qui pourraient se lire et s'imprimer tout seuls. Comme ce récit à propos d'un traître, un certain Hubert qui espionnait la communauté des exilés de Guernesey en se faisant passer pour un Communard. Alors que tout un chacun s'entend pour le pendre, Hugo intervient pour sauver la vie de cet homme, comme Jean Valjean sauvant celle de l'inspecteur Javert dans Les Misérables.
On dira ce qu'on voudra, Hugo n'avait pas de courte vue en matière de droits de l'homme.
Tous les prisonniers et galériens du monde lui seront gré d'avoir amélioré leur sort concrètement par l'influence qu'il exerça sur les esprits de son temps.
Idem pour les fillettes abandonnées.
Hugo a redonné un coeur à la grande communauté des hommes.
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Parlant de Victor Hugo, je me dois de vous répéter que l'essai Pour saluer Victor Hugo, un ouvrage inclassable comme tous les écrits de Victor Lévy-Beaulieu, vaut vraiment le détour. VLB présente Hugo comme il lui est venu aux yeux. Il a commencé à le fréquenter dans la misère et la pauvreté de Montréal-Nord. Cet homme-océan l'a délivré de la dèche et l'a conduit vers les lettres comme d'autres montent au ciel pour aller réparer des satellites ou visiter des planètes.
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C'est à peu près tout ce que j'avais à dire sur Victor Hugo aujourd'hui.
vendredi 10 janvier 2014
La caissière frustrée de la Pharmacie Mhan-Foutu
L'humanité commence avec s'il-vous-plaît et merci. Toutes les belles valeurs en découlent: l'empathie, la compassion, la politesse...
L'humanité roule sur les chapeaux de roues par les temps qui courent.
Il est devenu commun de tomber sur des gens sans façons qui ne prennent ni le temps ni le goût de vous regarder.
Il reste quelques vieux réflexes mais le coeur n'y est plus.
Prenons cette vieille frustrée qui travaille à la Pharmacie Mhan-Foutu. Son visage est crispé comme un saignement anal et c'est elle qui accueille les clients à la caisse avec son air de cul.
Il paraît qu'elle s'appelle Lyne-Alberte.
Lyne-Alberte a les cheveux teints et porte beaucoup de maquillage. Ce déguisement de clown ne trompe pourtant personne. Tout le monde n'y voit qu'une vieille chipie au visage crispé qui ne sait pas accueillir son monde comme il se doit.
Ed Morency va souvent chez cet apothicaire pour y acheter des croustilles et autres friandises.
Hier, il se présente devant Lyne-Alberte avec quelques trucs à faire carier les dents.
Lyne-Alberte ne le salue même pas, comme d'habitude. Elle se contente de sentir la vanille cheap. Son parfum camoufle à peine ses odeurs de sueur. Elle a tout le temps chaud dans son uniforme en fortrel.
-Air Miles? qu'elle lui lance spontanément.
-Non, moé c'est Ed Morency, répond le brave homme, un gars ni trop gros ni trop gras qui ne joue pas au curling.
-Avez-vous la carte Air Miles? qu'elle lui répète dans une phrase complète lancée sèchement.
-J'ai de l'argent pour payer. Personne paye pour moi madame... En passant, bonjour madame... Vous allez bien, hum? qu'il lui réplique tout de go.
Lyne-Alberte y va d'un petit couinement qui signifie oui comme si elle souhaitait se débarrasser des formalités.
Ed Morency emporte sa commande en maugréant que les gens ne savent plus vivre de nos jours.
En sortant de la pharmacie, une voiture est passée tout près de lui égrainer les orteils.
Depuis que l'on autorise le virage à droite sur feu rouge, les piétons n'existent plus.
mardi 7 janvier 2014
Le monde se parle l'hiver
Les gens se parlent par mauvais temps bien plus que par beau temps dans mon coin de pays.
Qu'il tombe des clous, de la pluie ou des grenouilles et voilà que tout un chacun s'adresse à vous comme s'il vous connaissait depuis toujours.
-C'est dur à prendre aujourd'hui c'te maudite marde blanche qui tombe du ciel! vous dira une madame d'un certain âge, cigarette au bec, que vous pourriez croiser au hasard d'une promenade dans les vieux quartiers de Trois-Rivières.
Elle vous ajoutera un bonne journée monsieur bien ressenti, sinon un salut manne. Si c'est un homme d'un certain âge il pourrait vous dire à peu près la même chose sur le même thème en ajoutant un salut coq si vous êtes un gaillard.
On dit salut coq de Sainte-Cécile au Rochon dans les milieux pauvres de Trois-Rivières d'où je proviens et desquels je suis fier comme un coq.
La plupart du temps, surtout s'il fait beau, tout le monde se foutra de ce que vous existiez ou non, dans la plus pure tradition urbaine de la civilisation française. À moins que vous ne fréquentiez la cour des miracles, là où se trouvent les pauvres rieurs et autres désenchantés, vous ne trouverez personne à dix lieues à la ronde pour vous dire salut coq, bonjour, kwey ou bien gutten morgen mein herr.
-C'est dur à prendre aujourd'hui c'te maudit verglas! m'a encore redit hier soir une autre dame d'un certain âge avec des cheveux teints de la couleur du ketchup. C'est vous qui a raison de marcher sur les trottoirs avec vos bâtons de marche! On va toutte se casser 'a yeule sans ça... Bonne soirée m'sieur!
-Bonne soirée madame, que j'ai dit sans en rajouter plus puisque tous mes efforts étaient concentrés sur l'idée de tout faire pour ne pas me casser la margoulette.
Ce qui s'est tout de même produit.
J'ai pris une crisse de débarque tout près de la cathédrale.
Je marchais pourtant avec mes bâtons de marche rétractables à ressort dotés de piques ultrarésistantes. Je portais aux bottes mes caoutchoucs à grippes d'acier, ceux-là mêmes que Robbob m'a donné il y a deux ans. Cela ne m'a pas empêché de me planter.
Je vous rassure tout de suite, même si vous vous en crissez avec raison, je vais très bien. Même pas une foulure sinon une très légère ecchymose sur le genou droit. Je suis fait solide, que voulez-vous.
Cela fait partie de mon entraînement.
Nous ne sommes pas faits en chocolat.
Et l'hiver, au moins, le monde se parle.
Qu'il tombe des clous, de la pluie ou des grenouilles et voilà que tout un chacun s'adresse à vous comme s'il vous connaissait depuis toujours.
-C'est dur à prendre aujourd'hui c'te maudite marde blanche qui tombe du ciel! vous dira une madame d'un certain âge, cigarette au bec, que vous pourriez croiser au hasard d'une promenade dans les vieux quartiers de Trois-Rivières.
Elle vous ajoutera un bonne journée monsieur bien ressenti, sinon un salut manne. Si c'est un homme d'un certain âge il pourrait vous dire à peu près la même chose sur le même thème en ajoutant un salut coq si vous êtes un gaillard.
On dit salut coq de Sainte-Cécile au Rochon dans les milieux pauvres de Trois-Rivières d'où je proviens et desquels je suis fier comme un coq.
La plupart du temps, surtout s'il fait beau, tout le monde se foutra de ce que vous existiez ou non, dans la plus pure tradition urbaine de la civilisation française. À moins que vous ne fréquentiez la cour des miracles, là où se trouvent les pauvres rieurs et autres désenchantés, vous ne trouverez personne à dix lieues à la ronde pour vous dire salut coq, bonjour, kwey ou bien gutten morgen mein herr.
-C'est dur à prendre aujourd'hui c'te maudit verglas! m'a encore redit hier soir une autre dame d'un certain âge avec des cheveux teints de la couleur du ketchup. C'est vous qui a raison de marcher sur les trottoirs avec vos bâtons de marche! On va toutte se casser 'a yeule sans ça... Bonne soirée m'sieur!
-Bonne soirée madame, que j'ai dit sans en rajouter plus puisque tous mes efforts étaient concentrés sur l'idée de tout faire pour ne pas me casser la margoulette.
Ce qui s'est tout de même produit.
J'ai pris une crisse de débarque tout près de la cathédrale.
Je marchais pourtant avec mes bâtons de marche rétractables à ressort dotés de piques ultrarésistantes. Je portais aux bottes mes caoutchoucs à grippes d'acier, ceux-là mêmes que Robbob m'a donné il y a deux ans. Cela ne m'a pas empêché de me planter.
Je vous rassure tout de suite, même si vous vous en crissez avec raison, je vais très bien. Même pas une foulure sinon une très légère ecchymose sur le genou droit. Je suis fait solide, que voulez-vous.
Cela fait partie de mon entraînement.
Nous ne sommes pas faits en chocolat.
Et l'hiver, au moins, le monde se parle.
mercredi 1 janvier 2014
Magoce kijigan
C'est aujourd'hui Magoce kijigan, le Jour de l'An dans la langue des Anishnabés.
Bonne et heureuse année à tout ce qui bouge et respecte le Grand Cercle de la Vie.
Àngwàmizin !(Bonne chance!)
Makwa
Alias Gaétan Bouchard
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