mercredi 30 septembre 2020

Shrek et le socialisme


Shrek est un ogre. Plusieurs se reconnaissent en cette grosse brute sympathique et bienveillante. J'avoue faire partie du nombre.

Cela dit, je n'imaginerais pas Shrek en train de se farcir du métalangage dans un comité sur les intergénérationnalités de l'intersection sectionnée des généralités en vue d'un énième sommet sur les luttes à mener pour abolir l'usage du point-virgule.

Il serait plutôt en tabarnak au bout d'un temps. Sinon il dormirait. J'ose croire qu'il dormirait. Ce n'est pas que comprendre ne serait pas à sa portée. C'est surtout le manque total d'intérêt à se farcir des discussions oiseuses sur le sexe des anges.

-Faites ce que vous voulez! pourrait vous dire Shrek. Moi j'veux vivre en paix dans mon marais!

Et, franchement, je lui donnerais raison.

Ce n'est pas que je vive moi-même dans un marais. D'aucuns pourraient croire que je n'y loge pas très loin. Ce qui me rendrait coi tout autant qu'inadéquat et détestable comme l'ogre, voire l'ours.

Ma vision du socialisme est intimement liée à cette vision d'ogre bienveillant et sympathique qui protège les plus faibles même s'il le fait parfois en maugréant. Elle exige quelque chose de ma part bien plus que des autres. Je veux dire que c'est à moi de prouver que le socialisme veut dire quelque chose. Que la solidarité et l'humanisme prévalent dans cette idée de favoriser l'égalité des chances pour tous les citoyens quelle que soit sa naissance, son groupe sanguin, son nombril, son sexe ou son genre. 

L'économie est l'état actuel de nos préjugés sur la marche de la société. Il ne suffit que d'abattre des préjugés pour que la marche du monde se fasse autrement.

Malheureusement les préjugés ont la vie tenace. Ils trouvent leurs défenseurs. Leurs cerbères. Leurs serviteurs les plus toxiques qui soient. 

Ils ne sont pas toujours très gentils. Ils peuvent même se montrer très violents.

C'est là que Shrek peut se montrer utile. Parce que le monde ressemble de plus en plus à une cour d'école où de petites crapules se cherchent des souffre-douleurs pour se bâtir une réputation au sein de leur confrérie.

Shrek ne suffira pas à lui seul à faire la différence au bout du compte. Il est difficile pour la communauté de se débarrasser de ses préjugés. La marche du monde se montrera longtemps abrupte et chaotique.

Cela dit, Shrek peut toujours bien foutre un peu la trouille aux malfrats. Vous vous sentirez en sécurité avec Shrek au royaume du Far-West...

Il serait dommage de ne pas minimiser l'importance des Shrek pour porter secours aux humiliés et aux offensés. Je sais bien que Shrek c'est un conte de fée. Il ne faudrait pas croire que la vraie vie soit encore plus réaliste...

Pour dire vrai, j'essaie sans doute de me légitimer en tant qu'ogre malgré lui.

Un ogre qui ne rate pas un repas ni une occasion de promouvoir un idéal de justice sociale avec ses mains et ses pieds, à défaut de le faire avec sa tête.

La foi n'est rien sans la charité.

C'est un certain Paul qui disait ça il y a longtemps.

Vous ne le connaissez pas. Moi non plus.



lundi 28 septembre 2020

El Fucké et la Covid-19

On l'appelait El Fucké on ne sait trop pourquoi précisément. On avait cependant toutes les raisons de lui attribuer ce surnom, à défaut d'un autre quolibet.

El Fucké avait toutes les raisons du monde de passer pour un fucké.

D'abord tout ce qu'il disait tenait du délire. Vous ne pouviez pas lui parler de météo, de football ou bien de crevettes panées à la bière sans qu'il ne vous débite un chapelet de sornettes qui en disait aussi long sur les peurs qui le dévoraient que sur son instabilité mentale.

El Fucké avait récemment été recruté par une bande de craquepotes qui croyaient que Donald Trump était un ange envoyé par le Seigneur afin de pourfendre l'élite mondiale des pédo-satanistes et autres protocoles des sages de Sion et Pointe-du-Lac... C'était de l'hostie de marde pour craquepotes. Personne ne s'étonnait vraiment qu'il y adhère parmi ceux qui connaissaient un tant soit trop El Fucké.

Que voulez-vous? Depuis que le monde est monde qu'il y a du monde qui nage dans de purs délires dangereux pour la vie d'autrui. On les voudrait moins enthousiastes. Et bien assis dans leurs fauteuils à regarder des vidéos de chatons sur YouTube plutôt que de baver comme des chiens de l'enfer devant je ne sais trop quelle charlatanerie grosse comme un melon passé de travers dans le fin fond d'un trou du cul.


mardi 22 septembre 2020

Vivement 2021

 L'année 2020 est mauvaise pour n'importe qui, n'importe quoi et n'importe comment.

C'est mon mantra pour me permettre de passer au-travers de celle-ci.

L'atmosphère est lourde un peu partout. On sent la méfiance chez les uns et même chez les autres. 

La crise sanitaire se poursuit avec pas beaucoup plus de moyens que lors de la 1ère vague survenue en avril. Il y a risque de pénurie pour plusieurs produits sanitaires indispensables. La charge virale diminuera-t-elle? Serons-nous encore exposés à la malignité de l'envahisseur microscopique?

Et le pire, c'est qu'un seul employé qui tombe malade peut entraîner le retrait préventif de la moitié du personnel. Je me suis retrouvé pratiquement seul à travailler en avril. Je devais faire à peu près 18 heures par jour (et nuit!) sinon plus. J'étais vraiment au bout du rouleau au bout d'une semaine. Fourbu de travailler auprès de personnes contaminées avec tout l'attirail plus ou moins efficace. Surtout sans masque N95, lequel semblait réservé aux ambulanciers et aux médecins qui nous rendaient visite.

Bref, je suis sur le qui-vive. Je suis en attente préventive, prêt à mener un autre grand combat de ma vie.

J'écris et peins peu pour le moment. Je trouve plus de temps pour gratter ma guitare; pour jouer du clavier, de l'accordéon ou de l'harmonica. 

Je n'essaie pas de rester zen. C'est le zen qui reste en moi...

Que puis-je faire? Pas grand' chose cette année, sinon mon boulot, pour ne pas dire mon devoir.

Admettons que c'était vraiment la fin du monde, ou bien d'un monde, je me sentirais en position confortable. J'aide mon prochain au lieu de lui faire sauter la cervelle. Je suis du bon côté plutôt que du mauvais. Qu'aurais-je à me plaindre? Je sers la vie alors qu'elle est si fragile, tant pour moi que pour vous.

Je m'étonne d'être aussi calme et d'avoir évacué naturellement tant de colères. Je n'ai pas trop de mérites. Je n'écoute jamais la télé. Je me tiens assez loin des nouvelles formatées par Québecor. Quelques bribes de science ça et là me suffisent amplement cette année. Les crises de bassinette  des enfants-rois qui ont commencé à grisonner, non merci pour moi.

Oui, l'année 2020 est surtout difficile pour les pervers narcissiques, pour ceux et celles qui avaient l'habitude de flasher. Plus rien ne brille cette année. Les ego trips sont au point mort de l'intérêt public. Chacun s'est retiré dans sa chaumière pour refaire le film de sa vie sans intermèdes ni commentaires. Les orgueilleux qui ont besoin du regard des autres pour se donner raison sont délaissés, abandonnés, esseulés. Les autres en profitent pour faire un peu plus d'introspection et moins de ce ridicule tapage de poitrail gorillesque qui caractérise les niais et les fats.

Donc, j'attends 2021 avec impatience. J'ai la stupidité de croire que ça ne pourra pas être pire.



mardi 15 septembre 2020

Francis, Jean-Jean et la peste bubonique

 

Francis parcourait la contrée avec son masque en forme de tête de corbeau. Ce masque, à la lumière des connaissances actuelles de la médecine, le protégeait un tant soit peu des miasmes de la peste. Auquel masque s'ajoutait aussi la longue jaquette noire et les gants. Francis ne prenait plus trop de chance. Il avait vu mourir tant d'amis, tant de collègues. Du bon monde qui croyait que la vie valait la peine d'être sauvée. Du bon monde qui ne croyait pas tant à la fin du monde. Ils et elles servaient Dieu en servant les plus humbles, malades, lépreux, pestiférés.

Ce jour-là, Francis n'avait rien pu faire pour Jean-Jean.

Il se souvenait de ses sarcasmes à propos de son masque, de «ses» miasmes, de son accoutrement ridicule.

-Pourquoi qu'tu t'déguises en corbeau maître la fifille? Tu penses que cela va t'protéger d'la colère de Dieu, connard?

Cela ne le protégeait pas de la colère de Dieu. Mais ça le protégeait tout de même un peu de la peste bubonique. 

Le gros Jean-Jean l'avait attrapée lui aussi. Il râlait et crachait du sang. C'était fini pour Jean-Jean et ses jacqueries.

-Tiens... c'est... Maître Corbeau... dit-il en exhalant son dernier souffle.

-C'est trop tard pour lui, dut annoncer Francis à la veuve de Jean-Jean.

-Qu'allons-nous devenir mon Dieu? Bouhouhou... pleura-t-elle.

-Faites aérer la pièce. Nous allons sortir le corps. Personne ne doit toucher à tout ce que Jean-Jean aurait pu toucher... Nous brûlerons aussi sa paillasse... Faites un feu pour tuer les miasmes... Je vais prier pour vous Madame Jean-Jean...

Francis sortit de chez Jean-Jean tandis que les fossoyeurs peinaient à embarquer son corps dans le charriot. 

Il n'y avait personne dehors. Tout le monde s'enfermait de crainte d'attraper le mal divin.

Encore quelques jours et la fumée aurait balayée cette saleté qui vit dans l'air.

En attendant, il s'agissait pour Francis et ses collègues de ne pas mourir pour continuer de sauver des vies. Au moins celles qui n'étaient pas encore contaminées...

-J'ai hâte que la vie normale reprenne son cours, songea Francis en marchant dans la campagne déserte avec son bâton et sa dague.

C'était au cas où il rencontrerait des voleurs. Même en temps de peste ces diables ne chôment pas.


vendredi 11 septembre 2020

L'art, refuge contre l'insignifiance

Il faut avoir un moral d'acier pour résister à la fatuité et à la vacuité ambiantes.

Se réfugier dans l'art lorsque tout semble absurde autour de soi.

Voilà le peu de sagesse que je m'enseigne à moi-même.