mardi 29 septembre 2009
À propos des risques d'étendre son linge dehors
Étendre son linge aux grands vents pour le faire sécher comporte de grands risques.
Prenons Jean-Philippe Laferté. Ce grand flanc mou de vingt-neuf ans fait parfois sécher son linge dehors. Il n'a pas de sécheuse. Je devrais même dire qu'il le fait presque toujours sécher dehors, quoiqu'il le rentre quand il pleut. Ok pour parfois, donc. Parfois en-dedans, parfois dehors. Une précision inutile que j'ajoute à ma longue liste de digressions habituelles.
Jean-Philippe a fait sécher son linge dehors avant hier. Et il en a profité pour enfiler un caleçon, un tee-shirt et un jeans propres.
Puis ça s'est mis à lui chatouiller au niveau des couilles. Ça bourdonnait aussi.
-Voyons calice! Veux-tu ben m'dire c'est quoi qui m'picote les gosses de même bâtard?
Il vient pour se gratter et la panique lui prend. Il tourne de tous bords tous côtés, gesticule, perd pied, tombe à la renverse, fait la danse du bacon sur son balcon et finalement fait sortir de son caleçon... un bourdon. Un gros hostie de bourdon.
-Tabarnak! Veux-tu ben m'dire comment un bourdon s'est ramassé dans mes shorts, sacrament? se dit-il en voyant filer le bourdon et en remontant son pantalon.
Étendre son linge aux grands vents pour le faire sécher comporte de grands risques...
C'est ça qui arrive.
***
Post scriptum anecdotique pour la mort de deux inconnus
Je n'ai pas encore parlé de la mort de Nelly Arcand et Pierre Falardeau. Je n'en parlerai pas non plus. Reposez en paix et crissez-moé la paix.
Si c'était des membres de ma famille, je ne dis pas, mais ceux-là je ne les connaissais pas ou si peu que ça ne vaut pas la peine d'en parler. J'ai de l'émotion quand mon père meurt, par exemple, et un peu moins quand c'est des inconnus. Je dois être mal fait...
dimanche 27 septembre 2009
Le presse-papier de Ti-Cul Boulamite
Les états de grâce sont nombreux dans la vie de ces foutus rêveurs qui ne sont pas capables d'être sérieux un seul instant. Ces connards de rêveurs gagnent à tout coup, même quand ils sont pauvres, et s'ils croient susciter l'envie d'autrui c'est bien parce qu'ils ne savent pas qu'un tien vaut mieux que deux tu le rêveras.
Quoi qu'il en soit il n'y a pas plus rêveur que Ti-Cul Boulamite, un surnom qui a fini par supplanter son vrai nom, dont personne ne se souvient sinon son facteur et son agente de l'aide sociale.
Ti-Cul Boulamite c'est un hostie de rêveur. Il passe ses journées à s'imaginer une vie toute autre que celle qui s'offre naturellement à nos yeux devenus sévères, mais justes, résultat notoire d'une symbiose avec la réalité tangible. Vous comme moi savons compter quoi. Et nous payons nos taxes, nos impôts, nos dettes, alouette, sans sourciller, avec le regard de fer d'un citoyen romain, tiens, fier de payer son dû à la chose publique.
Ti-Cul Boulamite, c'est comme s'il se calissait de tout ça...
C'est un fucking rêveur. Et il nous emmerde tout le temps avec ses états de grâce. Une putain de bonne raison pour ne pas se chercher un travail honnête et rémunérateur, de quoi payer pour ses obligations sans lesquelles nos libertés ne sont que des privilèges de naissance qui nous rapprochent bien plus de la brute que de l'État de droit.
Doncques, Ti-Cul Boulamite est aussi un hostie de paresseux.
Il passe toutes ses journées à assembler des trucs qu'il trouve dans les poubelles, le seul travail qu'on lui connaisse. Il ne sort jamais de son minable studio, Ti-Cul Boulamite, sauf le lundi, le soir des poubelles, vous vous en doutez bien.
Et l'innocent rentre chez-lui avec des bouts de métal et des trucs en plastique pour faire de la sculpture moderne. Il n'a pas compris que ceux qui réussissent à vendre de l'art moderne sont généralement issus de la bourgeoisie. Les pauvres n'ont aucune chance de ce côté là. Et ils crèvent dans des logements minables à rêver une vie toute autre, comme Ti-Cul Boulamite, une vie où ils seraient reconnus pour leur art et la blancheur de leurs dents.
Ti-Cul Boulamite, en passant, n'est pas très gros. Il est monté sur un frame de chat. Cinq pieds trois pouces cent douze livres. Chauve depuis sa dix-neuvième année, chauve depuis trente ans. Ce qui lui donne quarante-neuf ans. Né en 1960. Baptisé en la paroisse de je ne sais pas trop où. Joseph-nom-de-son-parrain-alias-ti-cul-boulamite. Je le sais parce que lui et sa famille vivaient juste en face de chez-nous quand j'étais petit.
Quarante-neuf ans d'aide sociale, je vous jure. C'est presque pas croyable et c'est pourtant vrai.
Le pire c'est que Ti-Cul Boulamite croit vraiment en ces assemblages de restants de poubelles qu'il construit de ses propres mains et ne vend jamais. Il atteint même des états de grâce. Des états de grâce tabarnak!
Comment tu peux être heureux avec rien? Ceux qui se contentent de peu vous diront de l'argent qu'il est trop vert, juste parce qu'ils sont trop nabots pour l'atteindre, comme le raisin de la fable de Borne-Fontaine... Hostie que l'monde est maillet!
Franchement, c'est des hosties de trous du cul comme Ti-Cul Boulamite, qui travaillent pas pis qu'i' sculptent des quossins pas vendables qui me pousse à penser que les états de grâce, ouais, ça ne fait pas sérieux.
Sérieusement, hein? Entre vous et moi... Des é-tats de grrrr-âce! J'ai mon sacrement de voyage!
Tenez, je l'ai croisé ce matin au dépanneur, Ti-Cul Boulamite. Il avait les cheveux ébréchés. Ébréchés comme du tabarnak. Je ne dirais pas qu'il relevait de brosse parce qu'il ne boit pas. C'est juste qu'il n'a pas assez d'argent pour s'acheter du savon, faut croire.
Il m'a encore parlé de ses putains d'états de grâce et de ses sculptures laides. Il me faisait pitié. Je l'écoutais et j'entendais sa voix d'enfant immature, d'adulescent attardé, de paresseux qui à force de paresse est devenu asocial, malpropre et impropre au travail.
Eh bien, vous ne me croirez pas, mais je lui en ai acheté une, une de ses foutues sculptures. J'ai pris Ti-Cul Boulamite en pitié, eh oui. J'ai un coeur, quoi. Je suis normal.
Ça ressemble à rien, sa sculpture. Du vomi ça ressemble à quelque chose. Mais ça, franchement, c'est juste pesant et ça ne ressemble à rien.
Sa sculpture, sorte de ready art pitoyable, me sert de presse-papier. Je n'en ressens aucun état de grâce. Juste une forme d'énervement. Une charge sociale de plus. Soutenir un putain de rêveur qui ne veut pas travailler et qui s'amuse comme un enfant dans les vidanges. C'est ça que ça représente, son hostie de presse-papier. Un enfant qui joue dans les poubelles. Et dix dollars en moins dans mon portefeuille.
Et dire qu'il voulait me la vendre cinquante!!! C'est dix dollars ou rien, que je lui ai dit. La pitié a tout de même des limites.
Bon, je dois vous laisser. Je dois prendre mon vol pour Francfort dans quelques instants. Pour affaires. Business as usual, y'know? Il faut bien qu'il y en a qui travaillent pendant que d'autres ne font rien.
Hosties de trous du cul! Pourquoi dois-je toujours les prendre en pitié, moi? Moi et moi seul...
samedi 26 septembre 2009
L'histoire de Ghislain Belhumeur, l'homme le plus timide au monde
Ghislain était le type le plus timide qui soit. Difficile de dire pourquoi. Il n'était pourtant pas laid, bien qu'il n'était pas beau. Comme tout le monde quoi: un visage comme la moyenne des visages, un nez ordinaire, des sourcils pas trop fournis, des cheveux lisses ou frisés selon ce qu'indiquait le baromètre.
Il ne claudiquait pas. Ses oreilles n'étaient pas décollées. Pas de bec de lièvre. Ni de défaut majeur d'élocution. Pour tout dire, il ressemblait un peu à l'artiste de variétés Joël Denis avec vingt-cinq ans de moins. À la différence près qu'il fondait de timidité autant devant les hommes que devant les femmes, d'où l'affirmation préliminaire selon laquelle Ghislain Belhumeur était l'homme le plus timide au monde.
Il traînait sa timidité depuis des années, comme une prison.
À l'école, il n'avait jamais dit un mot plus gros que l'autre. Il avait essayé de se faire oublier, «de se peinturer dans l'coin» comme on dit. Mais comme il est amusant de se moquer des timides, il devint la risée de toute l'école, puis de toute la polyvalente et enfin de tout le cégep.
On le surnommait Boum. Parce que le simple fait d'être en présence d'un humain le terrorisait au point qu'il risquait l'évanouissement. D'où le surnom Boum. Comme dans «Boum! Il est tombé sur le plancher...»
Nous étions quelques-uns, anciens timides pour la plupart, à vouloir lui venir en aide d'une manière ou d'une autre.
-Il faudrait bien que Ghislain rencontre une nénette pour le sucer. Ça le dégénèrerait... hee... Dé-gênerait... En tous 'es cas! I' s'rait ben moins pogné dans ses shorts ciboire!
Le hic, c'est que nous étions tous célibataires et que nous ne connaissions pas de nénette pour nous-mêmes en ces temps-là, sinon Miranda l'entourloupeuse, une fille pas très féminine qui aimait se faire baiser sur de la musique heavy mentale en riant comme une possédée. Elle était laide et plutôt intimidante somme toute. De quoi décourager Ghislain à jamais de tout contact avec la gente féminine.
Donc, nous conclûmes qu'il fallait virer une brosse avec Ghislain dans une discothèque de Québec, loin de tous les regards indiscrets.
Ghislain, évidemment, ne voulait pas déranger et se proposa pour payer l'essence et la nourriture pour tout le monde. Personne ne lui demandait autant et comme nous n'étions pas des rats il n'eut pas à sortir un seul sou noir.
-À soir, Boum, on t'emmène pour se la saouler!
Bien sûr, ça ne se fait pas. Mais Boum était tellement timide que nous ne voulions pas qu'il se passe une corde avec un noeud coulant autour du cou, seul chez-lui dans son placard.
Ce qui fait qu'il y a eu des triples shooters, de la bière à profusion, du pot pis toutes sortes d'affaires pas possibles qu'il n'avait jamais consommées auparavant.
Au bout d'une heure, Boum dansait la java sur la piste de danse en simulant des mouvements de pénétration. Il riait, criait, hurlait et faisait tourner son pelvis dans toutes les directions.
-Rhaaaa!!! Rhooooo! blasphémait-il en dansant comme une bête de sexe qui sent le fond de tonne et la fumée au parfum de mouffette.
-J'veux fourrer tabarnak! ajouta-t-il.
Puis Boum tomba sur la piste de danse, les quatre fers en l'air, sans même avoir fourré.
Il ne tomba pas de timidité.
Il tomba saoul mort. Nous n'étions plus capables de le relever puisque nous étions dans le même état que lui.
Timide ou pas, on ne devrait jamais tout mélanger. Surtout pas la vodka jus de pamplemousse avec de la bière, du vin, du gazon et des champignons qui font rigoler. Trop c'est trop, un moment donné. Et Ghislain, osons-le dire, avait été trop saffe. Il avait beau être timide qu'il aurait pu se contrôler.
Boum a pourtant fini la nuit dans un lit, avec Miranda l'entourloupeuse, qui était avec nous dans l'espoir que l'un d'entre nous la baise d'aplomb. Cette nuit-là, Boum cessa d'être timide et puceau. Il lui mangea la cerise et glissa sa queue bien au chaud dans le nombril de Miranda qui, pendant tout ce temps, chantait Hell's Bells du groupe AC/DC d'une voix qui s'apparentait au grincement d'une poulie dégraissée. Boum criait en faisant gicler sa sauce. Et il recommença le même manège au moins cinq fois, jusqu'à ce qu'il ait terminé sa tournée de toutes les muqueuses possibles et imaginables.
Le lendemain, son regard brillait. Son menton était relevé. Tout à coup, Boum avait de la prestance. Il était avec Miranda. Ils se tenaient tous deux par la taille, s'embrassaient et se pognaient le cul à pleines mains devant nous.
-Merci les gars! déclara-t-il sans bégayer, en fixant son regard dans nos yeux, comme un gars qui sait ce qu'il veut. Merci! Ça fait du bien une bonne brosse!
Il sentait un peu l'aqua vulva.
On a tous ri sous cape, en décapsulant quelques autres bières. Miranda nous a dit que Boum était un sacré baiseur qui la faisait jouir en sacrement. Elle nous proposa de tous la baiser, en autant qu'on mette une capote. Nous nous sommes tous désistés, sauf Boum, qui lui proposa d'autres actes sexuels tous plus dégradants les uns que les autres.
Puis Boum s'est remis à danser la java, avec les amies de Miranda, qui aimaient bien son petit côté timide qui ne l'était plus du tout. Il se défoulait maintenant. Il hurlait. Il criait. Il baisait, enfin. Miranda disait que c'était un guidon, le masculin de guidoune, qui fourrait tout ce qui bouge. Elle disait qu'elle ne s'intéressait plus à lui et nous demandait tout le temps où il était pour aller lui mettre sa main sur les gosses.
Qu'est-il devenu? Je ne le sais pas du tout.
Tout ce que je sais, c'est que Boum était l'homme le plus timide du monde et que la timidité, somme toute, ça se soigne. J'aurais pu me limiter à ne dire que cela que j'aurais écrit quelque chose d'utile pour l'humanité qui souffre.
vendredi 25 septembre 2009
Le Capitaine était au Super C hier soir
Le Capitaine était au Super C hier soir. Il doit avoir tout près des quatre-vingts piges, le p'tit père. Et il monte encore à vélo.
Il est facilement reconnaissable à sa barbe et sa casquette de marin. Il ressemble vaguement au Capitaine Highliner, croisé avec Charlie Chaplin et Monsieur Verdoux.
Ce monsieur-là a beau sacrer de temps en temps que c'est un baptême de bon bonhomme.
Il fait sa tournée des vieux tous les jours, pour voir s'ils sont morts ou vivants, pour leur apporter du lait, de la bière, des cigarettes, n'importe quoi. Il prend soin de ses vieux potes et conte encore fleurette aux grands-mères.
Si ce monsieur-là se présentait pour maire, il ne serait pas élu. La mairie, c'est pas son truc. Son truc à lui, c'est faire la tournée des vieux, aider son prochain, ce qui ne fait pas la une des journaux tous les jours.
Chaque fois que je le vois, il me dit de ne pas manger trop gras car il s'est claqué un infarctus il y a deux ans à cause des hosties de chips. Je prends note de ses conseils et souhaite, comme lui, d'être capable de remonter à vélo suite à un hypothétique infarctus.
-En autant qu'tu fasses du bécique... m'a dit le Capitaine hier soir au Super C. T'es jeune encore mais quand on mange trop gras ça d'jamme dans 'a patate pis là tu cours après ton souffle pis i' t'calisse de quoi dans 'a veine enne-teure les jambes pour t'installer un spring. Après ben... Là ça va mieux mais je r'viendrai pus comme avant... Faut qu'j'aille moins vite...
-Vous êtes encore mauditement en forme Capitaine pour vous promener encore en bécique... Y'a des jeunes de seize ans qui s'raient même pas capables de s'rendre au coin d'la rue à pieds pour aller chercher un chips... Vous êtes plus en forme que ben des ados! que je lui ai répondu.
-C'est ben certain. C'est pour ça que j'continue d'm'entraîner en faisant du bécique. Ça va prendre quelqu'un pour s'occuper d'eux autres si s'rendent malades de même à rien faire!
-Ouin ben... bonne journée Capitaine!
-Bonne journée mon gars! Prends ben soin d'toé pis mange moins gras là!
-Çartain Cheuf!
Et puis le Capitaine est parti après avoir acheté un sac de peppermints et un petit demiard de lait.
Vous le voyez souvent, gensse de Twois-Wivièwes. Si. Si.
Vous ne serez pas étonnés par ce que je vous raconte. Les autres peut-être, mais pas vous.
Et quand vous le verrez rouler près de vous sur la route, vous continuerez à klaxonner et à passer à pleine vitesse pour l'envoyer dans le décor, lui et ses sacs, tout simplement parce que la route n'est pas faite pour les piétons et les cyclistes. Elle est essentiellement conçue pour les abrutis.
jeudi 24 septembre 2009
Un voleur est un voleur quelle que soit sa couleur
Quand on parle d'un visage pâle qui a volé de l'argent dans un dépanneur à la pointe d'un couteau, on ne dit pas: «le suspect serait une personne de race blanche». On ne s'acharne pas sur la nouvelle. C'est même banal, un vol de dépanneur commis par un visage pâle.
Si par malheur le voleur est Noir, vous allez l'entendre six cents fois au cours de la journée: «le suspect serait une personne de race noire». Peu importe qu'il y ait eu vingt vols commis par des «personnes de race blanche» ce jour-là. On va mettre le focus sur ces Noirs qui volent dans les dépanneurs et partout ailleurs. Le petit peuple va s'égosiller à dire des Noirs qu'ils sont tous des voleurs qui viennent ici pour abuser du système et tout détruire... Évidemment, nous ne sommes pas racistes au Québec... Mais on ne va pas chier dans leurs cours... Donc... Etc.
Écoutez la radio dite commerciale tous les jours, vous vous en rendrez bien compte par vous-mêmes. C'est comme qui dirait récurrent.
Un voleur est un voleur, quelle que soit la couleur de sa peau.
Il y en a de toutes les couleurs et nationalités en prison. Les Québécois de souche produisent autant de canailles que les Noirs, les Albanais ou les albinos.
Quand on ne ressent pas besoin de le mentionner pour l'un, il ne faudrait pas le dire pour l'autre.
That's it.
mardi 22 septembre 2009
La journée sans toto
Un type a été honoré à la radio ce matin parce qu'il a passé plus de cent jours à se rendre au travail sans son auto...
Je suis allé au travail sans mon auto pendant au moins vingt-cinq ans, ne serait-ce que parce que je n'avais pas d'auto. Et l'on ne m'a pas honoré pour autant...
J'ai longtemps fait mienne cette vieille prescription aborigène contre l'usage de la roue. Les Indiens connaissaient le cercle, et par conséquent la roue, mais ils étaient superstitieux... Ils se disaient que le monde pourrait être détruit par des trucs montés sur des roues. C'est fou, hein?
Cela faisait mon affaire de m'opposer à l'usage de la roue, et donc de l'automobile, même si je monte à vélo, même si je partage maintenant une automobile que je ne conduis pas et que je laisse conduire par ma douce avec une parfaite sérénité d'esprit...
J'ai de plus un oeil qui se crisse de l'autre. Un oeil en forme de ballon de football qui m'empêche de faire un bon focus. Ce qui fait que j'ai de la difficulté à évaluer les distances. Mon opticien me recommande de ne pas conduire la nuit et je l'assure que je serais un danger public au volant, de nuit comme de jour. Je ne fais que traverser la rue et je me demande tout le temps si la toto est à vingt pieds ou cent pieds. Mes yeux en arrachent. Et je laisse à d'autres de rouler en cheval de fer ou de matériaux synthétiques.
C'est la journée sans toto, eh oui.
L'autobus est gratuite aujourd'hui. Ce qui fait que les bus sont bondées et arrivent en retard un peu plus souvent que d'habitude. Ce qui te donne l'envie d'avoir une toto...
On ne s'en sortira donc jamais!
lundi 21 septembre 2009
Un enfant ça vous décroche du rêve
Ça fait toujours un peu gnangnan de parler des enfants. Pourtant, tout l'avenir de l'humanité réside dans leurs yeux, leur coeur et peut-être même leur lobe d'oreille gauche.
Je n'envie pas ceux et celles qui n'ont pas eu ce bonheur de participer activement à l'éducation d'un enfant. On trouve souvent chez ces derniers une forme d'ironie dure ou douce, selon les circonstances, sinon du cynisme en tout temps. On trouve cela aussi chez certains parents mais, bon, faisons semblant que non pour que ma démonstration serve tout de même à quelque chose.
Un enfant, voyez-vous, ça ne fait pas que vous décrocher un rêve, comme le chantait Brel. Ça vous ramène à la réalité la plus brute qui soit: manger, boire et dormir, régulièrement, jusqu'à ce qu'il quitte la maison. Ce qui vous rend généralement plus responsable, moins cynique et moins narcissique. Enfin, je parle pour moi.
D'abord, vous apprenez à respirer par le nez avant que de gueuler pour rien comme un putois. Puis vous vous revoyez enfant et vous vous dites que vos propres parents ont dû en arracher en tabarnak. Enfin, vous finissez par vous émouvoir et vous apprenez à tout pardonner, à tout écouter, à tout prendre, à tout comprendre.
Et un jour vous vous réveillez vieux bouc avec des petits bébés qui s'ajoutent. Votre enfant est lui-même devenu parent et il vous dit: «calice que tu d'vais rusher!»
Vous êtes ému comme un con, à ce moment-là, et vous dites «i' reste encore des pétates si t'en veux...» ou quelque chose du genre.
On dit que les parents éduquent les enfants. On oublie que l'éducation va dans les deux sens. Les enfants aussi éduquent les parents. Ils les obligent à être autre chose que des nombrils qui se font sécher au soleil. Ils leur enseignent le manger, boire et dormir quotidien; le besoin de vivre sous un toit sécuritaire, avec l'eau potable et le trou pour chier, le chauffage, le frigo et la laveuse, sans compter le reste, dont le sel et le poivre.
Franchement, c'est pas mal cool des enfants. Je vous en passe un papier.
Oui monsieur.
Oui madame.
dimanche 20 septembre 2009
samedi 19 septembre 2009
Les Trifluviens méritent mieux que ça...
Avec le «Cheuf» de Twois-Wivièwes, il faut s'attendre à n'importe quoi. C'est vrai que notre ville a toujours senti la marde, mais il y a tout de même des limites à en rajouter.
Il n'y aura pas de dépassement de coûts pour les Lévesquoises du 375e anniversaire des conquistadores européens. C'est impossible, sinon hors de question. Et c'est tout simple: il n'y a pas de budget précis pour l'événement. Les vannes sont ouvertes. As much as he can.
Franchement, les Trifluviens méritent mieux que ça...
En novembre, je voterai pour n'importe qui ou n'importe quoi, sauf pour le «Cheuf».
Fuck off. Je suis tanné que ma ville sente la marde. Tanné de passer pour une gang d'arriérés des années '50, avec la p'tite prière au conseil et le mépris des consultations populaires.
On devrait payer des étudiants du Cégep pour aller se confronter aux vieux renifleurs de pets du maire, le lundi soir à l'hôtel de ville. Ils ont transformé notre ville en bourgade de taouins à l'instar de quelques villages sudistes reculés, comme dans Dukes of Hazzard .
Le pouvoir au peuple hostie!
jeudi 17 septembre 2009
Money is a Crime
J'ai un milliard de dollars qui dort dans la boîte anti-spam de mon courriel.
Je ne sais pas ce que j'attends. C'est si simple. Ils ne me demandent que mon nom, mon occupation, ma date de naissance, mon numéro de carte de crédit ainsi que mon numéro de compte bancaire. Je pourrais leur fournir ces renseignements en moins de temps qu'il ne le faut pour dire zut. Cependant, je m'abandonne à la procrastination et remets toujours à plus tard mes réponses à ces courriels généreux qui me tombent dessus jour après jour.
Voici quelques exemples des gains qui sommeillent dans mon courriel.
Un million de livres sterling gagnées par tirage au sort. Le Royaume-Uni me laisse entendre qu'on ne laisse pas dans la pauvreté un sujet de Sa Majesté.
Dix millions de dollars US m'attendent au Sierra Leone. Babi Bobou, qui travaille pour une quelconque banque de ce pays d'Afrique, m'informe qu'il a besoin d'aide pour sortir ces dix millions et, comme par hasard, il est tombé sur moi. Et je suis la seule personne au monde qui puisse l'aider à sortir ces dix millions de dollars US et je ne fais rien, sinon perdre mon temps à écrire des conneries. Pendant ce temps, Babi Bobou se morfond, au loin là-bas, attendant ma réponse avec une impatience de plus en plus accrue.
Les promotions Google m'offrent aussi plusieurs millions de dollars chaque semaine depuis au moins un an et moi, le niaiseux, je travaille encore. Ils ont pigé mon courriel, au hasard, parmi des milliards d'autres. Et je ne profite pas de cette chance unique. Je laisse aller.
Et je ne vous ai pas encore parlé de Mr Ali Wadaji et de Mrs Ruth Wawalala qui m'écrivent eux aussi d'Afrique, comme Babi Bobou, parce qu'ils ne peuvent pas encaisser les millions de dollars que je pourrais faire sortir du pays si j'arrêtais de me décrotter le nez.
Franchement, je suis pitoyable. Je m'en veux de les faire tous poireauter, comme si j'avais les moyens de ne pas vivre richement.
Les quelques réponses que j'ai envoyées n'étaient pas pour m'aider. Je leur ai tous répondu à la blague, un jour ou l'autre, que j'avais transféré leur adresse de courriel à l'escouade des crimes économiques de la Gendarmerie royale du Canada. Je m'attendais à ce qu'ils me répondent quelque chose comme «Déconne pas mec! T'as des millions de dollars qui sommeillent. L'argent, ce n'est pas fait pour rire!»
Mais non. On aurait dit que cela ne leur crissait rien.
Cela dit, je n'ai toujours pas encaissé tout ce bel argent. Et je me prépare à partir au travail par-dessus le marché! Je ne réussirai donc jamais rien.
L'argent fait le bonheur pourtant...
mercredi 16 septembre 2009
COMMENT DEVENIR POLITICIEN
J'ai probablement déjà répondu à la question un jour ou l'autre et je crains de me répéter. Cependant, il convient de revenir là-dessus en période d'élections municipales et peut-être fédérales.
Comment devenir politicien
Simple. Il faut d'abord se faire élire à un poste bidon de commissaire scolaire. À la rigueur, vous pouvez aussi vous faire nommer sur un conseil d'administration d'un organisme quelconque.
Pour cela, pas besoin d'être génial ou même populaire puisque la grande majorité des gens se calissent des élections scolaires et des assemblées générales. Personne ne se déplace pour voter. Sinon ceux qui font partie de la famille, jusqu'au cousin éloigné de la fesse gauche.
Donc, pour votre première mise en candidature: vous appelez tous les membres de votre famille et vous saoulez les autres. Succès assuré.
Par la suite, vous faites la même chose avec un poste de conseiller municipal. Vous arrosez ça comme il faut, en usant d'imagination, et vous serrez des mains avant les parties de baseball ou de hockey mineur. Vous distribuez de petits billets gratos pour assister à tel ou tel truc. Puis vous souriez. Un peu. Pas trop. Le charisme n'est pas important. Soyez là où il faut être: that's it. Vous vous achetez une bouteille de Purell et vous serrez des mains.
Évidemment, vient la question du cv. Les gens ne savent heureusement à peu près ni lire ni écrire. Ce qui fait que vous pouvez leur faire passer n'importe quoi, que vous avez été formé à la prestigieuse école de communications de Rimouski ou bien que vous détenez un baccalauréat en éthique comptable appliquée de la Rockefeller University de Badmintown, aux USA, et ça passera comme du beurre dans la poêle.
Pour le cash électoral, vous passez le chapeau pendant un souper aux bines ou bien aux spaghettis. Vous promettez mers et mondes aux promoteurs immobiliers et autres contracteurs véreux pleins aux as. Puis yahou. Vous êtes élu et la manne tombe dans les poches de vos amis qui, l'élection suivante, en veulent toujours plus.
Ce qui fait que vous grossissez en popularité.
Vous voilà déjà devenu maire d'une ville et, qui sait? peut-être même Premier Ministre.
Une fois élu, vous vous assoyez sur votre cul et vous regardez travailler les autres. Vous lichez, intimidez ou soudoyez les rédacteurs en chef et les journalistes. Le moindre de vos pets sentira bon à la une. Tout ce que vous ferez sera extraordinaire, noble, bon, aimable, gentil, humain, blablabla. Et là commencera vraiment votre vraie carrière de crosseur.
Votre secrétaire spottera les décès et les anniversaires et enverra des cartes en votre nom.
Vous aurez droit aux meilleures places dans les restos.
Vous achèterez des caisses de Purell.
Vous sourirez. Un peu. Mais pas trop.
mardi 15 septembre 2009
LOGORRHÉES
Le vent frais des derniers jours nous rappelle que nous sommes arrivés à l'automne. Et comme le vent emporte déjà les premières feuilles qui ont jaunies, voilà que je dodeline de la tête et que mon âme, aussi rudimentaire qu'elle soit, se laisse bercer par les chants naturels de l'automne: le vent, rien que le vent; le cri d'une corneille; un camion à vidanges qui résonne au loin...
Le vent rien que le vent, hein? N'importe quoi!
Bon, revenons à nos boutons.
Il y a des tas d'araignées dans ma cour. J'en ai jamais vu autant. Ça devait être une bonne année pour elles. Kokomis, alias grand-mère en langue algique, a tissé sa toile toute l'été pour nous protéger des maringouins et des mauvais esprits. L'automne arrive et elle devra manger des triples rations avant que de se recroqueviller sur elle-même et tricoter des pantoufles pour sa marmaille remplie de pattes.
Mon ordinateur fonctionne toujours bien après plus d'un an d'utilisation quotidienne. D'un billet à l'autre, mon blogue est devenu une imposante structure de propos mâchés comme ça vient et diffusés sans retenue ni revenus, juste pour l'amour de l'art et de la littérature. Je continue l'expérience avec le même enthousiasme, comme si ma boîte de Pandore avait à peine été entrouverte. Il reste encore beaucoup à dire, à chanter et à peindre. Beaucoup trop, que vous aimiez ça ou pas.
Enfin, je ne suis pas si con. Si vous n'aimiez pas ça, ne serait-ce qu'un tout petit peu, vous ne reviendriez jamais ici. Et je vois bien que vous me revenez, chers lecteurs et lectrices, jour après jour, pour profiter de mes logorrhées. Grand bien vous fasse. Moi, ça me soulage.
***
Mon fond d'écran est nul: une dune de sable.
Trois roches ramenées de la rivière Batiscan sont déposées sur ma table de travail. Je peux m'en servir comme presse-papier. Ou comme projectiles. Si d'aventure un malfrat tentait de s'introduire dans ma demeure, il devrait faire face à ces trois gros cailloux. Enfin, si je me sentais acariâtre ce jour-là. Autrement, je suis sociable et aime parler avec les gens.
Mon bol de céréales est vide. Il ne reste que des miettes qui flottent dans une quantité négligeable de lait.
Mon café est froid.
Ma lampe est allumée.
Des tas d'harmonicas et de pinceaux sont rangés devant moi.
Espace musique, la chaîne musicale de Radio-Canada, ne devrait pas faire jouer du foutu jazz le matin. C'est trop casse-couille. Le matin, mes gosses ne supportent que les caresses du vent. Ou les notes légères.
Je préfère la musique classique à ce moment-ci de la journée, nah!
Autre chose?
Non.
J'ai fini.
lundi 14 septembre 2009
Chant de mort sur les Plaines d'Abraham
J'ai demeuré pendant un an à deux pas des Plaines d'Abraham. J'allais souvent m'y promener.
Je me souviens entre autres d'une plaque commémorative. Elle n'était pas évidente. Il fallait vraiment tomber dessus pour la voir.
Je vous cite le texte: «Sur ce site historique du Cap Diamant les Hurons, usant justement de représailles, brûlèrent vivants les Iroquois capturés tous, sans défaillance, jusqu'au dernier soupir, et par manière de défi, chantèrent leur chant de mort. 17e siècle.»
Je me souviens entre autres d'une plaque commémorative. Elle n'était pas évidente. Il fallait vraiment tomber dessus pour la voir.
Je vous cite le texte: «Sur ce site historique du Cap Diamant les Hurons, usant justement de représailles, brûlèrent vivants les Iroquois capturés tous, sans défaillance, jusqu'au dernier soupir, et par manière de défi, chantèrent leur chant de mort. 17e siècle.»
dimanche 13 septembre 2009
L'éducation selon feu mon père
Feu mon père a terminé l'école en huitième année. Il aurait aimé poursuivre ses études mais il provenait d'une famille de dix-huit enfants. L'école, c'était un luxe. Le travail, c'était la norme.
Mon père est né à Sainte-Luce-sur-Mer, dans le comté de la Mitis, et a grandi à Sayabec au début de la Crise économique, dans les années '30. Il est mort d'un cancer au milieu des années '90.
Il m'en a conté des vertes et des pas mûres sur ses premières années dans le fin fond de la vallée de la rivière Matapédia. Dix-huit enfants entassés dans une maison sans isolation. La promiscuité. La violence et l'alcoolisme du grand-père. Adrienne Létourneau, ma grand-mère indienne anishnabée de St-Régis, avec son chalet sur la réserve d'Akwasasné, mariée vieille fille à vingt-huit ans, trois jours après le décès de la première femme d'Éloi, mon grand-père, surnommé par mon père le Vieux Pirate...
Ils se sont donc repartis une deuxième couvée de Bouchard. Mon père fût l'aîné du deuxième lit, avec six frères et soeurs qui le précédèrent.
Dix-huit enfants... C'est du monde à 'a messe en sacrement!
Les bébés en couches. Le linge qui sèche dans la maison. Au menu: de la morue, du navet, des patates, de la mélasse.
-On mangeait tout l'temps d'la morue, des patates, d'la soupe aux roches* pis des beurrées à 'a m'lasse! disait souvent mon père. Tout l'temps! On avait pas l'choix, y'avait rien qu'ça.
L'hiver, il leur arrivait d'aller à l'école à tour de rôle puisqu'ils n'avaient que deux ou trois paires de botterlots pour toute la bande, c'est-à-dire des bottes de cahoutchouc, portées l'été comme l'hiver, bien que l'été ils pouvaient aller pieds nus.
L'électricité n'était pas encore arrivée dans le coin. Ni les droits de la personne.
On disait aux petits Bouchard de rester à la maison quand c'était le temps de faire la photo de fin d'année à l'école. Ils étaient trop sales et avaient de sales gueules d'indigènes.
À l'école, on leur enseignait que les Sauvages étaient des démons qui massacraient les bons prêtres venus leur faire contracter la gale, la variole et les Évangiles. Alors, pour survivre, ils cachaient leurs plumes...
Mon père a appris à apprendre que les Bouchard étaient des Normands de Normandie et qu'on n'était pas du tout Sauvages...
En fait, sa propre mère est une Anishnabée/Algonquine née à St-Régis. Elle a vécu sur la réserve d'Akwasasné. Quant à mon grand-père, il était probablement d'ascendance micmac, comme la plupart des gens du Bas du Fleuve, des Métis qui s'ignorent. D'où son mariage avec une Sauvagesse...
Quoi qu'il en soit, mon père était tout de même un Sauvage.
Mais pas un barbare.
Il s'intéressait à tout. Il lisait frénétiquement tous les livres d'histoire qui tombaient entre ses mains, avec la certitude d'avoir fait reculer une fois de plus les limites de l'ignorance.
Mon père était en quelque sorte un homme des Lumières.
Il croyait au Progrès, à la Démocratie et en la Justice. C'était un Rouge, au sens libéral du terme, mais mieux encore un anarchiste en son genre.
Son héros s'appelait T.D. Bouchard, fondateur du journal Le Clairon de Saint-Hyacinthe, promoteur des droits de la femme, ennemi juré de Maurice L. Duplessis. Il portait aussi en haute estime Louis Riel. Chez-nous, c'était donc T.D. Bouchard et Louis Riel qui l'emportaient sur Papineau et Ti-Poil.
Pour mon père, Duplessis représentait tout ce qu'il y a de plus vil et de plus mesquin dans la société québécoise. Il détestait viscéralement l'Union Nationale et toutes ces minis ordures crypto-mussoliniennes qui gravitaient autour du Cheuf de Twois-Wivièwes.
-Pendant qu'les Anglais apprenaient à lire pis à écrire, nous autres, sacrament, on apprenait l'histoire pis le p'tit catéchisme! Y'avait pas d'électricité jusqu'au début des années cinquante à Sayabec! Ça prenait-tu un tabarnak de plein d'marde pour dire qu'l'éducation c'est comme la boisson, qu'y'en a qui supportent pas ça? L'ignorance, c'est fini ça mon gars... Prends-toé pas rien qu'des bandes dessinées à la bibliothèque... Prends-toé des livres sur toutes sortes de sujets... Renseigne-toé... Lis des livres sur l'histoire, la chimie, les inventions, les personnages célèbres, les dates pis toutes sortes d'affaires de même! Un gars qui sait rien, i' s'fait écraser dans 'a vie. Mais si t'es pas un niaiseux, que t'es renseigné sur toutes sortes d'affaires, ben tu vas être riche mon gars. Parsonne pourra quoi qu'ce soit contre toé! L'éducation, hostie, c't'un bouclier. Un bouclier pour s'protéger des crosseurs pis d'ceusses qui voudraient que l'peuple soye à genoux! Un homme ça meurt rien qu'une fois. Marche tout l'temps la tête haute mon gars. Laisse-toé pas piler su' 'es pieds! Lis des livres pis r'garde e'l'monde drette dans 'es yeux, comme un homme! La seule affaire qu'les riches peuvent pas acheter, c'est d'l'éducation pis d'la culture! Apprends mon gars, apprends! Pis tu vas vouère... I' vont tous finir par te respecter les crosseurs pis les charôgnes!
Après ces sages enseignements de mon père, j'allais évidemment vider la bibliothèque. Avec un certain talent même. J'ai remporté plusieurs années de suite le prix du jeune garçon qui sortait le plus de livres de la bibliothèque municipale. J'ai dû gagner les récits d'Edgar Allan Poe ou bien quelques monographies utiles et désagréables.
J'ai lu à m'en arracher les yeux, soirs et matins, pendant des années, tout ça parce que mon père aurait aimé poursuivre ses études. Il les poursuivait à travers moi et à travers mon frère aîné déjà rendu au collège. Quant à mes deux autres frères, moins bons à l'école, il leur donnait pour exemple Maurice Richard. Et ils devinrent, comme de raison, d'excellents joueurs de hockey.
Bon, eh bien c'est assez pour aujourd'hui.
Je n'ai plus du tout envie d'écrire.
Kwey! (Bonne journée en anishbabé/algonquin.)
*Soupe aux roches: soupe aux navets...
samedi 12 septembre 2009
L'épopée de Gilles Gamache
Gilles Gamache, surnommé Gilgamesh par son voisin aux tendances intellectuelles, était un gars malpropre dans la soixantaine qui écrivait des histoires dans l'espoir d'un jour vivre de sa plume.
Évidemment, il ne vivait pas de sa plume et, de plus, ses histoires étaient tristes à mourir. Il était petit, laid et chauve. Il ne restait de sa dentition que des chicots noircis par les caries. Et il louait une chambre miteuse dans une maison de chambres dégueulasse qui sentait l'urine, le tabac et la marijuana en tous temps de l'année.
Son voisin aux tendances intellectuelles s'appelait Hector Lafrenière et il était propre. Cependant, il ne faisait que ça, se laver. Il monopolisait la baignoire du groupe de huit chambreurs pendant des heures, à lire des putains de livres empruntés à la bibliothèque ou bien achetés à vil prix dans quelque bazar du livre d'occasion où l'orgueil de tout écrivain qui publie ne peut en sortir que lamentablement blessé.
Mais revenons à Gilgamesh. Vous décrire Lafrenière serait inutile. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à Jean-Martin Larivière. Vous ne connaissez pas Larivière? Ben... Disons qu'il ressemble à René Lévesque avec des rastas.
Lafrenière est sans intérêt dans le récit qui suit puisqu'il n'écrit jamais rien. Il dit qu'il écrit et jamais on ne voit ses textes. Il se trouve toutes sortes de raisons pour ne pas nous les faire lire, dont celle que cela ne nous intéresserait pas du tout. Ce qui n'est pas éloigné de la réalité. Mais ce n'est pas une raison. Juste des putains d'excuses pour se donner un genre...
Pour ce qui est de Gilgamesh, eh bien il ne se gênait pas pour brandir ses millions de manuscrits sous nos nez, au bar country Chez Lucie où se tenait toute une flopée de fumeurs de mégots.
Il y en avait de la littérature chez ce satané Gilgamesh...
D'abord il y avait ce conte du gars qui vivait sur le bord d'un lac et se faisait assaillir par une créature qui s'apparentait au monstre du Loch Ness, sauf que c'était le Lac Nestor. D'où son titre imbuvable, Le monstre du Lac Nestor, dont tout le monde se moquait sans trop le lui dire pour ne pas froisser son orgueil d'écrivain raté. Ce roman, car c'est un roman voyez-vous, devait bien tenir dans un deux mille trois cents pages compactes, recto-verso, écrites à la main s'il-vous-plaît et en tout petits caractères. De vraies chiures de mouches. Et, bien sûr, c'était illisible.
On devait aussi à Gilgamesh au moins trente-huit recueils de la même mouture: monstre des lacs, brochets géants, barbotes maléfiques, chevreuils venus de l'espace, tartes au sucre parlantes, complots terroristes à Batiscan, drame d'espionnage à St-Tite, histoire de Saint-Roch-de-Mékinac, récits sur le tarot marseillais, etc.
Ça tenait dans dix-huit grosses boîtes de carton. Pas deux boîtes. Pas trois boîtes. Dix-huit fucking grosses boîtes de carton!
Le recyclage a tout ramassé ça, mardi dernier. De même que ses vieilles nippes, sa literie malpropres, son vieux dictionnaire Larousse pis ses gadgets qui ne valaient rien.
Gilgamesh est mort la semaine passée, ouais.
L'oeuvre de toute une vie s'en ira se faire désencrer dans une quelconque usine de papier recyclé.
L'épopée de Gilgamesh est parvenue jusqu'à nous...
Celle de Gilles Gamache a été liquidée en moins d'une semaine.
C'est la vie. Injuste. Barbare. Comme si Ninive était plus intéressante que Trois-Rivières.
vendredi 11 septembre 2009
Blog, blogue, bloye & ploye...
-Y'a un gars qui écrit su' un bloye comme que c'est qu'i' appelle ça... Une bloye... Un blo... E'l'sais pas trop torvisse... En tous 'es cas, e'l'gars y'écrit su' l'Intermette là, là... Le gros et grand qu'i' passe souvent su' 'a rue a'ec son bicycle... C'est quoi son hostie d'nom lui? Gaston? T'sais l'gros au bar qu'i' a failli calisser un banc dans 'a face d'un hostie d'trou d'cul qui écoeurait tous 'es filles dans l'bar en leu' disant qu'i' les prendraient par en arrière, lui pis sa gang de gars de sortis d'prison?
-Ah oui tu veux dire Gaston Bouchard?
-En plein ça! Guétan Boucher!
-Ben oui... Pis l'gars a crissé son camp en courant pendant qu'Gaston courrait en arrière de lui avec un tabourette de bar dans 'a main...
-Hastie! I' faisait mieux d'courir... I' peut être mauvais en sacrament Boucher, l'air de rien.
-Ouin pis c'est quoi l'affaire avec l'Interpette?
-Ben y'écrit un bloye, Guétan. Pis su' son bloye j'ai lu qu'i' écrivait qu'i' a deux choses qu'i' faut jamais parler dans 'es bars.
-Ah ouin? Pis c'est quoi don' ?
-Ben i' dit qu'i' faut jamais parler d'religion ou d'politique dans 'es bars.
-Pas rien qu'dans 'es bars saint-chrême! Partout! Dès qu'tu parles de d'ça, ben t'es faitte. La chicane va pogner pis la bière va goûter amère.
-Ah ben c'est comme de ben entendu là jéritole! Le pire dans ' politique, selon moé, c'est les ceusses qui pensent que l'monde devrait fitter dans leu' z'hosties d'livres d'histoire. I' s'calissent du monde anyway... I' jouzent aux révoltés pis toutes sortes d'affaires de même pis i' disent que l'peuple est aliéné... Hostie y'a juste les fous qui sont aliénés! C'est des tabarnaks de pleins d'marde qui s'pensent du côté du peuple pis qu'i' disent que l'peuple est fou maudit calvaire de tabarnak! J'en reviens en cibouère d'ces hosties d'fêlés qui voudraient que l'monde fitte avec leu' version d'l'histoire au lieu de c'que l'monde fitte ensemble, comme des z'oiseaux du ciel, toé chose, qui sont nourris par Dieu ou l'aide sociale, j'sais-tu moé calice...
-Tu m'parles-tu d'politique là mon Bob?
-Hein?
-Tu parlais pas de Gaston Bouchard, là, e'l'gars qui écrit su' son bloye qu'i' faut jamais parler d'politique pis d'religions dans 'es bars?
-E'l'sais ben hostie mais c'est plus fort que moé! Fallait j'la sorte celle-là. Les hosties d'fêlés qui veulent jouer aux metteurs en scène avec e'l'peuple, pour qu'i' fitte dans leu' vision sale des choses, leu' livres d'histoire, leu' z'hostie de «Mon Combat-dont-on-s'en-torche», ben qu'i' mangent d'la marde! C't'à cause d'eux autres qu'ça va mal dans l'monde! Si i' s'f'raient sucer plus souvent ben ça arriverait pas ces hosties d'hologosses pis nexterminations du calice de christ de tabarnak!
-Boés ta bière Bob.
-Ouin pis en tous 'es cas... T'as même pas d'ordi toé, Bournival... Qu'est-cé qu'tu comprendras ben toé à ça un bloye?
-T'apprendras que j'sais lire pis écrire! J'comprends tous 'es mots même si j'ai pas été plus loin qu'ma huitième année... E'l'père voulait que j'travaille hostie. I' m'a sorti d'l'école. Ç'toujours ben pas d'ma faute pompier sale de prêtre cordonnier du calice!
-En tous 'es cas. Moé j'dis que dans 'es bars on d'vrait parler des femmes.
-Es-tu fou toé? L'trois quart viennent icitte pour pas vouère leu' femme à maison!
-Ouin... Ben d'quoi qu'on d'vrait parler dans 'es bars?
-Qu'i' mange d'la marde Gaétan Bouchard! On parlera ben de c'qu'on veut dans 'es bars! D'la religion! D'la politique! Des femmes! N'importe quoi hostie d'calice!
-Ç'a empêche pas que l'gars qui écoeurait tous 'es filles i' courait vite en hostie quand qu'i' était en arrière de lui a'ec un tabourette dans 'a main pour le snapper.
-Moé j'connais pas les bloyes... Juste les ployes.* M'en calisserais ben què'ques-uns d'par en arrière d'la cravate moé-là... À 'a Belle Province, genre... A'ec une poutine...
-T'encore faim toé?
-J'ai toujours faim hostie.
*Ploye= hot dog
jeudi 10 septembre 2009
Café thermos
Lionel Langlois est un homme qui boit toujours son café dans une tasse thermos parce qu'il demeure chaud plus longtemps.
-Ouin ben, de dire son ami Henri Gauthier, les thermos ça goûte le métal. J'aime pas ça boire dans un thermos!
-Y'a même plus d'métal dans les thermos aujourd'hui! de répliquer Langlois. C'est du plastique ou que'que chose de même...
-Ouin ben c'est pas bon pareil. Ça goûte le plastique! Moé j'aime boire dans une tasse en céramique!
-Ouin ben ton café va être frette au boutte de dix minutes pis l'mien sera encore chaud!
-Peut-être, mais mon café, lui, i' va goûter bon, ok là?
-Ah ouin? Ben le mien aussi. I' va rester chaud pis i' va être encore meilleur!
-J'aime mieux du café frette dans de la céramique que du café chaud dans le thermos!
-Boés-lé chaud ou frette ton café j'm'en tabarnaque! Moé c'est dans un thermos que j'prends mon café!
-Ok d'abord... Bois-lé ton café dans ton hostie d'thermos à marde!
-Çartain que j'va's l'boire! Tiens, calice, une gorgée! (Gloub!) Pis encore un' autre! (Gloub!)
-Tu boés des produits chimiques saint-ciboire! Le plastique se dissout dans la chaleur pis t'avales du pétrole synthétique hostie!
-Ben oui, ben oui...
L'heure de la pause était terminée. Langlois et Gauthier jetèrent tous deux le contenu de leur café dans l'évier et retournèrent à leurs postes respectifs.
Langlois était juste devant Gauthier sur la chaîne de montage de l'atelier.
Ils ne s'entendraient pas parler avec tous ces pistolets à clous qui claquaient simultanément sur les lieux.
Encore quatre heures et la journée serait finie.
Ils pourraient enfin aller se chicaner autour d'une bière dans leur bar préféré, le bar Guiliguili, un trou parmi tant d'autres trous peuplés d'ivrognes et de prolétaires désenchantés.
mercredi 9 septembre 2009
Alléluia
La politique, c'est sale, ça pue, c'est con, nul, bourrée de crosseurs de tous acabits et d'idéologues déconnectés de la réalité. Notre monde tient debout parce qu'il y a des fonctionnaires juste une petite coche au-dessus des politiciens pour maintenir tout ça ensemble et assurer la pérennité des lois et des institutions. Autrement, ça foirerait dans un désastre innommable.
Alléluia.
Alléluia.
mardi 8 septembre 2009
FUCK LE MOULIN À PAROLES! Hommage à feues les victimes du FLQ...
Je rends ici hommage aux victimes du FLQ.
Je me rappelle, entre autres, d'un certain O'Neil, agent de sécurité, père de famille, tué par une bombe posée par un type qui passe encore dans nos médias pour dire, de temps en temps, comment tuer un Anglais à coups de marteau... Un cinéaste célèbre l'accompagne parfois pour dénoncer les traîtres, les vendus et les ennemis du peuple qui chantent à Ottawa le 1er juillet... Et franchement, quand je pense à ce monsieur O'Neil, mort pour leur bêtise, je dis que ça prend des hosties de sans coeur pour oser en remettre.
Et ils en remettent. Les felquistes ont même eu des promotions. Ils n'ont rien regretté. Ils se croient encore au centre d'un putain de combat de libération alors qu'ils étaient bien plus près de la psyché de Marc Lépine que la plupart d'entre nous, abrutis qui n'oseraient pas tuer un homme pour une idée fixe.
Le nihilisme me pue au nez.
Et, heureusement, le Québec est en train de sortir peu à peu du nihilisme.
Il y a quelques soubresauts de nihilisme ici et là, au Moulin à Paroles entre autres. Mais la vie va refleurir. Et les brutes seront laissées de côté.
Je me rappelle, entre autres, d'un certain O'Neil, agent de sécurité, père de famille, tué par une bombe posée par un type qui passe encore dans nos médias pour dire, de temps en temps, comment tuer un Anglais à coups de marteau... Un cinéaste célèbre l'accompagne parfois pour dénoncer les traîtres, les vendus et les ennemis du peuple qui chantent à Ottawa le 1er juillet... Et franchement, quand je pense à ce monsieur O'Neil, mort pour leur bêtise, je dis que ça prend des hosties de sans coeur pour oser en remettre.
Et ils en remettent. Les felquistes ont même eu des promotions. Ils n'ont rien regretté. Ils se croient encore au centre d'un putain de combat de libération alors qu'ils étaient bien plus près de la psyché de Marc Lépine que la plupart d'entre nous, abrutis qui n'oseraient pas tuer un homme pour une idée fixe.
Le nihilisme me pue au nez.
Et, heureusement, le Québec est en train de sortir peu à peu du nihilisme.
Il y a quelques soubresauts de nihilisme ici et là, au Moulin à Paroles entre autres. Mais la vie va refleurir. Et les brutes seront laissées de côté.
Manifeste du FLQ ou Manifeste de Marc Lépine: même connerie!
Le Moulin à Paroles est un événement qui coïncide avec le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham. L’événement aura lieu les 12 et 13 septembre prochains sur les Plaines. On y lira des textes qui feront un survol de l’histoire du Québec. Dont le fameux Manifeste du Front de libération du Québec (FLQ).
Certains, dont moi, considèrent que lire le Manifeste du FLQ en public relève du nihilisme le plus pur.
Le manifeste du FLQ ne vaut guère mieux que le manifeste qu’a écrit Marc Lépine avant que d’aller commettre son massacre à l’École polytechnique. Les terroristes, de quelque allégeance qu’ils soient, sont des fous dangereux.
Lire le manifeste du FLQ, tel quel, sans prendre du recul, est aussi inconvenant que de lire le manifeste de Lépine comme si de rien n’était.
En ce sens je peux comprendre le malaise que certains ressentent à l’idée de lire en public cet appel à la haine tout aussi nul et grossier que celui de Lépine.
On ferait mieux de cultiver du blé d’Inde sur les Plaines d’Abraham, voilà ce que j’en dis.
Certains, dont moi, considèrent que lire le Manifeste du FLQ en public relève du nihilisme le plus pur.
Le manifeste du FLQ ne vaut guère mieux que le manifeste qu’a écrit Marc Lépine avant que d’aller commettre son massacre à l’École polytechnique. Les terroristes, de quelque allégeance qu’ils soient, sont des fous dangereux.
Lire le manifeste du FLQ, tel quel, sans prendre du recul, est aussi inconvenant que de lire le manifeste de Lépine comme si de rien n’était.
En ce sens je peux comprendre le malaise que certains ressentent à l’idée de lire en public cet appel à la haine tout aussi nul et grossier que celui de Lépine.
On ferait mieux de cultiver du blé d’Inde sur les Plaines d’Abraham, voilà ce que j’en dis.
lundi 7 septembre 2009
Pour en finir avec la Fin des Temps
La Terre est vieille de quatre milliards d'années. Au cours de son histoire, elle a traversé divers états.
Au cours du premier milliard d'années, une petite couche de poussière mêlée à un peu de givre s'est accumulée et maintenue en orbite sur cette boule de gaz au noyau incandescent qu'est la Terre. Les mers et les continents se sont formés.
Quelques comètes sont venues de l'espace, comme des spermatozoïdes, pour féconder l'ovule terrestre. Et la vie est apparue, ici comme ça se fait encore ailleurs. Ces foutues comètes sont bourrées d'ADN et elles finissent toujours par féconder une planète, par-ci par-là.
Il y eut donc des bactéries, puis des éponges, des dinosaures et de petits rats qui devinrent des singes à force de manger des bananes.
Puis l'homme est apparu, après toute une flopée de disparitions et de mutations d'espèces. Et il a maîtrisé le feu. Puis il s'est mis à tout brûler autour de lui. C'est con, un homme. Faut pas trop lui en demander. Tu lui dis de ne pas manger de pommes et il en mange. Tu lui dis de ne pas foutre le feu et il fait tout flamber. Tu lui dis tu ne tueras point et voilà qu'il nage dans des mers de sang qui ne veut même pas coaguler.
L'histoire de la Terre s'est poursuivie avec la brebis, le caniche, le brochet et l'homme, un mammifère qui nage moins bien qu'un dauphin.
Parfois, la Terre devenait une boule de glace. Parfois les pôles magnétiques s'inversaient. Peut-être que sa rotation a variée.
Il y eut des années où la vie fût presque sur le point de disparaître. Mais non, la vie s'y maintenait et prenait de nouvelles formes, tout simplement.
La vie c'est fait fort. Ça ne veut pas mourir. En général comme dans les cas particuliers. Ça s'adapte. Quand il fait froid, la vie ça se met un manteau. Ou bien ça hiberne et ça se nourrit avec les moyens du bord.
C'est comme la plante dont vous voulez vous débarrasser parce qu'elle fane trop vite et qui toujours finit par renaître. La vie, ça ne demande pas tant que ça. Un peu d'eau de temps en temps, du soleil et pas trop de déplacements brusques.
Ce qui fait que l'homme est resté incrusté dans la croûte terrestre comme un acharien. Et il s'est reproduit. Et il a sucé le sang de la Terre pour vivre, tant bien que mal. Et il, eh bien, c'est nous. Nous sommes des hommes, non?
Donc, nous sommes là, nous les hominidés qui portent des dentiers ou des lunettes, nous sommes là à nous taper sur la gueule sur une mince couche de poussière qui flotte sur un noyau en feu, à vivre dans l'orbite d'une grosse boule de feu qui finira bien par épuiser tout son combustible un jour ou l'autre.
Notre soleil, cette grosse boule de feu que l'on appelle une étoile, n'a rien de particulier par rapport aux autres milliards d'étoiles de l'univers.
Et notre planète, la Terre, on dit qu'elle est belle juste parce qu'on est myope et qu'on ne voit pas plus loin que le bout du télescope.
Pour ce qui est de la Fin des Temps, sérieusement, c'est possible que ce ne soit pas pour demain.
Est-ce que le trou noir au centre de notre galaxie va nous aspirer un jour, comme une vulgaire poussière, nous transformant instantanément en spaghettis longs de plusieurs milliards de kilomètres, si l'on se fie aux travaux de Einstein sur les lois de l'Espace et du Temps?
Est-ce qu'une comète va nous frapper? On a qu'à regarder la forme du Québec, surtout au niveau de la baie d'Hudson. Cette grosse ligne sphérique de la côte qui s'étend sur mille kilomètres ça ne s'est pas fait tout seul. Ça devait être une putain de grosse comète! La Terre devait avoir une sale gueule le lendemain et la vie devait être à terre.
***
Serons-nous capables de nous détruire nous-mêmes ou ferons-nous du travail bâclé, avec plus d'estropiés que de morts?
À vrai dire, la connerie de l'homme est sans limites. Mais pour la Terre, même avec les autos, l'industrie lourde et l'arsenal nucléaire, nous ne sommes que des achariens.
Elle prendrait facilement quelques bombes à neutrons dans la gueule, la Terre, et je crois même que l'homme survivrait à ça, tout croche avec le nez qui saignerait à rien. Ça résiste à tout, les achariens. Idem pour les hommes.
La morale? Il n'y en a pas. Comme d'habitude.
Je ne suis pas un curé, moi. Juste un écriveux qui doute. Et qui jacasse, comme ça.
Quand on sait lire dans le passé, on ne s'étonne plus de l'avenir.
Si vous croyez que de grandes catastrophes vont survenir, vous n'avez sans doute pas tort.
En attendant, vivons. Et cessons de nous plaindre.
vendredi 4 septembre 2009
Code 100
Dans le jargon hospitalier, on appelait ça un Code 100.
-Code 100 chambre 303!
Quand on entendait ça dans l'intercom, ça voulait dire qu'il y avait un patient qui venait de mourir à la chambre 303 et qu'il n'était pas nécessaire de courir vers le réanimateur cardiaque dans le corridor. Un linceul de plastique suffisait.
Le Code 100, c'était l'euthanasie occultée. Elle était pratiquée sous recommandation médicale. Pour ne pas sombrer dans l'acharnement thérapeutique, j'imagine.
J'ai remarqué que la plupart de ces «Code-100» n'étaient plus capables de parler, qu'ils étaient vieux et branchés d'un peu partout.
On avait choisi, je ne sais trop où, de ne pas pratiquer le protocole de réanimation sur ces patients-là. Et moi, en tant que simple préposé aux bénéficiaires, je n'avais rien à redire. Je n'avais qu'à traîner ma paire de gants, mon savon à la teinture d'iode et mes torchons.
Un Code 100, c'était un grand débarbouillage général, suivi des attaches aux poignets et aux chevilles, avec renvoi dans le frigo, à la morgue.
Pour ce qui est du Code 99, c'était un peu plus stressant.
Si l'on entendait ça dans l'intercom, il fallait se grouiller le cul.
Un Code 99 à la chambre 304, ça signifiait qu'il fallait s'élancer vers le réanimateur dans le corridor et le ramener à toutes jambes vers la chambre en question.
La langue sortie, les yeux révulsés, le personnel infirmier à cheval sur le pauvre humain au bord de la mort, tout ça je ne l'oublierai jamais.
Comme je n'oublierai jamais que la plupart du temps tout ça ne menait à rien, sinon au linceul de plastique.
Comme si ce n'était pas automatique que l'on survive à un arrêt cardiaque, contrairement à la croyance populaire qui se cajole l'esprit de belles excuses pour mieux profiter d'excès de sel et de gros gras sale.
Croyez-moi, votre auto est plus résistante que vous ne croyez l'être vous-même. Un hôpital, ce n'est pas un garage. Il n'y a pas de garantie que ça va marcher mieux à la sortie.
On ne fait pas du concombre frais avec du concombre mariné.
***
Propos sombres? Pas du tout. Juste réalistes.
Ce qui ne m'empêche pas d'aimer profondément la vie. Même que ça m'aide à l'aimer encore plus, comme si je savais à l'avance ce qui nous attendra tous, un jour ou l'autre.
***
Maintenant, l'euthanasie. Je vais faire mon gérant d'estrade et vous dire ce que j'en pense.
D'abord, il ne faut pas la confondre avec l'eugénisme ou le meurtre pur et simple.
Je soupçonne beaucoup de gens qui sont en faveur de l'euthanasie d'être moralement bas, de considérer comme légitime d'enlever la vie à quelqu'un de laid, tout croche et affreux, qui détonne sur l'image que ces petits cons et petites connes voudraient projeter.
-Moé chu pour l'euthanasie! disent-ils. E'l'monde lette pis tout croche, qui ont plus de vie, on devrait leu' donner une piqûre!
Ces gens-là sont au même niveau qu'Adolf Hitler qui mena des programmes d'exécution des malades mentaux et autres gens difformes dans la perspective d'une Allemagne aryenne fondée sur l'eugénisme, la sélection naturelle... Des idées qui feraient même frémir les barbares.
Il y en a qui se disent que c'est plate d'avoir un pauvre enfant handicapé qui les empêche d'aller au bowling le samedi soir parce qu'il nécessite plus de soins, plus de foin. Et ils pensent, ces bienfaiteurs de l'humanité, qu'il faudrait libérer ces pauvres parents...
-En tout cas, moé si j'étais eux-autres, e'l'ferais piquer!
Piquer, comme un vieux chien dont on se débarrasse légalement pour s'en acheter un autre plus à la mode, plus dans le ton du jour...
À l'instar de Henry David Thoreau, auteur de Walden, un petit chef d'oeuvre de pensée zen américaine, j'en suis venu parfois à considérer comme étant le mal tout ce que mes voisins tenaient pour être le bien...
***
J'aime assez la vie pour en ressentir le besoin de la défendre même quand elle semble ne plus consister en grand chose.
Le handicap a ses raisons qui nous échappent. À vouloir des pommes uniformes, des carottes uniformes, du maïs uniforme, du céleri uniforme, de la viande carrée et des nez sculptés par des charlatans qui font honte à Hippocrate, on finit par la perdre, justement, la raison.
J'ai connu des handicapés sévères qui étaient plus heureux dans leur petit monde que bien des gens qui sont en bonne santé que je voyais se plaindre à tous les jours d'untel ou d'unetelle, comme de parfaits idiots dépourvus de vie.
Et je n'ai jamais demandé à ce qu'on leur fasse la piqûre de la mort pour autant.
***
C'était tout pour aujourd'hui les amis.
-Code 100 chambre 303!
Quand on entendait ça dans l'intercom, ça voulait dire qu'il y avait un patient qui venait de mourir à la chambre 303 et qu'il n'était pas nécessaire de courir vers le réanimateur cardiaque dans le corridor. Un linceul de plastique suffisait.
Le Code 100, c'était l'euthanasie occultée. Elle était pratiquée sous recommandation médicale. Pour ne pas sombrer dans l'acharnement thérapeutique, j'imagine.
J'ai remarqué que la plupart de ces «Code-100» n'étaient plus capables de parler, qu'ils étaient vieux et branchés d'un peu partout.
On avait choisi, je ne sais trop où, de ne pas pratiquer le protocole de réanimation sur ces patients-là. Et moi, en tant que simple préposé aux bénéficiaires, je n'avais rien à redire. Je n'avais qu'à traîner ma paire de gants, mon savon à la teinture d'iode et mes torchons.
Un Code 100, c'était un grand débarbouillage général, suivi des attaches aux poignets et aux chevilles, avec renvoi dans le frigo, à la morgue.
Pour ce qui est du Code 99, c'était un peu plus stressant.
Si l'on entendait ça dans l'intercom, il fallait se grouiller le cul.
Un Code 99 à la chambre 304, ça signifiait qu'il fallait s'élancer vers le réanimateur dans le corridor et le ramener à toutes jambes vers la chambre en question.
La langue sortie, les yeux révulsés, le personnel infirmier à cheval sur le pauvre humain au bord de la mort, tout ça je ne l'oublierai jamais.
Comme je n'oublierai jamais que la plupart du temps tout ça ne menait à rien, sinon au linceul de plastique.
Comme si ce n'était pas automatique que l'on survive à un arrêt cardiaque, contrairement à la croyance populaire qui se cajole l'esprit de belles excuses pour mieux profiter d'excès de sel et de gros gras sale.
Croyez-moi, votre auto est plus résistante que vous ne croyez l'être vous-même. Un hôpital, ce n'est pas un garage. Il n'y a pas de garantie que ça va marcher mieux à la sortie.
On ne fait pas du concombre frais avec du concombre mariné.
***
Propos sombres? Pas du tout. Juste réalistes.
Ce qui ne m'empêche pas d'aimer profondément la vie. Même que ça m'aide à l'aimer encore plus, comme si je savais à l'avance ce qui nous attendra tous, un jour ou l'autre.
***
Maintenant, l'euthanasie. Je vais faire mon gérant d'estrade et vous dire ce que j'en pense.
D'abord, il ne faut pas la confondre avec l'eugénisme ou le meurtre pur et simple.
Je soupçonne beaucoup de gens qui sont en faveur de l'euthanasie d'être moralement bas, de considérer comme légitime d'enlever la vie à quelqu'un de laid, tout croche et affreux, qui détonne sur l'image que ces petits cons et petites connes voudraient projeter.
-Moé chu pour l'euthanasie! disent-ils. E'l'monde lette pis tout croche, qui ont plus de vie, on devrait leu' donner une piqûre!
Ces gens-là sont au même niveau qu'Adolf Hitler qui mena des programmes d'exécution des malades mentaux et autres gens difformes dans la perspective d'une Allemagne aryenne fondée sur l'eugénisme, la sélection naturelle... Des idées qui feraient même frémir les barbares.
Il y en a qui se disent que c'est plate d'avoir un pauvre enfant handicapé qui les empêche d'aller au bowling le samedi soir parce qu'il nécessite plus de soins, plus de foin. Et ils pensent, ces bienfaiteurs de l'humanité, qu'il faudrait libérer ces pauvres parents...
-En tout cas, moé si j'étais eux-autres, e'l'ferais piquer!
Piquer, comme un vieux chien dont on se débarrasse légalement pour s'en acheter un autre plus à la mode, plus dans le ton du jour...
À l'instar de Henry David Thoreau, auteur de Walden, un petit chef d'oeuvre de pensée zen américaine, j'en suis venu parfois à considérer comme étant le mal tout ce que mes voisins tenaient pour être le bien...
***
J'aime assez la vie pour en ressentir le besoin de la défendre même quand elle semble ne plus consister en grand chose.
Le handicap a ses raisons qui nous échappent. À vouloir des pommes uniformes, des carottes uniformes, du maïs uniforme, du céleri uniforme, de la viande carrée et des nez sculptés par des charlatans qui font honte à Hippocrate, on finit par la perdre, justement, la raison.
J'ai connu des handicapés sévères qui étaient plus heureux dans leur petit monde que bien des gens qui sont en bonne santé que je voyais se plaindre à tous les jours d'untel ou d'unetelle, comme de parfaits idiots dépourvus de vie.
Et je n'ai jamais demandé à ce qu'on leur fasse la piqûre de la mort pour autant.
***
C'était tout pour aujourd'hui les amis.
jeudi 3 septembre 2009
Johnny le Peigne-fin
Juste être là. Où ça? Là. En soi-même comme si l'on était ailleurs. Comme si tout était soi-même, au-dedans comme au-dehors. Enfin, quelque chose du genre...
Johnny dit le Peigne-fin n'allait pas en faire tout un plat et encore moins une religion.
Il n'était que là. Là, en soi-même, n'importe où comme s'il était ailleurs et cet ailleurs était lui-même.
Vous me suivez?
Moi, ça fait longtemps que je le suis plus, Johnny dit le Peigne-fin, parce qu'il a de ses propos qui finissent par me faire bayer aux corneilles. Et moi, le con, il faut que je vous les rapporte. Et je ne sais même pas pourquoi je fais ça. Au fond, tout le monde s'en calice de Johnny dit le Peigne-fin. N'est-ce pas?
Encore que ça m'intéresse... D'abord, son surnom. Le Peigne-fin. Ç'aurait pu être le Marsouin. Le Zouf. Ou le Corniaud. Eh bien non, c'était le Peigne-fin. Son nom tout au long ça donnait Jean Maréchal alias le Peigne-fin, six pieds huit pouces, maigre, roux, avec des pellicules. Ce qui fait qu'il se passait souvent le peigne fin pour retirer les peaux sèches. D'où son surnom, le Peigne-fin. Johnny le Peigne-fin pour ceux qui sont moins fatigués des mâchoires.
Donc, le Peigne-fin m'a juste raconté ça, ouais, qu'il se sentait bien en s'il-vous-plaît ce matin.
-J'étais assis là, juste là, en moi-même comme si j'étais ailleurs, etc.
Il me racontait cela sur le ton de l'homme qui redécouvre la terre après un mois de haute mer.
Il avait les yeux écarquillés. J'ai noté qu'il faisait un léger strabisme convergent.
J'ai cru comprendre, aussi, que le Peigne-fin ne devrait jamais porter du noir. Ses pellicules s'étalent comme un tapis de neige sur son tee-shirt noir à l'effigie du groupe AC/DC. Bien ici comme ailleurs, là, c'est ok. Mais passe-toé le peigne fin, e'l'Peigne-fin. L'humanité ne te laissera jamais tranquille, toi et tes pellicules.
Que vous soyiez là ou ailleurs, le principal c'est de se sentir bien. Ce n'est pas la morale du siècle, mais elle ne vous coûte rien.
Pour le reste, c'était probablement la dernière fois de ma vie que je vous parlais de Johnny le Peigne-fin.
Comme quoi chaque rencontre peut mener à l'écriture d'un conte.
Ou bien à la bourrure de blogue.
Ce que vous voulez...
Tiens, à de la musique.
C'est amusant de la musique. Non?
mercredi 2 septembre 2009
Du steak à point pour le Majordome
Tout vient à point à qui sait attendre. Et Dominique Carrier, alias le Majordome, était prêt à attendre s'il commandait un steak à point.
-J'le veux à point calice! Parle-moé pas d'un steak saignant ou ben don' d'un steak trop cuit. À point ça veut dire: à point!
Et justement, le Majordome venait de commander un steak à point.
Et il l'attendait depuis au moins trente bonnes minutes.
Avant que je ne vous dise qu'il s'impatientait, quelques mots seraient nécessaires pour vous faire savoir que le surnom de Majordome provenait du fait que son fils s'appelait Dominique junior, alias Junior-Dom. De Junior-Dom la sagesse populaire s'est rendue à Major-Dom, le père, puis le Majordome, un surnom tout ce qu'il y a de plus commun quand on attend son steak à point.
J'oubliais de dire que le Majordome était toujours bien peigné sur le côté et qu'il était pas mal fripé. J'aurais pu laisser ça à votre discrétion mais ça ferait un peu paresseux de ma part.
Donc, le steak s'en venait à la table du Majordome et, saint-citron, il n'était pas à point.
-E'l'steak est saignant! C'est pas mangeable du steak saignant! hurla le Majordome.
-Mais monsieur, répondit le serveur, un étudiant qui voulait devenir joueur de curling professionnel et qui avait gagné un concours d'imitateurs de Carlos Santana.
-Mais monsieur quoi? se rasséréna le Majordome.
-C'est bien ce que vous avez commandé! Regardez, c'est écrit ici noir sur blanc: steak saignant!
-E'pardon! E'j'ai jamais commandé un steak saignant moé certain! J'AIME PAS LE STEAK SAIGNANT! tonna le Majordome en piquant dans la viande trop juteuse à son goût.
-Très bien monsieur. Je vais voir ce que je peux faire...
Le serveur ramena le steak à la cuisine. Il s'y fit des choses pas très propres. Et ces choses-là cessèrent quand le steak fût à point. Il revint, évidemment, sur la table du Majordome.
Il l'examina, y piqua sa fourchette, le déchira au couteau puis porta vers sa bouche le morceau de steak légèrement fumant.
-Ce steak est à point! Hum! Merci beaucoup!
Et il était vraiment à point, tendre, bref ça fondait dans la bouche.
-Y'es vraiment à point, tendre... Hostie, ça fond dans 'a bouche!
Enfin, c'est ce que me racontait Dominique Carrier Senior, alias le Majordome.
mardi 1 septembre 2009
Joey Chiasson est riche comme Crésus
Joey Chiasson est un vieil escogriffe du quartier qui vit dans un logement miteux, un «un» sans demi: un studio sans salle de bain. La bécosse est plantée au beau milieu du studio et Chiasson doit se laver dans le lavabo.
Le plancher est en terre battue, recouvert de palettes de bois puis d'un prélart de plastique aux motifs couleur caca. Il y a des boîtes de macaroni au fromage Djeepee qui traînent sur la table, aux côtés du pot de beurre de pinotes Cheap Price et du pain blanc spongieux tranché mince Bread Dream.
On dirait bien que Chiasson est pauvre. Pourtant, il est riche comme Crésus.
L'escogriffe doit bien valoir de deux à trois milles piastres. Y'est pas sorteux. Pis i' paraît qu'il cache son argent dans ses bas...
Enfin, c'est ce que se disaient Ti-Kikill et Rocko, deux hosties d'trous d'cul du quartier qui vivaient de combines sales pour se payer des trips de niaiseux pas de vie.
Ti-Kikill était un crotté. Rocko aussi.
Quant à Chiasson, soixante-douze piges, gros comme un Q-Tips, riche comme Crésus, c'était la proie facile pour les deux crottés.
Ils se rendirent donc au palace de Chiasson et comme ils sondèrent la porte ils furent subitement traversés d'une décharge de plombs en travers le corps. Chiasson, en plus d'être riche comme Crésus, était armé. Un douze. Ça te fait des trous gros comme ça dans le mur. Ti-Kikill l'a tout pris dans les parties intimes. Ça 'a traversé la porte et la poche. Ayoye. Ti-Kikill en est tombé à quatre pattes. Pis Rocko s'est enfui avec sa rate perforée.
Pis c'est toutte.
La morale de l'histoire c'est qu'il ne faut pas niaiser Chiasson. Laissez-lé tranquille, lui pis ses deux à trois milles piastres, gang d'hosties d'crottés!
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