Le je est détestable. Tout le monde a pu se l'est dit à un moment ou l'autre de sa vie. Même moi. Alors vous dire à qui l'on attribue cela m'est indifférent.
Tout comme vous pourriez être tout à fait indifférent à mon ego.
D'ailleurs, ce n'est pas pour me vanter mais j'ai réussi le tour de force de limiter autant que faire se pouvait la surutilisation de mon je dans tout ce qui s'appelle écriture, peinture et musique.
Je l'ai fait par défi, plus que par convention, pour que de la contrainte naisse des parcelles de ce que je considère sûrement à tort pour du génie.
Je ne suis pas parfait, moi. Ni vous. Ni personne.
Cependant, j'ai refusé de centrer mes créations sur mon nombril, avec plus ou moins de réussite puisque je me permets parfois un texte comme celui-ci...
Je fais de mon mieux et plus encore. Si, si...
Je ne vous raconterai pas mes journées mais, croyez-moi, je bosse en sacrament pour arriver à ces quelques choses que je donne ou vends ça et là pour me faire accroire que je me taille une place dans l'épopée des arts et des lettres.
«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent», raconte l'Ecclésiaste.
Ce n'est pas fou. Pourtant, l'artiste carbure trop souvent à la gloire, au «prrrré-cieux», par tous les moyens.
Que le Grand Esprit que je ne connais pas personnellement me préserve de la gloire.
Et qu'il m'apporte mon pain quotidien.
Des gens aimables qui m'achètent des toiles ou bien des mots parce que je ne les emmerde pas tout le temps avec mon je. Mes bons produits du terroir urbain suivent leur chemin et meublent ma vie d'un peu de féérie.
Il y a du bon et du beau monde aussi.
Et vous n'êtes même pas obligés de m'acheter quelque chose pour qu'en quelque part je nous aime.
Il m'arrive de penser que l'être humain est une merde, la plus vile de toutes les créatures vivantes, la pire série d'ADN de l'univers. Hitler et compagnie, sérieusement, ça porte à vomir l'être humain.
Il m'arrive aussi de peindre tous les êtres humains souriants, aimables, loufoques...
Je nous vois tous nobles et bons, la main sur le coeur, prêts à soutenir son prochain dans l'épreuve.
Et je ne sais pas pourquoi je fais ça.
Je suis peut-être stupide.
Pourtant, je m'assume bien ainsi.
Nous sommes du bon monde, simplement du bon monde...
Oui, c'est ce que je me dis aussi, des fois.
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